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308. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre VIII. Du Stile. » pp. 287-319

On se laisse trop séduire aux représentations par le jeu des Acteurs. […] Quelquefois le Public se laisse trop séduire, sans doute, à l’art des Acteurs, à la pompe, à l’illusion de la représentation ; des Vers faibles, traînans ou montés sur de grands mots, lui paraissent admirables au Théâtre, parce qu’ils sont prononcés avec force & avec le feu du sentiment. […] Je connais deux Tragédies, dont les Vers sont durs & raboteux, qui n’ont pas laissé d’avoir beaucoup de succès, sans parler du jeu des Acteurs ; la raison en est sans doute, qu’elles ont un grand intérêt, qu’elles renferment le terrible & le pathétique, & qu’une action qui intéresse fortement, fait éxcuser une versification lâche & traînante, ou qui blesse les oreilles par sa dureté. […] J’ai connu des Acteurs fort embarrassés sur le choix d’un pronom dans cet endroit.

309. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre VI. Des Ariettes, & des autres parties du Chant théâtral à une seule voix. » pp. 297-328

Anseaume l’ont fait arriver dans quelques-uns de leurs Poèmes(65) ; ils l’ont lié au sujet principal en le mettant dans la bouche de leurs Acteurs, non comme une simple chanson, mais comme une suite de ce qu’ils devaient dire nécessairement avant de quitter la Scène. […] Les Acteurs n’auraient-ils pas plutôt èxprimés leurs pensées à l’aide de la parole, que par le moyen du chant ? […] C’est sur ces impertinens amphigouris que nos musiciens épuisent leur goût & leur savoir, & nos acteurs leurs gestes & leurs poumons ; c’est à ces morceaux èxtravagans que nos femmes se pâment d’admiration ». […] Si l’on revenait à l’ancien usage, l’esprit y gagnerait, le Poète pourrait paraître, le Drame serait naturel & sa marche plus rapide : je crois même que les Spectateurs auraient lieu d’être contens ; ils cesseraient à la vérité d’entendre des Sons qui les ravissent ; du moins ils comprendraient ce que disent les Acteurs ; car on n’entend pas toujours ce qu’ils èxpriment dans une Ariette.

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