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416. (1760) Critique d’un livre contre les spectacles « JUGEMENT DE M. DE VOLTAIRE, SUR LES SPECTACLES. » pp. 78-81

C’est une des contradictions de nos mœurs, que d’un côté on ait laissé un reste d’infamie attaché aux Spectacles publics, et que de l’autre on ait regardé les représentations comme l’exercice le plus noble et le plus digne des personnes Royales.

417. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — SIXIEME PARTIE. — Comédies à rejeter. » pp. 313-318

Enfin ce sont deux Pièces qui ne devraient jamais trouver d’Auditeurs ni de Spectateurs, parce que la morale en est détestable, et doit blesser toutes sortes de personnes.

418. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre VI.  » pp. 193-217

Il faut plusieurs personnes pour porter cette longue grandeur, & écarter tout aux environs, pour laisser un plus vaste espace, surtout quand il vient plusieurs queues à la file, ce qui allonge infiniment la procession, afin qu’on ne mette pas inconsidéremment le pied sur la grandeur, ce qui l’appetisseroit & la feroit tomber ; & ainsi un homme est arrivé long-temps avant sa robe. […] On a fait passer cette majesté volumineuse dans les vastes manches des robes du Palais, où on entreroit tout le corps, & dans l’immense robe qui suffiroit pour habiller trois ou quatre personnes. […] Il est singulier que ces queues, qui ne sont point dans l’ordre de la nature, dont on n’a aucun besoin, qui ne signifient rien, ne rendent aucun service, qui au contraire embarrassent, qui ont un air puétile & effeminé, qu’on a pris des femmes, & que ces femmes ont pris du théatre, il est singulier, dis-je, que non seulement des Evêques, sérieux & graves, mais encore des personnes distinguées dans le Clergé les aient arborées, & s’en fassent honneur. […] Il n’y a que les personnes graves par état, qui à la Cour se distinguent par la queue, dont la longueur tarisée atteste la dignité.

419. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre I. Des Parfums. » pp. 7-32

Des nations entières usent de liqueurs spiritueuses jusqu’à l’ivresse ; les personnes qui s’adonnent à ses odeurs, empestent leurs appartemens, & donnent à vingt pas à la ronde du mal de tête à ceux qui les approchent. […] Nous ne sommes pas assez riches pour faire cette folle dépense, mais du moins n’épargne-t-on point les odeurs sur les personnes, les habits, les meubles, les chambres. […] Montagne dans ses Essais dit de lui-même qu’il aime fort les bonnes odeurs, & ne peut souffrir les mauvaises ; que c’est une de ses folies, qu’il les distingue de plus loin que personne, & se compare au chien de chasse qui a l’odorat le plus fin ; namque sagacius odoror quam canis ubi lateat , il aime ou haït outre mesure tout ce qui est outre mesure n’est plus dans l’ordre. […] Ils ont à leur tour subjugué leur vainqueur, les parfums ont été leurs armes, le luxe asiatique des odeurs passa tellement à Rome après les victoires de Scipion l’Asiatique, que tout y fut embaumé ; les personnes, les cheveux, les maisons, les bains, le théatre, on y mêle le parfum avec le suif, & la cire dans les flambeaux avec l’huile dans les lampes, afin qu’en brûlant elles en remplissent toute la chambre ; on en mêloit dans les boissons & les alimens pour les flairer en mangeant & buvant ; les domestiques ne servoient leurs maîtres que parfumés, il n’y eut plus de fête & de partie de plaisir où les odeurs ne fussent prodiguées ; les tables, les vaisselles, les lits étoient couverts de fleurs, les planchers en étoient jonchés ; les convives en étoient couronnés.

420. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE III. Suite du Mariage. » pp. 55-79

La doctrine générale qui en résulte, c’est que la bonne éducation des filles consiste à leur donner une entiere liberté, les laisser courir seules, sur leur bonne foi, le bal, la comédie, les compagnies, & voir qui bon leur semble, comme la Léonor, dont cette conduite indulgente a fait une héroïne, tandis que la vigilance & la retraite ont fait de sa sœur Isabelle une intrigante & une effrontée ; que le soin & l’attention à éloigner les jeunes gens des dangers du crime, ne servent qu’à leur en donner plus d’envie, & leur faire chercher les moyens de se satisfaire, & que la sévérité même qu’on a pour eux, les autorise à secouer le joug, & leur est une excuse légitime ; que ces sévères instituteurs en sont toûjours la duppe, & se couvrent de ridicule ; que malgré toutes leurs mesures, l’amour, inépuisable en ressources, rend inventifs les plus innocens, & trouve enfin mille moyens pour réussir ; qu’après tout c’est un vain scrupule de se refuser à la galanterie, mal commun, dont personne n’est exempt ; qu’il est de la sagesse de ne pas être plus sage que les autres ; qu’on ne peut compter ni sur les femmes, ni sur les filles ; qu’il faut s’y attendre, s’en faire un jeu, & n’avoir pas l’inutile foiblesse de s’en embarrasser. […] En outrant la bêtise dans cette personne qu’il montre estimable, & poussant à l’excès l’ingratitude & la fourberie, ce prétendu grand maître a-t-il pensé qu’il affoiblit le ridicule, & rend odieuse la fille qu’il couronne pourtant par le mariage qu’elle désire ? […] Non, je ne pense pas que Satan en personne Puisse être si méchant qu’une telle fripponne. […] Son mariage lui ôtoit l’honneur & le repos ; il n’avoit pas même la consolation de haïr la personne qui lui causoit tant de trouble.

421. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre VIII. De l’excommunication des Comédiens. » pp. 176-199

Ces vérités ne sont contestées de personne, elles sont évidentes, toute la difficulté ne roule que sur l’étendue de la connaissance que doivent en avoir et le Ministre et le public. […] Ils ont donc toujours été excommuniés, ou personne ne l’a été. […] Des personnes dévotes, dans le goût du temps, tournèrent ces amusements du côté de la piété, et représentèrent les mystères de la religion, les actions des Saints, des moralités. […] Ils disaient qu’ils n’étaient ni Comédiens, mais simples farceurs ; ni Français, mais un ramassis de toutes les nations ; ni établis dans Paris, mais une Troupe errante, qui campait sous des tentes pendant la foire ; qu’ils ne jouaient point de pièces régulières, mais des fragments et des scènes détachées ; que la foire avait joui de temps immémorial de la liberté des spectacles, comme d’une branche de commerce ; et que les Comédiens n’ayant point de lettres patentes, mais un simple brevet non enregistré, ils n’étaient pas personnes capables d’ester à droit et de faire des poursuites légales (comme M. l’Avocat général en convenait).

422. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE II. Le Théâtre purge-t-il les passions ? » pp. 33-54

Fréron (Lettre8.) se moque de cette purgation des passions, dont on fait gratuitement une apologie et un précepte, dont personne ne s'embarrasse, et qui précipite dans le froid, le contraint, l’invraisemblable (mot nouveau que je ne connais point). […] Ce serait un moyen de réconcilier la tragédie avec des personnes célèbres par leur doctrine et leur piété, qui la condamnent, et qui en jugeraient plus favorablement, si les Auteurs songeaient autant à instruire qu'à divertir. […] Les passions sont toujours mises sur le compte de quelque personne illustre, du moins aimable et estimable, à qui on donne des grâces et des vertus ; on la rend presque toujours infortunée pour exciter la pitié. […] Plus la personne est intéressante, plus elle est séduisante ; ses bonnes qualités font excuser ses faiblesses.

423. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE IV. Suite des effets des Passions. » pp. 84-107

Qu'on ne voie ni Auteur ni Acteur, mais seulement la personne qu'on joue ; que le spectateur soit transporté, et comme transformé dans l'action. […] Vainement faisons-nous pour elle les frais d'une dissertation ; mais nous donnons un moment à quelques apologistes du théâtre qui font semblant de ne pas croire ces vérités, je dis semblant, car dans le fond personne n'en doute. […] Le théâtre présente à des yeux Chrétiens un second spectacle plus ridicule que la comédie, et bien tragique pour ceux qui comptent la mort de l'âme pour quelque chose : une foule de personnes assemblées pour s'oublier et se perdre elles-mêmes, méprisant leur principe et leur fin, la raison et la vertu, pour se repaître de chimères ; détruire le langage et les sentiments de la religion, pour ne parler que celui de la passion ; au lieu de travailler à corriger leurs vices, ne faire qu'en rire, et étudier l'art de les augmenter. […] L'exemple séduit, lors même qu'on ne le cherche pas, fût-il dans des personnes peu estimées et avec tout le hideux de l'injustice et de la débauche ; quelle doit être sa contagion lorsqu'il l'étale avec toutes les grâces dont le Poète a paré le rôle, et l'Actrice a paré le modèle !

