*** O spectacle charmant, où la Scène française Paraît dans son éclat et dans son plus beau jour.
Les flambeaux répandant une lueur sombre, sur la machine, & sur ces morts ambulants, formoient un spectacle épouvantable. […] Ce spectacle qui a quelque chose d’extraordinaire & de frappant, par l’assemblage des parties qui le composent, & des circonstances qui l’accompagnent, est cependant un spectacle ordinaire & commun. […] Voltaire lui-même en fournira le spectacle, & sans doute bientôt, à 75, ans on est bien près du terme fatal, où le poëte, l’acteur, l’actrice, l’amateur, l’entousiaste vont également se briser.
Il n’épargna pas même Racine son bienfaiteur & son maître, qu’il fit passer pour un hypocrite, en disant de lui : Racine, à qui la devotion ne permettoit pas de fréquenter les spectacles depuis que le Roi s’en étoit privé, vint à mes pièces. […] & peut-on se permettre d’affreux spectacles où l’on abjure la religion ? […] Ce sont de legeres exceptions qui ne changent point la nature de l’action, & le caractere de la personne, les dangers du spectacle. […] Tous les auteurs, tous les drames ne sont pas également repréhensibles ; mais dans le spectacle public l’assemblage de ce qu’on y voit & qu’on y entend, la compagnie, les objets, les exemples, font un très-grand danger pour les mœurs dans les pieces même les plus châtiées ; à plus forte raison dans les autres, qui font incomparablement le plus grand nombre.
Les Romains qui portoient le luxe à l’excès pour embaumer leur théatre, y faisoient couler pendant le spectacle des fontaines d’eaux de senteur, & en faisoient tomber une pluie sur les spectateurs. […] Rome avoit éprouvé une pareille révolution ; les exercices du corps étoient négligés depuis que la scène étoit dominante, on ne voyoit que les combats des gladiateurs & des courses de chevaux ; c’étoient des spectacles qui ne coûtoient rien à la molesse, puisqu’on les faisoient donner par des esclaves qui se battoient ou qui conduisoient les chars. […] Cette Princesse fameuse par sa beauté & par ses galanteries, mariée successivement à deux Rois à qui elle porta la plus riche dot ; au Roi de France qui la répudia, & qui aima mieux perdre une belle province que de vivre avec elle, au Roi d’Angleterre qui la tint quinze ans en prison : cette Princesse passa sa vie dans les fêtes, les jeux, les spectacles, donna elle-même les plus scandaleux, & rapporta en France & en Angleterre le luxe & la galanterie asiatique ; elle faisoit des amans par-tout, jusques chez les Mahométans où l’on prétend qu’elle fut aimée de Saladin, allumant par-tout le feu de la guerre ; en France pour se vanger de la jalousie de Louis, en Angleterre pour se vanger des amours de Henri qui cessa de l’aimer, & lui préféra des maîtresses ; elle arma ses enfans contre leur père, & fit naître une guerre civile ; elle courut de tous côtés : en Syrie poursuivre son mari, disoit-elle, en Allemagne pour délivrer son fils Richard ; deux fois en Espagne pour aller chercher ses belles-filles. […] Ce Prince de la scène, ces merveilleux du logis ; victimes infortunées des maux innombrables aussi honteux que douloureux, fruits amers de leur corruption traînent des corps blasés des membres infects ; une salle de spectacle seroit pire qu’une salle d’hôpital, si la décoration des odeurs plus nécessaire que celles des peintures ne trompoit l’odorat, comme la perspective trompe les yeux, & ce n’est pas moins dans le physique que dans le moral que se vérifia la parole de Saint Paul.
