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415. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Le Comte de Chavagnac & le Marquis de… » pp. 188-216

Après l’abdication de Casimir, Roi de Pologne, le Prince Charles de Lorraine sollicita beaucoup pour être élu, & pensa l’être. […] La debauche regne, & on oublie une mort prochaine, dont tout rappelle le souvenir, & avance le fatal moment, qui plus qu’ailleurs arrive le moins qu’on y pense.

416. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VII. Autre suite de diversités curieuses. » pp. 173-202

Bouhours, Maniere de bien penser, qui d’ailleurs louoir le talent de Moliere, blâmoit avec raison les exagérations grossieres & gigantesques, communes dans ses pieces, par exemple, dans l’Avare qui a perdu sa cassette : Je n’en puis plus, je me meurs, je suis mort, le suis enterré, n’y a-t-il personne qui veuille me ressusciter ; je veux faire pendre tout le monde, & me pendre moi-même après ; montre-moi ta troisieme main , &c. […] Il est vrai que ce n’est pas le Temple de l’immortalité ; la postérité qui n’est pas payée n’étale plus la marchandise, & ne pense plus à l’acheteur ; il survit même souvent à sa gloire.

417. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre I. Mêlanges Dramatiques. » pp. 8-39

Mais la ville de Paris demeure chargée des pensions des acteurs, qui montent à 150000 livres, somme honnête pour des histrions : l’Hôpital coûte moins. […] Jamais il n’a parlé de danse, & n’a pensé qu’en chantant ses divins cantiques, les lévites dansassent sur les marches du temple.

418. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre IV. Du Conquérant de Sans-souci. » pp. 88-120

Donnez dans votre Cour le plus grand éclat à vos actions ; que personne n’écrive que pour louer tout ce que vous faites ; pensez toujours en maître ; si on vous manque, réservez votre vengeance jusqu’au moment où vous pourrez en tirer une satisfaction complette ; ne craignez pas les représailles, tampis pour celui de vos sujets sur qui elle tombera ; il faut avoir l’autorité d’un Despote absolu. […] Il est aisé de se faire adorer ; j’ai dis & on a cru que je voulois réformer les abus de la chicane ; j’avoue à ma honte que je n’y ai pas pensé, & que je regrette cinq cens mille livres qui m’en reviendroit par an de mes droits.

419. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre VI [V]. Élizabeth d’Angleterre. » pp. 142-187

Elle pensa le suivre ; mais se consola en faisant de ce tendre amant l’oraison funebre la plus singuliere. […] Toute l’Europe étoit en suspens, & ne savoit qu’en penser. […] qui n’auroit pensé qu’après un si grand éclat, & un si long sejour, il ne se seroit pas accompli ?

420. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre II. Suite d’Elisabeth d’Angleterre. » pp. 33-82

C’est bien dégrader une si grande Reine de la comparer aux Religieuses, & trois Royaumes de les mettre sur la même ligne, avec une cinquantaine de moines qui composent l’Ordre de Fontevrault ; y pense-t-on de justifier la nouvelle Eglise par l’exemple du Papisme que l’on abhorre, & une si petite portion du Papisme à peine connue ? […] Le Duc d’Albe, alors Gouverneur des Pays-Bas, appeloit ce manège une farce politique ; & la Reine une Actrice qui gagne par ses flatteries sans s’engager elle-même, dit une chose & en pense une autre, promet tout & ne tient rien, & trompe tout le monde comme sur le théatre, & cependant persécute les Catholiques & détruit leur Religion. […] Les Protestans des deux Royaumes, la Reine d’Angleterre & le Roi de Navarre se soutenoient mutuellement, ils pensèrent se brouiller quand Henri se fit Catholique, la Reine en fut offensée & n’avoit pas tort, il abandonnoit ses amis & sa Religion, se mettoit dans la nécessité de les combattre, & faisoit courir un grand risque aux Protestans des deux Royaumes & de Hollande qui avoient droit de comprer sur lui ; elle le traitoit d’ingrat, de lâche, d’apostat, disoit qu’il étoit plus comédien qu’elle, qu’après avoir été long-temps à la tête du parti, il avoit renoncé à sa Religion, par crainte sous Charles IX qu’il y étoit retourné ensuite, & l’abjuroit une seconde fois par intérêt, pour se livrer bassement au Pape, elle retira ses troupes qu’elle avoit envoyées au secours d’Henri, qui dans le premier moment la traita de Comédienne.

421. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre IV. Henri IV. » pp. 121-168

Les Protestans lui sont redevables d’une liberté de conscience qui dureroit encore, si Louis XIV eut pensé comme son grand-père. […] A quoi pense-t-on de faire paroître sur la Scène un ministre qui efface son Prince, à qui le Prince doit presque toute sa gloire ? […] La mode & l’enthousiasme aveuglent ; on se persuade que tout pense comme nous ; on croit que la majesté éleve les foiblesses, & au contraire les foiblesses deshonorent la majesté ; on croit que le Théatre illustre, & il avilit les plus grands hommes.

422. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre VIII. Assertions du Théâtre sur le tyrannicide. » pp. 130-174

Je n’aurais peut-être jamais pensé à aller chercher sur le théâtre la doctrine du tyrannicide, si le livre des Assertions de la morale des Jésuites, et d’après lui tous les comptes rendus au Parlement, ne m’avaient fait comprendre combien elle y est dangereuse. […] Le grand Prêtre entreprend artificieusement de détacher par principe de religion, du service de la Reine, Abner un de ses principaux Officiers, sans même lui apprendre le secret de l’existence du Roi, ce qui certainement était en lui un crime, et il emploie pour donner plus de poids à la séduction, la voix de Dieu même, à qui il fait dire : « Par de stériles vœux pensez-vous m’honorer ? […] Non, qu’une affreuse mort tous trois nous réunisse. » Pour la tragédie de Mahomet ou du Fanatisme, l’Auteur lui-même, sans y penser et s’efforçant de la défendre, fournit de quoi lui faire le procès.

423. (1600) Traité des Jeux comiques et tragiques « [Traité] » pp. 3-62

L’odeur de cette Maxime se sent partout ; en l’Eglise, en la Policeb ; en public, et en particulier : Est trouvée bonne même par quelques-uns de ceux, qui de bouche en approuvent une toute contraire, à savoir : Que la pure parole de Dieu, sans aucune sophistrie, doit être la seule loi, guide, règle, balance, et lumière de notre foi, et de toutes nos actions ; laquelle ils ébrèchent, affaiblissent, et énervent par telles exceptions, modifications et restrictions, que requièrent leurs affaires, en font un nez de cire, une règle de plomb, pour l’accommoder à leurs fantaisies : Et cependant ils se plaindront, aussi bien que nous, de la corruption ; confesseront, qu’elle se glisse partout, comme l’air : Mais chacun exceptera et exemptera de ce blâme, dispensera de ce titre sa corruption particulière, pensera faire œuvre de charité, de persuader à autrui, par quelque apparence de raison, ce qu’il s’est imprimé en son cerveau par une folle opinion ; plus il se trouvera d’absurdité en la chose, de difficulté en la preuve, de danger en la créance ; plus apportera-t-il d’artifice pour la colorer, d’autorité pour l’établir, d’opiniâtreté pour la maintenir. […] Ne pensent les pouvoir bien conduire, s’ils ne courbent leurs âmes, ni tenir la droite voie, s’ils ne gauchissent de fois à autre, prenant pour Règle, l’obliquité ; pour loi, leur fantaisie ; pour guide, les ténèbres ; pour compagnie, la multitude ; pour Exemple, la vanité ; pour but, la volupté. […] Voilà à quelles gens il appartient de se plaindre de nous, à savoir aux Païens ; non aux Chrétiens, qui se souviennent de la règle, que l’Apôtre prescrit à toutes nos actionsPhil. 4 ff , quand il dit : « Toutes choses qui sont vraies, toutes choses honorables, justes, pures, amiables de bonne renommée ; S’il y a quelques vertu, et quelque louange, pensez à ces choses.

424. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre III. Que les anciens Pères de l'Eglise défendirent aux Chrétiens d'assister aux Jeux du Théâtre, parce que c'était participer à l'Idolâtrie. » pp. 57-89

« Quand je pense que vous oubliez notre Doctrine et nos Enseignements au premier souffle de Satan, que vous avez abandonné la révérence du Carême, pour vous laisser prendre aux filets du Diable, et que vous courez à ces Jeux de Chevaux ou Cavalcade de Satan, j'en suis triste et même irrité.

425. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Sentiments des Pères de l'Eglise sur la comédie et les spectacles — 4. SIÈCLE. » pp. 120-146

Plusieurs s'imaginent qu'il n'est pas certain que ce soit un péché, de monter sur le Théâtre, et d'aller à la Comédie: Mais quoi qu'ils en pensent, il est certain que tout cela cause une infinité de maux ; car le plaisir qu'on prend aux Spectacles des Comédies, produit la fornication, l'impudence, et toute sorte d'incontinence.

426. (1804) De l’influence du théâtre « DE L’INFLUENCE DE LA CHAIRE, DU THEATRE ET DU BARREAU, DANS LA SOCIETE CIVILE, » pp. 1-167

Si dans une même discussion, j’ai cru devoir renfermer ce qui appartient spécialement à l’artiste dramatique et à l’orateur ou chrétien ou profane, ce n’est pas évidemment que j’aie pensé qu’on pût jamais établir aucun parallèle entre eux. […] Si réellement, ne craignons pas de l’avouer, ceux-ci ont trop de propension à secouer le joug le plus doux, à se révolter contre l’autorité la plus sage et la plus légitime, ceux-là quelquefois, osons aussi le dire, éblouis par l’éclat de leur puissance, ne pensent point assez qu’ils n’ont le pouvoir en main que pour faire des heureux. […] Je sais tout ce qu’on peut objecter pour ou contre eux, ce qu’en ont pensé les anciens, ce qu’en pensent encore les modernes. […] Pensez-vous, Monsieur, que cet ordre soit sans inconvénient, et qu’en augmentant avec tant de soin l’ascendant des femmes, les hommes en soient mieux gouvernés ? […] gardons-nous de le penser !

427. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre IV.  » pp. 97-128

Nous avons parlé ailleurs du Pape Leon X, des Médicis, par rapport à la comédie, ces noms fameux par des richesses immenses, acquises dans le commerce, a été célébré par tous les litérateurs, parce que cette famille opulente par une libéralité jusqu’alors inconnue, fesoit des pensions aux gens de lettres, moins à la vérité pour amour pour les sciences, ils n’ont rien écrit, ils n’étoient pas savant, par que magnificence & par vanité ; elle est encore plus fameuse par les statues, les tableaux infâmes dont elle a rempli ses palais, la ville de Florence & toutes les écoles de peinture & de sculpture ; par les maux que deux Papes de ce nom ont fait à l’Eglise, & deux Reines, sur-tout la premiere, ont fait à la France. […] C’est une entreprise fole, tout le monde le dit ; mais personne ne pense combien elle est dangereuse pour le salut.

428. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VI. Anecdotes de Cour. » pp. 171-202

Il faut avoir un fonds inépuisable, de la plus basse flatterie, pour pouvoir penser & oser dire qu’on peut faire un éloge du crime & du scandale, comme si indépendamment de la Religion chrétienne, comme si dans toutes les religions & dans tous les pays du monde, par la simple raison naturelle, un double adultere, qui a duré quinze ans, d’où il est venu sept à huit enfans reconnus pour illégitimes, & qu’on a légitimés, pouvoit jamais être excusé ; à plus forte raison, être la matiere d’un éloge. […] L’Empereur fort gai, qui ne pense plus à son père, & demande une maîtresse pour en faire sa femme, l’Amour lui montre le portrait de l’Archiduchesse Antoinette, qu’il lui promet.

429. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. Suite de Mêlanges. » pp. 84-120

Les Tailleurs pensent plus noblement : ils prétendent aux plus hautes dignités de la littérature. […] On a toujours reproché à la Comédie Françoise un caractere, un goût efféminé qui en fait le fruit & l’école du libertinage ; de-là cette fureur de mettre par-tout l’amour, d’adorer par-tout les femmes, de ne penser, chanter, danser, peindre que galanteries ; de-là l’esprit général des acteurs, spectateurs, amateurs, auteurs, qui n’est pêtri que de débauches, l’empire des actrices, la vogue des parures toutes les plus indécentes, l’imitation des femmes qui semble avoir changé les sexes, ou plutôt ne faire qu’un même sexe des hommes & des femmes.

430. (1731) Discours sur la comédie « SECOND DISCOURS » pp. 33-303

Il n’en faudrait pas davantage pour montrer ce qu’on doit penser de tout ce qu’avance le prétendu Théologien. […] L’Histoire nous fournit dans ce siècle des monuments plus décisifs pour connaître ce qu’on pensait de la profession du Théâtre. […] Mais ne croyons pas pour cela, Messieurs, que l’Ecriture ne nous ait point marqué ce que nous devons penser des spectacles, comme l’a osé dire le prétendu Théologien page 3. […] Mais de peur que vous ne m’accusiez de vouloir m’épargner la peine de vous répondre ; voici ce que je pense sur ces difficultés. […] Je pense, Monsieur que vous devez me savoir bon gré de ne vous avoir presque rien dit de moi-même.

431. (1756) Lettres sur les spectacles vol. 2 «  HISTOIRE. DES OUVRAGES. POUR ET CONTRE. LES THÉATRES PUBLICS. — NOTICES. PRÉLIMINAIRES. » pp. 2-100

Je suis indigné, & mon zele a peine à se retenir, quand je pense à tant de livres infames, connus sous le nom de Contes & de Romans, dont nous sommes inondés. […] On ne trouva plus alors rien de beau que ce qui avoit été pensé & dit par les Auteurs du Paganisme. […] On pense bien que c’étoit dans les Pieces Tragiques que se trouvoit ce grand intérêt produit par les allusions aux événemens.

432. (1685) Dixiéme sermon. Troisiéme obstacle du salut. Les spectacles publiques [Pharaon reprouvé] « La volonté patiente de Dieu envers Pharaon rebelle. Dixiéme sermon. » pp. 286-325

Tertullien considerant que les premiers Chrétiens dont la foy étoit encore tendre & delicate, se laissoient entraîner au plaisirs des spectacles publiques, par l’exemple des Gentils, a employé toute la force de ses raisons pour les en détourner, en leur faisant voir que les divertissemens du theatre n’étoient proprement qu’un reste de superstition & d’idolatrie, qui perseveroit encore dans le christianisme, à la honte des Chrétiens ; & que toutes les choses qui se representoient dans ces fortes de spectacles, n’étoient dans le fond qu’une idolatrie deguisée, & qu’un paganisme travesty, dont le demon étoit l’autheur ; je ne sçay pas ce que vous en pensés, mais voicy ce qu’il en a dit : dæmones ab initio prospicientes sibi . […] Oüy M. vous avez besoin d’un grand pardon & d’une grande misericorde, puisque les crimes qu’on commet à la comedie, sont plus grands que vous ne pensés ; la sainteté de la Religion y est profanée, les vœux du Baptême y sont violés, & pour comble d’iniquité, l’innocence des mœurs y est corrompuë. […] Voilà la raison pour laquelle on trouve aujourd’huy si peu de sainteté dans le monde, & si peu de Saints parmy les Chrétiens : en effet, M. je soûtiens aprés y avoir bien pensé, & m’en être bien convaincu, qu’il n’y a rien entre toutes les vanités du siecle & tous les plaisirs de la vie, qui soit plus propre à corrompre la pureté du christianisme, & l’innocence des mœurs des Chrétiens, que les divertissemens du theatre & de la comedie.

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