Or saint Thomas condamne de péché mortel le ris et la joie immodérée ; car aprés s’être fait cette question, « S’il peut y avoir du péché dans la superfluité du jeu, voici comme il répond : Il est écrit, le ris sera mêlé de douleur, et la joie se terminera par des pleurs : Ce que la Glose explique des pleurs éternels. […] Ces personnes se croient en sûreté, quand elles ont demandé, s’il y a péché mortel à prendre ces divertissements : elles veulent une réponse juste et décisive. […] Mais y a-il péché ? […] Péché dans le mauvais usage de l’argent que l’on y dépense : Dieu vous fera voir au Jugement que vous pouviez ce jour-là donner du pain à vingt pauvres qui en ont manqué. […] Voila pourquoi la Loi politique laisse impunis quantité de péchés, ou parce qu’ils ne sont pas de son ressort, ou parce qu’elle ne peut les empêcher tous.
N’est-ce pas une chose étonnante et digne de larmes, de voir que des Chrétiens qui sont obligés à une vie si pure et si sainte, se jettent eux-mêmes dans les lacets du diable et du monde, et s’exposent hardiment et sans aucune crainte dans les périls effroyables du péché, sans faire aucun cas, ni des avertissements du saint Esprit, ni de la gloire de Dieu, ni de leur propre salut ? Qu’on ne nous croie donc point trop sévères, si dans un siècle si corrompu, et dans l’état où sont les bals, et les danses de ce temps, nous n’osons point excuser de péché ceux qui les fréquentent, puis qu’Alexandre de Halès Auteur célèbre, Parte 4. citat. et recommandable par sa doctrine et par sa piété, n’ose point exempter de la même faute, c’est-à-dire du péché mortel, ceux qui n’étant venus que comme forcés, ou par rencontre dans ces assemblées, s’y arrêtent avec danger d’y concevoir quelque mauvais désir, et d’être touchés de quelque affection dangereuse. Et il n’y a point d’homme raisonnable qui n’entre dans ce sentiment, s’il considère sans préoccupation et devant Dieu, avec quelle facilité les hommes et les femmes du monde tombent dans des péchés intérieurs, c’est-à-dire, de pensée et d’affection, et combien peu d’attention ils font à eux-mêmes pour n’y tomber pas, ou même pour les remarquer lorsqu’ils y sont tombés. […] Mais ceux qui vont au bal et qui fréquentent la danse, ne sont pas les seuls coupables ; les hautbois, les violons, les joueurs de tambour, et toutes les autres personnes qui servent à cet exercice, pèchent aussi grièvement, parce qu’elles contribuent au mal que les autres font ; et leur métier est illicite à l’égard des bals et des danses, parce qu’il est employé pour des actions qui sont toujours accompagnées du péché.
Les intérieures en l’âme car l’exercice et la pratique de la vertu, porte avec soi une grande paix, joie, et tranquillité de cœur, qui est comme un avant-goût des joies, et des délices du Paradis : comme à l’opposite, le péché traîne avec soi sa peine, et est un commencement de celle à laquelle il engage le pécheur dans un Enfer éternel : ce qui a fait dire au Philosophe Sénèque, « Que la plus grande peine du péché est d’avoir péché. […] Jouer une somme excessive, est péché. […] Les péchés qui se font en la façon de jouer. […] En même temps que vous étiez au bal, plusieurs âmes brûlaient en enfer, pour les péchés commis en la danse. […] Les péchés qui se font en la façon de jouer.
les grandes fortunes donnent-elles de la grace au péché ? […] Le péché, qui en est la source, fut commis par l’homme, aussi bien que par Eve. […] Adam & Eve avant leur péché avoient toutes les vertus. […] Ce sont les couleurs du vice, les traits du péché, le pinceau du mensonge. […] Le péché leur portera le coup mortel.
