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293. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre II.  » pp. 36-74

Otez donc de votre visage ce trophée du vice, cette enseigne du libertinage, ce fruit amer de la passion ; ôtez le de votre sein, où la passion a établi son trône, & d’où elle lance de toutes parts des traits empestés sur les ames, sans quoi je lancerai sur vous à mon tour les traits enflammés de ma juste colere. […] & s’y établirent, y apporterent, & y ont perpétué leurs vices, & ceux de leurs femmes.

294. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre IV. Christine de Suede. » pp. 111-153

Les autres Académies des Sciences, des Inscriptions & Belles-Lettres, de Peinture n’étoient pas encore établies, elles n’eussent pas manqué d’y aller donner & recevoir de l’encens ; les Savans n’en sont point avares, ils sont les seuls qui ont paru l’admirer, personne ne l’estimoit, la Cour, le Clergé, le Militaire, la Magistrature, le Peuple étoient surpris du spectacle unique d’une Reine qui abdique sa couronne & son sexe, courant le monde habillée en homme, vit, parle, pense en homme, on va la voir par curiosité, & on en rit. […]  juin 1684) dit que Christine encore Reine de Suède, mit tout en œuvre pour avoir le naturalisme de Jean Bodin, qui n’étoit alors qu’un manuscrit très-rare, & qu’on tenoit fort caché ; on fit par son ordre bien des recherches, enfin on le trouva, elle en fit faire des copies, & en enrichit la bibliothèque royale de Stocholm ; il est intitulé : de abditis rerum sublimium arcanis, à l’exemple du fameux Médecin Fernel qui avoit donné plusieurs années auparavant son Traité de abditis rerum causis, dont Bodin a profité, mais très-mal ; en donnant dans les deux excès opposés d’une superstition puérile & d’une impiété audacieuse ; c’est à tous égards un fort mauvais livre où l’Auteur dans des dialogues mal écrits entre sept interlocuteurs, combat toutes les Religions, surtout la Chrétienne pour établir le Judaïsme, ou plutôt la Religion naturelle, ce qui l’a fait appeler le naturalisme de Bodin, à peu près comme de nos jours le système de la nature.

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