après que les Empereurs eurent embrassé le Christianisme, il est certain que l’infamie des spectacles ou cessa entièrement, ou au moins diminua beaucoup. […] Ce n’était donc plus l’infamie des pièces, que les Comédiens représentaient alors, qui engageait les Pères à en user ainsi ; mais c’étaient d’autres raisons pareilles à celles que j’ai ci-devant exposées, qui les portaient à représenter aux chrétiens la sainteté de la Religion qu’ils professaient, et à les exhorter à n’avoir que du mépris pour un divertissement aussi bas et aussi indigne d’eux qu’est la Comédie : « Etsi Comœdiæ non habent crimen, habent tamen maximam et parum congruentem nomini Christiano vanitatem », comme parle saint Cyprien dans son traité des Spectacles. […] exhorte les parents d’éloigner leurs enfants de toutes les occasions où ils sont en danger de perdre le précieux trésor de leur innocence, et surtout de les empêcher d’aller aux spectacles ; comme on empêche une servante, dit-il, de porter une chandelle allumée en des lieux où il y a de la paille, de peur que lorsqu’on y pense le moins, il ne vienne à tomber une étincelle de feu dans cette matière combustible, et ne cause un embrasement entier de toute la maison. […] Car c’est toujours un très dangereux spectacle, que de jeunes et belles filles qui paraissent sur le théâtre avec tous les agréments naturels et recherchés, et avec tout le luxe et toute la pompe des habits à quoi l’on a renoncé par les vœux du Baptême.
On n’en voit point à nos spectacles ; combien crieraient-ils au blasphème, s’ils voyaient Abraham, Jacob, David, Salomon, sous un habit de Comédien ! […] La conduite et le théâtre de Pélegrin étaient dans le même goût ; il disait la messe tous les matins, et parcourait le soir les spectacles. […] Il est pourtant vrai que ce désordre est rare sur le théâtre public, quoique fréquent dans les spectacles des collèges et les pièces innocentes des couvents, où l’on emploie quelquefois jusqu’aux aubes et bonnets de la sacristie. […] où connaît-on cette grande vérité de l’Evangile : « Qui n’est pas avec moi, est contre moi ; qui ne ramasse pas avec moi, dissipe. » Ceux qui se servent du prétexte de la piété prétendue de ces pièces pour la justification du spectacle, sont-ils plus conséquents ?
Epître sur les spectacles EPITRE SUR LES SPECTACLES DE PARIS. […] Etourdi par les cris, le bruit et les injures, Je traverse au milieu de six rangs de voitures, Pour demander quel est ce Spectacle nouveau : J’entends crier : Entrez, c’est ici Ramponeauxa, Monseigneur ; Ramponeaux : voyons : entrez, mon Prince ; Me dit le harangueur : arrivant de Province Je crus tout bonnement que quelque rareté, Excitant du Public la curiosité, Attirait ce concours de filles désœuvrées, De Ducs, de Freluquets et de Femmes titrées ; Là : près d’une Intendante assise en rang d’oignons Figurait sur un banc la Marmotte Fanchon La Fille d’Opéra coudoyait la Duchesse, Et Damis séparait sa femme et sa maîtresse : Mais on lève la toile, et Ramponeaux paraît.
En faut-il d’autres preuves que cette multiplicité de délits dont les campagnes nous offrent aujourd’hui si souvent le spectacle déchirant ? […] La trace du bon goût semble être perdue, et c’est aux petits spectacles des boulevards qu’Esther est reléguée, et peut trouver des admirateurs. […] En Italie, de nos jours encore, si j’en crois quelques auteurs, on n’a point de spectacles toute l’année. […] Arrêtez-en les funestes progrès en fermant vos spectacles, dira le Moraliste sévère, et vous n’en aurez plus rien à redouter. […] Aux yeux de tout homme sensé, il est évident que dans nos mœurs actuelles, ce conseil de supprimer totalement les spectacles, serait aussi dangereux qu’impraticable en lui-même.
Les spectacles produisent et favorisent l’incrédulité.