Thomas demande dans la danse, afin qu’elle puisse être exemte de péché, & sans lesquelles elle est certainement vicieuse & condamnable. […] D’où il conclut qu’il n’arrive presque jamais que la danse soit sans péché ; & ideo rarò aut numquam fit sine peccato. […] , que ce seroit un moindre péché de travailler un jour de Fête, que de s’occuper à ces sortes de danses, où régne toujours un libertinage certain. […] Que les pères & les mères, les maîtres & maîtresses qui permettent à leurs enfants & domestiques, de se masquer, participent à tous les péchés qu’ils commettent à l’occasion de ce déguisement. 3. […] Ils ont beau dire qu’ils ne prétendent pas consentir au péché de ceux qui s’en servent, ils ne laissent pas d’être coupables : car s’il n’y avoit point d’artisans qui fissent & vendissent des masques, on n’en verroit pas tant dans les rues & dans les bals, au grand scandale des gens de bien.
De sorte que si cet excès est un péché, les Histrions devraient être toujours dans un état de péché mortel, comme aussi tous ceux qui se divertiraient par leur entremise, ou qui soutiendraient cet art par leurs libéralités. Ce qui n'est pas véritable ; au contraire, nous lisons dans la vie des Pères que Saint Paphnuce apprit par révélation qu'un certain Acteur de son temps serait quelque jour égal en la possession de la gloire du Ciel. » Et pour réponse à cette objection cet illustre Théologien dit, « Que le divertissement est nécessaire à l'entretien de la vie humaine, et que pour y parvenir on peut établir quelques emplois licites, comme l'art et le ministère des Histrions ; que quand on le fait pour cette fin, on ne peut pas dire que leur exercice soit défendu, ni qu'ils soient en état de péché quand ils le font avec quelque modération, c'est-à-dire, sans y mêler des paroles malhonnêtes, et des actions impudentes, pourvu que ce soit en des temps, et parmi des affaires qui n'y répugnent pas. […] D'où il s'ensuit que ceux qui leur font des libéralités, ne pèchent point, et qu'au contraire ils font justice en les payant du service qu'ils en reçoivent, si ce n'est qu'ils y consument leur bien en de vaines profusions, ou qu'ils le donnent à des Bouffons qui ne s'emploient qu'à des divertissements illicites, parce que c'est entretenir et favoriser leur péché. » Je veux bien qu'en cet endroit S.
« Des personnes de poids et de probité avec l’horreur qu’elles ont du péché, ne laissent pas d’assister aux spectacles. […] Et plus bas il change du blanc au noir, et il ne fait point de difficulté de dire que ces mêmes personnes ne peuvent aller à la Comédie sans péché mortel. […] Dans l’un, c’est un péché de faiblesse et involontaire ; mais dans l’autre, c’est un péché de malice et tout volontaire dans son origine. Le lieu où va le premier, n’est point par soi-même une occasion de péché ; au contraire le lieu où va l’autre, porte de soi-même au peché et à l’extinction de la grâce, qui peut seule préserver du péché. […] Ne vous repentez pas aujourd’hui de vos péchés, pour vous en aller demain au bal, au grand dommage de votre âme.
Quel monde de péchés ! […] Ce n’est pas un péché isolé, un péché momentané, c’est un feu qui s’entretient, & brûle sans cesse, qui apporte partout la désolation, sans respecter ni la dignité de l’état, ni la sainteté de l’Eglise, ni la majesté des mystères, ni les priviléges de la vertu, ni la foiblesse de l’âge, ni la misere de la condition, ni l’éclat de la naissance ou des richesses, comme un feu qui consume sans distinction, tout ce qui s’offre à son activité. […] Un regard, une pensée sur un objet défendu, sont des péchés ; un regard, un cheveu peut faire naître à quelqu’un, de mauvaises pensées pour séduire son cœur, & le blesser par l’amour. […] Toutes ces personnes sont en état de péché, & indignes de communier devant Dieu, elles le sont encore devant les hommes ; puisque leur péché est public, & de la plus grande notorieté. […] Les femmes fardées sont prises en flagrant de lit, leur péché est peint sur leur visage ; les comédiens sont, à la vérité plus coupables.