424. (1698) Caractères tirés de l’Ecriture sainte « [Chapitre 1] — DU SEXE DEVOT. » pp. 138-158

L’on disait en France il n’y a pas encore vingt ans, que du moins la Langue y était chaste : Mais un nouveau Dictionnaire qui n’est que trop à la mode, est venu nous ôter ce reste de pudeur, et les personnes qui y ont le plus travaillé, sont beaucoup de femmes devenues si hardies à parler, qu’elles s’applaudissent de faire rougir des hommes qui ne sont pas même dévots. […] Premièrement, puisque la grâce de Jésus-Christ, laquelle suppléait abondamment à la rigueur des lois de Moïse pour conserver dans ce Sexe l’honnêteté des mœurs, est maintenant si violemment contredite, et combattue par une conduite libertine ; Je voudrais sans en revenir à toute la sévérité Judaïque contre les filles et les femmes, que l’on fît trois ou quatre règlements bien appuyés de l’autorité Episcopale, et bien déclarés aux personnes intéressées.

425. (1707) Lettres sur la comédie « Réponse à la Lettre de Monsieur Despreaux. » pp. 276-292

Vous qui savez si bien réunir dans une même personne deux caractères si opposés, comment n’avez-vous pas senti que Joseph rapporte cet amour vivement, mais simplement, pour ne pas déroger à son caractère d’Historien ; au lieu que si Joseph avec tout l’artifice que fournit cet art, où vous vous êtes rendu si célèbre ; s’il venait, dis-je, avec toutes les richesses de la Poésie peindre les transports d’un mari passionné pour sa femme, quoique cette maladie ne règne guère en France, je ne doute pas qu’il n’y eût des maris assez sensibles pour s’attendrir à cette chaste représentation : la question est de savoir si le fruit en reviendrait à leurs épouses légitimes. […] Pour moi, je me tiens déjà à demi battu, quand je considère à quel illustre ennemi j’ai à faire : mais au moins j’aurai toujours un avantage, qu’il n’est pas en votre pouvoir de me contester ; c’est celui, Monsieur, d’être avec plus de respect et de dévouement que personne, Votre très humble, et très obéissant serviteur.

426. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — [Introduction] » pp. 2-4

Le criminel est connu & avéré ; le Poëte veut qu’on ait pitié de son malheur, qu’on aime sa personne.

427. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre XI. Que les Poèmes Dramatiques n'ont point été condamnés. » pp. 230-236

Elles sont même comptées entre les disciplines libérales, et les jeunes enfants sont ordinairement obligés par des personnes âgées, et plus sages qu'eux de les lire et de les apprendre. » Confes. l. 3.

428. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Sentiments des Pères de l'Eglise sur la comédie et les spectacles — 12. SIECLE. » pp. 187-190

Ceux qui donnent aux Comédiens, dit Saint Augustin, pourquoi leur donnent-ils, si ce n'est parce qu'ils se plaisent au mal que font ces personnes infâmes ?

429. (1825) Des comédiens et du clergé « Des comédiens et du clergé. —  piété et bienfaisance d’un comédien.  » pp. 365-370

La malheureuse lui répondit avec fierté qu’elle n’avait pas besoin de consolateur, et qu’elle ne demandait rien à personne.

430. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE V. Eloge de Moliere. » pp. 154-202

Lorsqu’ils furent en prendre possession (c’étoit à une piece du grand Moliere) ils furent installés avec honneur, & les Officiers du Gobelet leur porterent des rafraîchissemens, comme aux personnes les plus qualifiées. […] Louis d’éloges pour l’avoir aboli dans ces mêmes lieux, où on l’a proposé à la vénération de la France, dans la personne du Prince des Histrions. […] ne diroit-on pas que l’irréligion efface tous les défauts des personnes & des ouvrages ? […] La grande chimère des panégiristes de Moliere, dont personne depuis cent ans ne s’étoit avisé, c’est d’en faire un grand Philosophe. […] Cela est si peu vrai, que personne ne s’est fait plus que Moliere des ennemis de toutes parts, à la Cour, à la ville, dans sa famille, dans sa troupe, précisément par cette parfaite imitation.

431. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre VIII. Assertions du Théâtre sur le tyrannicide. » pp. 130-174

Mon zèle pour la personne sacrée des Rois me les ferait plutôt allumer, et bien loin de réclamer contre la juste sévérité des Magistrats, je suis persuadé qu’en bonne politique, même en matière de tyrannicide, ils ont trop d’indulgence pour les spectacles ; que cette doctrine pernicieuse qu’ils ont redoutée dans le théâtre Latin de Sénèque et del Rio, mérite encore moins de grâce dans les théâtres de Corneille, de Racine, Crébillon, Voltaire, Marmontel, Héros de la scène tragique, à qui l’Académie Française a donné des provisions de l’office de bel esprit utile à l’Etat : doctrine qui débitée publiquement, dans tout le royaume, dans des représentations et des volumes innombrables, avec toute l’élégance, la pompe et le pathétique possibles, doit produire sur tous les esprits un bien plus mauvais effet que la tragédie et le commentaire del Rio, que personne ne connaît. […] César, intéressé à la faire respecter en sa personne, était trop prudent pour tenir le langage que lui prête l’envie de dire de grands mots, aux dépens de la sagesse et des mœurs. […] Je sais que Corneille était un honnête homme, je n’en veux point à sa personne ; mais on doit convenir qu’un spectacle dont les plus belles pièces débitent une si détestable morale, est infiniment dangereux pour la religion, les mœurs et le gouvernement. […] Pour celui-ci, je doute que personne se déclare son apologiste. […] Le meurtre de César est d’autant plus odieux, que cet Empereur, quoique d’abord conquérant injuste, était devenu légitime par l’approbation du peuple et du Sénat, qui l’avaient créé Dictateur perpétuel, et lui avaient conféré le pouvoir souverain ; ce qui rendait sa personne sacrée.

432. (1600) Traité des Jeux comiques et tragiques « [Traité] » pp. 3-62

Ainsi cette sacrée Maxime de l’inviolable autorité de la Parole de Dieu, ne sert que d’ombre, pour la Théorique, demeure sus la langue pour le discours ; estimée de nul usage, comme une monnaie inutile fors qu’à conter et jeter ; ou comme un beau fruit, venu hors sa saison, qu’un chacun regarde et loue, mais personne n’en mange. […] Pour le dire plus brièvement : les choses indifférentes se considèrent, ou en elles-mêmes, ou au regard des personnes, qui en usent. Considérées en elles-mêmes, elles sont ni bonnes, ni mauvaises ; Au regard des personnes, faut noter, que les personnes sont ou fidèles, ou infidèles ; celles-ci étant pollues, et en l’entendement, et en la conscience, tout ce qui en sort, est pareillement polluTit. […] Et pourra être vêtu d’habit de femme, un roi en son Trône, un Juge en son Siège, un Ministre en sa chaire, sans aucun blâme, avec toute honnêteté, et bienséance ; pourvu qu’ils protestent, que ce qu’ils en font, n’est pour tromper personne, mais pour user de la permission, et liberté Chrétienne ; voire il suffira, de laisser seulement le masque de femme, et montrer la face, afin qu’étant connus, un chacun voie, et juge, par charité Chrétienne, qu’ils n’usent point de fraude. […] Max. li.2. ca.2 db , qu’on n’apportât point de sièges pour s’asseoir, à voir jouer, ni dedans la ville, ni à mille pas près ; afin de n’y acoquiner personne.

433. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre X. Des Incidens & des Episodes. » pp. 159-164

On force la prison de Zaraès, on y massacre Iphis, au lieu de ce Prince, qui avoit ravagé l’Egypte pendant plusieurs années, qui y avoit été vaincu & jetté dans les fers, & n’étoit cependant connu de personne.

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