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148. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre XIX. Si un Evêque peut défendre qu’on ne danse les jours des Fêtes, ou même en quelque temps de l’année que ce soit. » pp. 146-153

suivant la doctrine de plusieurs célèbres Canonistes, les Evêques pourraient suppléer à ce défaut, et faire les prohibitions nécessaires pour la réformation et la correction de leurs peuples. […] par lequel ils montrent que les ravisseurs sont excommuniés par les Ordinaires des lieux ; d’où ils concluent, que les Evêques ont pouvoir d’ordonner généralement tout ce qui est nécessaire pour le bon règlement de leurs peuples touchant les mœurs, c’est-à-dire, pour les établir dans la vertu, et pour les éloigner du vice.

149. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XIII. Si l’on peut excuser les laïques qui assistent à la comédie, sous le prétexte des canons qui la défendent spécialement aux ecclésiastiques. » pp. 52-57

Mais pour voir si le mal qu’on y remarque est seulement pour les ecclésiastiques, ou en général pour tout le peuple, il faut peser les raisons qu’on y emploie. […] Je n’ai pas besoin, après cela, de réfuter les conséquences qu’on tire en faveur du peuple, des défenses particulières qu’on fait aux clercs, de certaines choses.

150. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre II. Charles XII. » pp. 32-44

Revenu chez lui, il se fait tambour dans ses armées, mousse dans les vaisseaux, & monte par dégré, est reçu lieutenant, capitaine, colonel, velt-maréchal, pilote, enseigne, capitaine de vaisseaux, amiral ; il épouse une gourgandine, & la fait couronner Impératrice ; il fait faire la barbe à tous ses peuples, les obligeant de se raser malgré eux ; comme si le Roi de France vouloit forcer tous les François à reprendre la barbe ; sur-tout il fait bâtir un Théatre, & joue la comédie au milieu de la neige & des glaces ; cependant il fait mourir son fils ainsi : sur un échafaud, sa sœur dans un couvent, & une infinité de gens dans les tourmens, & il est toujours dans la débauche. […] Toute l’artillerie des vaisseaux & de la ville ne cessa de tirer, le même carillon se fait entendre, tambours, trompettes, instrumens de musique, les cris perçans d’un peuple immense font retentir les airs sur la terre & sur l’onde, les échos en mugissent au loin. […] Voltaire avoue que cette cérémonie est bizarre ; mais il la croit nécessaire, & qu’elle étoit utile pour le peuple Russe. Il faut donc que le peuple Russe soit stupide, & que son Empereur le croie, pour l’amuser par des farces qui n’amuseroit pas le Théatre de la Foire.

151. (1579) De l’Imposture et Tromperie « Livre premier. Des jeux et autres observations séculières retenues de l’ancien Paganisme. Chapitre 22. » pp. 101-107

Dieu nous peut dire cela aujourd’huy, pource que tout ce que les Prophètes ont dit anciennement aux peuples d’Israël et des Juifs, est aussi dit à nous et pour l’instruction de nous qui sommes surrogésj au lieu d’eux, pour être à Dieu son peuple péculier, si nous ne persévérons à nous séparer d’avec lui par ces œuvres profanes et sacrilèges. […] ) que David et tout le peuple jouaient devant le Seigneur de toutes sortes d’instruments : et qu’icelui dansant sautant de joie fut moqué de sa femme Michol, laquelle moquerie fut autant désagréable à Dieu, comme David jouant lui avait été agréable. […] « Ne soyez pas faits Idolâtres (dit-il) comme ceux-là desquels il est écrit, "le peuple s’assit pour manger et pour boire, puis ils se levèrent pour jouer"Saint Paul en la 1e épître aux Corinthiens, chap. 10 [10, 7].

