/ 502
45. (1694) Sentiments de l’Eglise et des Pères « CHAPITRE I. Condamnation de la Comédie par la sainte Ecriture, par les Conciles et par plusieurs raisons. » pp. 7-11

Mais quoique la Comédie ne soit pas condamnée dans la sainte Ecriture en termes aussi formels et aussi exprès, que nous voyons que l’adultère, l’idolatrie et l’homicide y sont condamnés, il ne faut pas laisser néanmoins de faire voir aux chrétiens, qu’elle fournit des principes d’où l’on tire sa condamnation par des conséquences qui sont justes et fort naturelles. […] Car y ayant été possedée par le démon, et l’Exorciste lui ayant demandé, pourquoi il avait été si hardi que d’entrer ainsi dans le corps d’une chrétienne ? […] Mais que sont autre chose la plupart des Comédies d’aujourd’hui que de continuelles bouffonneries, qu’il n’est point permis à des chrétiens d’aller entendre ; puisqu’il ne leur est pas permis de les dire ; et qu’ils sont obligés d’avoir leurs oreilles aussi chastes que leurs bouches doivent être pures. […] La Religion chrétienne a des principes fertiles, qui produisent une infinité de conséquences, soit pour les dispositions interieures, soit pour les devoirs exterieurs, et ces principes sont renfermés dans la sainte Ecriture, que Dieu nous recommande pour ce sujet de lire avec attention, Scrutamini Scripturas. […] celui de Tours tenu en 1583. défend sous peine d’excommunication de représenter en ces jours aucunes comédies farces et autres semblables spectacles, opposés à la sainteté de la Religion « Comedias, ludos scenicos, et Theatrales et alia hujus generis irreligiosa Spectacula sub anathematis pæna prohibet sancta Synodus. » Ce Concile rendant ensuite raison de son Ordonnance, dit : Qu’il est absurde que des chrétiens attirés par les plaisirs vains et trompeurs que le diable leur présente, soient empêchés d’assister au Service Divin ; et soient détournés de la prière, et de la prédication aux jours qui sont particulièrement destinés à se rendre Dieu propice.

46. (1710) Instructions sur divers sujets de morale « INSTRUCTION II. Sur les Spectacles. — CHAPITRE II. Réponse aux objections qu'on tire de saint Thomas pour justifier les Spectacles, et aux mauvaises raisons qu'allèguent ceux qui croient pouvoir les fréquenter sans péché. » pp. 55-63

On n'en a point trouvé qui fussent dignes des Chrétiens ; et on a cru qu'il serait plus court de les rejeter tout à fait que de travailler vainement à les réduire contre leur nature aux règles sévères de la vertu. » Boss[uet]. p. 4… 141. […] Est-il impossible de donner un tour Chrétien, ou même honnête aux comédies ? […] La liberté que tant de Chrétiens se donnent est une preuve de leur relâchement ; mais elle ne justifie ni l'Opéra, ni la Comédie. […] quelle est la première protestation que fait le Chrétien en recevant le Baptême ? […] Rien ne marque mieux que les Chrétiens fréquentent les spectacles contre leur conscience que ce que dit saint Augustin.

47. (1738) Sentimens de Monseigneur Jean Joseph Languet Evéque de Soissons, et de quelques autres Savans et Pieux Ecrivains de la Compagnie de Jesus, sur le faux bonheur et la vanité des plaisirs mondains. Premiere partie « Sentimens de quelques ecrivains De la Compagnie de Jesus, Touchant les Bals & Comedies. Premiere Partie. — Entretien troisieme. Le danger des Bals & Comedies découvert par l’Auteur des Sermons sur tous les sujets de la morale Chrétienne de la Compagnie de Jesus. » pp. 26-56

