C’est bien sur le mariage que l’autorité paternelle est redoutable & autorisée par toutes les loix, qui exigent son consentement, ne permettent les actes de respect qu’après trente ans, déclarant l’engagement nul, permettant de déshériter, &c. […] Permets, Vesta, permets que j’expire en ces lieux : Mon sang est assez pur pour couler à tes yeux. […] Le bon Curé permet ces vœux, ce n’est qu’à Dieu qu’on ne peut consacrer sa vie, ce n’est que Dieu dont on ne peut sans témérité être toute remplie. […] N’est-ce pas avec raison que sa fille lui dit : Et vous l’avez souffert, & vous l’avez permis ? […] Dieu a permis qu’en voulant rendre la religion odieuse, l’Auteur tournât contre lui-même ses traits, & se rendit ridicule : foderunt ante faciem meam foveam, & inciderunt in eam.
Autre chimère : distinguer le dernier crime des préliminaires qui le commettent & y conduisent ; permettre l’un, & interdire l’autre. […] Il faut être en garde contre elle, même dans le mariage, & sous le masque d’un personnage comique il sera permis de la goûter, de l’exciter en soi & dans les autres ! […] Pourquoi se refuser ce que se permet tout le monde ? […] La loi de Moyse toléroit le divorce ; mais il fut toûjours très-rare parmi les Juifs, & quoique la loi Romaine le permît, personne n’en usa pendant cinq siecles. […] La fougue des passions permet-elle le délai d’un examen réfléchi ?
Faut-il permettre aux femmes d’aller à la Comédie ? […] On s’étoit attaché à flétrir par toutes les marques d’ignominie possibles un commerce honteux que la corruption de la nature ne permettra pas d’abolir entierement ; faute de meilleur expédient, on avoit appelé l’orgueil au secours de l’honnêteté. […] tout leur est permis, elles vont tête levée, il y en a par-tout. […] Du moins la loi le permet au Musulman, & il ne s’y livre qu’en secret ; la loi des Chrétiens le défend, & c’est en public que des Chrétiennes à leurs gages s’étudient à verser dans leur cœur un poison qu’ils disent criminel ; puis-je penser qu’ils en sont convaincus ? […] A ce compte les théatres de province ne leur sont pas permis ; ils sont bien subalternes.
Il est inutile de dire pour justifier les Comédies et les Romans, qu'on n'y représente que des passions légitimes ; car encore que le mariage fasse un bon usage de la concupiscence, elle est néanmoins en soi toujours mauvaise et déréglée ; et il n'est pas permis de l'exciter en soi ni dans les autres.
L’Opéra-Sérieux se permet seul de la dédaigner. […] Pour moi, s’il m’est permis de dire mon sentiment après les gens habiles, je recommande sur-tout aux Poètes l’Unité de lieu. […] Je pense qu’il leur est permis de mettre en action toute la vie de leurs personnages, de sorte que leurs Tragédies sont l’histoire détaillée de leur Héros ; car je ne crois pas qu’ils ayent de Comédies ; parce qu’une action comique ou la peinture d’un ridicule, ne sçaurait être d’une si grande étendue qu’une action purement tragique. […] Les Poèmes de nos grands maîtres sont ils remplis des disparates que se permettent quelques uns des jeunes Poètes qui se distinguent dans la carrière du Théâtre ?
Je n’eusse sans mourir quitté leur douce flamme, Si le Ciel n’eût permis que je vive en deux lieux, Et que gardant le corps, tout ce que j’ai de mieux Demeure, en vous laissant le gage de mon âme.
Puisqu’on demeure d’accord, et qu’en effet on ne peut nier que l’intention de Saint Thomas et des autres Saints qui ont toléré ou permis les comédies, s’ils l’ont fait, n’ait été de restreindre leur approbation ou leur tolérance à celle qui ne sont point opposées aux bonnes mœurs ; c’est à ce point qu’il faut s’attacher et je n’en veux pas davantage pour faire tomber de ce seul coup la dissertation.
[NDE] Ce texte est paru peu après la création de Dom Juan ou le Festin de Pierre de Molière : le permis d’imprimer est daté du 10 mai 1665, la pièce avait été créée le 15 février.
Le Parlement de Paris permit, par Arrêt du 9 Novembre 1543, aux Confrères de la Passiona (c’étoient nos premiers Comédiens) de s’établir dans l’ancien Hôtel des Ducs de Bourgogne qu’ils avoient acheté, & d’y avoir un théâtre, à condition de n’y jouer que des sujets profanes, licites & honnêtes, & leur fit de très-expresses défenses d’y représenter aucun mystère de la Passion, ni autres mystères sacrés. […] La Novell. 117 permet au mari le divorce, en cas que la femme aille auxdits Spectacles malgré lui. […] « du côté de la politique, à se rendre de plus en plus sevère sur le choix des Sujets ; 2°. du côté de la conscience, à maintenir les Règlemens déja établis, lesquels consistent à ne point permettre de Pièces tirées des Ecritures-Saintesa, ainsi que plusieurs Magistrats s’en sont déja déclaré ; 3°. à mettre ordre à la conduite des Acteurs & des Actrices, qui éclateroit trop, comme on en a vû plusieurs exemples ; à recommander enfin aux Censeurs de redoubler d’exactitude, pour ne souffrir dans les Pièces, ni impiétés, ni satyres personnelles, ni obscénités.
