Il en résulte que les acteurs de comédie étant protégés, salariés, pensionnés et honorés par les souverains et par les papes, aucun prêtre en France, n’a le droit de son autorité privée, d’anathématiser et d’excommunier la profession de comédien, qui a été créée et autorisée par les diplômes du prince, par la législation du pays ; et par conséquent, c’est un véritable délit d’en exiger l’abjuration. […] En prenant acte de cet aveu, que les jésuites et leurs partisans regrettent sans doute, d’avoir renouvelé dans leurs brochures modernes, on acquerra la triste conviction, que ce qu’ils appellent l’église, ainsi que les papes d’alors, étaient, en ces temps-là, plongés dans la corruption la plus infecte, et foulaient audacieusement à leurs pieds, la vraie religion chrétienne, les préceptes de Jésus-Christ et la morale évangélique, qui commande la charité, la douceur, l’humilité, et prescrit formellement d’obéir aux princes de la terre.
Requête des Comédiens de France, présentée au Pape Innocent XII. et sa Réponse. page 111.
L’empereur Aurélien, à qui on eut recours, décida que la maison appartiendroit à celui des deux évêques qui auroit l’approbation du Pape : tant il étoit reconnu, même parmi les païens, que l’union au S. […] Le concile écrivit une lettre circulaire au Pape & à tous les évêques, où, pour justifier sa conduite, il fait un portrait peu flatteur de leur confrere. […] Le Pape quelquefois ne rit-il pas à Rome ?
Ce que le Pape Nicolas a déclaré dans l’endroit que nous avons auparavant cité. « Il faut s’abstenir, dit ce Souverain Pontife, les jours des Fêtes de toutes les affaires séculières, afin que l’âme Chrétienne puisse plus librement et entièrement les passer dans l’Eglise, et s’entretenir avec Dieu par des Psaumes, des Hymnes, et des Cantiques spirituels. » « Idcirco in diebus festis ab opere mundano cessandum est, ut liberius ad Ecclesias ire, Psalmis, Hymnis, et Canticis spiritualibus insistere, orationi vacare, etc. valeat Christianus. » Il est donc évident par l’autorité de ce Pape, et par plusieurs autres que nous en avons rapportées, que le fondement général de toutes les prohibitions qui regardent la solennité des Fêtes, est l’obligation de les sanctifier, qui nous est imposée dans l’Ecriture sainte, et par le commandement de Dieu même.
L’Historien continue : Le Roi & la Reine d’Angleterre étoient ravis qu’on peignît le Pape Innocent XI, qui avoit contribué à les détrôner, comme un aveugle à qui le Diable avoit crevé les yeux : Et l’enfer couvrant tout de ses voiles funèbres, Sur les yeux les plus saints a jeté ses ténèbres. […] Dans ce même temps ce saint Pape tenoit une conduite bien différente. […] Or si jusques sous les yeux du Roi, sous la direction d’une Dame pieuse, dans une communauté religieuse, dans un sujet tout saint, un Poëte naturellement poli, doux, modeste, d’une morale sévère, & même alors converti, n’a pas épargné les personnes de la Cour les plus distinguées, un Ministre puissant, le Roi lui-même & le Pape, quelles mesures doivent garder dans un théatre public un vil amas d’Acteurs, sans naissance, sans éducation, sans religion & sans mœurs ? […] Peu de lecteurs sont capables de suivre un systême, de saisir une preuve, une objection, une réponse ; tout sait railler, tout aime à rire, on se moque des Saints & de leurs vertus, des Ministres & de leurs fonctions, des cérémonies & de leur signification, des mystères & de leur profondeur, du Pape & des Évêques, & de leurs décisions, de leurs règlemens, de leur pouvoir, de leurs censures.
Cette question tient aux plus hautes considérations, puisqu’elle intéresse la vie et la liberté des rois, que les ultramontains placent sous l’autorité des papes. […] Je répéterai ici, qu’on a vu des papes et des cardinaux, instituer des théâtres, tant à Rome qu’en Italie, et en France : on a vu un abbé directeur de notre opéra, à Paris ; on a vu des capucins, des cordeliers, des augustins, demander l’aumône par placet, aux sociétés théâtrales, et la recevoir de nos comédiens bienfaisants : on a vu des religieux et des prêtres de l’église apostolique et romaine, prier Dieu pour la prospérité de la compagnie des comédiens. […] Les papes, les rois, les cardinaux, et tous les souverains de la chrétienté, qui ont institué des théâtres et des comédiens, pour le plaisir et l’instruction du public, ont-ils prétendu se damner, eux et leurs sujets, par la fréquentation à laquelle ils s’exposaient volontairement avec des excommuniés ?
