Les autres sont dans l’homme, & expriment la nature de son esprit, de ses sentimens, de ses passions.
Les sentimens sont partagés : les comédiens établis sont pour l’exclusion, ceux qui voltigent pour la concurrence, & les auteurs selon qu’ils sont favorisés ou rebutés des acteurs ou des actrices, se rangent, selon leur intérêt, à l’un ou à l’autre parti. […] Nos plus purs sentimens ne sont-ils pas toujours l’ouvrage de nos sens ? […] Les courtisannes du monde ne sont que les éleves du Théatre : c’est-là qu’elles habitent, qu’elles forment leur goût & prennent des sentimens, qu’elles étudient les regles de la toilette. […] Nos plus purs sentimens ne sont-ils pas toujours l’ouvrage de nos sens ?
Si tous ces sentimens ne passoient pas dans votre ame, vous accuseriez la pièce, ou ceux qui la représentent, de n’avoir pas atteint le but qu’ils se proposoient ; & l’ennui, plus efficace que nos exhortations, vous feroit bientôt renoncer à un plaisir devenu pour vous si insipide. […] Et croyez-vous, mes Frères, que ces sentimens, reçus dans votre cœur, n’y laissent point de traces pour la suite ?
L’Auteur du Mémoire invoque un autre Evêque, qui, quoiqu’il ait vécu dans la Cour la plus fastueuse, & formé de grands Princes, n’en avoit pas moins les modestes sentimens & l’aimable simplicité des bergers. […] La description voluptueuse des graces & de la parure des Rosieres, les sentimens amoureux qu’elles excitent & qu’elles éprouvent, le langage galant qu’on leur tient, leur facilité à l’écouter & à y répondre, les rivalités qui forment l’intrigue, jusqu’à la maniere ingénieuse si opposée au caractere des paysans : défaut qu’on reproche avec raison aux églogues de Fontenelle.
C’est une contradiction en effet fort commune dans le monde entre les sentimens & la conduite, la religion & les mœurs. […] La petite ouvriere, qui n’en savoit pas davantage, étoit trop sage, trop modeste, trop naïve, trop bourgeoise, pour étaler des sentimens si délicats, si tendres, si prudens.
Déjà ils ont été introduits dans des sociétés analogues à leur condition, c’est-à-dire dans des cercles bourgeois, parmi des personnes simples et unies, chez qui la bonhommie n’exclut ni la délicatesse de sentimens, ni l’instruction. […] Le Parvenu, au lieu d’être comme ses pareils, si bien peints dans Turcaret, un homme dur, hautain, sans mérite, est un agréable qui joint à son élégance la probité délicate et les sentimens philosophiques.
C’est à vous de voir si en bonne conscience l’on peut faire contre les sentimens & les décisions de ceux, que Dieu a donnez à l’Eglise, pour ses Docteurs, >§.
Un Paysan, assez dans la nature, malgré l’élévation de ses sentimens, est Blaise dans la Lucile ; je les ai reconnus dans ce bon Vieillard.
Quels sentimens auraient eu des fidèles, les Païensm êmes, s’ils avaient vu qu’avec cette loi si pure, si sainte, si parfaite, qui condamne jusqu’à la pensée du mal, qui oblige de tendre sans cesse à la perfection, ces fidèles eussent eu besoin d’un commandement particulier, pour n’aller pas aux spectacles ?
Il choisit en particulier le docte Concinna, pour publier les sentimens de l’Eglise sur ce sujet ; ce qui fut exécuté en 1752. […] « Le mal qu’on reproche au Théatre, dit-il, n’est pas seulement d’inspirer des passions criminelles ; mais de disposer l’ame à des sentimens trop tendres, qu’on satisfait ensuite aux dépens de la vertu ; je serois envieux de trouver quelqu’un, qui osât se vanter d’être sorti d’une représentation de Zaïre, bien prémuni contre l’amour. […] On ne peut rien ajouter aux sentimens respectueux &c.