Mais aprés tout, pour grand que soit le bien que nous avons reçû de la nature, par la faculté de voir les objets qui frapent nos yeux ; je ne sçay si en ce tems les Chrétiens ne devroient point faire à Dieu une priere toute contraire, & dire avec le S. […] Il ne faut donc pas s’étonner, si les Peres de l’Eglise ont rempli leurs écrits d’invectives les plus sanglantes, & d’expressions les plus fortes & les plus capables d’en donner de l’horreur aux Chrétiens, qui couroient alors aux Theâtres avec une passion, qu’ils avoient bien de la peine à reprimer. […] Quand les saints Peres vouloient détourner les prémiers Chrétiens de ces spectacles, la plus forte raison qu’ils leur en apportoient, étoit, que cela étoit contraire à leur profession, & qu’ils devoient se souvenir qu’ils étoient Chrétiens ; ils ne s’amusoient pas à leur prouver si c’étoit un peché mortel, ni à leur expliquer ce qu’ils pouvoient faire en sûrêté de conscience, ou ce qu’ils ne pouvoient pas ; c’étoit assez de leur faire entendre, que le nom & la qualité de Chrétiens, qui les obligeoit à mener une vie retirée, & éloignée de ces divertissemens mondains, y étoient interessez ; ils s’en tenoient là, sans disputer avec leurs Directeurs sur la qualité du peché, au lieu qu’aujourd’huy s’il n’y va du salut, & si le peché qu’ils commettent n’est d’une nature à leur attirer la damnation éternelle, rien ne peut être un motif suffisant pour reprimer cette ardente passion. […] Enfin, Messieurs, ces sortes de spectacles sont d’eux-mêmes contraires à l’esprit du Christianisme, & ensuite dangereux pour toutes sortes de personnes ; parce que ce sont des obstacles aux devoirs les plus essentiels d’un Chrétien, comme sont la priere, la vigilance, & l’application qu’il doit apporter aux choses de son salut ; puisqu’il est évident que ces divertissemens nous détournent de nos plus pressantes obligations, & qu’étant tout à fait mondains, ils sont incompatibles, avec la pieté, la dévotion, & les bonnes œuvres ausquelles un veritable Chrétien doit s’appliquer. […] General, permets, au Pere ** de faire imprimer un livre intitulé, Sermons sur tous les sujets de la Morale Chrétienne, cinquiéme partie contenant les sujets particuliers, tome second, les principaux desordres du Siecle, qui a esté vû & approuvé par trois Theologiens de nôtre Compagnie.

48. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre XIV. Que les danses sont aussi défendues les jours des Fêtes par les lois Canoniques. » pp. 76-93

Car encore bien que par le refroidissement de la charité, et de la piété Chrétienne, les fidèles commencent maintenant à donner moins de temps à ces actions saintes, et à demeurer moins assemblés dans les lieux saints ; il est néanmoins constant, que suivant l’usage des siècles passés, et suivant la discipline ancienne de l’Eglise, les jours des Fêtes étaient presque entièrement occupés par les exercices spirituels qui se faisaient dans les Eglises. En effet, ne voit-on pas dans la lecture des Pères, que les Messes solennelles, les lectures saintes, la psalmodie, les exhortations, et les Sermons, ne donnaient point le loisir aux Chrétiens de vaquer à quelque autre chose, mais les obligeaient d’être continuellement dans les lieux saints ? […] « Sint oculi manusque vestræ toto illo die ad Deum expansæ. » Je dis bien davantage, il est impossible que cette occupation continuelle aux choses de Dieu, pendant les jours des Fêtes, ne se trouve par tous les lieux où l’on travaille sérieusement à rétablir le culte divin ; car les Heures Canoniales, la solennité des Messes, la Doctrine Chrétienne commandée par le Concile de Trente, et les Sermons, remplissent toute la journée. […] Car quoique les assemblées des Chrétiens dans les Eglises soient des moyens qui servent excellemment à cette sanctification ; s’il arrive toutefois qu’elles aient cessé en partie en quelques lieux par le relâchement de la piété ; les fidèles ne laissent pas d’être tenus de renoncer à ces vaines et profanes récréations en ces saints jours, afin de les passer saintement. […] Ce qui est invinciblement confirmé par les lois des Empereurs que nous avons encore citées, dans lesquelles ces Princes zélés pour la gloire de Dieu, défendent comme un crime, de s’adonner les jours des Fêtes aux exercices qui servent à la volupté et au plaisir, par la considération de cette même obligation que les Chrétiens ont de s’appliquer uniquement au culte de Dieu, et de travailler à leur propre sanctification.

49. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XX. Spectacles condamnés par les saints Pères et par les saints conciles. » pp. 168-178

Enfin le Sauveur établit cette différence essentielle entre ses disciples et les partisans du monde, que ceux-ci se réjouiront, tandis que les chrétiens vivront dans la tristesse. […] Saint Cyprien juge les spectacles incompatibles18 avec la loi chrétienne, et qu’on ne peut s’asseoir dans l’amphithéâtre, au milieu des infidèles, sans renoncer à la foi. […] »  Arnobe qui, dans le siècle suivant, entreprit la défense de la religion chrétienne, parlait ainsi aux empereurs : « Vos lois23 n’ont-elles pas flétri les comédiens qui sont les ministres de vos superstitions sur le théâtre ? […] Leurs assertions font un ensemble d’un aussi grand poids que les canons, et dès qu’ils se réunissent en grand nombre sur une vérité doctrinale, on ne peut la démentir sans s’écarter des bornes de la doctrine chrétienne, dont ces grandes lumières ont conservé le précieux dépôt dans leurs ouvrages. […] Mais revenons sur nos pas pour chercher dans les fastes de l’Eglise, en un temps où elle commençait à prendre le dessus sur les idolâtres, les empereurs ayant embrassé la foi chrétienne.

50. (1666) Réponse à l'auteur de la lettre « letter » pp. 1-12

les vertus des Chrétiens, ne sont-ce pas les vices de vos héros ? […] Ils ne disent pourtant pas que la Comédie soit une occupation Chrétienne, et vous ne trouverez pas non plus dans leurs livres cette manière méprisante dont vous traitez les Saints que l’Eglise honore. […] On ne peut pas en douter après cela, mais on doutera peut-être si vous êtes Chrétien, puisque vous osez comparer le chant de l’Eglise avec les déclamations du Théâtre. […] et quel sentiment pouvez-vous avoir des vertus Chrétiennes, puisque vous raillez publiquement ceux qui les pratiquent ? […] [NDE] Clovis ou la France chrétienne (1657).

51. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE VI. De la Religion sur le Théâtre. » pp. 120-142

Sont-ce donc des Athées qui regardent, paient, composent, représentent, justifient des exercices publics où il n’est pas permis de paraître Chrétien ? […] Voilà ce qu’avec raison le concile traitait de blasphème et d’invective, et défendait aux Chrétiens d’écouter. […] Si je ne puis comprendre qu’il se trouve des Auteurs Chrétiens capables d’inventer de pareils rôles, de composer de tels vers, d’écrire, de faire réciter des blasphèmes, je comprends aussi peu qu’il se trouve des Acteurs Chrétiens qui puissent se résoudre à les débiter. […] Un Chrétien peut s’étudier à se montrer athée, impie, hérétique de gaieté de cœur ! […] De tout temps elle a été défendue aux Chrétiens, comme apportant corruption de foi et de bonnes mœurs, surtout quand l’Ecriture sainte y est profanée.

