Des Comédiens français rétablis dans leurs droits civils et religieux, à raison de leur profession, et entièrement affranchis des anathèmes et des excommunications de l’Eglise. […] On a vu ensuite que les puissances séculières portèrent la réforme dans les théâtres, et les régularisèrent en agissant en conformité avec la conduite des papes à l’égard des comédiens à Rome et en Italie. […] Voilà donc les comédiens sortis du cercle des prêtres et de l’enceinte des églises et des couvents, dans lesquels on jouait des comédies, trop souvent licencieuses et de mauvais goût, mais que les gouvernements eurent soin de réformer et d’épurer. […] Les comédiens avaient en conséquence cessé, et devaient naturellement cesser d’avoir rien de commun avec le clergé, à raison de la profession d’acteur de comédie, qui était de l’institution du prince, et autorisée par les lois civiles. […] Il en résulte que, non seulement à Rome et en Italie, mais encore dans tous les autres Etats, et par conséquent en France, la profession de comédien doit y être entièrement affranchie des anathèmes et de l’excommunication de l’Eglise, pourvu toutefois que les acteurs se soumettent, ainsi que tous les autres citoyens, aux devoirs de chrétien et aux pratiques de religion.
Quintilien nous rapporte qu’il a vu souvent des Comédiens, sortis de la Scene, & déposant leurs masques, pleurer encore. […] Demosthéne avoit aussi pris les siennes d’un Comédien. […] Quintilien veut qu’on envoye aux Comédiens le jeune Orateur. […] On voit assez que Lucien plaisante, & il pouvoit avec raison railler les mauvais Comédiens, qui ne faisoient que pousser de grands cris : ce que ne faisoient pas les bons Comédiens, puisqu’Aristote dit que quand Théodore jouoit, ce n’étoit point Théodore qu’on croyoit entendre, mais le Personnage qu’il représentoit. […] Quintilien ne dit pas que les Poëtes eussent obligation à d’autres qu’aux Comédiens.
S’il faut honorer les Dieux, disent les Grecs, il faut honorer les Comédiens, cela est juste ; ces deux infamies sont unies. Mais, disent les Romains, les Comédiens sont infâmes et méprisables. […] d’un Athlète, d’un Cocher, d’un Comédien. […] Pourquoi donnez-vous aux Comédiens ? […] Celui qui donne aux Comédiens, aux femmes débauchées, est-ce à l’ouvrage de Dieu que vous donnez, ou à leur crime ?
Le visage sous lequel l’Acteur paraissait, était toujours assorti à son Rôle ; & l’on ne voyait jamais un Comédien jouer le Rôle d’honnête-homme avec la Physionomie d’un fripon. […] C’est ainsi qu’agissait le Comédien, quand il jouait des Scènes où il devait changer d’affection, sans qu’il pût changer de masque derrière le Théâtre. […] Cependant les Comédiens des Anciens ne pouvaient pas rendre sensibles sur leur visage les signes des passions. Il était rare qu’ils quittassent le masque, & même il y avait une espèce de Comédiens qui ne le quittaient jamais. […] Heureux certains Comédiens nouveaux & le Public, & le masque cachait encore l’altération hideuse des traits !
» Les comédiens sont flétris. […] Les comédiens sont flétris ; mais dans quel temps l’ont-ils été ? […] Ne permit-il pas aux comédiens de s’allier avec d’honnêtes familles ? […] C’est que, plus elle est licencieuse, plus aussi on la goûte ; témoin la préférence que tant de personnes donnent aux comédiens Italiens, ou même aux acteurs de l’opéra comique, sur les comédiens François. […] La profession des comédiens n’a pas échappé à M.
P. : nous nous en étions rapporté à la bonne foi des comédiens qui citent continuellement Saint Thomas pour eux. […] P., que tous les comédiens soient damnés ? […] P., combien le salut des comédiens est en danger par une telle profession. […] Tel est l’emploi de nos comédiens, qui se sont de la corruption des cœurs un métier lucratif. […] Voilà tout le fruit des travaux de nos comédiens.
Celle du Comédien n’est que la copie de cette premiere ; qu’un miroir, qui, s’il est bon, la montre dans tout son lustre. […] Les jeunes Auteurs tremblent, en face des Comédiens ; & les plus hardis sont obligés à bien des démarches désagréables. […] Le Comédien qui est maître absolu de son rôle, croit l’être de toute la pièce. […] Enfin, cet usage est contraire aux Comédiens mêmes. […] Nous allons dans la seconde, traiter de celles qui regardent les Comédiens.
