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91. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE I. Réformation de Moliere. » pp. 4-28

Pour le goût de la comédie, je crois sans peine que Moliere l’a épuré. […] 2.° Jamais Moliere ne fut embarrassé du poids de son humiliation ; il a au contraire toujours cru se profession très-noble. […] Je croirai la décadence de notre nation prochaine, si les hommes de quarante ans ne regardoient pas Corneille comme le plus grand génie qui eut jamais été. […] Il faut n’avoit pas quarante ans pour en douter, & en avoir passé quatre-vingt pour le croire. […] Il est des gens de mauvaise humeur qui croient bien plus rare la sainteté théatrale.

92. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre III. Du Cardinal de Richelieu. » pp. 35-59

Quoique l’Eglise l’ait dans tous les temps condamné et sévèrement défendu aux Ecclésiastiques, on a vu des Prélats le tolérer, ils s’y croyaient obligés, on en a vu l’aimer et le fréquenter. […] Et qu’on ne croie pas qu’il s’en tint là ; en même temps qu’il faisait des comédies, il se piquait de faire de beaux livres de dévotion. […] Il crut que cette découverte et cette collection honoreraient son ministère. […] Quoiqu’il en soit, on se remit au travail, on nomma de nouveaux Commissaires pour polir et retoucher l’ouvrage, on le lut et relut, et on crut pouvoir le donner à l’Imprimeur. […] Scudéry crut sa cause gagnée, et remercia les Juges.

93. (1634) Apologie de Guillot-Gorju. Adressée à tous les beaux Esprits « Chapitre » pp. 3-16

Que si quelques lois semblent avoir été un peu sévères à ceux qui exercent cet art, il faut croire que ces lois en ont voulu condamner l’abus et non pas l’usage : et à le prendre à la rigueur le mot de Comédien n’est point exprimé dans ces lois. Et qui voudrait si mal penser de ces sages Romains, ces grands Politiques qui bâtissaient des lois pour conserver leur République, que de croire qu’ils eussent voulu flétrir d’aucune note d’infamie des personnes qui ne sont pas moins nécessaires aux autres que le Soleil l’est aux fleurs, et le sel à la vie. […] Pour les Dames, on ne croit pas qu’elles se puissent plaindre, puisque la Comédie ne leur coûte rien d’ordinaire, non plus que les boîtes de confitures que leurs adorateurs épargnent aussi peu que l’eau de la rivière. […] Et GUILLOT-GORJU s’en rapporte à ses critiques, savoir s’ils croiraient à la foi de Gros-Guillaume lorsqu’il s’excuserait de leur faire une farce, et s’ils tiendraient leur argent bien employé s’ils n’étaient servis de ce plat à la fin pour la bonne bouche, qui est proprement après une ample collation, une boîte de dragées ou de confiture. […] Aussi l’intention des Comédiens vous attirant en ce lieu, est pour vous y donner un agréable divertissement, car ils sont les plus fâchés quand il se fait du bruit, pour preuve de ceci c’est que si vous les vouliez croire jamais vous n’y ameneriez vos laquais, et jamais il n’y entrerait de passe-volantsh.

94. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Livre second. » pp. 2-7

L’ordre et le bonheur de la société humaine roulent sur deux pivots que la bonne politique a toujours cru de son devoir et de son intérêt de maintenir et de protéger : la religion et les lois. […] Mais, dit-on, les Magistrats eux-mêmes, protecteurs par état et interprètes des lois, vont sans scrupule à la comédie ; ils ne les croient donc pas si sévères, et sans doute vous en outrez la rigueur. […] Il y est même beaucoup moins répandu et fréquenté qu’en France, où chaque bourgade croit du bel air de jouer la comédie, sans penser qu’elle la donne en la jouant. […] On mutile souvent en Italie les Chantres de l’Opéra, Voltaire croit-il que ce soit un exemple à suivre ?

95. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « V. Si la comédie d’aujourd’hui purifie l’amour sensuel, en le faisant aboutir au mariage.  » pp. 19-24

Je crois qu’il est assez démontré, que la représentation des passions agréables porte naturellement au péché, quand ce ne serait qu’en flattant et en nourrissant de dessein prémédité la concupiscence qui en est le principe. […] Croyez-vous en vérité, que la subtile contagion d’un mal dangereux demande toujours un objet grossier, ou que la flamme secrète d’un cœur trop disposé à aimer en quelque manière que ce puisse être soit corrigée ou ralentie par l’idée du mariage, que vous lui mettez devant les yeux dans vos héros et vos héroïnes amoureuses ? […] Mais puisqu’on croit tout sauver par l’honnêteté nuptiale, il faut dire qu’elle est inutile en cette occasion.

96. (1843) Le Théâtre, par l'Auteur des Mauvais Livres « Le Théâtre. » pp. 3-43

Or, je vous le demande, pouvez-vous croire que J. […] Pouvez-vous croire que J. […] Pouvez-vous croire enfin que J. […] vous ne le croyez pas, la seule idée vous fait frémir. […] C’est ce que je suis très-éloigné de croire.

97. (1819) La Criticomanie, (scénique), dernière cause de la décadence de la religion et des mœurs. Tome I « La criticomanie — Autres raisons à l’appui de ce sentiment, et les réponses aux objections. » pp. 154-206

Voilà à peu près, je crois, comment on doit se comporter dans ces diverses circonstances, et comment on se comporta afin de ne pas être pris pour un tartufe, et traduit comme tel au tribunal redoutable. […] En effet, lorsque nous savons par tradition et par nos propres observations que des hommes de tous les rangs, que des princes même, que des prêtres, que des prélats, des pontifes, ont donné des exemples de toutes les perfidies et de tous les scandales, qu’ils ont même commis des atrocités, pourquoi tant d’art et d’apprêts, et de si ingénieux tours de force pour nous dire une chose que nous ne devons pas avoir de peine à croire, pour nous montrer qu’un petit particulier, clerc ou laïc, déguisé en dévot veut séduire une femme et encore avoir sa fortune par-dessus le marché ? […] Ainsi donc, après avoir mis à part, avec l’admiration et tous les égards qui leur sont dûs, l’esprit, le génie et l’art qui brillent dans la satire du Tartufe, et qui ont aveuglé le public sur ses défauts, comme la pompe et les richesses l’aveuglent ordinairement sur ceux des riches, on peut dire que son instruction s’est bornée à donner aux honnêtes gens l’avis qu’on pouvait les tromper sous un masque noir comme sous un masque blanc, ou sous l’habit ecclésiastique comme sous l’habit de laïc ; ce qui ressemble au soin de leur apprendre que les brigands et les voleurs, qui se mettent en embuscade aux coins des édifices profanes, pour surprendre et dépouiller les passants, se cachent aussi derrière les temples, quand ils croient y être plus avantageusement placés ; or, l’on n’attendait pas après une telle révélation ; tout le monde en conviendra ; donc la plus savante, la plus ingénieuse attaque dramatique a été dirigée contre un moulin à vent. Comme l’erreur que j’attaque est si ancienne qu’elle a pris, pour beaucoup de monde, nature de vérité, je crois ne pouvoir trop multiplier les raisons qui peuvent appuyer celles avec lesquelles je viens de la combattre. […] Mais ce plaisir ne m’a jamais empêché de voir le côté dangereux de la leçon ; c’est pourquoi je n’en demeure pas moins convaincu que sous le rapport que je le considère, l’art dramatique, bien que le plus ingénieux et le plus piquant que l’esprit humain ait inventé, divertit mieux qu’il n’instruit, mieux qu’il ne réforme, si l’on veut ; que l’amusement qu’il procure a coûté infiniment aux mœurs ; qu’il est un obstacle à leur restauration, et que, par conséquent, il est nécessaire au retour de l’ordre si ardemment désiré, non pas de le proscrire, comme il y en a qui le prétendent, je crois cela aussi difficile à présent que de faire reculer la civilisation, mais d’en modifier le système, d’en borner et régler plus sévèrement la jurisdiction, pour arrêter ici la tradition de ses mauvais résultats.

