Ce sont choses pour moi que je tiens de tout temps Fort propres à former l’esprit des jeunes gens ; Et l’école du monde, en l’air dont il faut vivre, Instruit mieux à mon gré que ne fait aucun livre. […] Nos sens facilement peuvent être charmés Des ouvrages parfaits que le Ciel a formés. […] Poréej, dont M.F. veut en vain se faire un titre, puisqu’il est précisément contraire à son système ; si l’on veut, dis-je, entrer dans l’esprit de ses réflexions, je crois que dans le chaos qu’il n’a pas voulu nous débrouiller, on pourrait entrevoir quelque lueur du plan dont on donne ici une idée ; il faut croire qu’il l’avait en vue, quand il a dit qu’il était possible, quoique très difficile, de faire du Théâtre une école capable de former les mœurs.
Je crois qu’ils ne doivent absolument placer aucune ariette dans le tems que l’intérêt est à son comble, ni dans des Scènes qui doivent marcher rapidement, comme dans celles qui approchent & forment la catastrophe.
Nam ad illud tribunal in quo de pacis otiique tum publici, tum privati perturbatoribus quæritur, eos homines stare qui in amœnissima voluptate civibus suis concilianda operam artemque suam collocant, æquo animo ferre non potestis : et me, qui aliena persona compositis versibus quasdam animi perturbationes ementiri soleo, mutata derepente forma dicendi, de fama atque existimatione mea vere ac serio periclitari, vehementer indignor.
Mais en matière de folie, dès qu’il y a une accusation formée, il est sûr qu’il y aura quelqu’un de condamné.
Pour y réussir ils forment quatre demandes sur la Comédie.
« Et qu’on ne s’imagine pas que, de ce que l’on ne va pas au spectacle pour former ses sentiments, mais bien pour se divertir, il s’ensuive que les maximes coupables dont les pièces de théâtre abondent ne peuvent être funestes ; ces maximes ne manquent pas de faire impression, bien que nous ne nous en apercevions pas.
… Que deviendront les idées qu’ils s’était formées de leur puissance, quand ils verront celle de Néron céder à la vertu ?
Vous aimeriez mieux un sermon peut-être, mais souvenez-vous de ce beau précepte d’Horace « segnius irritant etc.. »p « Qu’on n’attribue pas au théâtre le pouvoir de changer des sentiments et des mœurs qu’il ne peut que suivre et embellir. »q Embellir des mœurs n’est-ce pas à peu de chose près les changer, rendre un Peuple voluptueux, galant ; un Peuple badin, spirituel et délicat ; un Peuple naturellement farouche, brave et généreux ; c’est ce me semble gagner beaucoup sur l’humanité, c’est profiter d’un caractère vicieux faute de raison qui l’éclaire, pour en former un caractère qui devient estimable par sa réforme : c’est retrancher des mœurs ce qu’elles avaient de défectueux auparavant ; et Molière en se bornant à l’embellissement des mœurs du Peuple qu’il voulait corriger, a sans doute rempli la tâche que la raison impose aux Philosophes. […] Former aux bonnes mœurs l’esprit de ses Enfants, Faire aller son ménage, avoir l’œil sur ses gens, Et régler la dépense avec économie Doit être son étude et sa Philosophie.
Passage de Saint Augustin dont le droit Canonique a formé la Canon Donare dist. 86. où ce grand Docteur montre que ceux qui donnent aux Comédiens à cause des Comédies qu’ils jouent, offensent Dieu. […] Valère Maxime, quoiqu’il dise que les jeux publics avaient été inventés pour honorer les Dieux, et pour divertir les hommes ; néanmoins considérant les combats sanglants qui se faisaient sur le théâtre, ou que ces spectacles causaient par les divers partis qui s’y formaient sur leur sujet, bien loin de les regarder comme des choses de religion ; il déclare qu’ils déshonoraient la religion. […] , de l’un et de l’autre genre, c’est-à-dire, les Jeux sacrés, et les Jeux funèbres, ont une origine commune : Ils ont des titres communs, comme ils ont des causes communes de leurs institutions ; il est aussi nécessaire qu’ils aient des appareils communs, qui sont souillés de la tache générale de l’Idolâtrie qui les a formés. […] Y a-t-il de plus grande folie que de se déguiser en bête, et de se rendre semblable à une chèvre ou à un cerf ; afin que l’homme qui a été formé à l’image et à la ressemblance de Dieu, devienne le sacrifice et la victime du démon ? […] , employé des discours pour obliger les Fidèles à quitter les Théâtres, et les désordres qui s’y font, sans qu’ils en aient rien fait : Ils ne laissaient pas de courir aux danses publiques qui leur sont défendues, et qui font partie de cette assemblée diabolique, formée contre la plénitude de l’Eglise de Dieu.
