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457. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XX. Suite des prétendus talents du Comédien & de la Déclamation théatralle. » pp. 63-85

A l’égard des sujets pris dans d’autres Auteurs, on convient qu’il y a moins de mérite à y réussir ; mais il y en a toujours un très-grand, quand on considére que ce qui a plu à une Nation, déplaît à l’autre, par la différence de leurs usages & de leurs mœurs.

458. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre V. De l'impudence des Jeux Scéniques. » pp. 104-134

Et c'est pour cela que les Pères de l'ancienne Eglise n'ont pas seulement condamné les Théâtres des Païens par cette société qui rendait les Spectateurs complices d'une Idolâtrie si contraire et si pernicieuse à la foi du Christianisme, mais aussi par l'impudence des Acteurs, par les choses honteuses qui s'y représentaient, et par les discours malhonnêtes qui s'y récitaient ; et comme l'innocence des mœurs est de tous les temps, et qu'elle nous doit être aussi précieuse qu'aux Docteurs des premiers siècles, j'estime qu'il est à propos pour lever le scrupule que cette considération pourrait jeter dans les âmes touchées des sentiments de la piété de montrer ici deux choses : La première, qu'elle était parmi les Romains cette débauche effrénée des Jeux de la Scène, qui se trouva même par les Lois digne d'un châtiment plus sévère qu'une simple censure : Et la seconde, que la représentation des Poèmes Dramatiques fut toujours exempte de leur peine, comme elle n'était pas coupable de pareille turpitude.

459. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre XVII. Que les danses sont condamnées dans l’Ecriture, et par les Pères. » pp. 119-141

dans le Livre qu’il a composé sur ce sujet, et dans ses Lettres, déplore la misère, l’aveuglement et la folie des Chrétiens, qui leur fait aimer les inventions des démons, et qui les porte à imiter les mœurs et les façons de faire des Gentils et des Idolâtres : mais ce qu’il juge encore plus intolérable, c’est qu’ils veulent justifier leur conduite déréglée par l’action de David qui dansa devant l’Arche, et se servant de ce qui est dit dans les Saintes Lettres que Dieu avait prescrit à son peuple l’usage de plusieurs sortes d’instruments ; comme si, dit ce saint Martyr, on pouvait comparer à des choses qui ont été faites très saintement, et pour le culte de Dieu seul, ces divertissements mondains, qui ne servent qu’à la volupté.

460. (1694) Lettre d’un Docteur de Sorbonne à une personne de Qualité, sur le sujet de la Comédie « letter » pp. 3-127

Car encore, dit ce Père, que ces paroles de l’Ecriture s’entendent particulièrement de celui qui ne s’est point trouvé dans les assemblées des Juifs, où l’on a conspiré contre le véritable Dieu ; néanmoins on peut aussi les étendre à ceux qui ne se trouvent point aux assemblées qui sont contre les bonnes mœurs, telles que sont les Spectacles, et par conséquent les Spectacles se trouvent aussi défendus dans l’Ecriture.» […] Saint Thomas répond à ce passage de saint Chrysostome, qu’il doit s’entendre des personnes qui s’abandonnent aux jeux avec excès, et qui n’ont point d’autre fin que le plaisir du jeu, comme ceux dont parle le Sage, qui croient que cette vie n’est qu’un jeu : « De his qui inordinate ludis utuntur, et præcipue eorum qui finem in delectatione ludi constituunt. » Notre Docteur adopte cette réponse, et prétend qu’elle peut être appliquée à tout ce que l’on objecte contre les Spectacles de la part des Pères, « Qui ne se sont, dit-il, tant déchaînés contre la Comédie, que parce que de leur temps l’excès en était criminel et immodéré : et s’ils l’eussent trouvé, comme elle est à présent, conforme aux bonnes mœurs et à la droite raison, ils ne l’auraient pas tant décrié ; mais ils auraient cru, comme saint Thomas, qu’il n’y a point de mal à y assister. […] Quoique l’on exempte d’infamie les jeunes gens que l’on fait déclamer dans les Collèges, on ne voudrait pas pour cela garantir de péché les Professeurs qui font représenter des Pièces avec un appareil qui ressent la vanité des Spectacles mondains ; où l’on fait paraître des garçons habillés en filles, ce qui est condamné par les Lois divines et humaines ; et où l’on fait danser des ballets souvent à grands frais, qui ne peuvent néanmoins jamais servir à former ni l’esprit ni les mœurs des Ecoliers. […] Notre Docteur pousse son impudence encore plus loin ; il se mêle de faire interroger les Evêques sur faits et articles, et les oblige de prononcer de vive voix l’absolution des Comédiens, ou en tout cas de les autoriser par leur silence : « D’ailleurs, dit-il, quand on demande aux Evêques et aux Prélats ce qu’ils pensent de la Comédie, ils protestent que quand elle est honnête, et qu’il n’y a rien dedans qui blesse les Mœurs et le Christianisme, ils ne prétendent point la censurer : et, quand ils ne le diraient pas, on peut le conjecturer de leur conduite, puisque dans les Diocèses où l’on se sert de ces Rituels, on ne laisse pas d’y jouer la Comédie, qui y est soufferte, et peut-être approuvée. » Il faut être bien hardi pour faire jurer des Evêques sur une telle matière ; et il ne le faut pas être moins pour leur faire approuver par leur conduite ce qu’ils condamnent dans leurs Rituels. […] « Je suis obligé d’avouer, dit-il, qu’il ne m’en est jamais tombé aucune sous les mains où j’ai trouvé rien d’indécent ni de déshonnête, qui pût en quelque manière blesser le Christianisme ou la pureté des Mœurs. » Il faut le féliciter du bonheur qu’il a eu de si bien rencontrer : mais n’est-ce pas aussi qu’il n’est pas délicat sur l’article ?

461. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre IV.  » pp. 113-155

On ne seroit pas surpris de voir à Catherine des mœurs dépravées ; le vice étoit héréditaire chez les Medicis, elle n’avoit vu que des objets & des exemples d’incontinence, sa famille étoit toujours farcie d’enfans naturels, dont plusieurs furent élevés aux premieres dignités, Les femmes n’étoient point en sûreté à Florence pendant la vie de son pere, ses palais étoient pleins de tableaux & de statues obscenes, on n’y respiroit que la volupté, la vie s’y passoit en fêtes & en comédie, c’étoient de vrais théatres ; on ne pouvoit plaire à cette Cour qu’en favorisant ce goût. […] Il y a eu sur la maison de Medecis & toute la race de Cathérine un abandon étonnant du Seigneur sur la religion & les mœurs. […] Il est vrai que les Confreres de la Passion s’emancipoient quelquefois, que leurs mysteres étoient souilles par des obscénités, mai ces écarts étoient rares, & aussi rares que les traits pieux le sont de nos jours, où la perfection de l’art s’achette au prix des bonnes mœurs.

462. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre VI. De la Poésie de style. Si elle fait seule la destinée des Poëmes. » pp. 94-121

Le plan, l’économie, les caractères, les mœurs, les passions, appartiennent aux premieres.

463. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE VIII. Sentimens de S. Chrysostome. » pp. 181-192

Nous avons beau vous instruire, vous exhorter, vous purifier de vos vices, vous laver de vos iniquités, pour peu que vous retourniez au spectacle, vous y contractez de nouvelles souillures, & plus grandes encore dans vos mœurs, vos paroles, vos ris, votre parure.

464. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre I. Que les Spectacles des Anciens ont fait partie de la Religion Païenne. » pp. 2-35

C'est une croyance commune et qui semble être née avec le Christianisme, que ceux qui prennent les divertissements du Théâtre et des autres Spectacles introduits parmi les Anciens, commettent une impiété contre la sainteté de l'Evangile, et un crime contre l'honnêteté des mœurs.

465. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre II. Suite du Clergé Comédien, » pp. 52-67

Mais il a méprisé les saints livres, combattu, persécuté le christianisme, favorisé le judaïsme, professé le polythéïsme, toléré toutes les autres religions, agi & parlé en cynique, affecté les mœurs & le nom de philosophe.

466. (1790) Sur la liberté du théatre pp. 3-42

En fixant à un très-petit nombre les grands théâtres, ils laissent sur-tout multiplier les petits spectacles, parce qu’ils ont pour eux l’avantage d’amuser le peuple sans l’éclairer, et de le jeter, par la dépravation des mœurs, dans cette abjection, où il faut qu’il demeure pour être plus facilement gouverné. […] La multiplicité des petits spectacles est dangereuse pour le peuple ; elle corrompt ses mœurs, et favorise la paresse.

467. (1667) Lettre sur la Comédie de l'Imposteur « Lettre sur la Comédie de l’Imposteur » pp. 1-124

Que si la corruption qui s’est glissée dans les mœurs depuis ce temps heureux, a passé jusqu’au Théâtre et l’a rendu aussi profane qu’il devait être sacré ; pourquoi, si nous sommes assez heureux pour que le Ciel ait fait naître dans nos temps quelque génie capable de lui rendre sa première sainteté, pourquoi l’empêcherons-nous, et ne permettrons-nous pas une chose que nous procurerions avec ardeur, si la charité régnait dans nos âmes, et s’il n’y avait pas tant de besoin qu’il y en a aujourd’hui parmi nous, de décrier l’hypocrisie, et de prêcher la véritable dévotion ? […] Je sais encore qu’on me dira que le vice dont je parle étant le plus naturel de tous, ne manquera jamais de charmes capables de surmonter tout ce que cette comédie y pourrait attacher de ridicule : mais je réponds à cela deux choses ; l’une, que dans l’opinion de tous les gens qui connaissent le monde, ce péché, moralement parlant, est le plus universel qu’il puisse être ; l’autre, que cela procède beaucoup plus, surtout dans les femmes, des mœurs, de la liberté et de la légèreté de notre nation, que d’aucun penchant naturel, étant certain que, de toutes les civilisées il n’en est point qui y soit moins portée par le tempérament que la Française : cela supposé, je suis persuadé que le degré de ridicule où cette pièce ferait paraître tous les entretiens et les raisonnements, qui sont les préludes naturels de la galanterie du tête-à-tête, qui est la dangereuse ; je prétends, dis-je, que ce caractère de ridicule, qui serait inséparablement attaché à ces voies et à ces acheminements de corruption, par cette représentation, serait assez puissant et assez fort pour contrebalancer l’attrait qui fait donner dans le panneau les trois [qu]arts des femmes qui y donnent. […] Cela ne lui arriverait pas, si suivant les pas des premiers Comiques et des modernes qui l’ont précédé, il exerçait sur son théâtre un censure impudente, indiscrète et mal réglée, sans aucun soin des mœurs ; au lieu de négliger, comme il l’a fait en faveur de la Vertu et de la Vérité, toutes les lois de la coutume et de l’usage du beau monde, et d’attaquer ses plus chères maximes et ses franchises les plus privilégiées, jusque dans leurs derniers retranchements.