Remarquez encore ici en passant, que ce genre de Spectacle, plus contraire sans doute au Christianisme que la belle Comédie, n’est pas attaqué par les Misomimes avec le même acharnement : ils le traitent d’amusement permis : c’est ainsi qu’à Rome, à côté de la sage & modeste Comédie des Roscius & des Virginius, on vit les licencieuses Atellanes, qui seules ne deshonoraient pas leurs Acteurs ; non-seulement la Jeunesse, mais toute la Ville se passionna pour ce genre, qui corrompit enfin la bonne Comédie ; craignons le même sort. […] Parce que leur état ne leur permet pas de jeter sur le genre-Humain le regard du dédain, de l’humiliante pitié, ou de l’insolence ? […] Représentez-nous des femmes sans modestie, sans vertu, sans pudeur, dont les regards hardis font baisser la vue aux hommes ; qui ne rougissent de rien, ne voient de mal à rien, méconnaissent ou méprisent tous les devoirs de leur sexe : ces originaux-là sont chez vous, il vous est permis de vous en emparer : mais laissez nos Paysans ; ou du-moins ne prenez que ceux de Passy, de Chaillot, de Versailles & de Nanterre, que vous avez corrompus.
L'auteur à qui je réponds est un de ces sages réformateurs, mais comme il est encore apprenti dans le métier, il n’ose pas condamner ouvertement ce que nos prédécesseurs ont toujours permis. […] Il s’est si bien imaginé que c’est une charité des plus chrétiennes de diffamer un homme pour l’obliger à vivre saintement, que si cette manière de corriger les hommes pouvait avoir un jour l’approbation des docteurs et qu’il fût permis de juger de la bonté d’une âme par le nombre des auteurs que sa plume aurait décriés, je réponds, de l’humeur dont je le connais, qu’on n’attendrait point après sa mort pour le canoniser. […] Mais aussi, s’il m’est permis de reprendre mes maîtres, je vous ferai remarquer que vous laissâtes glisser dans votre critique quelques mots qui tenaient plutôt de l’animosité que de la véritable dévotion.
« Mais, si la religion nous permet certains divertissements, elle ne les permet que comme un remède à notre faiblesse, et pour nous préparer à de plus sérieuses occupations. […] Si c’était dans un homme à qui la dépravation de nos mœurs permît tout ; mais non, c’est dans une femme dont on affecte de vanter la modestie, qu’on présente comme un modèle de vertu, comme une héroïne.
Une noble émulation ne leur permet pas de laisser emporter la couronne aux Perruquiers. […] Mais peut-on s’aveugler jusqu’à ne pas sentir que c’est les avoir perdues que de se permettre & de débiter des sentimens si peu chrétiens, si peu honnêtes, & de proposer, pour acquérir la perfection de l’art, les excès de ces monstrueux modeles. […] Celle-ci suffit pour amuser, & c’est tout ce qui en est permis : mais il ne suffit pas pour en faire un spectacle ; elle doit peindre les passions & les inspirer, imiter leurs excès, ce n’est plus danser qu’imparfaitement : c’est un pantomime, une partie de la piece. […] Il n’est pas plus permis de présenter l’impureté par les mouvemens & les gestes, que par les paroles & les tableaux ; il n’est pas plus permis de la regarder sous ces traits que sous d’autres : c’est un vrai scandale. […] Mais il paroît que tout ne rouleroit que sur des critiques purement littéraires, aucune sur les mœurs & la décence que tout y blesse, & sur le mépris que mérite Moliere à ce titre ; lui qu’un aveugle enthousiasme voudroit canoniser, quoique l’intérêt même des mœurs ne permette pas qu’on accrédite un homme qui les a si peu respectées, & dans sa conduite, & dans ses ouvrages.
Il est inutile de dire, pour justifier les Comédies et les Romans, qu'on n'y représente que des passions légitimes et qui ont pour fin le mariage; car encore que le mariage fasse un bon usage de la concupiscence, elle est néanmoins en soi toujours mauvaise et déréglée ; et il n'est pas permis de l'exciter, ni dans soi-même, ni dans les autres.
une des raisons de condamner le théâtre en général ; parce que, la coutume régulièrement ne permettant pas d’y produire les femmes, leurs personnages étaient représentés par des hommes, qui devaient par conséquent, non seulement prendre l’habit et la figure, mais encore exprimer les cris, les emportements, et les faiblesses de ce sexe : ce que ce philosophe trouvait si indigne, qu’il ne lui eût fallu que cette raison pour condamner la comédie.
Approbation des Docteurs Le but que s’est propose l’Auteur du Livre qui porte pour titre, Histoire et Abrégé des Ouvrages Latin, Italien et Français, qui ont paru dans ce Siècle, pour et contre la Comédie et l’Opéra, est de détruire les raisons de ceux qui croient ces Spectacles permis, et d’appuyer celles de ceux qui les condamnent ; ce qu’il fait par des réflexions solides tirées de l’Ecriture des Pères, et de la conduite de l’Eglise dans tous les temps.
Signé, par le Roi en son Conseil, Boucher : Il est permis au Sieur L * * p * * * * de faire imprimer, vendre et débiter un Livre intitulé, Réfutation des Sentiments relâchés d’un nouveau Théologien touchant la Comédie, avec une Décision de Sorbonne sur la même matière, par tel Imprimeur ou Libraire qu’il voudra choisir, tout ensemble ou séparément et en tel volume, marge et caractères, qu’il jugera à propos : et ce pendant l’espace de Six Années.
Le démon peut agir sur les corps ; il l’a fait plusieurs fois lorsque Dieu le lui a permis : l’ancien & le nouveau Testament en rapportent beaucoup d’exemples ; l’Eglise en est persuadée, les prieres, les exorcismes, qui sont de la plus haute antiquité, ne permettent pas d’en douter : mais les circonstances ridicules, infâmes, extravagantes qu’on y ajoute, ne portent sur aucune autorité, l’Ecriture n’en rapporte aucune, l’Eglise les condamne.