Il en est plusieurs que tout le monde connoit & que le public m’abandonne. […] Ce Gacon qui avoit quitté l’Oratoire, & qui, sur la fin de ses jours, prit l’habit Ecclésiastique, valoit encore moins & par ses talens & par sa conduite ; il se convertit aussi, & abandonna le métier de Satyrique, branche du Théatre ; Nous avons souvent parlé de l’Abbé de Chaulieu, ce libertin trop célébre qui deshonora la noblesse de sa naissance & la saintete de son Etat, de ses maîtresses, de ses débauches, de ses ouvrages obscènes, de la profanation des revenus de ses riches Bénéfices, à la gloire de qui, pour quelques vers délicats, élégans & faciles, des chrétiens sacrifient la religion & les mœurs, au lieu de publier, imprimer & réimprimer ce qui n’auroit pas dû voir le jour ; la vertu demandoit que ses poésies fussent ensevelies avec lui dans le même tombeau.
» Notre Poète s’est abandonné ici à son beau feu, mais le bon sens n’y perdra-t-il rien ? […] Un discernement exquis et sûr qui saisit les choses du côté de la nature, et de l’usage, ne l’abandonne jamais : une force de raison soutenue et une vivacité d’imagination modérée, règnent également dans ses ouvrages : son bel esprit ne s’évapore point en idées vaines et chimériques, et sa fureur poétique ne l’entraîne jamais au-delà des règles.