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208. (1758) Lettre de J. J. Rousseau à M. D’Alembert « JEAN-JACQUES ROUSSEAU. CITOYEN DE GENÈVE, A Monsieur D’ALEMBERT. » pp. 1-264

Il y a beaucoup à louer dans cet article ; mais si les éloges dont vous honorez ma Patrie m’ôtent le droit de vous en rendre, ma sincérité parlera pour moi ; n’être pas de votre avis sur quelques points, c’est assez m’expliquer sur les autres. […] Vous avez fait de ce corps respectable un éloge très beau, très vrai, très propre à eux seuls dans tous les Clergés du monde, et qu’augmente encore la considération qu’ils vous ont témoignée, en montrant qu’ils aiment la Philosophie, et ne craignent pas l’œil du Philosophe. […] C’est, sur ce principe, qu’un Spartiate, entendant un Etranger faire de magnifiques éloges d’une Dame de sa connaissance, l’interrompit en colère : ne cesseras-tu point, lui dit-il, de médire d’une femme de bien ? […] Cet embarras fait l’éloge des femmes de leurs pays, et il est à croire que celles qui le causent en seraient moins fières, si la source leur en était mieux connue. […] J'honore d’autant plus volontiers ceux de l’Auteur de Cénie en particulier, qu’ayant à me plaindre de ses discours, je lui rends un hommage pur et désintéressé, comme tous les éloges sortis de ma plume.

209. (1782) Le Pour et Contre des Spectacles « Seconde lettre contre les spectacles. » pp. 60-145

&c, étouffent peu-à-peu les remords de la conscience, en appaisant les scrupules, & effaçant insensiblement cette pudeur importune… ainsi, soit que le spectacle ne cause qu’une émotion passagére, qui faussement paroit innocente ; soit qu’il excite, ou qu’il rappelle des passions plus durables… Ce qui fait le plaisir des spectacles, c’est ce qui en fait le danger, & on peut dire prèsque toujours, que la meilleure piéce en un sens, est en un autre sens, la plus mauvaise. » Le Grand Vocabulaire François, tom. 25 pag. 177 & 178, fait un trop bel éloge de Mr. le Duc de la Rochefoucauld, Prince de Marsillac, & fils de François I., pour qu’il ne soit pas cité dans la cause des spectacles. […] Dans son éloge de Mr. […] On sent en effet, avec Mr de Boissy, ancien Auteur du Mercure, que ces sortes de personnes ont besoin de lettres de créance, pour être reçues à faire l’apologie des spectacles ; cependant bien loin de les récuser, comme j’étois en droit de le faire, je les ai pour ainsi dire, établies juges dans leur propre cause, & dans la vôtre, en acceptant pour arbitres, non des êtres superstitieux, non des esprits, qui ne pensent pas &c &c. mais… des écrivains, qui ont fait la gloire du siécle dernier, & l’ornement de celui-ci, des Auteurs, dont ils font eux mêmes le plus bel éloge, des lumieres de l’Eglise de France, des Magistrats illustres, dont la mémoire sera toujours chere à la France, des Académiciens célébres & du bon ton.

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