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364. (1704) Des Bals et Comedies « Des Bals et Comedies. » pp. 31-33

Esprit les y conduise, ce qui est un blasphème dont personne ne peut être capable, quelque passion que l'on puisse avoir pour la Comédie, et l'Opéra ?

365. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — VIII.  » p. 462

Que ceux et celles qui ne sentent point que les Romans et les Comédies excitent dans leur esprit aucune de ces passions que l'on en appréhende d'ordinaire ne se croient donc pas pour cela en sûreté, et qu'ils ne s'imaginent pas que ces lectures et ces spectacles ne leur aient fait aucun mal.

366. (1675) Traité de la comédie « IX.  » pp. 284-285

Que ceux donc qui ne sentent point que les Romans et les Comédies excitent dans leur esprit aucune de ces passions que l'on appréhende d'ordinaire, ne se croient pas pour cela en sûreté, et qu'ils ne s'imaginent pas que ces lectures et ces spectacles ne leur aient fait aucun mal.

367. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE II. Anecdotes de Théatre.  » pp. 41-71

Rien n’est petit quand la passion s’en mêle, & elle est d’autant plus forte ici, sur des bagatelles, que l’on y a moins de sujets graves, & capables de faire diversion. […] La peinture trop naïve des foiblesses humaines est plus propre à réveiller la passion qu’à l’éteindre, de quelque précepte qu’on l’assaisonne. […] Autant l’Eglise est déclarée contre les spectacles, parce qu’ils sont opposés à l’esprit du christianisme ; autant la police voit avec peine leur interruption, à cause du désordre que cette interruption peut entraîner ; ainsi par une de ces contradictions si fréquentes dans notre morale, ce qui corrompt les mœurs, sert donc à réprimer leur corruption, du moins à substituer aux passions fougeuses qui troubleroient l’ordre public des passions, plus douces & plus tranquilles. […] Ils ne voyent pas qu’en entretenant la passion & le vice il conduit au même mal, dont on le dit le reméde, & qu’il est lui même un très-grand mal, auquel on ne remédie pas. […] Sa passion l’entraîna si loin, qu’il répudia l’Impératrice, pour mettre l’histrionne à sa place.

368. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE IV. Le vice élevé en honneur et substitué à la place de la vertu sur le Théâtre Anglais. » pp. 240-301

Mais comme la passion de plaire et de réjouir s’usurpe des privilèges sans mesure sur notre Théâtre, il est bon de dire un mot du sentiment d’Aristote à ce sujet. […] Puisque nous en sommes à des suppositions, il pourrait se faire aussi qu’on ne se conciliât point l’attention de l’assemblée si l’on ne poussait les passions à outrance : et quand les gens sont malades, ne faut-il pas avoir des complaisances pour eux ? […] Est-il rien de plus honteux que de vivre esclave de toutes les passions ? […] Le repentir d’Œdipe et de Jocaste dans Sophocle est d’une autre nature : l’horreur dont leur reconnaissance a été la source reste toujours dans leur esprit : il ne leur échappe aucun désir de rechute : il ne leur revient de leur première passion aucune pensée criminelle. […] Et de prétendre ici qu’il faut passer à Torrismond ces extravagances sur le compte de sa violente passion, ce serait alléguer une excuse plus coupable encore, s’il se peut, que la faute.

369. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE V. Suite du Théatre de S. Foix. » pp. 105-139

caressoit au fond du cœur toutes les passions cruelles : il étoit de la nature de son ame de produire des crimes, comme une plante venimeuse produit le poison. […] que devient la liberté, si le crime est dans la nature de l’ame, si l’homme n’est qu’une plante, si l’on disoit, M. de … né libertin, caresse au fond de son cœur les passions impures ; il est de la nature de son ame de produire des obscénités comme une plante venimeuse ! […] L’Ange Raphaël le donna à Tobie, ce qui fut très-agréable à Dieu, & lui mérita la grace d’être délivré du démon qui avoit fait mourir les sept premiers maris de Sara, qui ne cherchoient dans le mariage que la satisfaction de leurs passions brutales. […] Mais la passion est aveugle, l’irréligion est injuste. […] voit-il autre chose que la passion ?

370. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [N] » pp. 431-435

Le moyen que je viens de proposer, pour rendre utile le Théâtre-Ephébique, n’est pas le seul ; il en est un autre, peut-être moins avantageux pour les jeunes Acteurs, mais dont l’effet serait plus présent pour le Public : Qu’on abandonne tout-à-fait le mauvais genre de Pièces, adopté, faute de pouvoir mieux par le Néomime soumis au caprice des Grands-Comédiens : au lieu d’intrigues communes & triviales, de passions froides, dont l’expression est aussi gauche que messéante dans la bouche des Enfans-acteurs, qu’ils jouent de petites Pièces plus proportionnées à leur âge ; par exemple, que ces nouvelles Atellanes peignent les passions, les goûts, les défauts de l’Enfance : qu’on prenne encore des sujets naïfs dans les Fables de Lafontaine de Lamotte &c.

371. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE IV. Pieces singulieres. » pp. 107-153

Cet ouvrage, dicté par la passion & l’irréligion, n’a eu qu’un jour de vie, & n’en méritoit pas tant. […] Il n’y a ni intrigue, ni dénouement, ni intérêt, ni passions, en mouvement & en action : on ne fait que raconter les opérations du Gouvernement. […] L’Auteur ose encore censurer Athalie, parce que les passions n’y ont ni la chaleur ni la violence des sujets profanes ; car il aime, ce galant homme, la violence des passions. […] du vice & des passions, qu’il enseigne & qu’il embellit, qu’il fait goûter, qu’il enflamme, qu’il pousse à l’excès. Le plaisir n’est-il pas le ressort des passions & des vices ?

372. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — XII.  » p. 467

Et par conséquent y ayant encore tant de corruptions et de passions vicieuses dans les Comédies qui paraissent les plus innocentes, c'est une marque qu'on ne haït pas ces dérèglements, puisqu'on prend plaisir à les voir représenter.

373. (1675) Traité de la comédie « XII.  » pp. 291-292

Et par conséquent y ayant encore tant de corruptions, et de passions vicieuses dans les Comédies les plus innocentes, c'est une marque qu'on ne hait pas ces dérèglements, puisqu'on prend plaisir à les voir représenter.

374. (1733) Theatrum sit ne, vel esse possit schola informandis moribus idonea « Theatrum sit ne, vel esse possit schola, informandis moribus idonea. Oratio,  » pp. -211

En trouveroit-il de plus propre à éteindre le feu des passions, ou à laver les taches & les vices du cœur humain ? […] Vous gourmandez d’un air sévére & grondeur notre connivence avec nos passions. […] Vous philosophez sur les passions humaines avec beaucoup de subtilité ; le dirai-je aussi ? […] Ils chargerent donc la premiere d’adoucir les mœurs, & de calmer les passions par l’usage de la terreur & de la pitié. […] Dans Athénes la Tragédie se servoit du ressort des passions pour les guérir : elle le met en œuvre aujourd’hui pour augmenter leurs maux.

375. (1781) Lettre à M. *** sur les Spectacles des Boulevards. Par M. Rousseau pp. 1-83

Il serait risible de le dire, & absurde de le penser ; mais détaillons ici tous les abus, les accidens les plus ordinaires, & les vices qu’engendre cette malheureuse passion pour les femmes libertines ou galantes, qui sont courir les jeunes gens aux Trétaux. […] Cet échec, loin de la rendre plus sage, ne sert qu’à enflammer son imagination, à tourmenter toutes ses facultés : c’est le propre de certaines passions, de s’accroître en proportion des obstacles qu’elles rencontrent. […] Je dis en dernier lieu, que la fréquentation des Spectacles Forains & autres de cette espece, dont une passion criminelle pour les filles de joie, nous fait contracter le goût, engendre la fatuité. […] Un crime, un attentat, une horreur, rien ne l’effraye, excepté les coups de poignard, que sa main n’a pas le courage de porter ; il est capable de tout lorsqu’il s’agit de satisfaire ses passions détestables. […] On ne parle, au contraire, dans les conversations & dans les écrits, que de passions douces, de cœurs honnêtes, d’esprits honnêtes, d’ames honnêtes, de créatures honnêtes.

376. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE V. Remarques sur L’Amphitryon, Le Roi Arthur, Don Quichotte et Le Relaps. » pp. 302-493

pour contenter ici-bas sa passion et y consacrer l’Eternité toute entière. […] « Que la Comédie excite les passions et en pervertit l’usage ; et que par conséquent elle est très dangereuse pour les mœurs. […] L’objet de la passion des Héros du Théâtre n’est pas moins que leur divinité. […] qu’un homme à vendre son ami et son père, s’il le fallait, pour contenter sa passion ? […] On y élève en honneur les passions et les vices, qu’il est du devoir essentiel de la raison de mettre dans le décri.

377. (1823) Instruction sur les spectacles « Introduction. » pp. -

Comme il n’y a point de divertissements qui flattent davantage les passions, on ne néglige rien pour s’en assurer une possession douce et tranquille ; on s’en forme une idée métaphysique ; on en sépare dans la spéculation le mal qui en est inséparable dans la pratique ; et on s’imagine ensuite qu’il n’y a point de mal à les fréquenter.

378. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — XVIII.  » p. 474

N'écoutons plus ce penser suborneur. » Et la raison en est que les passions s'excitent par les objets et par les fausses opinions dont l'esprit est prévenu.

379. (1675) Traité de la comédie « XVIII.  » pp. 300-301

Il ne faut pas s'imaginer que ces méchantes maximes dont les Comédies sont pleines ne nuisent point; parce qu'on n'y va pas pour former ses sentiments, mais pour se divertir: car elles ne laissent pas de faire leurs impressions sans qu'on s'en aperçoive ; et un Gentilhomme sentira plus vivement un affront, et se portera plus facilement à s'en venger par la voie criminelle qui était ordinaire en France, lorsqu'il aura ouï réciter ces Vers: « Mourir sans tirer ma raison : Rechercher un trépas si mortel à ma gloire ; Endurer que l'Espagne impute à ma mémoire D'avoir mal soutenu l'honneur de ma maison; N'écoutons plus ce penser suborneur. » Et la raison en est que les passions ne s'excitent pas seulement par les objets, mais aussi par les fausses opinions dont l'esprit est prévenu.

380. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique —  CHAPITRE VI. Histoire de la Poësie Dramatique chez les Romains. » pp. 145-175

Ce Spectacle, dont je parlerai dans le dernier Chapitre, bien plus propre à exciter la colere de Pline, contre les mœurs de sa Patrie, que le double Théâtre de Curion, devint la seule Passion, & la honte des Romains. […] La Passion des Romains pour les Jeux devint si grande, que dans une famine qui affligea Rome sous Gratien, tandis que pour conserver les Citoyens naturels, on fit sortir tous les Etrangers par une barbarie qu’Ammien, Historien Payen, a condamnée, on conserva trois mille Comédiennes avec tous ceux qui contribuoient aux divertissemens des Théâtres. Ce n’étoient point des Piéces faites pour plaire à l’esprit, qui excitoient cette Passion ; on en exécutoit quelquefois : Saint Augustin dans ses Confessions nous fait entendre qu’il avoit assisté à des Piéces qui l’attendrissoient. […] Si le Romain, malgré sa passion pour la Poësie, n’a pu égaler les Grecs, dont il suivoit les traces, sa sincérité du moins est admirable, il l’a toujours avoué.

381. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE III. Des Pièces de Collège. » pp. 48-67

La comédie leur offre l’image du monde, la peinture des vices, le désordre des passions, la corruption du cœur humain, le détail des ridicules. […] Une précaution des plus essentielles, si l’on veut faire représenter, c’est de n’y faire point entrer la passion de l’amour, quelque honnête et légitime qu’elle puisse paraître. » M. […] Ainsi écarte-t-on le danger des spectacles ordinaires : mélange des sexes, parures, nudités, attitudes efféminées, discours libres, tendres, galants, passions vives, vivement rendues, qui toujours se récitant en français, font peu d’impression dans une langue étrangère. […] Mais on veut des passions, on veut des femmes, on veut de l’amour, on veut plaire au monde, et malgré la gravité et la sainteté de l’état, c’est toujours un coup d’œil sur les plaisirs auxquels on a renoncé : l’humanité perce.

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