On a vu ensuite que les puissances séculières portèrent la réforme dans les théâtres, et les régularisèrent en agissant en conformité avec la conduite des papes à l’égard des comédiens à Rome et en Italie.
C’est la doctrine de Saint Antonin et de Sylvestre, sur l’autorité d’un Chapitre du sixième des Décrétales, où le Pape Grégoire dixième ordonne qu’on bannisse de tous les lieux consacrés à Dieu, et destinés au culte divin, tout ce qui peut troubler la paix des Divins Offices, causer de l’interruption dans les Prières, ou mettre quelque autre empêchement au repos et à la dévotion des Chrétiens ; et que l’on en éloigne toute sorte d’assemblées, et d’actions séculières, et profanes, afin que non seulement on ne pèche point dans les lieux où l’on vient demander la rémission des péchés ; mais qu’on y vaque encore avec quiétude d’esprit, et avec une application tranquille aux Exercices spirituels auxquels ces sacrés lieux ont été dédiés.
1 Le Premier Concile d’Arles en 314, confirmé par le Pape St. […] Le Pape St. […] Pape Gelase ne negligea rien pour faire cesser les spectacles, qui recommencerent en 519. […] Benoit XIV, un des plus grands Papes que nous ayons vus sur la chaire de St. […] Selon tous les Théologiens, dit ce grand Pape, « on s’expose au danger de commettre les fautes les plus graves, en assistant aux spectacles.
Que si la Mère des vivants est tombée dans la mort du péché, pour n’avoir pas su garder ses yeux dans le Paradis terrestre, dit un grand Pape,Greg. l. 21. mor. c. 2. […] Nous devons donc faire une continuelle et sérieuse réflexion sur cette excellente vérité, que le même Pape nous enseigne encore au même endroit ; à savoir que les Chrétiens sont obligés à une pureté incomparablement plus grande que n’a été celle des Juifs. La loi de Moïse, dit ce grand Pape,Ibidem.
Et le Pape Innocent III, écrivant à un Evêque de Poitiers sur la fin du XII. siécle, ou au commencement du XIII. lui dit : Quæ canonicis obviat institutis, nullius debet esse momenti. […] Ce Pape est mort en 1216. […] Le sixiéme Concile général qui est le troisième de Constantinople, sous le Pape Agathon à la fin du septiéme siécle, Omnino prohibet hæc sancta & universa synodus, eos qui dicuntur mimi, & eorum spectacula,… atque in scena saltationes fieri. […] Ce Pape est mort en 1216.
En voici un exemple sur mille, rapporté dans la vie de Dona Olimpia, belle-sœur du Pape Innocent X. […] « Il fut joué à Londres devant Cromveln, une comédie intitulée le Mariage du Pape, où l’on disait que le Pape ayant voulu épouser Dona Olimpia, et elle le refusant, le trouvant trop laid, il lui donna une clef. […] Donnez-moi celle de l’enfer, car je ne veux pas que dans un moment de mauvaise humeur vous puissiez m’envoyer en enfer, et il la lui donna. » Rien de tout cela ne me surprend dans un pays où l’on n’a aucune religion, où pendant longtemps on a donné tous les ans à la populace l’indécente et ridicule farce d’un Pape de paille brûlé à la place de Londres.
Ainsi l’a décidé dès les premiers siècles le Pape S. […] Il est vrai que le Pape ajoute que ce n’est qu’après avoir exercé pendant un an cette ignominieuse profession : « Si per annum artem illam ignominiosam exarcuerint ». […] 4.° Quoique par un usage immémorial, devenu une espèce de loi, dont on ne se serait pas dispensé impunément, les grands Magistrats de l’Empire Romain, pour signaler leur entrée dans les charges, fussent obligés de donner des spectacles au peuple, l’Eglise ne le leur pardonnait pas, et si dans la suite, quittant le monde, ils voulaient entrer dans les ordres sacrés, ils étaient censés irréguliers, comme nous l’avons ci-dessus remarqué ; et si par la facilité des supérieurs, ils étaient admis aux saints ordres, fussent-ils élevés à l’Episcopat, eux et leurs consécrateurs étaient déposés, par l’ordre du Pape Innocent III, adressé au concile de Tolède : « Qui ordinati fuerint, cum suis ordinatoribus deponantur. » (Distinct. […] Dans une lettre écrite au Pape Célestin par le concile d’Ephèse, parmi bien d’autres crimes reprochés aux Nestoriens, on se plaint qu’ils ont fait afficher sur les murailles du théâtre un écrit contre S.