152. (1759) Lettre de M. d'Alembert à M. J. J. Rousseau « Chapitre » pp. 63-156

Un Atrée qui s’applaudit des horreurs qu’il a exercées contre son frère, un Néron qui empoisonne Britannicus pour régner en paix, une Médée qui égorge ses enfants, et qui part en insultant au désespoir de leur père, un Mahomet qui séduit et qui entraîne tout un peuple, victime et instrument de ses fureurs ? […] Elles seraient pour les honnêtes gens, s’il est permis d’employer cette comparaison, ce que les supplices sont pour le peuple, un spectacle où ils assisteraient par le seul besoin que tous les hommes ont d’être émus. C’est en effet ce besoin, et non pas, comme on le croit communément, un sentiment d’inhumanité qui fait courir le peuple aux exécutions des criminels. […] Si quelque chose au contraire adoucit à nos yeux la peine de Titus, c’est le spectacle de tout un peuple devenu heureux par le courage du prince : rien n’est plus propre à consoler de l’infortune, que le bien qu’on fait à ceux qui souffrent, et l’homme vertueux suspend le cours de ses larmes en essuyant celles des autres. […] Plus inexorable pour elles, vous les traiterez, Monsieur, comme ces peuples vaincus, mais redoutables, que leurs conquérants désarment ; et après avoir soutenu que la culture de l’esprit est pernicieuse à la vertu des hommes, vous en conclurez qu’elle le serait encore plus à celle des femmes.

153. (1640) Traité des Spectacles des Gentils « SAINCT CYPRIAN DES SPECTACLES. » pp. 155-193

Ils n’attendent pas qu’on deffende les spectacles, ils preuiennent eux-mesmes, & demandent hardiment ; qui les peut impreuuer puisque la Saincte Escriture les appreuue ; le Prophete Helie n’a t’il pas mené le chariot d’Israël ; Dauid n’a t’il pas dansé deuant l’Arche d’Alliance à la face de tout son peuple ; ne lisons nous pas qu’aux plus Sainctes réjoüissances on a fait des concerts de voix & d’instruments ; qu’on y a fait retentir les Harpes, les Tambours, les Trompettes, & les Psalterions. […] Par succession de temps, & à la poursuite du peuple superstitieux qui estoit cruellement pressé de la famine, on donna naissance aux autres ieux comiques, qui furent dediés les vns apres les autres à la memoire de Baccus, de Ceres, des Morts, des Idoles, des Diables. […] Car ceux qui gaignent leur vie aux dépens de leurs jouës qu’ils exposẽt aux coups & aux soufflets, sont ils pas bien fous de viure ainsi sur le plaisir du peuple, à qui ils se donnent eux mesme en spectacle ; & ceux qui lient entre eux vne partie de manger auec excés, & qui en disputent publiquement la gloire, après s’y estre disposez par vne diette extréme, & qui surpasse ce semble les forces de nostre nature ; sont-ils dignes de loüange ? […] Il verra toutes les creatures soumises au Createur, excepté l’homme seul qui luy est rebelle, il verra les mers se resserrer & estre à sec pour la commodité du peuple esleu ; & pour le soulager vne autrefois, il verra les eaux reiaillir en abondance des pierres & des rochers. […] En fin ils nous sont tousiours presents, & nous n’en auons point l’obligation à vn Preteur ou à vn Consul eschauffé à monstrer au peuple sa magnificence par le superbe appareil d’vn spectacle ; mais à ce Souuerain Monarque, à cette infinie Majesté, à Dieu Eternel, Tout-puissant, Createur, qui est deuant tout & dessus tout, Pere de nostre Sauueur Iesvs-Christ, que nous deuons aimer & adorer à iamais.

154. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE IX. Spectacles de la Religion. » pp. 180-195

Ouvrez les divines Écritures, vous y verrez un Dieu créant le monde d’une parole, & ce monde défiguré par le péché, le châtiment des impies, la récompense des justes, la mer ouvrant ses abymes pour faire passer un peuple à pied sec, & les rochers amollissant leur sein pour lui fournir des sources d’eau vive, les nuées faisant tomber du ciel un aliment délicieux pour le nourrir, le Jourdain qui arrête ses ondes pour lui ouvrir l’entrée de la terre promise. […] L’histoire & la fable, la chimère & la réalité réunies ont-elles enfanté quelque chose qui égale le soleil arrêté à la voix de Josué, ou rétrogradant à la priere d’Isaïe ; la mer Rouge ouverte, ou le Jourdain suspendant & amoncelant ses eaux jusqu’aux nues, pour faire passer à pied sec deux millions d’hommes ; les rochers amollis d’un coup de baguette, qui bien mieux que l’urne des fleuves versent des sources d’eau vive ; des nuées lumineuses & fécondes, qui tracent une toute dans le désert par une colonne de feu, & chargent tous les jours la table de tout un peuple d’un aliment délicieux ? […] quand vous vous mêlez aux spectateurs ou au peuple fidèle, dans quel des deux se répand l’onction de la grace ? […] des cochers qui courent, un peuple qui en est furieux. […] ) rapporte qu’un Ambassadeur de quelque peuple barbare ayant assisté aux spectacles, & vû la fureur avec laquelle les Romains y couroient, demanda fort sérieusement : Ces hommes n’ont-ils point des femmes, des enfans, des amis, des maisons de campagne, des exercices du corps, qui puissent les amuser, sans recourir à ces objets imaginaires ?