Tout le monde sait que les Farceurs d’autrefois, et les Comédiens d’à présent n’ont rien de commun. […] Sans m’embarrasser de savoir s’il y a eu des lois qui flétrissaient les Comédiens, ou si ces lois ne les regardaient pas ; il me suffit d’être assuré : que Louis XIII. a déclaré la Profession de Comédien honnête : que Louis XIV. a décidé qu’elle ne dérogeait pas ; il ne m’en faut pas davantage. […] Pourquoi a-t-on mis les Comédiens à l’abri de l’emprisonnement pour dettes ? […] Ces distinctions n’ôtent-elles pas le Comédiens de l’ordre général des Citoyens ? […] En un mot, il faudrait que l’on pût dire de tous les Comédiens, ce que Cicéron disait de Roscius.
Ce seroit, diriez-vous, indubitablement une morale de Comédien. […] Cinquiemement, il seroit expressément défendu aux Comédiens et; Comédiennes de porter or, argent et; pierreries, excepté sur leurs habits de Théatre. […] Qu’ont fait les Anglois si la profession de Comédien est infame ? […] Pourquoi désaprouvons-nous l’état de Comédien ? […] Si les Comédiens étoient nés avec de la fortune, ils agiroient de même.
Ce Théâtre ferait partie d’un Bâtiment capable de loger commodément, non seulement les Acteurs et les Actrices de la Troupe, mais encore les Comédiens qui auraient eu permission de se retirer. […] Un an après l’ouverture du Théâtre de la Réforme, les Comédiens de Province seront obligés de se soumettre à la même Réforme ; ceux qui voudront suivre la Profession auront soin de se conformer en tout au Théâtre de la Capitale, qui leur fournira des Copies de toutes les Pièces ou anciennes ou nouvelles qu’il aura adopté, à mesure qu’il en aura fait usage. Afin que le Théâtre ne puisse jamais manquer de Sujets, outre les Comédiens de Province, sur lesquels il faut peu compter ainsi que sur les enfants de la Capitale, je crois qu’il serait de la prudence d’élever et d’instruire pour le Théâtre une demie douzaine de garçons, et autant de filles ; une ancienne Comédienne, et un ancien Comédien auraient le soin de les former dans des logements séparés ; on leur donnerait en même temps des principes de religion et de piété, et on leur ferait apprendre un métier pour leur préparer une ressource, si par hasard à un certain âge on ne leur trouvait pas les talents nécessaires pour le Théâtre, ou s’il leur survenait quelque défaut qui ne leur permit pas d’y jouer : dans ces deux cas la bonne éducation qu’ils auraient reçus, jointe aux secours qu’on leur procurerait, les mettrait en état de trouver un autre établissement que celui du Théâtre. Il me paraît d’une nécessité indispensable que le Souverain ou le Sénat mette un fonds considérable dans la Caisse du nouveau Théâtre, ce fonds servira à acheter des anciens Comédiens tout ce qui pourra être utile à leur successeur, Décorations, Magasin, Ustensils, etc.… d’un autre côté la Ville achetera le fonds de l’ancien Théâtre, et des deniers de la Caisse on payera les habits des particuliers, étant juste que tout ce qu’on achetera de l’ancienne Troupe soit payé argent comptant : d’autant plus que les Comédiens qui se retireront, de même que ceux qui prendront leur place, n’en auront plus besoin et trouveront dans le nouveau Magasin tout ce qui leur sera nécessaire.
Il faut défendre aux femmes, et aux filles fidèles, ou catéchumènes, d'épouser des Comédiens. […] Quant aux Comédiens, Nous ordonnons qu'ils soient excommuniés tant qu'ils feront ce métier. […] Si les filles qui sont de la race infâme des Comédiens refusent de monter sur le Théâtre, qu'on les y contraigne; si toutefois elles n'ont point encore fait profession de la Foi, et de la Loi de la très sainte et vénérable Religion des Chrétiens, pour la garder toujours inviolablement ; Nous ordonnons aussi, que les femmes à qui nous avons accordé par une grâce spéciale, de ne point exercer cet honteux métier, jouissent toute leur vie de cette exemption, sans qu'on les puisse contraindre de rentrer dans la Compagnie de Comédiens. […] Que les personnes infâmes, tels que sont les Comédiens, ne soient point reçues à former des accusations. […] Quant aux Comédiens qui sont du nombre des Fidèles, Nous ordonnons qu'ils soient excommuniés tant qu'ils feront ce métier.
Les Rois sont très-fort les maîtres de lever la Macule qui deshonore les Comédiens, & de leur accorder tout autant de priviléges que leur ambition le désire : en attendant cette étrange métamorphose, qui couvriroit de honte la Monarchie Françoise, il faut s’en rapporter aux Loix existantes. […] La conséquence que la Glose a tirée de cette loi générale, est que toute espece de Comédiens, sous quelque nom qu’ils se produisent, sont atteints de plein droit du vice dont nous parlons, sic putat Glossa quod Joculatores omnes sunt infames ipso jure . […] On oppose la tolérance des Magistrats qui n’empêchent pas les Comédiens d’ouvrir leur Théâtre, on produit les Arrêts émanés du Thrône en faveur de la Comédie. […] Ces alternatives ont paru jusqu’au rétablissement des Lettres, sous François I. depuis cette époque aussi favorable aux Comédiens, qu’elle est malheureuse pour les bonnes mœurs & pour la pureté de la foi, la Comédie a cessé d’être interdite dans le Royaume ; ses progrès étoient néanmoins très-lents. Catherine de Médicis, mere de trois Rois, si célébre dans nos annales, soit qu’on l’envisage du bon ou du mauvais côté, ajouta les Spectacles aux divertissemens de la Cour ; elle fit venir d’Italie une troupe de Comédiens, sous le Régne d’Henri III.