Traité de la comédie et des spectacles La critique ordinaire de la Comédie fonde ses jugements sur l'application qu'elle fait des règles de la poétique aux ouvrages des particuliers dont elle prétend découvrir les défauts, ou les beautés. […] Les anciens, voulant donc instruire les peuples, et la forme de leur culte n'admettant que des sacrifices, et des cérémonies sans aucune exposition, ni interprétation de leur religion, qui n'avait point de dogmes certains: ils les assemblaient dans les places publiques (car ils n'avaient pas encore l'usage des théâtres, qui ne furent même inventés qu'après qu'on se fut servi quelque temps de chariots pour faire que les Acteurs fussent vus de plus loin) et ils leur inspiraient par le moyen des spectacles les sentiments qu'ils prétendaient leur donner, croyant avec raison qu'ils étaient plus susceptibles de recevoir une impression forte, par l'expression réelle d'une personne considérable, que par toutes les instructions qu'ils eussent pu recevoir d'une autre manière plus simple et moins vive. La plupart des tragédies de Sophocle et d'Euripide sont de cette nature, et si les siècles suivants n'avaient pas ajouté plus de corruption dans le choix des sujets et dans la manière de les traiter, il serait bien difficile de blâmer la Comédie dans les Païens, quoiqu'elle fût toujours très blâmable dans les Chrétiens dont la vocation est si sainte et si relevée, que les Pères nous témoignent que les spectacles profanes leur ont toujours été interdits: mais outre cela, il est très certain que c'est à tort qu'on prétend justifier celles de ce temps par l'exemple des anciennes, rien n'étant si dissemblable qu'elles le sont.
Il a fallu l’accompagner au Spectacle : en partant, elle m’a dit : Vous allez tout effacer ; mais croyez que nous n’en serons pas moins amies. […] Depuis que je m’étais décidée à prendre ce nouveau moyen de regagner le cœur de mon mari, je passais les jours avec Mademoiselle *** : le hazard semblait me seconder en tout : monsieur de Longepierre est allé pour quelques jours à sa maison de Passy, & mon mari, pressé de l’accompagner, ne put s’en défendre : mais dès le surlendemain, son goût pour le Spectacle, me le ramena à dîner.
Je n’ai travaillé que sur le plan qui regarde les Spectacles, une partie de sa Brochure étant coupée de dissertations étrangères à son sujet & nullement faites pour le mien.
Quel spectacle aux yeux de la foi !
Il serait à souhaiter que les Auteurs qui consacrent leurs veilles au nouveau Spectacle, ainsi que ceux qui travaillent pour l’Opéra-Sérieux, fussent à la fois Poètes & Musiciens ; ils composeraient avec plus d’art les paroles qu’ils destinent pour le chant ; ils sentiraient d’abord si elles se prêteront à la modulation, si elles ont la douceur ou la force nécessaire.
n les défenseurs des spectacles « criaient que les renverser c’était détruire les lois » : mais ce Père sans s’en émouvoir disait au contraire, que l’esprit des lois était contraire aux théâtres : nous avons maintenant à leur opposer quelque chose de plus fort, puisqu’il y a tant de décrets publics contre la comédie que d’autres que moi ont rapportés : si la coutume l’emporte, si l’abus prévaut, ce qu’on en pourra conclure, c’est tout au plus que la comédie doit être rangée parmi les maux dont un célèbre historieno a dit qu’on les défend toujours, et qu’on les a toujours.
Il fait aussi ses efforts pour établir que les saints Pères n’ont condamne les Spectacles des Païens, qu’à cause de la seule idolâtrie.
N ous ne dirons pas grand chose de ce Spectacle, qui cependant n’est pas la plus desagreable.
Augustin, et par conséquent plus voisins des apôtres, et ils jugeaient ces divertissements si contraires au christianisme, qu’ils ont fait des livres entiers (Tertul. de Spectaculis, cap. 27.) pour les réprouver et condamner ; et pour montrer qu’ils ne parlaient pas seulement contre les spectacles des païens, où se commettaient des homicides et des impudicités publiques, Tertullien apporte l’objection que vous avez coutume de faire : On n’y fait point de mal, on n’y dit rien qui ne soit honnête, et il répond : Celui qui veut empoisonner son ennemi, ne détrempe pas le poison dans du fiel ou dans du vin d’absinthe, mais dans un bouillon bien assaisonné ou dans du vin délicieux.
Ce grand guerrier pensoit que les spectacles & les fêtes étoient propres à distraire le soldat de la réflexion sur les dangers & les fatigues de son métier, comme la politique d’Auguste amusoit le peuple romain par des jeux, pour faire oublier son usurpation & le poids des impôts. […] La veille d’une bataille il avoit toujours un spectacle à donner : c’en étoit le premier signal. […] Il fit pourtant une bonne œuvre au théatre, la seule peut-être dont les annales du spectacle fassent mention. […] Aurore ne put soutenir ce spectacle, la fievre putride augmenta elle mourut bientôt après.