98. (1825) Des comédiens et du clergé « Dédicace » pp. -

  Messieurs, Un préjugé détestable, et réprouvé par tous les hommes de bien, jette de la défaveur sur une profession que notre législation et l’autorité de nos rois n’ont cessé de protéger et d’honorer ; je crois satisfaire au vœu du public en fournissant, sur cette matière, tout ce que les lois civiles et ecclésiastiques ont de plus prépondérant pour fixer le jugement des hommes. Je désire de tout mon cœur avoir atteint le but que je me suis proposé, et vous prie de croire aux sentiments d’estime et d’affection que vos talents inspirent à tout ami des sciences et des arts, et avec lesquels J’ai l’honneur d’être, Messieurs, Votre très humble et très obéissant serviteur.

99. (1694) Réponse à la lettre du théologien, défenseur de la comédie « Réponse à la lettre du théologien, défenseur de la comédie. » pp. 1-45

 » Ce n’est pas ce qui embarrasse le Révérend Père ; et je ne crois pas que qui que ce soit s’en embarrasse beaucoup. […] Où sont ces âmes faibles qui croient toujours du mal où il n’y en a pas ? […] Notre Théologien croit sans doute parler à des gens de l’autre Monde. […] Le Père a recueilli les voix ; et de plus il connaît si bien comment nous sommes faits, qu’il faut l’en croire sur sa parole. […] Il le faut croire puisqu’il jure.

100. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre IV.  » pp. 97-128

Qui croira-t-on si on ne croit pas un Historiographe en titre, nommé & payé pour dire la vérité ? Qui le croiroit ? […] Richelieu n’étoit pas bel homme, il étoit alors vieux & cassé, Louis XIII se crut toujours le véritable pere du Prince qui lui succéda. […] Voltaire a cru embellir son livre en le rapportant, & l’a donné pour certain. […] Croit-on que si Louis XIV étoit né fils de berger dans quelque vallon des Pirennées, le monde l’y eût reconnu pour Roi ?

101. (1855) Discours sur le théatre, prononcé dans l’assemblée publique de l’Académie de Pau, où se trouvoient les Députés des Etats du Béarn et les Dames de la ville pp. 1532-1553

Chrysologue est tout, et n’est rien ; j’ajoute, il n’est rien, parce qu’il croit être tout. […] Il fermentait dans le sang un levain séditieux, chaque bourgeois se croyait un citoyen romain, un César. […] S’il les croit des dieux, c’est un Mézence que la foudre doit écraser. […] On ne croirait pas faire parler noblement les personnages s’ils ne foulaient aux pieds la majesté royale. […] Se croit-on bien obligé d’aimer et de respecter ce qu’on se croit en droit de ridiculiser ?

102. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre VII. De la Vraisemblance. » pp. 277-286

Un Frère est assez barbare pour envoyer à son Frère une boète remplie de poudre, & disposée de façon qu’en s’ouvrant elle fasse périr le malheureux objet de sa rage ; nous en sommes assurés ; pourtant un pareil tableau mis sur la Scène, révolterait tous les Spectateurs ; parce qu’il peindrait des choses trop éloignées de la Nature : il est possible qu’un Père, livré au fanatisme, ait pendu lui-même son Fils, mais on refusera toujours de croire une pareille probabilité. […] Le Possible bon ou plutôt suffisant, c’est ce qui regarde le changement de pensée, & les actions peu considérables des hommes : comme, par éxemple, que celui-ci se décide enfin à une chose qu’il ne voulait pas faire d’abord ; que tel personnage fasse dans un jour cent lieues, & que celui-là rencontre quelqu’un qu’il croyait bien loin. […] Le second éxemple est plus rare ; il ne se trouve guères, je crois, que dans les Pièces Satiriques, je serai d’avis qu’on le suivit le moins qu’on pourra ; le prémier est plus usité, facilite davantage le Poète, & fait naître plutôt l’illusion : lorsque les noms des personnages sont vrais, on est porté à croire que l’action est réelle. […] Mais voudra-t-on le croire ?

103. (1749) Maximes pour se conduire chrestiennement « Des Plaisirs, et en particulier des Spectacles. » pp. 233-248

Je ne crois pas qu’on puisse s’y trouver sans péché, péché plus ou moins griefa suivant les circonstances et les dispositions où l’on se trouve ; j’en dis autant des Spectacles, ne fut-ce d’abord qu’à raison de l’occasion de péché à laquelle on s’expose. […] On croit répondre à tout, en disant que les spectacles, aujourd’hui, sont bien différents de ce qu’ils étaient autrefois. A qui donc croit-on parler ainsi ? […] Alype s’en croyait dégoûté pour toujours.

104. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE XII. Réflexions sur les Evêques et les Prêtres de la primitive Eglise, et de l’Eglise moderne, suivies de réponses aux reproches de M. de Sénancourt, sur le même sujet. » pp. 212-222

Si ce critique trop susceptible, voulait s’en instruire, qu’il lise sur ce sujet le Constitutionnel du 3 octobre courant, dont voici l’extrait que je crois devoir placer ici pour éclairer la discussion. […] Il s’écrie ensuite avec indignation : « Croit-on sans dessein à une telle bassesse d’expression ?  […] Si M. de Sénancourt pouvait être soupçonné de remplir la tâche d’un écrivain vénal, et si on avait l’injustice de croire, que le clergé l’eût pris pour en faire son défenseur et son panégyriste, on serait obligé de convenir, que les évêques auraient choisi un avocat bien mauvais et bien malhabile. […] On pourrait croire qu’il n’a pas su rendre compte de cet écrit qu’il prétendait critiquer.

105. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — PREMIERE PARTIE. — CHAPITRE PREMIER. Comparaison des Théâtres anciens avec les modernes. » pp. 2-17

Malgré cette décadence de la bonne Comédie Latine, Plaute et Térence n’abandonnèrent pas le principal but de la Comédie, qui est celui de corriger en critiquant : mais, comme ces deux Poètes sentaient que, pour parvenir à corriger, il fallait plaire ; ils crurent devoir retenir quelque chose de l’Atellane ; et, sur ce principe, ils critiquèrent les vices qui dominaient dans leur pays d’une manière trop favorable à la licence. […] L’Amphitrion de Plaute leur en fournit l’idée : ils crurent cependant qu’une femme telle qu’Alcmène, innocente et adultère tout à la fois, ne serait pas un objet assez piquant sur la scène ; on démasqua le vice en ôtant le verni dont le Poète Latin l’avait couvert. […] Suivant ce principe on a cru, en France, pouvoir conserver en partie et ajouter à notre Théâtre les mœurs des Latins ; les Valets de la Comédie moderne ont un empire absolu sur leurs jeunes maîtres, comme les Esclaves et les Vieilles des Latins l’avaient dans la Comédie de ce temps-là : ils ne savent que conseiller le mal, et s’employer pour l’éxécuter. […] Ces méthodes si scandaleuses dans les Italiens, aussi bien que dans les Français, jointes aux amours, soi-disant honnêtes, sont la base du Théâtre moderne, et en font en même temps tout le défectueux et tout l’indécent, malgré le préjugé du plus grand nombre des Spectateurs, qui croient le Théâtre de nos jours irréprochable.

106. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE I. Où l’on prouve que le spectacle est bon en lui-même et par conséquent au-dessus des reproches de M. Rousseau. » pp. 13-64

Les hommes peuvent être sages sans se croire malheureux, et les spectacles destinés à leur enseigner la morale en les amusant, ne doivent pas servir à les faire douter de leur félicité. […] Je crois fermement qu’il n’est point d’homme qui ne souhaite de mériter d’être comparé à ces modèles par préférence à tous autres. […] Corneille, Racine et Voltaire n’ont cependant pas attendu ces événements, pour s’efforcer d’en inspirer la crainte ; nous pouvons ce me semble conclure de ces exemples que nos Auteurs ne sont pas aussi lâches que vous le dites et ne respectent pas autant les mœurs du siècle que vous feignez de le croire. […] Gresset n’a pas cru s’exposer à la mauvaise humeur du Public, en faisant entendre ces beaux vers de la Tragédie d’Edouard III. […] On dit que jamais une bonne Pièce ne tombe ; vraiment je le crois bien, c’est que jamais une bonne Pièce ne choque les mœurs de son temps. » Ibid., p. 20.

107. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Treizième Lettre. De madame Des Tianges. » pp. 254-259

Un instant plus tard, j’étais deshonoré dans son esprit ; elle venait de tout apprendre, je ne sais comment ; si la première elle eût entâmé ce discours, moi-même, je me fusse cru forcé par la nécessité ; je n’aurais pu m’honorer à mes yeux de ma franchise & de mes remords… Le mystère qu’elle découvrait, l’idée d’enlever… à la plus vertueuse épouse, le cœur de son mari… cette idée parut lui faire horreur. […] je croyais ne la revoir que par reconnaissance ! […] Insensé, vil… Mon ami, il faut m’aider à me fuir moi-même, à éviter le dangereux Objet… Elle partage mon desespoir… Si tu savais comment nous sommes devenus coupables… Je parlais d’Ursule ; je fesais son éloge ; son adorable image enflamait mon imagination : je me croyais loin du crime… C’en est fait… j’ai mon ignominie & les remords de ma Complice à supporter.

108. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre VI. Des Sçènes. » pp. 257-276

Je me rappelle d’avoir vû une Pièce, dans laquelle tous les personnages se cherchent les uns les autres ; je crois qu’elle est intitulée, la jeune Grecque. […] Je me crois obligé d’avertir les Comédiens de Province, de prendre garde à ne pas sortir du même côté que doit entrer un autre Acteur. […] L’Auteur du Tuteur dupé, ou la Maison à deux Portes 31, est je crois le prémier qui se soit avisé de faire entendre les à-parté, par les personnages de sa Pièce, aussi-bien que des Spectateurs. […] Les Scènes de On ne s’avise jamais de tout, ont beau être décousues ; celles de Mazet mal-amenées, & celles des deux Chasseurs & la Laitière, n’avoir aucun ordre, les Drames Bouffons devront toujours être composés de Scènes selon les règles, & ses Acteurs ne doivent pas entrer & sortir sans sujet : le Poète qui se croira en droit de faire autrement, aura très-grand tort. […] Je crois pourtant que cette dernière Pièce n’est point venue jusqu’à nous dans le même état que Térence l’a écrite ; il est clair que l’ordre de ses Scènes a été dérangé, on s’en apperçoit particulièrement au quatrième Acte ; car la Scène six où Démée revient des courses que lui a fait faire le fourbe Syre, paraît devoir être plutôt la prémière Scène du cinquième Acte.

109. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre I. Que les Spectacles des Anciens ont fait partie de la Religion Païenne. » pp. 2-35

Quant à l'origine, les Païens ont toujours cru que les plus anciens et les plus nobles leur étaient venus de la part des Dieux qui les avaient eux-mêmes ordonnés, et que leur étant agréables, on ne pouvait les négliger sans une extrême irrévérence, et sans les irriter. […] décrivant au long l’origine des Jeux Séculaires, qui furent célébrés sous Publicola premier Consul, avec beaucoup de dévotion durant trois nuits, l’attribue à la guérison miraculeuse des trois Enfants de Valésius, et aux révélations qu’ils eurent de la part de Pluton et de Proserpine, que leur père en crut les auteurs, et auxquels il en voulut rendre grâces par cette pieuse cérémonie. Ptolémée en établit en l’honneur d’Apollon et des Muses avec des prix pour toutes sortes de sciences ; et ce que l’histoire en remarque de singulier, est, qu’étant question d’y juger les PoètesVitruv. l. 7, Aristophanes qui s’y trouva présent, soutint qu'il n'y en avait qu'un d'eux qui fût Poète, et que les autres étaient des larrons ; ce que le Roi ne pouvant croire, on fit apporter plusieurs Volumes, par le moyen desquels leur larcin étant bien prouvé, ils furent condamnés et renvoyés avec honte. […] Aussi croyaient-ils que ces Dieux présidaient invisiblement aux Jeux qui leur étaient dédiés ; comme nous le voyons en termes précis chez Denis d'Halicarnasse, et chez Philostrate qui dit que Mercure vint du Ciel couronner Hercule ; quand il défit Antée à la Lutte, parce qu'il l'avait honoré en ce combat comme père de la Lutte ; et Platon appelle les Dieux Présidents des Jeux selon Pollux ; mais j'estime qu'il entend seulement Bacchus et les Muses. […] Et comme tous ces Jeux n'étaient ordinairement que des disputes et des combats dont ils croyaient que leurs Dieux étaient les Arbitres, les Combattants avaient accoutumé de leur faire des vœux pour y vaincre et de leurs rendre grâces quand ils y avaient vaincu, comme fit le Philosophe Periander, qui promit à Jupiter une Statue d'or s'il était vainqueur, etDiog.

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