» Ajoutons à ces autorités celle du troisième Concile de Milan dans la quatrième partie des Actes de l’Eglise de Milan page 485. qui s’exprime en ces termes : « Que le Prédicateur ne cesse de reprendre ces assemblées qui servent d’amorce aux péchés publics, et que les hommes accoutumés au mal comptent pour rien ; qu’il tâche d’en inspirer la plus grande horreur ; qu’il fasse voir combien Dieu y est offensé, combien de maux, de calamités publiques, et de dommages ils attirent sur les Royaumes ; qu’il témoigne en toute occasion combien on doit détester les spectacles, les Comédies, les jeux publics qui tirent leur origine des païens, et qui sont entièrement opposés à l’Evangile et aux règles de la discipline chrétienne ; qu’il représente souvent les châtiments publics que ces désordres attirent sur le peuple chrétien ; et pour fortifier les fidèles dans une doctrine si importante, qu’il emploie l’autorité très respectable des Pères, tels que sont Tertullien, Saint Cyprien, Salvien, Saint Chrysostome. […] Cette Pièce ne saurait donc être trop censurée, et il est indubitable qu’on ne peut sans un très grand péché jouer en public pour divertir les spectateurs une Pièce qui afflige tous ceux qui ont de la piété et qui aiment Dieu. […] Il est donc indubitable que ces sortes de Comédies étant mauvaises, ne sauraient être représentées sans péché, et qu’il n’y ait point d’autorité qui puisse justifier devant Dieu ce que toute la tradition condamne, parce qu’il n’y a point en lui acception de personnes, et qu’il pèsera et jugera toutes choses au poids du Sanctuaire. […] Que ces Confesseurs avertissent sérieusement les Comédiens qui se sont adressés à eux, qu’il n’est pas en leur pouvoir de leur donner les Sacrements, à moins qu’ils ne renoncent entièrement à leur Profession, et aux péchés publics dont ils sont les instruments, pour se délivrer par là de l’infamie publique que le Droit leur inflige. […] Ils ne peuvent donc se disculper qu’auprès de ceux qui cherchent des excuses à leurs péchés.
Il suffiroit de dire, que, suivant simplement les pensées de ces grands Hommes, le divertissement de la comédie n’est pas tout-à-fait innocent ; néanmoins, sans faire le Casuite, pour conclure, si la comédie prise en elle-même est péché, je maintiens, qu’on n’y peut guéres aller sans pécher, & je n’ay pour cet effet à alléguer, que des raisons plausibles, conformes au bon sens, & convaincantes. […] C’est un principe universellement receü de l’Ecole, que, quand quelque chose de sa nature porte au péché, l’on ne peut pas en user librement, sans pécher ; cela parle de soy, sans autre preuve, à un esprit, qui a seulement un petit raïson d’intelligence : Remontez maintenant à ce que je viens de dire de la comédie, dont toutes les circonstances n’ont rien, qui de soy-méme ne donne quelque penchant au péché. Si ce principe donc, que j’ay avancé, est recevable, l’aplication en estant faite à la comédie, je vous laisse le jugement du péché, qui se peut commettre en y allant l’effet, qui part d’un principe, tenant toûjours de la nature de son principe. […] Je ne diray pas, que c’est pécher mortellement, d’aller à la comédie ; mais je diray, qu’à plusieurs c’est péché mortel, d’y aller : La verité de cette proposition ne se prend pas simplement du spectacle, mais encore des dispositions particulieres de la personne, Elle est, par exemple, d’un tempérament doux & très-sensible ; elle a un cœur, qui prend aussi-tôt feü ; l’imagination en est vive & forte, pour conserver la molesse, & l’impureté des images ; la volonté en est naturellement foible, & facile, pour se laisser aller à toutes ces representations ; elle a l’expérience de ces desordres secrets, qu’elle a plûtôt aimez, qu’elle n’a combatus. […] C’est là justement, où je vous attendois ; Et moy je vous dis, Madame, qu’elles sont en quelque façon plus dangereuses à l’innocence, qu’elles n’estoient ; car autrefois l’innocence n’avoit garde d’en estre interressée, puis que les personnes, qui avoient un peü de conscience, fuyoient le Théatre, comme un lieu de scandale, & de péché, & qu’on n’y voyoit, que celles, qui avoient perdu la conscience, & la pudeur.