52. (1691) Nouveaux essais de morale « XIV. » pp. 151-158

Comme les Comédies et les Romans sont quasi la même chose, et qu’ils ne diffèrent presque que dans le style, je parlerai de la Comédie et des Romans ensemble, sur les choses qu’ils ont communes, sans rien répéter de ce qu’on a écrit dans ce siècle, pour montrer combien la Comédie est dangereuse à des Chrétiens. […] Est-il possible, disais-je en moi-même, que des personnes si spirituelles, si sages, qui ont mené un extérieur si Chrétien, ne fassent jamais de réflexion sur ce que toute l’application de leur esprit ne tend qu’à fournir de la matière à des spectacles, auxquels ceux qui sont nos guides dans la Religion nous assurent qu’il n’est pas permis à des Chrétiens de se trouver ? […] Une des principales raisons du danger de la Comédie, c’est qu’elle ne tend qu’à flatter les trois plus dangereuses passions de l’homme, l’amour, l’ambition et la vengeance, en nous faisant sentir du plaisir dans la représentation des plus grands excès de ces passions, car certainement si nous n’aimions pas ces passions, comme nous ne les devrions pas aimer selon la profession que nous faisons d’être Chrétiens, nous ne serions pas touchés de tant de plaisir dans leur représentation. […] Cependant ces Auteurs sont Chrétiens : ce sont même de graves Personnages, et tout le monde les applaudit.

53. (1760) Lettre à M. Fréron pp. 3-54

ne tiendront-ils jamais aucun compte à un Chrétien d’être religieusement honnête homme ? […] peut-on enfin s’imaginer qu’il ne soit pas facile de faire un bon Chrétien de quelqu’un que le Théâtre aura déjà rendu honnête homme ? […] Je vois au contraire et je suis intimement persuadé que plus un homme sera honnête homme, plus il sera persuadé des vérités de la Morale, plus il sera facile d’en faire un bon chrétien ; comme il est impossible qu’un vrai Chrétien ne soit pas honnête homme. […] Quel est donc l’homme tant soit peu Chrétien qui osera hasarder de s’attacher à cette profession ? […] Je suis Chrétien et Catholique.

54. (1733) Traité contre les spectacles « TRAITÉ CONTRE LES SPECTACLES. » pp. 145-246

D’ailleurs où pourraient demeurer les chrétiens ? […] Or une action vaine et inutile ne convient point, ce me semble, aux Chrétiens. […] Demandons-leur, s’il est permis aux chrétiens d’assister aux spectacles, que répondront-ils ? […] Vous voyez par là que celui qui ôte cette marque distinctive, fait connaître qu’il n’est plus chrétien. […] soyons point surpris après cela que le démon s’empare de ces chrétiens infidèles.

55. (1731) Discours sur la comédie « PREFACE » pp. -

Il paraît bizarre, que dans un Etat Chrétien, on prêche et on écrive contre la Comédie, qu’on déclare excommuniés ceux qui font profession de monter sur le Théâtre, et qu’une foule de Chrétiens ne laisse pas de s’assembler presque tous les jours pour applaudir à ces excommuniés. […] A entendre parler diverses personnes qui faisaient alors profession des armes, rien n’était plus grand, plus digne des Chrétiens, et plus méritoire que ces jeux, parce qu’on se rendait ainsi capable d’aller exterminer les Infidèles. […] Quoi qu’on ne puisse pas persuader à tout le monde, combien les spectacles sont dangereux, l’Eglise n’est pas moins assurée que tous les Théâtres, et les personnes qui les fréquentent, qui les autorisent, ne sont que de l’ivraie qui croît parmi les Chrétiens. […] Les Chrétiens eux-mêmes qui ne cessaient de condamner cet usage, comme on voit dans les écrits des Pères, ne purent l’abolir qu’après quelques siècles. […] Cependant ce Concile est obligé d’interdire cet usage aux Clercs et à tous les Chrétiens : « Quod non oporteat sacris officiis deditos aut Clericos aut continentes se aut omnem omnino Christianum cum mulieribus Lavacra habere communia.

56. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE VIII. De la Comédie les jours de fête. » pp. 159-179

Sont-ce là les fêtes des Chrétiens, dont quelque saint mystère est toujours l’objet, et que l’Eglise ne solennise que par des exercices de piété ? […] Mais les Empereurs Chrétiens ne connaissaient rien de plus nécessaire que le culte et la loi de Dieu. […] L’Empereur souscrivit avec plaisir à des prières si justes ; tous les Chrétiens s’y conformèrent avec joie. […] Et chez des Princes Chrétiens l’intérêt de la religion l’emporta toujours sur celui de la politique. […] A la bonne heure, la religion Chrétienne passait bien pour une folie aux yeux des sages Païens : Gentibus stultitium.

57. (1675) Traité de la comédie « XXX.  » p. 324

Mais on n'est pas choqué de même de ce que plusieurs Chrétiens ne font pas difficulté d'y aller; parce qu'on ne connaît pas la sainteté à laquelle ils sont obligés par le vœu de leur Baptême. […] On ne considère pas que la vie Chrétienne doit être non seulement une imitation, mais une continuation de la vie de Jésus-Christ; puisque c'est son esprit qui doit agir en eux, et par eux, en imprimant dans leur cœur les mêmes sentiments qu'il a imprimés dans celui de Jésus-Christ. Si on regardait la vie Chrétienne par cette vue, on connaîtrait aussitôt combien la Comédie y est opposée ; et il ne faudrait point de raisons pour en convaincre ceux qui seraient persuadés de ces vérités capitales de notre Religion, comme il n'en faut point pour convaincre un Chartreux instruit dans sa règle, que ces divertissements profanes lui sont défendus.

58. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — XXX.  » p. 491

Personne n'approuverait sans doute qu'un Chartreux allât à la Comédie; parce que tout le monde voit assez l'extrême disproportion qu'a ce divertissement avec la vie sainte dont il fait profession: mais on n'est pas choqué de même de ce que plusieurs Chrétiens ne font pas difficulté d'y aller; parce qu'on ne connaît pas la sainteté à laquelle ils sont obligés par le vœu de leur baptême. […] On ne considère pas que la vie chrétienne doit être non seulement une imitation, mais une continuation de la vie de Jésus-Christ, puisque c'est son esprit qui doit agir en eux, et par eux, et imprimer dans leur cœur les mêmes sentiments qu'il a imprimés dans le cœur de Jésus-Christ. Si on regardait la vie chrétienne par cette vue, on connaîtrait aussitôt combien la Comédie y est opposée ; et il ne faudrait point de raisons pour en convaincre ceux qui seraient persuadés de ces vérités capitales de notre religion; comme il n'en faut point pour convaincre un Chartreux instruit dans sa règle, que les divertissements profanes lui sont défendus.

59. (1733) Traité contre les spectacles « AVERTISSEMENT. » pp. 143-144

Quelques Chrétiens peu instruits, ou présomptueux s’imaginaient, que sans blesser leur conscience ils pouvaient assister aux spectacles du Cirque, du Théâtre, du Stade et de l’Amphithéâtre. […] Il commence par réfuter les faux raisonnements, dont on se servait pour prouver, qu’il n’y a rien de criminel dans cette espèce de plaisirs : Il fait voir ensuite, que ces spectacles sont défendus aux Chrétiens. […] Enfin il conclut par une instruction morale, en remontrant aux chrétiens, qu’ils ne doivent chercher d’autre plaisir sur la terre, que celui d’une bonne conscience ; et en les exhortant à se représenter souvent à eux-mêmes le plus grand de tous les spectacles, qui est celui du Jugement dernier.

60. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre IX. Sentiments de S. Cyprien et de quelques autres Pères. » pp. 175-201

Le Chrétien ne pourra-t-il pas regarder ce que l’Ecriture raconte ? […] Un Chrétien y est-il à sa place ? […] Que sait là un Chrétien, à qui il n’est pas même permis de penser au mal ? […] Tout cela est-il donc permis au Chrétien ? […] Qui a éclairé la ville de Rome et l’a rendue Chrétienne ?