468. (1671) Lettre d’un ecclésiastique à un de ses Amis « letter » pp. 472-482

Si la Comédie détruit la Foi en ruinant la Croix de Jésus-Christ, elle renverse encore les bonnes mœurs, qui doivent accompagner la foi si elle est vivante, et telle qu’elle doit être pour nous conduite au salut.

469. (1705) Sermon contre la comédie et le bal « I. Point. » pp. 178-200

Les Païens mêmes ont reconnu que rien n’était plus dangereux pour les bonnes mœurs que ces sortes de spectacles, ils avouent qu’ils faisaient de grands changements en leur cœur, qu’ils en retournaient non seulement plus avares, plus ambitieux, plus enclins aux plaisirs et au luxe, mais encore plus cruels, et moins hommes.

470. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre IV. Les spectacles inspirent l’amour profane. » pp. 32-50

Quelle plus grande preuve nous faut-il de son influence sur les mœurs ?

471. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre V. De la Dépense des Spectacles. » pp. 75-88

Oui, je la blâme, parce qu’elle est inutile, pernicieuse pour les mœurs, ruineuse pour les familles.

472. (1666) De l’éducation chrétienne des enfants « V. AVIS. Touchant les Comédies. » pp. 203-229

qui, au rapport de Tertullien, voyant que les Censeurs Romains avoient fait abattre plusieurs fois les théâtres, parce qu’ils corrompaient les mœurs du peuple, et voulant empêcher qu’ils ne détruisissent celui qu’il avait fait élever dans Rome, y fit dresser un autel qu’il dédia à Vénus, et appela cet édifice, non pas le théâtre, mais le temple de Vénus. « De sorte dit Tertullien, qu’en donnant ce titre spécieux à cet ouvrage, qui ne méritait que d’être condamné, il éluda par cette superstition les règlements que les Censeurs eussent pu faire pour le faire abattre.

473. (1666) La famille sainte « DES DIVERTISSEMENTS » pp. 409-504

Pour l’éclaircissement de cette vérité, et de plusieurs autres de pareille nature, il faut se souvenir qu’il y a deux sortes de bontés dans les choses d’ici-bas ; l’une qu’on appelle physique ou naturelle, parce qu’elle regarde la nature de chaque chose ; l’autre morale, qui concerne les mœurs et les actions des hommes. […] Celui qui en avait fait les frais n’en eut autre louange auprès des gens de bien, que d’avoir achevé de perdre la Ville de Rome : Il y eut tant de jeux et tant de danses : Les représentations en furent si lubriques et les prostitutions si honteuses, que dans l’estime des sages qui craignent plus la corruption des mœurs que la perte des biens. […] Les faux Dieux ne paraissent plus sur nos théâtres, que comme des fantômes : Comme ils n’ont plus de crédit parmi les hommes, leur vie débordée ne peut servir d’excuse à qui fait mal ; mais la Comédie n’est pas pourtant sans danger, elle n’est pas si pure que les bonnes mœurs n’en soient choquées ; on lui souffre quelquefois des farces qui feraient rougir des Païens, il s’y dit des mots que si l’Enfer pouvait parler, il n’en dirait pas de plus mauvais. […] Quoiqu’ils ne soient venus que les uns après les autres, et qu’ils aient écrit en divers siècles, leurs déclarations sont si conformes, qu’on peut dire qu’ils ont tous été d’un même avis : Ce qui fait une preuve irréprochable, que les jeux de hasard doivent être bannis de la société des hommes comme des pestes, et une corruption générale des bonnes mœurs. […] S’il est ennemi des bonnes mœurs, que n’en fait-on justice ?

474. (1644) Responce à deux questions, ou du charactere et de l’instruction de la Comedie. Discours quatriesme « Responce à deux questions, ou du charactere et de l’instruction de la Comedie. » pp. 100-132

Ils donnent leurs opinions, leurs dogmes & leur genie à Chremes & à Micio ; au lieu qu’ils deuroient prendre les mœurs, les sentimens & l’esprit de Chremes & de Micio.

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