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299. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique — CHAPITRE IV. La Tragédie est-elle utile ? Platon condamne toute Poesie qui excite les Passions. » pp. 63-130

Aristote a été bien éloigné de penser qu’il étoit dangereux d’exciter les Passions, puisque quand il parle de la Tragédie, il exhorte toujours les Poëtes à chercher les sujets les plus terribles, & à les traiter de la maniere la plus pathétique. […] La Tragédie, dont la fin est d’exciter deux Passions qui peuvent rendre les hommes meilleurs, ne devient dangereuse que par la faute des Poëtes, & la nature des Représentations. […] Cette excuse ne vaut rien, reprend Eschyle : un Poëte ne doit point publier les exemples dangereux, quelque véritables qu’ils soient. […] Tout Sujet, quelque dangereux qu’il soit, peut donner lieu à des Réflexions vagues ; mais la Morale d’une Piéce est celle qui est particuliere à la Piéce qui en fait le fondement, & que le Poëte a eu en vue quand il a construit sa Fable.

300. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre V.  » pp. 129-160

C’est un mauvais caractère dangereux pour la société, dont il seroit utile de corriger les hommes ; mais dont la comédie ne corrigera jamais personne, puisqu’elle le fortifie, & l’enseigne : Un persiffleur amuse & ne corrige pas , dit l’auteur avec raison. […] Un persiffleur est le plus souvent un mauvais plaisant, soit parce que tout n’est pas ridicule, tout ne donne pas prise, soit parce qu’il est beaucoup de mauvaises plaisanteries ; qu’il en est même peu de bonnes, même sur des sujets vraiment ridicules, soit parce que l’homme le plus railleur n’est pas assez fécond pour en trouver toujours de bonnes, à qui malgré ce dangereux talent, l’art de la plaisanterie est très difficile ; il y a pourtant des caractères tournés de ce mauvais côté, avec une liberté & une aisance qui leur est propre : cet esprit mauvais déplaît dans la société, & ne merite aucune confiance. […] Tout ce luxe typographique si dangereux, & si mal employé, augmente au contraire ses justes allarmes.

301. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre I. Diversités curieuses. » pp. 5-37

Les femmes n’y connoissent, ni la pudeur ni la retenue ; ce sont des Lamies dangereuses qui font parade de leurs nudités pour attirer les hommes ; ce sont des Syrenes enchanteresses qui charment les sens, qui endorment la raison, & font faire naufrage à la vertu. […] Il est bien rare que les modernes, ni Auteurs, ni Acteurs, ni amateurs en fassent leur lecture ; mais tout cela est fort inutile, il n’y a gueres de maxime morale dans l’ancien Testament, que l’expérience & le bon sens ne fassent connoître, sans avoir recours à la révélation : par exemple, Plaute dit qu’une courtisanne & une Actrice sont dangereuses, qu’elles ruinent leurs amans. […] Croiroit-on qu’un homme qui a composé & fait jouer plusieurs pieces, qui leur doit en partie sa gloire littéraire, ait cru le théatre si dangereux, qu’il en a arraché une actrice, l’a entretenue dans un Couvent, tandis que lui-même n’avoit pas, ou plutot n’écoutoit pas les remords de composer pour le théatre ; car il est impossible qu’avec ces idées chrétiennes, il n’ait pas senti le danger qu’il couroit, & le péché qu’il commettoit en lui fournissant des alimens.

302. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. Suite de Mêlanges. » pp. 84-120

Plus la danse est imitative, plus elle liée à la piece, plus elle est dangereuse. […] Je ne considere point ici les Spectacles d’un œil de religion, mais d’un œil philosophique ; car autrement je dirois qu’il n’y a que l’ignorance ou la folie qui puisse s’autoriser de la Religion pour les soutenir ou même pour les excuser ; je dirois que s’il y un livre qui les proscrive, c’est l’Evangile qui nous recommande de prier sans cesse, de porter notre croix ; que s’il y a un lieu où soient étalées les maximes, les pompes du monde, auxquelles nous avons solemnellement renoncé, c’est sur le Théatre ; je dirois que la vie des comédiens, leurs danses lascives, leurs passions embellies, leurs paroles tendres, équivoques, licencieuses, ne peuvent qu’embraser les jeunes cœurs, déjà trop prompts à s’enflammer ; je dirois enfin que la correction des théatres les rend encore plus dangereux ; car plus les passions sont finement voilées, & les sentimens délicats, plus l’amour profane nous pénetre & nous enchante, cet amour dont on a bien de la peine à se défendre, dans les lieux même consacrés à la vertu. […] Le célebre Jean-Jacques Rousseau vient de parler sur cette matiere comme auroit fait Diogene, dont il semble renouveller l’esprit : il peint les spectacles dans une lettre à M. d’Alembert, comme des occasions sures & prochaines de débauches, & se félicite de ce que sa chere Geneve sa patrie ne connoît point encore ce divertissement dangereux, qu’il appelle l’ Ecole du libertinage , le fruit de l’oisiveté , la ruine de la société .

303. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE VI. Euphemie. » pp. 129-148

Les principes qui y sont répandus réveillent les idées les plus dangereuses. […] Il blâme le Tartuffe de Moliere comme dangereux à beaucoup d’égards, & assure que la police ne l’approuveroit pas.

304. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Des anciens Spectacles. Livre premier. — Chapitre III. Du Cirque. » pp. 9-43

Car la lutte qui du commencement n’estoit qu’vne épreuve innocente de la force ou de l’adresse de deux hommes, est devenuë ensuite une partie d’ambition dangereuse & funeste, où l’on a passé aux coups de main, & aux autres excez de la fureur & de la cruauté des hommes. […] Ce baston sans fer & sans pointe signifioit qu’ils estoient desormais exempts de combats dangereux.

305. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE II. Réflexions sur le titre de l’ouvrage intitulé : Des Comédiens et du Clergé, et sur les charlataneries littéraires, politiques et religieuses. » pp. 52-86

Ces sociétés secrètes, sont d’autant plus dangereuses, qu’affectant l’indépendance, sous le spécieux prétexte de se rendre utiles pour la propagation et l’affermissement de la religion catholique, elles refusent de faire connaître leurs constitutions et leurs règlements, non seulement aux gouvernements séculiers, mais encore à l’ordinaire des lieux, c’est-à-dire aux évêques dont ils prétendent décliner la juridiction ecclésiastique. […] Il déshonore ses écrits par des principes anarchiques en politique et par des doctrines dangereuses pour la religion chrétienne, dont il ébranle, dont il renverse tous les supports et détruit toutes les preuves.

306. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE V. Des Jésuites. » pp. 108-127

Les pièces sont communément plus châtiées, et les parures plus modestes ; les danses, les attitudes, les gestes, les regards, le son de la voix, sont moins efféminés et moins voluptueux, le jeu moins séduisant, par conséquent moins dangereux. […] Qu'on juge par là s'il est difficile de rendre la tragédie innocente, et si les maîtres de la morale évangélique ont prononcé avec raison, que le théâtre le plus épuré aux yeux du monde, sera toujours incompatible avec la vraie piété, et ne servira jamais qu'à réveiller des passions d'autant plus dangereuses, que nous en portons le germe dans la corruption du cœur.

307. (1758) Réponse pour M. le Chevalier de ***, à la lettre de M. des P. de B. sur les spectacles [Essais sur divers sujets par M. de C***] « Réponse pour M. le Chevalier de***, A la lettre de M. des P. de B. sur les spectacles. » pp. 128-142

Vous serez peut-être surpris de ce que je n’ai pas pris la défense de l’opéra dans le cours de cette lettre ; ce n’est pas parce que je crois ce spectacle plus dangereux que les autres, mais c’est que les mêmes raisons que j’ai alléguées ci-dessus, doivent servir à l’excuser.

308. (1768) Des Grands dans la Capitale [Des Causes du bonheur public] « Des Grands dans la Capitale. » pp. 354-367

Je retrace avec douleur un autre mal que produit l’autorité des Grands, & dont les suites sont d’autant plus funestes, qu’il attaque davantage les mœurs, en leur présentant le piége le plus dangereux : je veux dire la faveur qu’ils accordent aux talents du Théâtre.

309. (1738) Sentimens de Monseigneur Jean Joseph Languet Evéque de Soissons, et de quelques autres Savans et Pieux Ecrivains de la Compagnie de Jesus, sur le faux bonheur et la vanité des plaisirs mondains. Premiere partie « Sentimens de quelques ecrivains De la Compagnie de Jesus, Touchant les Bals & Comedies. Premiere Partie. — Entretien second. De la vanité des Bals & Comedies en general tiré des Sermons du R. Pere Claude la Colombiere de la Compagnie de Jesus. » pp. 17-25

Quoi, mes Dames, mettre cinq ou six heures de tems a se parer & à se peindre le visage, pour aller ensuite dans une assemblée tendre des pieges à la chasteté des hommes, & servir de flambeau au demon, pour allumer par tout le feu de l’impudicité, demeurer les nuits entieres exposées au yeux & à la cajollerie des jeunes fous, & de tout ce qu’il y a de libertins dans une ville, emploïer tout ce que l’art & la nature ont de plus dangereux pour attirer leurs regars, & pour leur renverser l’esprit, deguiser vos personnes & vôtre sexe, pour n’avoir plus honte de rien, & pour ôter à la grace ce petit secours, qu’elle trouve dans la pudeur, qui vous est si naturelle.

310. (1664) Traité contre les danses et les comédies « INSTRUCTION, et avis charitable sur le sujet des Danses. » pp. 177-198

Parce que c’est une occupation vaine, sensuelle, dangereuse, reprouvée par le S.