61. (1731) Discours sur la comédie « SECOND DISCOURS » pp. 33-303

Alors il refusa de faire le Comédien, et adressant la parole à tout le peuple, il s’écria, « qu’il était Chrétien, qu’il avait vu dans ce bain la redoutable Majesté de Dieu, et qu’il mourrait Chrétien ». […] Mais les Chrétiens en jugeaient bien autrement. […] Il leur demande si étant Chrétiens, et ne devant agir que pour J. […] Car comment un Chrétien peut-il aimer une profession qui le rend abominable dans l’Eglise. […] Et peut-être les Chrétiens rougiront-ils à la fin d’aller à la Comédie.

62. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XXXV. Conclusion de tout ce discours. » pp. 138-152

Ils savaient trop, que qui veut plaire, le veut à quelque prix que ce soit : de deux sortes de pièces de théâtre, dont les unes sont graves, mais passionnées, et les autres simplement plaisantes ou même bouffonnes, il n’y en a point qu’on ait trouvé dignes des chrétiens, et on a cru qu’il serait plus court de les rejeter tout à fait, que de se travailler vainement à les réduire contre leur nature aux règles sévères de la vertu. […] Pontius, 1599, “Instructiones praedicationis Verbi Dei”, p. 485]  : non qu’il y eût à la lettre dans les spectacles de son temps des restes du paganisme ; mais parce que les passions qui ont formé les dieux des gentils y règnent encore, et se font encore adorer par les chrétiens. […] Voilà les saintes maximes de la religion chrétienne sur la comédie. […] Il ne faudrait donc que goûter ces douceurs célestes, et cette manne cachée, pour fermer à jamais le théâtre, et faire dire à toute âme, vraiment chrétienne : « Les pécheurs, ceux qui aiment le monde, me racontent des fables »Ps. […] Les païens dont la vertu était imparfaite, grossière, mondaine, superficielle, pouvaient l’insinuer par le théâtre : mais il n’a ni l’autorité, ni la dignité, ni l’efficace qu’il faut pour inspirer les vertus convenables à des chrétiens : Dieu renvoie les Rois à sa loi, pour y apprendre leurs devoirs : « Qu'ils la lisent tous les jours de leur vie »Deut.

63. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE VIII. Actes de fanatisme et avanies exercés par quelques prêtres, contre des Comédiens français. » pp. 141-148

De quel droit, suivant leur caprice, refusent-ils la sépulture et les prières de l’église, à des chrétiens paisibles qui ne sont point en faute ? […] s’ils en eussent fait une étude particulière, s’ils les eussent méditées en s’éclairant au flambeau de la morale évangélique, et en se réchauffant au foyer divin de la charité chrétienne, ils ne commettraient pas si souvent des fautes qui leur sont inspirées par l’orgueil, et ils ne feraient pas de fausses applications des saints canons et décrets des conciles. […] La puissance temporelle est donc la véritable conservatrice d’une religion qui mérite tous nos respects ; car il est démontré, par des faits nombreux dont fourmille notre histoire, ainsi que celle de tous les peuples chrétiens, que si les prêtres n’avaient pas toujours rencontré dans la force et dans l’autorité séculière, une barrière contre leurs écarts, contre leur ambition et leur ignorance, cette même religion serait anéantie par les excès de ses propres ministres. Il est prouvé, en effet, d’une manière incontestable, que le clergé, dans sa grande majorité, foule continuellement à ses pieds la vraie morale chrétienne et évangélique, et que ses fautes, ses égarements, sa corruption et ses crimes mêmes ne le cèdent en rien aux autres classes de la société. […] Cet acte de fanatisme a fait naître de nombreuses réflexions, et les qualités recommandables que Philippe unissait à la vertu de la bienfaisance qu’il pratiquait sans ostentation, repoussent les calomnies que des hypocrites, qui foulent à leurs pieds la charité chrétienne, se sont permis de débiter sur les circonstances de la mort de cet acteur.

/ 502