L’état de pénitence, 1.° est un état de douleur & de crainte ; douleur des péchés commis, crainte de la justice qui les punira. […] Il y a plus que le danger ; le mal augmente sans cesse, péché sur péché, passion sur passion, la dette s’accumule, la colere de Dieu s’allume à chaque instant. […] Ces jeunes-gens ont-ils moins péché pendant leur intrigue, parce qu’enfin ils seront mariés ? […] Peut on innocemment se faire un plaisir de leur péché ? […] Il est décidé dans la morale que ce sont des péchés mortels qui conduisent aux derniers excès.
» Cela étant ainsi, nous pouvons donc assurer, comme une chose constante, que c’est avec raison que les Comédiens, et tous autres gens de cette trempe, dont l’emploi est d’exciter ou d’entretenir l’amour mondain et profane, sont privés de la participation des choses saintes ; et il n’est pas moins certain, que l’on ne peut sans péché assister à leurs spectacles. […] » D’où il conclut derechef, que ce n’est donc pas un péché léger, mais un crime, qui donne à l’âme le coup de la mort […] La seconde, si étant mort en cet état, le Curé peut sans péché refuser à son corps la sépulture Ecclésiastique ; principalement, s’il a donné d’ailleurs des marques qu’il était repentant de ses péchés ? […] Sur quoi on demande si ces Religieux commettent en cela quelque péché, et quel il est ? […] Cela étant supposé comme une vérité constante, nous ne croyons pas qu’on puisse excuser de péché très grief les Religieux, dont il s’agit dans l’espèce proposée : et cela pour plusieurs raisons.
Pour le second, on ne peut non plus douter qu’un Evêque ne puisse défendre la danse absolument et en tout temps, parce que la puissance Episcopale n’est pas tellement bornée par le Droit commun, pour ce qui regarde les mœurs, qu’elle ne puisse s’étendre au-delà des lois Canoniques, et ajouter des nouvelles Ordonnances pour ôter et détruire le péché, C. […] que la coutume qui serait contraire à ce Droit, serait un abus et un dérèglement manifeste, parce qu’elle ne servirait qu’à fomenter le péché, et à donner aux personnes vicieuses la liberté qu’elles désirent, suivant la dépravation de leur cœur pour continuer impunément dans leurs désordres. […] Et de là il s’ensuit nécessairement qu’ils peuvent défendre la danse en tout temps, parce que comme nous avons prouvé dans tout cet ouvrage, ce divertissement, non seulement est opposé à la piété Chrétienne, mais encore il ne peut être qu’une source de maux et de péchés.
Mais souffrez que je vous demande à mon tour, s’il y a péché à un Soldat « Lege, qui ait Praetor ». […] Le premier est de s’en informer à des personnes de poids et de probité, lesquelles avec l’horreur qu’elles ont du péché, ne laissent pas d’assister à ces sortes de Spectacles. […] J’aime donc mieux conclure avec plus de vraisemblance que ces péchés sont des effets de la malice ou de la faiblesse humaine, qui de toutes sortes d’objets indifféremment prennent occasion de pécher. […] , que l’on ne tombât dans quelque péché d’impureté. […] Il faut donc conclure que la Comédie ne contient rien qu’on ne puisse réciter, ou lire, sans s’exposer à tomber dans aucun péché.
Probablement vous aurez su, Monsieur, que j’avais adressé une lettre à M. l’abbé Desmarès Sur deux péchés mortels, selon lui, sur deux actions innocentes, selon moi : le théâtre et les bals. […] Mon intention a été de. traiter la question suivante : Une personne qui va au spectacle commet-elle un péché mortel ? […] D’où vous concluez que je me suis égaré, parceque, selon vous, « ces deux points d’examen sont de natures fort différentes. » Deux mots suffiront pour expliquer mon intention, et si je me suis trompé, je ne demande pas mieux que d’en convenir : j’ai cru, Monsieur, dans toute la simplicité de ma dévotion, que là où il n’y avait rien d’immoral, il ne pouvait y avoir de péché. […] Mais vous, Monsieur, qui vous scandalisez à la seule idée que des personnes graves aient pu danser (ce qui toutefois n’est pas rigoureusement nécessaire pour qu’il n’y ait point de péché mortel à aller au bal), avez-vous oublié l’antiquité de la danse ? […] J’aurais pu, en multipliant les citations, ne pas me borner à Louis XIV dont, quoique vous en disiez, la danse ne fut pas le plus grand péché ; une foule de traits auraient prouvé que ce prince n’était pas le seul qui eût du goût pour cet exercice : on sait que le duc de Chartres, depuis Régent, s’attira l’admiration de toute la cour par un menuet et une sarabande qu’il dansa au mariage du duc de Bourgogne, où celui-ci se distingua lui-même en dansant une courante.
