« Je sens qu'Adélaïde est tout ce que j'adore : Grand Dieu, de cet objet laisse-moi me remplir. » Un adultère ! […] Il a si peu de zèle et de charité, qu'il laisse mourir ses Religieux, ses pénitents, sans sacrements. […] Le bon Abbé, les bras croisés, comme une statue, laisse tenir à la Communauté par une femme le discours le plus scandaleux, sans l'interrompre, sans la reprendre, ni rien dire à ses Moines pour en empêcher le mauvais effet, et laisse mourir son Moine sans lui donner le moindre secours spirituel, ni lui dire le moindre mot de consolation, ni faire aucune prière pour les morts. […] Que la religion n'est qu'une momerie, qu'elle ne remédie à rien, que c'est une folie de s'y engager, que les penchants de la nature étant invincibles, il vaut mieux s'y laisser aller que de se rendre malheureux en les combattant, sans espoir de les vaincre, même avec l'austérité de la Trappe. […] Enfin un Moine à qui la mort, la confession, les avis de sa maîtresse, ne font faire aucun acte, dire aucun mot de religion, et ne laisse voir que la folie, le désespoir, l'indécence et le transport de la passion.
» On peut laisser la jeunesse lire toute sorte de livres, fréquenter toute sorte de compagnies, voir les plus mauvais exemples, entendre les plus mauvais discours, regarder les objets les plus séduisants, si on leur ouvre la porte des spectacles, où se trouvent tous ces dangers à la fois, c’est-à-dire qu'il faut abandonner l'éducation de la jeunesse, la livrer à elle-même, et la laisser perdre. […] Porée Jésuite, l'un des plus distingués instituteurs de la jeunesse par ses vertus et par ses talents, a laisse deux oraisons célèbres, l'une contre les romans, l'autre sur le théâtre. […] C'est ainsi qu'on a vu le Maréchal de Saxe, au retour de la campagne, venir à la comédie, et s'y laisser couronner par une Actrice, sans craindre de laisser flétrir ses lauriers par les mains de la mollesse, plus propres à couronner de myrte ou de roses quelque Céladon. Cette frivole cérémonie était ancienne parmi les Grecs, elle se pratiquait à Athènes en faveur des élèves des anciens Sophistes ou Philosophes, qui avaient la faiblesse de laisser faire des folies pour honorer des sages. […] 100) qu'il y a une différence entre l'affection du vice, qui est l'impression que fait et que laisse dans l'âme la vue du vice, et l'affection au vice ou pour le vice, qui est l'attachement au vice.
Des vûes étroites ont laissé jetter à ce préjugé de profondes racines, on n’a regardé le Théâtre que comme un divertissement dont la forme étoit indifférente. […] S’ils se trompent quelquefois à cet égard, cela ne prouve pas qu’ils n’ayent pas joué en travaillant ; mais seulement qui ont manqué de goût, ou s’en sont laissé imposer par la prévention.
Ursule, voila les peines du mariage, dans les conditions où les richesses laissent du superflu*. […] Tu sais que monsieur Des Arcis, l’ami & le parent de mon mari, lui fit promettre, en mourant de veiller, de concert avec monsieur de Longepierre, sur un fils & une fille qu’il laissait, & de les pourvoir à son gré.
» Au reste Argus s’éveille en sursaut honteux de s’être laisse endormi ; il s’excuse auprès du Héros de ce qu’il a si mal représenté son extrême vigilance. […] Car n’est-ce pas comme si on choisissait une fille qui se serait laissé corrompre pour être le Symbole clair et expressif de la virginité ?
