Lors donc que Phèdre se trouve l’esprit tout occupé d’Hippolyte, elle s’efforce de substituer des raisons solides à ces idées frivoles, elle donne à celles-ci le change par des invectives contre les femmes déréglées ; elle conclut à plutôt mourir que d’être infidèle à son époux et que de devenir une tache à sa famille : la honte des pères, ajoute-t-elle, passe et reste aux enfants, qui ne la portent guère écrite sur le front sans qu’elle leur soit une flétrissure personnelle aux yeux des hommes.
Si vous recherchez dans les écrits des Peres, & dans les fidelles Historiens la source de ces effroyables disgraces, ils vous apprendront que la temperance des barbares a vaincu les delices criminelles de l’Asie ; que la chasteté des barbares a triomphé de l’impudicité des Africains ; que les vertus humaines & imparfaites des barbares l’ont emporté sur les vices énormes de ceux qui avoient le front de se nommer Chretiens, & que ces grandes parties du monde ne sont tombées sous un joug si pesant, que parce qu’elles ont secoüé le joug du Ciel, ce joug qui ne les chargeoit que pour les élever à la joüissance d’un bon-heur eternel, comme les pompes ne pressent l’eau que pour la faire monter.