Théologie du cœur et de l’esprit Vingtiéme remede au péché d’Impureté. Le vingtiéme remede au péché de Luxure, c’est de ne jamais se trouver aux Comedies, ni à de pareils spectacles. […] L’amour étant la plus forte impression que le premier péché a fait sur nous, rien n’est plus dangereux que de l’exciter, que de le nourrir, & de s’exposer à tout ce qui en favorise le cours. […] C’est un autre effet du premier péché, de ne point goûter les biens spirituels : le Théâtre rend ce dégoût encore plus grand. […] Ces jours de réjouïssance, sont des jours favorables au péché.
Ce seroit offenser Dieu doublement d’acquérir des biens par des voies illégitimes, & de les prodiguer pour des objets défendus, favoriser, soutenir le spectacle, entretenir des Acteurs & des Actrices, payer & honorer le vice, & fournir les occasions de péché ? […] Paul ne dit-il pas que non-seulement ceux qui commettent, mais encore ceux qui favorisent le péché, méritent la punition ? […] Tout au théatre est opposé à la sagesse, le ris dissolu, la pompe diabolique, la dissipation, la perte du temps, l’aliment de la concupiscence, les préparatifs du péché, les pensées d’adultère, le collège des vices, l’école du péché, l’aiguillon de l’intempérance, l’exhortation à l’impureté, l’exemple, l’occasion, la facilité de la dissolution. […] En parlant de la pénitence & du jeûne, il fait voir qu’on s’abstiendroit inutilement des viandes défendues, si on ne s’abstenoit du péché, si on continuoit à fréquentes les spectacles. […] On pourroit ajouter une foule d’autres passages sur les objets qui tiennent à celui-ci, sur les maximes de l’Evangile qu’ils proscrivent, sur les vertus qu’ils condamnent, sur les vices qu’ils favorisent, sur la chasteté qui y fait naufrage, sur l’humilité dont il méprise la bassesse, sur la charité dont il éteint les feux, sur la foi dont il affoiblit la soumission, la mortification dont il redoute les rigueurs, la pauvreté dont il abhorre les besoins, la piété dont il desseche l’onction, la patience dont il ne peut souffrir l’égalité, la fidélité conjugale dont il se fait un jeu, en un mot toute la religion dont il renverse jusqu’au fondement ; sur la vengeance dont il allume les fureurs, la vanité dont il exalte les délires, sur le luxe & le faste dont il étale les excès, sur la médisance dont il verse à grands flots le poison, sur l’immodestie des parures dont il présente le modelle, sur le mépris des parens dont il donne des leçons, la jalousie dont il répand le motif & le germe, l’oisiveté à laquelle il consacre tous les temps de la vie, la fourberie dont il enseigne les artifices, l’irréligion dont il seme le goût & les principes, en un mot le corps entier du péché dont il établit puissamment l’empire.
Il s'ensuit de là que tous ceux qui n'ont point besoin de divertissement, c'est-à-dire que la plupart de ceux qui vont à la Comédie, ne le peuvent faire sans péché, quand il n'y aurait point d'autre raison qui rendît la Comédie défendue. Mais il ne s'ensuit pas que ceux qui ont véritablement besoin de se délasser l'esprit, puissent y aller sans péché; parce que la Comédie ne peut passer pour un divertissement, ne pouvant avoir l'effet qu'il est permis de chercher dans le divertissement.