311. (1671) De la connaissance des bons livres « DE LA COMEDIE  » pp. 232-248

Quoique les Tragédies et les Tragi-comédies soient tenues pour fort honnêtes en comparaison des Comédies ; cela n'empêchait pas que l’impudicité et plusieurs autres habitudes très dangereuses n’y fussent décrites fort naïvement, puisque ces Pièces avaient été composées par des Poètes Païens qui faisaient gloire des mauvaises actions que les Chrétiens ont depuis condamnées.

312. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre V. Suite des Mêlanges. » pp. 146-197

Il regarde avec raison les comédiens & les danseuses commes les plus dangereux ennemis de la religion & des mœurs, & la source la plus féconde des impudicités & des idolatries. […] Mais, ajoute-t-il, si on juge à propos de faire usage de ces exercices, tout dangereux qu’ils sont, il faut 1°. oublier qu’on donne un spectacle, il ne faut agir que pour agir, non pour plaire : le soin de plaire distrait & en fait manquer les moyens . […] Le mauvais effet de cet enthousiasme est d’autant plus dangereux que l’auteur, l’homme d’esprit & de mérite, est un ecclésiastique que la sainteté de son état doit lui faire plus séverement condamner les spectacles, qu’il paroit dans tout son livre exactement zéle pour la religion & pour les mœurs, & que même sa bonne morale sur le théatre perce quelquefois à travers les éloges dont il le comble, & devoit être le contre-poison du bien qu’il en dit. […] Il devoit ajouter qu’elles partent du cœur & lui parlent trop, par l’indécence de ses images, malgré un vernis de politesse qu’exige le goût du siecle, & qui le rend plus dangereux que la grossiere obscénité : ce sont des tableaux du vice vivant & agissant, paré de toutes les graces séduisantes, dont l’atelier est la toilette.

313. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE II. Melanie. » pp. 29-71

Racine est un grand maître : c’est dommage qu’il enseigne si bien la plus dangereuse des passions ; il n’en est que plus dangereux. […] Prévenons d’un tynan l’amour ou la vengeance : D’un coup plus dangereux sauvons mon innocence. […] un style élégant, une gaze légère, des sentimens honteux, un excès d’amour, ne sont-ils pas plus dangereux encore ?

314. (1671) La défense du traité du Prince de Conti pp. -

Et comme il était convaincu qu’il n’y a rien de si dangereux, ni qui donne de plus pernicieuses impressions aux enfants que la Comédie, il composa un excellent discours contre la Comédie, y joignant tout ce qui se trouve de plus fort dans les Conciles, et dans les écrits des saints Pères sur ce sujet. […] Plus les Comédies sont ingénieuses, et éloquentes, plus elles sont dangereuses. […] Les démons, ces esprits malins, pleins de subtilité et de ruse, prévoyant que la pestilence qui affligeait les corps finirait bientôt, s’avisèrent de prendre cette occasion, pour jeter une autre pestilence plus dangereuse, et qui leur plaît fort, non pas dans les corps ; mais dans les mœurs des hommes. » Dissertation pag. 96. et 97.

315. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VI. Suites des diversites curieuses. » pp. 138-172

Quel est le plus singulier, dit Lopes de Vega, un héros plus foible qu’une femme, une femme plus dangereuse qu’un lion ? […] Parmi toutes ces passions, qui jouent tour à tour de si beaux rôles, il en est une dominante, qui regne toujours, qui met en mouvement toutes les autres, & dont toutes les autres établissent l’empire : c’est l’amour, de toutes les passions la plus dangereuse, dont on chérit les blessures ; c’est elle qui forme toutes les intrigues, & qui à travers tous les événemens tragiques ou comiques, remporte enfin la victoire sur tout. […] Mais il est bon qu’on écrive contre un si dangereux divertissement ; quelqu’un en profite, & l’on maintient la possession de la vertu contre le vice.

316. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre V. Remarques Angloises. » pp. 133-170

Pour une bonne piece, il y en a cent de mauvaises ; pour une senne utile, il y en a trente de dangereuses dans la même piece. […] Toutes deux sont également dangereuses pour celui qui s’y abandonne : mais l’hypocrisie n’est pas si pernicieuse pour les autres que l’irréligion démasquée. […] Ces grands acteurs avoient deux ennemis à vaincre, leurs concurens & l’envie de rire pendant le sifflement ou le bâillement, plus dangereux par leurs bouffonneries que leurs rivaux par leurs admirables talens.

317. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre premier. De la Musique. » pp. 125-183

Elle pourrait détruire la Pierre, dont l’opération est si dangereuse, puisqu’on prétend qu’il y a des gens qui ne sauraient entendre le son de certains instrumens, sans ressentir une violente envie d’uriner. […] Les Egyptiens ne sont pas les seuls Peuples qui l’ont trouvée dangereuse. […] Plutarque nous apprend qu’il faut n’aimer la musique qu’avec circonspection, & qu’il est dangereux de trop s’y livrer.

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