Car bien peu de gens font réfléxion que ces sentimens d’autrui passent infailliblement en eux-mêmes : étant bien clair qu’après avoir nourri cette Partie foible par la contemplation des malheurs des autres, il ne sera pas aisé de la contenir dans ceux qui nous arriveront à nous-mêmes. […] & il y a trois choses qu’on imite, au-delà desquelles il n’y a rien de plus [c’est-à-dire l’action, les mœurs & les sentimens.] » J’examinerai dans la suite les six parties dans lesquelles Aristote divise la Tragédie, je me contente maintenant d’examiner 1° quelles sont les deux Passions qu’il regarde comme essentielles à la Tragédie, 2° ce qu’il entend quand il dit (supposé qu’il l’ait dit) que la Tragédie purge les Passions. […] Je n’impute point à Corneille des sentimens qui peuvent se trouver dans les Epîtres & les Préfaces qu’il retrancha de l’Edition de 1663, & qui se retrouvent dans les Editions suivantes.
Nous avons vû que celle-ci n’étoit nullement favorable à sa cause : ajoutons le témoignage des Payens qu’il n’oseroit suspecter ; nous préluderons par les Docteurs de l’Eglise, sans avoir aucun égard à sa répugnance ; leurs sentimens font un ensemble d’un aussi grand poids que les Canons, & dès qu’ils se réunissent en grand nombre sur une assertion doctrinale, on ne peut la démentir, sans s’écarter des bornes de la foi dont ces grandes lumieres ont conservé le précieux dépôt dans leurs ouvrages respectifs.
On fait l’éloge de Garrik, comme d’un honnête homme, dont les sentimens sont au-dessus de sa profession. […] C’est bien mal entrer dans les sentimens d’une si religieuse Princesse, qui, comme on le dit avec raison, a respiré toute sa vie l’air le plus pur de la religion & de la vertu, dans un heureux climat, qu’a épargné la corruption qui inonde le reste de l’Europe .
les yeux par la pompe, l’oreille par l’harmonie, le cœur par les sentimens, les passions par la molesse & l’indécence ? […] Mais il y a dans le cœur de ces idoles de chair, tant de pensées vaines, frivoles, tant de sentimens irréligieux & impurs, tant de passions, de vices, de malignités !
Ni la politesse, ni les plus sages leçons, ni les plus grands intérêts, ni les plus nobles sentimens, ni les plus vives lumieres ne sont de sûrs garans contre un si grand désordre, quand on a la témérité de s’y exposer & le malheur de le goûter. […] On saisit tous les sens par les objets de la volupté, l’esprit y est occupé de folies, le cœur rempli de sentimens ; & on se flatte que Dieu fera des miracles pour nous sauver, que nous n’aimons que Dieu, que nous lui plairons, le servirons, obtiendrons ses récompenses : Stultorum infinitus est numerus.
Quand il craignoit les foudres, il parloit comme un des plus zelez défenseurs de la Grace ; quand il craignoit que ses paroles ne détrompassent ses disciples, il leur expliquoit ses sentimens. Il gagnoit les Catholiques par ces artifices, en leur faisant croire que sa doctrine estoit conforme à celle de l’Eglise ; il entretenoit ses disciples par ces artifices, en leur découvrant qu’il ne dissimuloit ses sentimens que pour les persuader avec plus de succés. […] Ce grand homme aprés avoir representé les desordres qui naissent des Comedies, rapporté les sentimens des Conciles & des Peres sur cet important sujet, écry avec tout ce qu’il a pû de force contre ces débauches publiques, dit qu’il ne faut pas l’accuser de sortir de ses limites, & d’entreprendre sur les fonctions des Pasteurs, & des Predicateurs, parce que la reforme de ces abus est un devoir commun à ceux que la Providence a établis pour gouverner les ames, & pour aider à la conduite des Estats.
« Il ne faut pas oublier, (& ce n’est pas une des moindres observations que j’aye fait sur le Théâtre) que si le sujet n’est conforme aux mœurs & aux sentimens des Spectateurs, il ne réussira jamais, quelque soin que le Poète y employe, & de quelques ornemens qu’il le soutienne. » Ainsi nous aurions les mœurs d’un Bucheron, d’un Savetier, &c.
Chaque chanson avoit son ton particulier qui exprimoit les sentimens de l’ame. […] Ce recueil est intéressant par des anecdotes curieuses & de beaux sentimens.