Germain ; les paroles de Benserade, à la fin duquel on représenta les deux premiers actes de Mélicerte & le Sicilien, ou l’amour peintre : en 1669, le ballet de Flore de Benserade, la Princesse d’Elide & Pourceaugnac : en 1670, le divertissement royal ou les amans magnifiques, le bourgeois gentilhomme, la Bérenice de Racine, dont le sujet lui fut donné par Madame Henriette d’Angleterre : en 1671, Psiché tragi-comédie, composée par ordre du Roi par Moliere, Corneille, Quinault & Lulli, exécutée dans la salle des Thuilleries construite exprès : en 1672, Bajazet de Racine, &c. […] Comme il étoit pauvre, il s’engagea par un acte de sociétè de fournir à sa troupe autant de pieces qu’elle en auroit besoin, & leur tint parole. […] Ils ne connoissoient point la division des actes : ils avoient des chœurs qui prolongeoient & continuoient la marche de l’action, & qui en faisoient une partie inséparable, loin de la suspendre comme nos entre-actes, qui ne sont imités que des comédies anciennes, & encore très-mal, puisque la musique y étoit toujours analogue au sujet. […] Telles étoient les Piéces Grecques, telle est Iphigénie d’Euripide où Achille d’abord surpris à la premiere rencontre de Clytemnestre, à la vue de l’époux d’Agamemnon, au milieu d’un camp & de tous les appareils de la guerre, lui demande s’il doit l’éviter, & lorsqu’au cinquieme Acte Iphigénie veut se sauver à la présence d’Achile, Clytemnestre la retient & lui ordonne de rester devant celui qu’elle peut regarder comme son époux ; & dans quel tems ? […] Chœur du quatrieme Acte.
La Tragédie est distribuée en cinq actes ; chaque acte en scènes, dont le nombre n’est point fixe. Un acte est une partie de l’action, qui paraît interrompue sur le Théâtre, mais laquelle ne laisse pas de se continuer derrière le Théâtre, où les personnages agissent toujours, et quelquefois même plus vivement. […] La perfection de ce Poème demanderait que l’action ne durât pas plus longtemps dans la vérité, que dans la représentation ; il est permis cependant de précipiter le temps dans les intervalles des Actes, c’est-à-dire, dans cette partie de l’action qui se passe derrière le Théâtre ; mais l’action ne peut durer au-delà de douze heures, sans blesser la vraisemblance. […] On peut omettre le cinquième Acte sans détruire l’action principale ; il renferme lui-même une action à part, qui ferait le sujet d’une nouvelle pièce ; or cette duplicité est toujours très vicieuse. […] Afin qu’un événement dont l’issue doit être triste et funeste, fasse tout son effet sur l’esprit du spectateur ; il faut que le Poète dans les premiers Actes le remplisse d’espérance, et d’une certaine joie, que lui cause la prospérité de ses Héros ; un revers qui le fait tomber tout à coup dans le malheur, excite de grands sentiments par un retour de passions contraires.