Lulli, Rameau, Moliere, Racine ont formé peu d’oracles de la Jurisprudence ; si ce n’est dans Pourseaugnac ; le Temple de la Guerre, termine ces belles allégories en sucre.
L’art de sanctifier le crime & de s’en faire un mérite : L’amour qui nous attache aux beautés éternelles, N’étouffe point en nous l’amour des temporelles : Nos sens facilement peuvent être charmés Des ouvrages parfaits que le ciel a formés.
Par exemple une pensée volontaire contre la pureté, un desir deliberé, que l’objét de la pensée fait naître, conçu dans la Comedie, sera imputé à celui qui l’a formé, aux Comediens, qui par leur peu de modestie y auront donné occasion ; aux personnes, qui par leurs exemples ont approuvé la funeste fource de ce malheur ; au Pere & à la Mere des enfans, qui les y ont menés… « O !
Ces deux solennités si différentes, pour faire mieux sentir l’esprit qui les anime, sont quelquefois mises en contraste dans le même jour et le même lieu ; car dans bien des villes, sans aucun égard pour la décence, on a bâti les théâtres auprès des Eglises : les deux foules, dont l’une va prier et l’autre offenser Dieu, se croisent et s’embarrassent ; et si l’office est un peu prolongé, comme il arrive certains grands jours, le chant des psaumes et les violons de l’orchestre se troublent mutuellement, et dans un concert très irréligieux, forment des dissonances plus insupportables à un cœur chrétien qu’à une oreille délicate.
Dans les premiers siecles de l’Eglise on ne representoit rien que de criminel sur les theatres du paganisme ; on n’y representoit rien qui ne fust capable de corrompre la plus pure integrité, rien qui ne peust inspirer le mépris des peres & des meres, former les enfans & les domestiques au larcin & à l’impudicité ; allumer, ou nourrir la haine, la vengeance, la cruauté, entretenir l’idolâtrie, l’impieté, les autres crimes, par le récit des débauches, des violences, & des autres vices des Dieux. […] Ces ingenieuses productions servent à former l’éloquence, à corriger les mœurs, à soulager l’esprit, & n’estant pas criminelles d’elles-mesmes, & estant si utiles au public, elles ne meritent pas le anathémes de l’Eglise.
Henri se rend ridicule dans cette commission : il fait acheter des grains pour en fournir aux Parisiens pendant le siége qu’il va former. […] Sulli avoit formé le projet & pris toutes les mesures pour attirer le Chef des Ennemis, & le prendre.
Ce plan d’Histoire, susceptible d’agrément, de sel, d’un style varié selon les lieux, les temps & les personnes, pourroit former des lettres & des conversations instructives & agréables, plus amusantes qu’une Histoire suivie. […] L’humanité, la reconnoissance, la tendresse, le bon cœur, la noblesse des sentimens peuvent former de ces héros chez les Catholiques, comme chez les Protestans, les Mahométans, les Juifs, les Idolatres.
Dandin demandant ensuite pardon à sa digne moitié des soupçons qu’il a eu l’insolence de former contre elle. […] La dernière défaite de Mithridate, les principales actions de sa vie ramenées habilement & fondues dans la Pièce, l’invasion qu’il projette, sa haîne implacable contre les Romains, secondée par son fils Xipharès, les liaisons de Pharnace avec ces mêmes ennemis, & la trahison de ce Prince, la puissance & la fierté de Rome, les victoires de ses généraux, forment dans cette Tragédie un tableau où le Poëte a rassemblé tout ce qui se passoit alors dans l’univers.
Mais, dit-on, c’est une des meilleures pieces qui aient jamais paru (pour former les mœurs des femmes), & où regne l’horreur du bas & les étroites bienséances qu’on s’est malheureusement prescrites depuis quelque temps qui ont énervé & anéanti la vraie comédie.