Rousseau,1 vous tâchez non seulement de justifier l’imputation que vous avez faite aux Théologiens de Genève, en les accusant de ne plus croire ni à la Divinité de Jésus-Christ, ni à l’éternité des peines de l’Enfer ; mais vous rendez ensuite la proposition générale, en disant que ces sentimens sont une suite nécessaire des principes de la Religion Protestante : que, si les Ministres ne jugent pas à propos de les adopter ou de les avouer aujourd’hui, la Logique que vous leur connoissez doit naturellement les y conduire, ou les laisser à moitié chemin. […] Que penseriez-vous enfin d’un Auteur qui vous accuseroit de Matérialisme ; & qui, pour prouver ce qu’il avance, diroit qu’il vous a jugé d’après vos ouvrages & d’après des conversations publiques, où vous ne lui avez pas paru prendre beaucoup d’intérêt à la spiritualité de l’ame, enfin d’après l’opinion de vos concitoyens & de la Sorbonne même ; que ces sentimens sont d’ailleurs une suite nécessaire de votre Philosophie ; & que, si vous ne jugez pas à propos de les adopter ou de les avouer aujourd’hui, la Logique que l’on vous connoît doit naturellement vous y conduire, ou vous laisser à moitié chemin ? […] Elle ne nous laisse pas à moitié chemin, comme vous voyez.
Nous suivons simplement les descriptions les plus considerables, que les Autheurs nous en ont laissées. […] Ie laisse aux Critiques à decider, si ce fut l’aisné ou le cadet des freres, à qui l’honneur en est deu. […] Voicy comme j’en ay conceu les diverses beautez, dont les Hystoriens n’ont pas voulu prendre la peine de faire le detail, & qu’ils ont ainsi laissé dans quelque sorte de confusion ; Ie ne raporteray point la difference de leurs divers sentimens ie me contenteray de faire un tissu de leurs opinions, & un fil continu de l’Histoire.
Mais encore qu'il n'exprime pas ces crimes dans l'Ecriture, il ne laisse pas de les défendre, puisque la sévérité dont il use dans la punition de toutes sortes de crimes, le marque suffisamment, et la raison le fait connaître évidemment. […] On s'accoutume facilement aux crimes dont on entend souvent parler: L'esprit de l'homme ayant une pente au mal, que fera-t-il s'il y est encore porté par les exemples des vices de la chair, auxquels la nature se laisse aller si aisément. […] Il faut donc fuir les Spectacles, non seulement afin que les vices ne fassent aucune impression sur nos esprits, qui trouble la paix et la tranquillité de nos cœurs ; mais aussi afin que nous ne nous laissons point emporter par la coutume du siècle aux attraits des voluptés, qui nous détournent de Dieu, et des bonnes œuvres que nous devons faire.
La face de l’Opéra, parallelle à la rue, laisse dominer le Palais ; elle est recommandable sur-tout par les ornemens & les sculptures qui caractérisent l’édifice, & rappellent bien les regards. […] Les Comédiens pensent comme lui : admirez les progrès du théatre ; ce fut d’abord une bonté dans les Rois de le tolérer, pour l’amusement du peuple ; ensuite un trait de sagesse de donner cette occupation aux gens oisifs, qui feroient encore pis, s’ils étoient laissez à eux-même. […] Ces deux temples ne sont pas faits pour être le dépendant l’un de l’autre, en les mettant de niveau sur la même ligne, & en regard : l’Architecte a-t-il voulu nous le donner comme également indifférent, & nous laisser deviner sur lequel des deux autels se brûlera le plus d’encens, & se feront les prieres les plus dévotes ? […] Pour cet usage je ne sçai quel motif l’a fait introduire ou en France, ou en Angleterre ; ni quel est celui des deux où il y a le plus à gagner ou à perdte pour le public ou pour le comédien ; nous laissons ce problême à résoudre aux algébristes des deux accadémies de Paris & de Londres. […] C’est mal connoître le cœur de l’homme, de décharner toute la Réligion, & en faire une sqelette, en supprimant tout l’extérieur du culte ; qu’on prévienne les abus, qu’on y rémédie, qu’on explique les vérités, mais qu’on laisse les cérémonies, les images ; comme on laisse aux orateurs & aux poëtes, les allégories, les métaphores, l’harmonie, &c.
Il oublie même son devoir de Juge, il laisse impuni le complice, ou plutôt l’auteur & le seul coupable du crime de sa fille. […] Et cet imbécille le lui laisse tirer du fourreau, & s’en percer sans résistance ! […] Mais ni l’amant, ni le père, ni ses compagnes, ni aucun des spectateurs, à qui on donne pourtant de la douleur & de la pitié, ne s’avise de la soulager ; tout la laisse nageant dans son sang, & s’en va. […] Oui, dans celle du temps : Laissez ces erreurs de l’esprit, écoutez votre cœur, consultez la nature. […] Laissez leur le soin de venger leurs outrages.