155. (1751) Nouvelles observations pp. 393-429

Que Juvénal, dans sa dixieme Satyre, ait reproché au Peuple Romain, qu’il ne désiroit plus que deux choses : du Pain, & les Jeux du Cirque. […] Il en est de même de cette maxime de l’Œdipe de M. de Voltaire ; Les Prêtres ne sont pas ce qu’un vain Peuple pense, Notre crédulité fait toute leur science. […] Les Romains, tant que la Comédie chez eux fut honnête, ne proscrivirent leurs Comédiens, que par l’affectation qu’ils avoient d’imiter en tout les Grecs, & plus encore, par l’ombrage qu’ils concevoient de tout ce qui pouvoit diminuer leur vanité ; car on ne peut s’empêcher d’être surpris qu’un Peuple si belliqueux, fût si puérile en tant de choses, & si souvent sujets aux terreurs paniques. […] Mais doivent-ils se refuser aux raisons les plus évidentes, & peuvent-ils ne pas ressentir quelque douleur, en prévoyant que les Spectacles seront difficilement détruits, par l’attachement que les Peuples ont fait voir de tous tems pour cette sorte d’amusement ; & qu’ainsi un grand nombre d’hommes Chrétiens, qui y sont employés, seront toujours chargés de la haine de l’Eglise ? […] Des raisons que l’on vient d’exposer, on peut conclure que la Comédie, telle qu’elle a été dans sa naissance, & telle qu’elle est aujourd’hui, doit passer pour l’effet de la sagesse des Peuples les plus polis, & que sa disgrace vient : Chez les Grecs, de la témérité d’Aristophane.

156. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE IV. De la Médisance. » pp. 80-99

M. de Louvois n’avoit jamais, comme Aman, voulu détrôner Louis XIV, & perdre tout un peuple. […] Du tombereau il passa sur des tretaux dont il amusa le peuple. […] Ils en firent le théatre des passions & de la médisance : grands & petits, Magistrats & peuple, sages & foux, tout fut noté par nom & surnom, & cruellement déchiré. […] Ce sont les pointes les plus dégoûtantes ; il n’est pas même plaisant pour le peuple, & il est insupportable aux gens d’honneur. […] Un peuple entier dont le mauvais gouvernement autorisoit ces infames licences, méritoit bien de devenir l’esclave des Romains, & de l’être aujourd’hui des Turcs.

157. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Septième Lettre. De la même. » pp. 73-99

Il ne l’est pas moins, que le Peuple lui-même ait la satisfaction de partager au moins une fois dans la semaine, les plaisirs des Grands : c’est le moyen de le consoler de six jours de travaux & d’humiliation*. Cette raison suffirait, indépendamment des autres, pour prouver l’utilité des Spectacles, c’est un objet important, noble, relevé, digne de toute l’attention du Gouvernement, de chercher à satisfaire le peuple, en lui procurant des délassemens honnêtes. […] N’est-il pas, comme on l’a prouvé si souvent, utile par le plaisir qu’il donne, par la morale que renferment ses Pièces, par les occupations dangereuses & le jeu ruineux qu’il fait éviter à tant de gens ; par cette politesse, cette urbanité, qu’il introduit parmi le Peuple, sur lequel tout ce qu’il voit au Théâtre impressionne toujours beaucoup ? […] Oui, peut-on dire avec monsieur Rousseau, pourvu que le peuple s’amuse, l’objet des Spectacles est assez rempli . […] Ce mot n’est pas mis ici par flaterie ou par hasard ; dans une monarchie telle que celle des Français, l’amour des Souverains, vraiment pères d’un Peuple qu’ils ont affranchi de la tyrannie féodale, est la même chose que l’amour de la Patrie.