En effet les Comédiens ont-ils d’autre but que de donner du plaisir en remuant les passions ? […] Que ce soit l’intention des Comédiens, ou que ce ne la soit pas, nous n’en avons que faire. […] Tels sont les Comédiens, et ceux qui tiennent des Académies de brelan et de galanterie. […] Le Théologien achève, en faisant l’éloge des Comédiens. […] L’Hôtel des Comédiens n’est pas un Temple, on le sait bien.
piété et bienfaisance d’un comédien. On a déjà vu dans les chapitres précédents que la qualité de comédien n’excluait pas la pratique de la piété, et que plusieurs d’entre eux se faisaient un devoir de suivre les obligations qui nous sont imposées par la religion, en même temps qu’ils exerçaient leur propre profession. […] Le comédien qui avait l’âme bienfaisante et plus sensible que tous ceux qui se trouvaient alors dans l’église, s’approcha de cette femme, et lui demanda la cause de tant de chagrin et de tant de larmes ! […] Ce comédien mourut en septembre 1665. […] Si les comédiens eussent été des excommuniés dénoncés, aurait-on vu Beauchâteau assister tous les jours à la messe, dans l’église métropolitaine de Paris ?
» C’est ainsi que les célèbres Comédiens, Roscius et Esope, sont nommés dans Cicéron, dans S. […] Carin avait fait venir des Comédiens de tout côté. […] Juvénal dit que ce n’est plus une merveille qu’un Comédien noble, puisque Néron a fait le Comédien Satyr. […] Application de ces conditions aux Comédiens de ce temps. […] Voyez, Monsieur, si cela a quelque rapport avec la peine toujours décernée contre les Comédiens.
J’ai donc imaginé de maintenir la Comédie, & de supprimer les Comédiens. […] par des Marionètes : les talens du célèbre Vaucanson ne sont pas nécessaires pour l’exécution de mon Projet : mais je ne voudrais plus de Comédiens & de Comédiennes de Profession. […] Nos Comédiens ont nos mœurs. […] Mais nos Comédiens pourraient donner l’exemple des bonnes mœurs. […] D’ἄξιος, digne, & Μίμος, Imitateur, Comédien.
Est-ce au Théâtre des Comédiens où l’on pourra exhorter les hommes avec saint Paul à ne pas se conformer au siècle ? […] Si les Comédiens ont encore quelque teinture de Religion, ils ont bien sujet de trembler d’avoir osé prononcer les paroles saintes sur le Théâtre. […] Que les Comédiens soient donc persuadés, que si la police les tolère à présent, elle n’en est pas moins en droit d’abolir leurs Jeux. […] que c’est un crime de donner aux Comédiens, parce que c’est autoriser ceux que la Religion condamne. […] L’Eglise en a toujours usé de même à l’égard des Comédiens, et elle se trouve de temps en temps réduite à de pareilles extrémités.
Je suis Comédien, j’aime mon métier, je fais plus, je l’estime, sûr que j’ai pour moi la raison, le goût et le public ; j’entre courageusement en lice pour y parer vos bottes et riposter. […] Je suis Comédien encore un coup, et votre ouvrage m’avait presque persuadé qu’il n’est pas possible à un Comédien d’être honnête homme. […] Alcibiade fit jeter dans la mer le Comédien Eupolis en lui disant : « Tu me in scena sæpe mersisti, et ego te semel in mari »c . Alcibiade paya ce Comédien comme il le méritait. […] Ne craignez-vous pas Monsieur de ressembler au premier, et ne serait-il pas mieux de travailler à la conversion des Comédiens que de les immoler à la prévention que vous avez contre eux ?
Le Canon 67. du même Concile ajoute : Il faut défendre aux femmes et aux filles Fidèles ou Catéchumènes, d’épouser des Comédiens : que s’il y en a qui en épousent, qu’elles soient excommuniées. […] Concile d’Arles, tenu l’an 314 s’explique en ces termes : « Quant aux Comédiens, nous ordonnons qu’ils soient excommuniés tant qu’ils feront ce métier. […] Il n’y avait point encore sous son Règne de Comédiens en France. […] Le Rituel de Châlons en Champagne de 1649. défend de recevoir pour parrains au Baptême, les Comédiens. […] qu’il fallait priver les Comédiens de l’usage des Sacrements, et de la sépulture Ecclésiastique.