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194. (1689) Le Missionnaire de l’Oratoire « [FRONTISPICE] — Chapitre » pp. 15-18

Il ne dit pas de peur que je ne sois pas saint, ni digne de l’apostolat, mais de peur que je ne sois damné ; il ne dit pas de peur que je ne sois réprouvé, si je ne châtie mon corps après avoir passé mon temps, mais si je ne châtie mon corps après avoir prêché. […] Cette dame n’est pas si scrupuleuse, ni si craintive que vous, elle a autrefois commis quantité de péchés, elle n’a pas rendu grand service à Dieu, elle ne châtie point son corps, elle se divertit et passe son temps, et aussi elle n’a pas peur d’être damnée, parce que ses divertissements sont innocents. […] Donc ce casuiste ne peut, sans une grande imprudence et une horrible témérité, vous dire que vous ne ferez pas mal d’aller à ce jeu, au bal ou à la danse, s’il ne connaît parfaitement toutes les circonstances du lieu, du temps, de la manière et des personnes qui s’y rencontrent, et principalement s’il ne connaît certainement la posture et la disposition de votre cœur, qui est connu de Dieu seul : Inscrutabile cor hominis, et quis cognoscet illud ?

195. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre IV. Henri IV. » pp. 121-168

Ce n’est gueres connoître le prix du temps, l’importance des arrangemens, le risque d’une action décisive. […] Pendant tout ce temps le théatre demeure vuide, comme si tout le monde étoit allé se battre ; la scène ensuite est dans le silence, comme si l’on attendoit la nouvelle de l’évenement du combat. […] Mais l’auteur n’observe pas les regles du Théatre, ni même celles de son petit Théatre, il n’en observe aucune : dans un si petit fait on n’a-pas le temps de les violet. […] Il fait faire ce double voyage à son courier Varenne dans une heure : point d’unité de temps. […] Pendant la guerre j’ai couru où le feu étoit allumé pour l’étouffer ; maintenant que nous sommes en repos, je saurai ce que peut le temps de la paix.

196. (1819) La Criticomanie, (scénique), dernière cause de la décadence de la religion et des mœurs. Tome I « La criticomanie — Autres raisons à l’appui de ce sentiment, et les réponses aux objections. » pp. 154-206

N’ont-ils pas su de tout temps par des voies ordinaires qu’il y a dans l’état ecclésiastique, comme dans toutes les autres professions, des hommes pervers qui se cachent sous le manteau de la religion et des autres vertus ; ou en style évangélique, qui se couvrent d’une peau d’agneau, et qui sont au dedans des loups ravissants ? […] L’exemple ou l’opinion des anciens ne peut pas servir d’argument contre la mienne ; car, d’autres temps, d’autres mœurs ; d’autres mœurs, d’autres moyens de diriger les hommes. […] Il est donc superflu de leur opposer que ce sont les lumières de l’expérience que nous avons plus qu’eux, qui invoquent un ordre nouveau à cet égard, ou quelque réforme dont leur exemple même, au surplus, démontrait déjà la nécessité ; car, que furent pendant les derniers temps de leur existence ces peuples de l’antiquité qui ont eu leurs Antisthènes dramatiques comme nous, qui ont été aussi fous que nous de comédies et de comédiens, qui couraient de même s’instruire aux spectacles ? […] La grande question des dangers et de l’utilité des théâtres avait déjà été agitée de leur temps. […] Et dans le même temps on disait contre à peu près aussi ce que disent les modernes contradicteurs, tout en rendant justice à l’art et aux talents de nos bons auteurs : que le recueil de ces ouvrages ne contient que des peintures dangereuses des passions les plus entraînantes, que des tableaux corrupteurs ; qu’on y voit l’intérêt sollicité le plus souvent en faveur du crime ; une plaisanterie perfide faisant naître le rire au lieu d’exciter l’indignation ; travestissant les vices en défauts brillants, les travers en agréments, les conventions théâtrales excluant la vraisemblance, le caprice des auteurs dénaturant les faits et les caractères ; des sentiments outrés, des mœurs postiches et des maximes bonnes pour amollir les cœurs et égarer l’imagination.