158. (1694) Sentiments de l’Eglise et des Pères « CHAPITRE I. Condamnation de la Comédie par la sainte Ecriture, par les Conciles et par plusieurs raisons. » pp. 7-11

Et néanmoins Dieu fit prévaloir sa sévérité à sa miséricorde, en commandant de faire lapider celui qui avait commis cette faute, afin de faire connaître à son peuple avec quel soin il devait éviter les choses qu’il lui avait interdites par sa Loi ; puisqu’il était même offencé, quand on y contrevenait en faisant des choses qui n’y étaient pas mêmes marquées précisément. […] Comme les Ecclésiastiques doivent instruire les peuples de leurs devoirs, et leur servir d’exemple en toutes choses ; c’est à eux que les Conciles s’adressent le plus souvent.

159. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE IV. Du Clergé considéré comme protecteur et fondateur des Comédiens du troisième âge en France, et comme en ayant lui-même exercé la profession. » pp. 113-119

Après avoir acquis une sorte de célébrité et beaucoup de crédit à la cour et parmi le peuple, nos pèlerins parvinrent à s’ériger en société, sous le titre de confrères de la passion de Notre-Seigneur, et ils obtinrent non seulement l’approbation et la protection de l’autorité temporelle, mais encore la bienveillance et l’appui spécial du clergé séculier et régulier. […] Le concile d’Elvire en Espagne, qui est de l’an 300, ne concernait que les histrions obscènes, et les cochers de cirque, qui entretenaient parmi le peuple toutes les idées du paganisme et rappelaient les gestes et les pantomimes des païens.

160. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre VIII. Anecdotes illustres du Théatre. » pp. 186-214

J’ai me mieux , répondit ce pere du Peuple, qu’on se moque de mon économie, que si on pleuroit de ma prodigalité. […] Auguste, qui ménageoit le peuple, lui laissa cette ombre sans consequence de son ancienne liberté. […] Il démontra l’insolence des comédiens, chez le peuple le plus grave, & le plus décent, jusques sous les yeux du Roi, & contre les personnes les plus respectables. […] On rapporte sur la comédie un trait vraisemblablement copié de Louis XII, comme Henri IV pere du peuple, & sur le même objet, sur les finances. […] Cette nouvelle illiade a plus d’une fois occupé les Daciers du pays, pour deviner tous ces noms, la plupart barbares, comme les noms des peuples qui allerent au siége de Troyes, dont Homere fait le détail.

161. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE IV. Traité de la Danse de Cahusac. » pp. 76-104

Il en fait l’histoire depuis la création du monde, & la suit chez tous les peuples. […] L’Eglise & l’Etat se réunirent pour les proscrire ; il n’y a plus que les danses que le peuple fait au-tour des feux de la S. […] Le Roi du Pont en demanda un à Néron pour lui servir d’interprète chez tous les peuples. […] est-ce faire celui du politique qui l’emploie, & du peuple frivole qui s’y laisse prendre ? […] Le peuple applaudissoit à cette insolence.

162. (1733) Dictionnaire des cas de conscience « Jugement sur la Comédie du Festin de Pierre. CAS II. » pp. 805806-812

en quelle situation peut être une vierge ou un jeune homme qui voient tout un peuple ardent et attentif à regarder sans pudeur des actions si infâmes ? […]  » Ajoutons à ces autorités celle du troisième Concile de Milan dans la quatrième partie des Actes de l’Eglise de Milan page 485. qui s’exprime en ces termes : « Que le Prédicateur ne cesse de reprendre ces assemblées qui servent d’amorce aux péchés publics, et que les hommes accoutumés au mal comptent pour rien ; qu’il tâche d’en inspirer la plus grande horreur ; qu’il fasse voir combien Dieu y est offensé, combien de maux, de calamités publiques, et de dommages ils attirent sur les Royaumes ; qu’il témoigne en toute occasion combien on doit détester les spectacles, les Comédies, les jeux publics qui tirent leur origine des païens, et qui sont entièrement opposés à l’Evangile et aux règles de la discipline chrétienne ; qu’il représente souvent les châtiments publics que ces désordres attirent sur le peuple chrétien ; et pour fortifier les fidèles dans une doctrine si importante, qu’il emploie l’autorité très respectable des Pères, tels que sont Tertullien, Saint Cyprien, Salvien, Saint Chrysostome. […] Ils commandent aux Prédicateurs d’enseigner aux peuples que ces divertissements sont de l’invention du diable, et qu’on les doit entièrement exterminer et proscrire du Christianisme ; ils s’appuient sur l’autorité des Pères qui les ont combattus, il n’y a personne qui ne voie clairement la conformité des derniers temps avec les premiers.