Il n’y a rien qui gâte plus les bonnes mœurs, la simplicité et la bonté naturelle du peuple, et qui a d’autant plus d’effet que leurs paroles, gestes, mouvements, actions, sont conduits avec tout l’artifice possible, et laissent une vive impression dans l’âme. […] 15.) dit qu’il faut bien se garder de laisser aller les citoyens à la comédie. […] Telle était la politique des Romains, qui dans les guerres civiles amortissaient par des spectacles le feu de la division, et surtout celle d’Auguste, à qui le fameux Comédien Pylade disait avec autant de liberté que de vérité : « Laissez le peuple s’occuper des factions du cirque, il s’occupera moins de l’établissement de votre autorité, il y mettra moins d’obstacles. » Les autres Empereurs, au commencement de leur règne, ne manquaient pas, pour calmer la fermentation des divers partis, de donner des jeux magnifiques. […] « Panard, selon Fréron, a décelé et exprimé les sentiments de la Nation. » Rien sans doute n’est mieux mérité que ce beau titre ; mais je voudrais, pour l’honneur de la France, qu’on nous laissât ignorer cette burlesque origine. […] Les anciens Romains qui laissèrent introduire le théâtre, ne le regardaient que comme un amusement momentané et sans conséquence.
Ie ne voudrois pourtant pas que ce soin fût ou trop grand, ou trop affecté, ou trop manifeste ; car pour lors outre qu’il occupe trop, & qu’il peut détourner des objets serieux & de devoir, il laisse un certain charactere baladin & violon, qui ravale tout le merite du succez, & qui perd une bonne partie de la bonne grace. […] Car comme elles n’ont point de part aux grandes actions ny au merite du premier ordre ; elles n’ont rien à laisser perdre dans les seconds succez, & se doivent piquer de tous les avantages du bel art & de la galanterie.
Ceux qui protègent la farce, en donnent pour raison que, puisqu’on y va, on s’y amuse ; que tout le monde n’est pas en état de goûter le bon comique, et qu’il faut laisser au public le choix de ses amusements. […] La farce est le spectacle de la grossière populace, et c’est un plaisir qu’il faut lui laisser, mais dans la forme qui lui convient, c’est-à-dire, avec une grossièreté, innocente, des tréteaux pour théâtre, et pour salles des carrefours ; par là, il se trouve à la bienséance des seuls spectateurs qu’il convienne d’y attirer.
Ce privilège d’impunité, le seul que les lois laissent au théâtre, engageait quelquefois les femmes adultères, pour éviter le châtiment, de se faire Comédiennes. […] C’était aussi abuser de la grâce, que de laisser mettre toutes les débauches sous la sauvegarde de la comédie (L. mater, de adulter. […] Il vaut mieux les laisser à eux-mêmes se pardonner mutuellement leurs galants exploits, ou s’en faire justice dans quelque scène mordante, et tâcher de sauver de la contagion ce qui reste encore de religion et de vertu dans le monde. […] Charmée de la bonne grâce avec laquelle Beauval mouchait les chandelles, elle en devint amoureuse et l’épousa, à condition néanmoins que Beauval la laisserait maîtresse, aurait la patience de souffrir ses caprices, et la docilité de ne se mêler d’aucune affaire du ménage. […] Les lois ont grand tort en effet de punir les voleurs, les assassins, les femmes publiques ; que ne leur laisse-t-on la vie, les biens, l’honneur, la religion, les freins du vice, les mêmes contrepoids à leurs penchants qu’aux nôtres ?