197. (1761) Les spectacles [Querelles littéraires, II, 4] « Les spectacles. » pp. 394-420

Question agitée dans tous les temps, & sur laquelle on écrit encore pour & contre. […] A Milan on jouoit la comédie du temps de S. […] Les comédiens sont flétris ; mais dans quel temps l’ont-ils été ? […] Qu’on sçache donc distinguer les temps & les personnes ? […] Notre religieux philosophe veut seulement qu’on ait égard à trois choses, qui sont encore plus de bienséance que d’obligation, aux temps, aux lieux, aux personnes.

198. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE VIII. Sentimens de S. Chrisostome. » pp. 180-195

La comédie de nos jours ne mérite pas plus de grace ; pour peu qu’on ait de bonne foi, on la reconnoîtra dans le portrait de celle de son temps. […] Vous avez abandonné l’Eglise votre mère, méprisé les Prophètes, outragé votre Dieu, assisté aux danses du démon, écouté les plus mauvaises paroles, perdu un temps précieux, sans en rapporter aucun fruit spirituel ni temporel ; vous êtes déchiré de remords, couvert de honte, abattu de tristesse. […] Autre préjudice à nos ames : l’inutilité de ces divertissemens, le temps qu’on y perd, les discours frivoles qui s’y tiennent. […] Si votre épouse est pieuse, vous vous plaignez qu’elle passe trop de temps à l’Eglise ; & vous qui passez tout le vôtre au théatre, vous croyez-vous sans reproche ? […] Mais en fût-il, n’est-ce rien que le temps qu’on y perd, & le scandale qu’on y donne ?

199. (1744) Dissertation épistolaire sur la Comedie « Dissertation Epistolaire sur la Comedie. — Reponse à la Lettre précedente. » pp. 16-18

Au même temps il entra une jeune Demoiselle de 24. ans, fille de condition : je lui donnai vôtre lettre. […] Elle n’eut pas le temps d’attendre nôtre réponse sur ce qu’elle avança, on la vint chercher : mais elle nous prêta : l’occasion de vous prier un mot de réponse sur toutes ces difficultés : vous ferez une œuvre de charité, & vous obligerez, Monsieur, vôtre très-humble & trés-obéïssante Servante.

200. (1689) Le Missionnaire de l’Oratoire « [FRONTISPICE] — Chapitre » pp. 3-4

En second lieu, c’est entreprendre l’impossible, c’est perdre mon temps et ma peine, c’est voguer contre vent et marée ; les gens du monde sont tous résolus, les prédicateurs ont beau crier, on n’en fera ni plus ni moins : Cæperunt hæc facere, nec desistent a cogitationibus suis donec eas opere compleant. […] Augustin a été autrefois en même peine ; il disait à ses auditeurs (homil. 25. ex 50. circa medium.) : Il n’y a rien qui me semble si doux que d’être retiré en ma petite chambre, y lire l’Ecriture sainte, la méditer devant Dieu, en rechercher l’intelligence, en goûter la douceur en repos et en silence ; j’y aurais bien plus de plaisir qu’à vous être ici ennuyeux, à vous étourdir de mes corrections, et perdre mon temps à reprendre des vices que plusieurs n’éviteront pas ; mais l’Ecriture m’épouvante.

201. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Idée des spectacles novveavx. Livre II. — Chapitre XI. Du Balet. » pp. 209-318

Il y eut de tout temps d’honnestes gens qui ont fait profession d’aimer les belles choses. Sans doute que dans l’un & l’autre Sexe de ces temps-là, il y eut des Spectateurs qui soûpirerent à l’aspect des choses indecentes, & qui furent mortifiez de l’impudance des uns & de la prostitution des autres. […] Car outre la beauté de l’effet, ces changemens de figure demandent des soins, du temps, du concert & de l’étude ; & une peine si obligeante, ne sçauroit estre sans quelque sorte de merite. […] Mais aussi on peut remarquer en mesme temps, que les Recits sont defectueux, & qu’ils pechent contre leurs devoirs naturels, s’ils s’abandonnent à chanter des choses extravagantes, & qui ne marquent rien du Sujet. […] Ie ne veux pas forcer ny la mode ny le temps ; ny mesme m’étendre sur les belles manieres de la Dance publique & domestique, où les deux sexes ont droit d’agir & de paroistre.

202. (1825) Des comédiens et du clergé « Des comédiens et du clergé. —  De certaines processions ou cérémonies religieuses, pratiquées par le clergé, et qui sont ou ont été beaucoup plus nuisibles au culte et a la morale publique que les comédies représentées sur nos théâtres.  » pp. 201-340

Pierre, qui avait été dans l’impossibilité de les satisfaire de son temps, Moïse dont nous célébrons la fête le 4 septembre de chaque année, n’est-il pas odieusement représenté dans la mascarade du jeu du chat et du veau d’or, et dans celui du roi Hérode, par un autre portefaix ? […] Ne serions-nous pas réduits aujourd’hui à regretter ces temps de simplicité, où l’on ne raisonnait pas, mais où l’on croyait ? » Cela est juste, et je suis entièrement de l’avis de cet excellent historien, en ce temps, on ne raisonnait pas, on ne croyait pas profaner, on avait la foi, toute la foi : mais depuis ce temps, on a raisonné, et la raison du prince, la raison des législateurs, ont distingué, reconnu des profanations scandaleuses dans les représentations des mystères, et elles ont été défendues, d’une manière impérative ; mais depuis ce temps, on s’est reporté sur la propre législation ecclésiastique, et l’on a trouvé des canons des conciles, qui, depuis les premiers siècles, interdisent tous déguisements, toutes mascarades, non seulement aux gens d’Eglise, mais encore aux séculiers. […] L’un était Jean Mansel, trésorier de la cathédrale du temps de Henri II, roi d’Angleterre et de Normandie, qui est qualifié, dans les archives du chapitre, conseiller de ce prince. […] Les personnes de qualité, déguisées en vignerons, couraient les rues, chantaient sur des chariots des chansons et des satires qui servaient de critique aux mœurs du temps.

203. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. Théatre de Pologne. » pp. 80-105

Ils veulent travailler à l’éducation nationale, & ils écrasent le peuple, & ne lui laissent pas le temps de respirer. […] Quelle idée peut-on se faire du Sénat Britannique, dont à peine on peut arracher les membres à leurs frivoles amusemens, pour former les assemblées, dans un temps où lès plus grandes affaires ne laissent pas un moment à perdre ? […] Mais vous ne cherchez qu’à tout le temps, vous n’avez en vue que vos amusemens & vos plaisirs. […] Ne vous en appercevrez-vous que quand il ne sera plus temps ? […] Les actrices débutantes auront la nouvelle lune, les anciennes qui se retirent la lune vieille & les brillantes pendant le temps de leur triomphe, la pleine-lune, &c.

204. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE III. Suite du Mariage. » pp. 55-79

Il parut dans le temps beaucoup de critiques & de contrecritiques. […] Là c’est une lettre envoyée dans une boëte, ici une lettre jetée avec une pierre par la fenêtre, une fille qui parle à la fois au jaloux & à l’amant, & par une équivoque fait entendre qu’il faut l’enlever, & sans que l’imbécille s’en apperçoive, l’embrasse dans le même temps qu’elle fait baiser la main au rival. […] Qu’on parcoure les pieces jouées en ce temps-là, dans l’histoire du Théatre, l’histoire de l’Opéra, le Théatre Italien, on sera surpris de voir si souvent l’adultère sur la scène. […] Vous nous parlez des temps héroïques, il y a trois mille ans, & des bords du Tigre, à mille lieues de Paris. […] Quand vous aurez épousé Sara, vous vivrez en continence avec elle pendant les trois premiers jours, & vous employerez ensemble tout ce temps à la priere : Per tres dies continens esto ab ea, & nihil aliud nisi orationibus vacabis cum ea.

205. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre VII. De l’infamie canonique des Comédiens. » pp. 153-175

Dans les lieux et dans les temps où il leur a été permis de se marier, les femmes de cette espèce leur furent toujours interdites, sous peine d’irrégularité avant l’ordination, de suspense de leurs ordres après l’ordination, et de déposition de leurs bénéfices. […] Ces deux appels comme d’abus, dont la seule proposition devait pour tout jugement faire envoyer les appelants en prison, occupèrent le temps précieux des Avocats et des Juges, et furent terminés par deux arrêts confirmatifs des deux mariages ; et pour punition de l’attentat, on crut qu’il suffirait de condamner ces séducteurs à vivre avec ce qu’ils avaient aimé. […] Ainsi, sans examiner la validité des vœux, la légitimité d’une acquisition, le défaut d’un mariage, etc., il suffit qu’un Religieux laisse passer le temps de la réclamation, le propriétaire celui de la prescription, qu’un étranger querelle un mariage, etc., sans entrer dans le mérite du fond, ils sont déclarés non recevables. […] Elle mourut peu de temps après. […] Le Parlement crut devoir présumer en sa faveur, sur les indices qu’on en donna, les seuls que la distance des temps et des lieux permettaient d’espérer, et déclarant la fille adultérine, déclara la légitimation impossible, et lui adjugea une pension alimentaire.

206. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre III. Du Cardinal de Richelieu. » pp. 35-59

Quoique l’Eglise l’ait dans tous les temps condamné et sévèrement défendu aux Ecclésiastiques, on a vu des Prélats le tolérer, ils s’y croyaient obligés, on en a vu l’aimer et le fréquenter. […] Il reste plusieurs de ces pièces, dont assurément on ne peut pas lire deux pages, mais qui pour le temps étaient des chefs-d’œuvre, étaient mieux payées, plus honorablement accueillies, et attiraient plus de monde, que celles de Corneille et Racine, ce qui est peut-être plus humiliant pour la raison humaine que pour le Poète. […] La multitude des affaires dont il était chargé ne lui laissant pas le temps de travailler, et d’ailleurs voulant en grand Seigneur se faire honneur du travail des autres, il avait cinq Commis qui composaient à sa gloire ; c’étaient cinq Auteurs bien payés, auxquels il livrait un plan de sa façon, divisé en cinq actes, et assignait à chacun son acte à composer. […] « Il lui donna hautement son approbation, et ne craignit point de faire tort à son jugement, en lui donnant la préférence. » Les beaux esprits du temps le répétèrent partout. […] La vanité ne peut souffrir ce qui l’humilie, elle écrase tous ses rivaux ; et comme rien n’est humiliant qu’elle-même, et à même temps qu’elle sacrifie tout pour écarter ces nuages, elle se couvre du voile de la modestie, et s’affuble du manteau de la générosité.

207. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre II. Du Théâtre Moderne, & de celui des François. Celui-ci comparé au Théâtre Grec. » pp. 25-38

Des traits de lumiere qui perçoient, de tems en tems, ce cahos informe, & le desir de mériter un applaudissement plus flatteur, découvrirent une route, où le talent pût entrer sans rougir. […] La Comédie eut part à de si glorieux triomphes ; Moliere enrichi des dépouilles des Grecs, des Romains, des Italiens, & sur-tout des ridicules de son tems, & doué de tous les dons qui font le grand Poéte, mit sur la Scène le Misantrope, le Tartufe, les Femmes Savantes, les Précieuses Ridicules, l’Ecole des Femmes, &c.

208. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre XI. De l’amour & de ses impressions dans le Poéme Tragique. » pp. 165-178

Mais est-il vraisemblable qu’Alexandre au moment de perdre le fruit de trois ans de victoires, consume avec une Princesse étrangére, le tems qui est destiné aux dispositions d’une bataille telle qu’il n’en a point encore donné ? […] C’est, ajoute-t-il, ce qui est arrivé à la tragédie sur la plûpart des Théatres ; au lieu des grandes actions, des sentimens généreux, qui excitent le courage, la vertu, l’émulation, la compassion, la crainte, l’estime, l’admiration ; on ne voit presque plus, par le mauvais goût du siécle, que des intrigues de galanterie où des héros effeminés, font les pitoyables personnages d’amans passionnés. » Il est rare que les hommes soient agités de deux grandes passions dans le même tems. […] Leurs vues, leurs entreprises dépendent des tems, des lieux, des usages, des loix & des peuples.

209. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre V. De la Parodie. » pp. 78-89

La critique fut de tout tems. […] Il est donc probable qu’on la chantait dans les prémiers tems de son origine : ceci semblerait encore me confirmer dans l’idée plaisante ou je suis que notre Opéra-Bouffon était peut-être connu des Grecs ; & c’est un nouveau motif de lui abandonner entièrement la Parodie, ou du moins celle qui se chante. […] Nous ne pouvons plus sentir une grande partie de ses traits fins & délicats, parce que nous sommes trop éloignés du tems où elle fut écrite.

210. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre VII. Des Duo, Trio & Quatuor. » pp. 329-339

« Les règles du Duo, & en général de la Musique à deux parties, sont les plus rigoureuses pour l’harmonie ; ces règles étaient bien plus sévères autrefois ; mais on s’est relâché sur tout cela dans ces derniers tems où tout le monde s’est mis à composer. […] Les chœurs laissaient reposer un moment l’attention des Spectateurs, sans la détourner entièrement de ce qui devait l’occuper pendant le tems de la représentation. […] Rousseau a bien raison lorsqu’il parle de la forte(73) : « L’Auteur de la Lettre sur Omphale a déjà remarqué que les duo sont hors de la Nature ; car rien n’est moins naturel que de voir deux personnes se parler à la fois durant un certain tems, soit pour dire la même chose, soit pour se contredire, sans jamais s’écouter ni se répondre ».

211. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Neuvième Lettre. De la même. » pp. 233-241

L’absence t’embellit : combien de femmes ont dû la conquête d’un époux infidèle, à la nécessité de vivre quelque temps dans des lieux différens ! […] Mais pour peu qu’on ait suivi les Spectacles, on conviendra, que si son calcul est juste pour le temps dont il parle, le mien l’est également pour celui-ci. […] Les Ouvriers qui buvaient le Dimanche, quelquefois le Lundi, & qui par-là se trouvaient hors d’état de travailler le Mardi, vont aujourd’hui à la Comédie : ils en retirent cet avantage, que lorsqu’ils buvaient, ils perdaient tout le jour ; au lieu qu’à présent, ils travaillent courageusement le matin, & ne donnent au Spectacle que quelques heures de l’après-midi ; temps le moins précieux, sur-tout en hiver, où l’on est obligé de se servir de chandelle.

212. (1694) Sentiments de l’Eglise et des Pères « CHAPITRE IV. Deux conséquences que les Pères de l’Eglise ont tirées des principes qui ont été établis ci-devant. » pp. 82-88

Le grand saint Grégoire se plaint aussi de cet abus qui régnait de son temps : il y a quelques gens riches, dit-il, qui font de grandes largesses aux Histrions, tandis que les pauvres périssent de faim. […] La misère déplorable du temps, rend encore leur péché plus grief. Car si tous les Abbés, les jeunes fainéants, les Dames mondaines et autres telles gens qui ne plaignent pas trois ou quatre Louis à une Loge, pour passer deux ou trois heures de temps à voir offenser Dieu, en avaient donné chacun la moitié aux pauvres : combien y en aurait-il eu de soulagés, qui ne seraient pas morts de faim.

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