163. (1671) De la connaissance des bons livres « DE LA COMEDIE  » pp. 232-248

Les Comédies de toutes les sortes ont eu tant d’applaudissement, qu’elles ont scandalisé les Personnes dévotes, qui ont cru qu’elles n’étaient recherchées que parce qu’elles flattaient les vices et les enseignaient au Peuple. […] Les Poètes et les Comédiens diront que ces Comédies ne se jouent pas souvent, et que s’il en échappe quelques-unes, c’est pour plaire au peuple qui les demande, et que pour eux ils aimeraient mieux tirer du profit des Pièces sérieuses quand elles sont en crédit, afin de se conserver en honneur et en estime, et qu’on n’eût plus rien à leur reprocher. […] On ajoute une proposition assez judicieuse qui est, que comme l’on examine toute sorte de Livres avant que de permettre de les imprimer, et de les communiquer au public, il faudrait qu’il y eût un Magistrat qui examinât, ou qui fît examiner par Gens experts, les Pièces que l’on voudrait faire jouer devant le peuple, afin que leur représentation ne pût nuire à personne : Mais des Censeurs inexorables diront que d’ériger une Académie pour les Comédiens, ce serait autoriser leur Profession, comme si elle était fort nécessaire au public ; Et pour ce qui est du reste, qu’au lieu de donner la peine à un Magistrat d’examiner les Comédies dignes d’être représentées, il vaudrait mieux les condamner entièrement ; Que par ce moyen on ne craindrait ni brigue, ni surprise, et l’on ne se mettrait point au hasard d’en recevoir du dommage.

164. (1759) Lettre d’un ancien officier de la reine à tous les François sur les spectacles. Avec un Postcriptum à toutes les Nations pp. 3-84

dévorent tout un peuple dont ils se font un pain de chaque jour , (Ps. 13. v. 8.) […] Veulent-ils faire de nous un peuple de gladiateurs, ces hommes qui ne respirent que le sang & le carnage ? […] Entendrons-nous toujours une voix du Ciel nous dire : Sortez du milieu d’elle, Mon Peuple, de peur qu’ayant pris part à ses iniquités, vous ne partagiez ses châtimens ? […] de prostitution adoptés par les peuples du Paganisme livrés à la corruption de leurs cœurs . […] Pourquoi donc la pure vérité se tairoit-elle sous le regne d’un Prince autant l’Ami de la vérité que le Pere de son peuple, & sous des Magistrats également défenseurs de l’une & de l’autre ?

165. (1804) De l’influence du théâtre « PREFACE. » pp. -

En l’examinant donc sous son véritable point de vue, j’ai établi qu’elle était d’un grand secours pour consolider le bonheur public sous ce triple rapport, en ce que, en tempérant à l’égard des peuples l’autorité souveraine, elle la leur rendait respectable et chère ; en enchaînant l’injustice des passions, elle maintenait l’harmonie sociale ; en offrant aux malheureux de véritables consolations, et leur aidant à supporter les peines de la vie, elle conservait à l’Etat des Citoyens utiles. […] Passant ensuite à l’influence réelle du théâtre en France, et le considérant particulièrement aux époques des grands événements qui ont précédé ou suivi le cours de la révolution, j’ai fait voir qu’il avait beaucoup contribué au bouleversement de l’Etat, et nui singulièrement à sa prospérité, en affaiblissant les grandes idées religieuses dans l’esprit des peuples, en corrompant les mœurs, loin de les corriger, enfin en altérant jusqu’au bon goût, et en changeant même le caractère national sous le rapport du sentiment et de l’urbanité.

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