Le Pape Célestin dit, qu’il ne doit pas prétendre d’être écouté dans l’Eglise, mais qu’il doit être docile pour y être instruit, et pour se soumettre parfaitement aux ordres de ceux qui le conduisent. […] Quoique les spectacles ne soient pas toujours mauvais, et qu’ils ne soient pas de leur nature contraires à la vertu ; les Pères de l’Eglise, et les saints Docteurs, ne les ont jamais néanmoins permis, ni les jours des Fêtes, ni au temps qui est destiné pour la pénitence, parce que les Canons les défendent en ces jours : et comme dit saint Ambroise, ce serait une témérité insupportable et une désobéissance criminelle, si le peuple faisait des actions qui sont défendues, ou dans l’Ecriture sainte, ou par les Constitutions des Papes, ou par les Lois Ecclésiastiques, et les Canons.
S’il y avait tant de mal, les Papes dans l’Eglise et les Princes dans leurs Etats, en auraient condamné l’usage ? […] C’est peut-être aussi pourquoi les Papes les ont bannis de l’Eglise ?
» Au douzième siècle, les Papes se trouvèrent obligés d’interdire ces Tournois, sous peine d’excommunication. […] Canon XX. sous Alexandre III. renouvelle et confirme les défenses déjà faites par les Papes Eugène II.
Le savant Pape Benoît XIV (Traité des Synodes, L. […] Ce Pape affecte de citer pour les Conciles l’édition du Jésuite Hardouin ; aurait-il cru que le nom et la robe de ce prodige d’érudition et de folie, mettrait quelque poids dans la balance auprès des mondains ? […] C’était pour eux une irrégularité, et si par hasard quelqu’un avait été ordonné, il devait être déposé, et même l’Evêque qui lui avait imposé les mains : « Aliquos qui voluptates et editiones populo celebrarant ad honorem Sacerdotii pervenire quorum neminem ne quidem ad ordinem Clericorum oportuerat pervenire, tantæ usurpationi finis imponatur, et qui ordinati fuerint cum ordinatoribus suis deponantur. » C’est le décret qu’envoya le Pape Innocent au Concile de Tolède, et qui y fut mis comme une loi pour toute l’Espagne (Distinct.
Ne serait-il pas bien édifiant de voir prononcer sur les canons des conciles, sur les bulles des Papes, sur les ordonnances des Evêques, un homme qui vient d’apprendre la discipline ecclésiastique et les règles des mœurs dans la loge d’une Actrice ? […] 1.) et au Pape (C. […] Il mérite mieux qu’Octavien d’être nommé l’Empereur Auguste, et puisque, selon Orphée, il a les clefs du ciel et de l’enfer, comme le Pape, il peut, aussi bien que lui, déposer les Rois et les Empereurs, et a souvent fait perdre des royaumes : « Sic summus Pontifex privat Reges et Augustos imperio », parce que, dit-il, la tradition des clefs est un transport d’autorité et de domaine : Traditio clavium operatur dominii translationem. » (L.
Deux Papes se moquerent de lui, & eurent la bonté de ne lui en point faire donner d’autres que méritoient ses folies. […] Et ailleurs : Je n’ai besoin, ni de l’Empereur, ni du Pape pour légitimer mes enfans ; les sentimens de mon cœur leur épargnent toutes ces vaines cérémonies. […] Il tomba dans un autre excès, il insulta le Duc par ses lettres : il écrivit de toutes parts aux princes qui le connoissoient, au Duc de Savoye, au Duc de Mantoue, aux Médicis, au Pape. […] Baile d’après Blondel a osé dire que le Pape Léon X accorda une bulle qui approuvoit les poësies d’Arioste, & menaçoit d’excommunication ceux qui les blâmeroient. […] Ce poëme est le mêlange le plus indécent du sacré & du profâne ; les anges & les saints s’y trouvent avec les femmes de mauvaise vie, le poëte invoque Saint Michel & sa maîtresse, il passe de l’église au temple de Venus, d’une cérémonie religieuse à une fête galante, d’une maxime de l’évangile à une morale lubrique, du Pape à Mahomet.