Thomas, le lui laissent, parce que la loi Romaine, qui subsiste encore en Italie, ne l’oblige pas à le rendre : « Quod Meretrici datur repeti non potest ; turpiter facit, sed non turpiter accipit. » (L. id. de condic. ob turp. […] 27.), regarder cet argent comme une amende que le coupable s’impose à lui-même, et que la loi laisse à cette malheureuse pour la faire subsister et décharger l’Etat. […] Quelquefois aussi elle impose la loi de n’aimer qu’en second, et de laisser équitablement la place à celui à qui la supériorité de ses largesses ou l’antériorité de sa possession a assuré le privilège ; elle sait même entretenir la paix dans sa cour, et les engager à se voir favoriser tour à tout, sans trouble et sans jalousie. […] Tout cela est purement personnel ; mais qu’on en ait fait une loi, que pour tout ce qui entre ou sort de ce tripot, il faille monter jusqu’au Trône, et que le Monarque se montre difficile pour laisser la liberté de se retirer, il faut en vérité que la Clairon attache bien de l’importance à son métier et à sa personne, pour se flatter que la Majesté royale s’occupe de ces grands événements. […] Il est donc vrai, aux termes de l’édit, que les Comédiens sont infâmes de droit ; mais ne pouvant être traités comme tels dans le commerce jusqu’à la condamnation, on les menace de leur faire le procès et les couvrir légalement d’infamie, s’ils se conduisent mal, et on leur fait espérer d’arrêter les procédures judiciaires et les laisser jouir de leur réputation, s’ils sont modestes et sages.
La délégation établie pour s’arranger avec les trois puissances qui se sont partagées la moitié du Royaume, & réglent l’ordre nouveau à observer dans ce qu’elles ont bien voulu laisser au Roi. […] Les Gouverneurs & les Précepteurs des Princes ont eu communément les mêmes idées sur les spectacles, quoiqu’ils ayent tous été obligés, selon l’usage de la Cour, d’y laisser aller & même d’y mener leurs élèves. […] Comment a-t-elle pu choisir un Couvent, y laisser venir toutes les Religieuses, les laisser mêler avec les femmes les plus mondaines pour servir les Officiers, approuver la proposition de les baiser toutes, & prier l’Abbesse de le permettre ? […] Ce seroit tourner la justice contre la justice même, de laisser en des mains criminelles le fruit de son crime ; ainsi parle la loi 52 ibid. […] Il faudroit, dit Godefroi, les en priver tous les deux, mais si on les laisse à l’un d’eux, il ne peut y avoir de doute sur la préférence vel utrique auferendus vel innocenti concedendus .
Constantin permit dans tout l’empire, & embrassa lui-même la Religion Chrétienne, & laissa les Payens dans leur culte idolâtrique. […] Mais si les illusions la portent à des violences, à des cabales, à faire des assemblées, à troubler la paix, faut-il la laisser impunie ? […] La liberté de conscience va-t-elle jusqu’à laisser les plus horribles forfaits impunis ? […] Il n’y a ni opprobre sur le front, ni égarement d’esprit, ni cris, ni hurlemens de personne ; le Poëte pourroit laisser à Mycene les furies d’Oreste, dont lui seul est agité. […] Les bougies doivent être placées à quelque distance de cette toile huilée, qu’il est inutile de faire plus haut que les Acteurs, puisqu’elle ne laisse voir ni le lointain ni le plafond.
Et comment peut-on dire dans les trois premières lignes d’une lettre, qu’on ne se déclare point pour Desmarets, et qu’on laisse à juger au monde lequel est le visionnaire de lui ou de l’auteur des Hérésies imaginaires ? […] Mais, Monsieur, à vous parler franchement, cela ne réussit pas toujours : et pour quelques gens de bonne volonté qui se laissent persuader par là, qu’on en pense bien plus que l’on n’en dit, il y en a beaucoup d’autres qui croient que qui ne dit rien n’a rien à dire. […] Il est dangereux de s’y laisser aller : on n’en revient pas comme on veut, cela n’aide pas à penser juste ; et toute votre lettre se ressent de cette émotion qui vous a pris dès le commencement. Car, dites-moi, Monsieur, à quoi songez-vous quand vous avancez que si l’on concluait « qu’il ne faut pas aller à la comédie, parce que saint Augustin s’accuse de s’y être laissé attendrir ; il faudrait aussi conclure, de ce que le même saint s’accuse d’avoir trop pris de plaisir aux chants de l’église, qu’il ne faut plus aller à l’église ». […] Desmarets, pourvu « qu’il ne lui porte point de coups qui puissent retomber sur les autres » (car c’est là ce qui vous tient au cœur), et qu’il vous laisse jouir en paix de cette « petite étincelle du feu qui échauffa autrefois les grands génies de l’antiquité », qui vous est tombée en partage.