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329. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE V. Eloge de Moliere. » pp. 154-202

Qu’on envisage dans les derniers momens, où le voile se léve, un saint Evêque qui expire dans les bras de la religion, au milieu des larmes de son troupeau & de toute l’Eglise de France, & un misable Tabarin qui contrefaisant le mort, passe subitement & réellement des treteaux au tombeau, & va rendre compte au jugement de Dieu de son libertinage & de ses scandales, & ne peut obtenir le sépulture ecclésiastique. […] qui ne sauroit que le Théatre respecté chez les Grecs, avili chez les Romains, toléré dans les États du Souverain Pontife (comme les Courtisannes), redevable des premieres tragédies à un Archevêque (je ne sais quel), de la premiere comédie à un Cardinal (c’est encore un secret), protégé en France par deux Cardinaux (ce n’est pas le plus bel endroit de leur vie), il fut alors anathématisé dans les chaires (d’après tous les Peres & toute l’Eglise), autorisé par un privilege du Roi, & proscrit dans ses Tribunaux. […] Le savant Prélat quia rendu de si grands services à l’Église, à l’État, en a rendu un très-grand par son Traité contre la Comédie. […] Il est vrai qu’en préférant dans le choix de ceux qu’elle éleve sur ses autels un Comédien, un libertin, un homme de néant, qu’elle avoit méprisé pendant un siecle, à deux des plus grands hommes qui lui avoient fait le plus d’honneur, qui avoient rendu les plus grands services à l’Eglise & à l’Etat, elle avoit ouvert la porte à la licence des plus odieux parallesles. […] Il persécuta ouvertement le christianisme, démolit les Eglises, fit mourir les Chrétiens, &c.

330. (1691) Nouveaux essais de morale « XIV. » pp. 151-158

Je dirai que je me suis étonné cent fois, comment ces grands Poètes, ces illustres Auteurs de toutes les Comédies de ce temps, ne se sont point fait de scrupule de consumer leur vie et leur esprit à composer des ouvrages pour l’entretien du Théâtre, que l’Eglise et les Pères ont si fort condamné dans tous les temps.

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