C’est en effet tout ce qu’avoient à examiner les Conciles, les Pères, les Pasteurs de l’Eglise ; on porte des Canons & des censures sur des vices existans, non sur des possibilités de vertu. […] L’Eglise prononce des censures contre les Comédiens, non pas contre les Auteurs des romans ; le public n’y court pas avec la même fureur, ils occasionnent moins de péché, & il est bien plus facile de s’en détacher.
L’Eglise, les Souverains Pontifes, les Evêques souffriront-ils dans des Maisons Religieuses, ces sortes de Représentations, s’ils les croyoient nuisibles aux bonnes mœurs, sur-tout si la Religion les proscrivoit ? […] Avertissons cependant les Comédiens que l’Eglise ne les proscrit pas parce qu’ils représentent des Pieces dramatiques ; mais parce qu’ils en représentent de dangereuses pour les mœurs ; ce qui avilit leur métier aux yeux des hommes, & le rend criminel aux yeux de la Religion. […] Les Comédiens sensés approuveront eux-mêmes un projet de réforme & de réglement qui ne tend qu’à rendre estimable & honnête devant les hommes, innocente ou du moins tolérable aux yeux de l’Eglise, une Profession qui n’est rien de tout cela.