/ 687
611. (1541) Affaire du Parlement de Paris « Procès-verbal de l’action intentée devant le Parlement de Paris par le procureur général du Roi aux “maîtres entrepreneurs” du Mystère des Actes des Apôtres et du Mystère du Vieil Testament (8-12 décembre 1541) » pp. 80-82

Et, retournant desdits jeux, se moquaient hautement et publiquement, par les rues, desdits jeux et des joueurs, contrefaisant quelque langage impropre qu’ils avaient ouï desdits jeux ou autre chose mal faite, criant par dérision que le Saint Esprit n’avait point voulu descendre et par autres moqueries. […] Ils font du théâtre par esprit de lucre, comme ils tiendraient une taverne ou un négoce.

612. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre II. Est-il du bien de l’Etat que les Militaires aillent à la Comédie ? » pp. 20-34

Rien de plus opposé, disait-il, à l’esprit d’un peuple guerrier ; il n’est bon qu’à nourrir la paresse et entretenir la débauche : « Theatrum inimicissimum populo bellatori ad nutriendam luxuriam, desidiæque commentum. » (Oros. […] Rien de plus nuisible aux militaires, et de plus opposé à l’esprit de leur état, que le luxe et la mollesse du théâtre : il les affaiblit, les énerve, les rend lâches, en fait des femmes, incapables de soutenir les dangers, les travaux, les combats, les blessures.

613. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre IV. Le Peuple doit-il aller à la Comédie ? » pp. 60-74

Ces grands politiques oublient-ils que ces intervalles de délassement, indépendamment du grand objet de la religion et de l’instruction des peuples, sont nécessaires à la santé du corps, qu’un travail continuel accable ; à la vigueur de l’esprit, que la continuité des occupations rend triste et sauvage : à la douceur de la société, dont ces moments de liberté et de plaisir resserrent les liens ; au travail lui-même, dont on se lasserait et se dégoûterait bientôt ? […] « C’est par là que Molière illustrant ses écrits, Peut-être de son art eût emporté le prix ; Si moins ami du peuple en ses doctes peintures, Il n’eût point fait souvent grimacer les figures, Quitté pour le bouffon l’agréable et le fin, Et sans honte à Térence allié Tabarin. » M’écouterait-on, si je représentais que l’esprit d’irréligion, si funeste à tout le monde, et si commun au théâtre, se répand plus facilement dans le peuple, moins en garde contre la séduction, moins en état d’en repousser les traits et d’en démêler les pièges, lui dont la piété moins éclairée et plus simple confond aisément les objets, tient beaucoup plus à l’extérieur, et par conséquent peut être ébranlée à la moindre secousse, surtout quand on lui arraché les appuis nécessaires de l’instruction et des exercices de religion, en substituant le spectacle aux offices, et lui faisant oublier dans ses bouffonneries le peu qu’il sait de catéchisme, qu’on l’éblouit par le faste du spectacle, qu’on l’amollit par les attraits des Actrices, qu’on le dissipe par la science du langage ?

614. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique — CHAPITRE IV. La Tragédie est-elle utile ? Platon condamne toute Poesie qui excite les Passions. » pp. 63-130

« La Tragédie est l’imitation d’une Action : or toute Action suppose des gens qui agissent, & les gens qui agissent ont nécessairement un caractere, c’est-à-dire des mœurs & des inclinations qui les font agir : car ce sont les mœurs & l’inclination [c’est-à-dire la disposition de l’esprit] qui rendent les actions telles ou telles, & par conséquent les mœurs, ou le sentiment [ou la disposition de l’esprit] sont les deux principes des Actions. […] Les mœurs [ou autrement le caractere] c’est ce qui rend un homme tel ou tel [bon ou méchant] & le sentiment marque la disposition de l’esprit, lorsqu’il se déclare par les paroles qui font connoître dans quel sentiment nous sommes. […] Longin en se servant de ces deux mots, prétend qu’Homere a fait son Odyssée dans la vieillesse, parce que, dit-il, les Grands hommes, quand leur esprit manque de vigueur pour le pathétique, s’amusent ordinairement à peindre les mœurs. […] Nous ne nous proposons pas d’ordinaire d’éclairer l’esprit sur le Vice & la Vertu, en les peignant de leurs vraies couleurs : nous ne songeons qu’à émouvoir les Passions, par le mélange de l’un & de l’autre.

615. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique —  RECAPITULATION. » pp. 382-390

Ils connoissoient aussi bien que nous la passion de l’Amour, & du tems de leurs grands Poëtes, brilloit la fameuse Aspasie, qui par sa beauté & son esprit captivoit Pericles, & que Socrate lui-même alloit voir.

616. (1608) Traitté contre les masques pp. 3-36

Charlemaigne, que ceste maniere de masquer est deriuee du Paganisme & insensiblement escoulee aux esprits des Chrestiens qui les a en fin renduz insensez (face Dieu que non insensibles & endurcis en leur mal sans espoir de guarison.) […] Almache martir repandit librement son sang pour estancher la cruauté des gladiateurs, & arrester le desordre & superstition des masquarades, & par la sentence de mort de l’impie & impiteux Alipius Prefect de Rome consacra son martire à ce iour de Ianuier : par ceste entresuite des saincts Peres de l’Eglise, on voit comme ils ont employé toutes les forces de leur entendemẽt pour arracher des esprits des Catholiques, ces superstitieuses & idolatres masquarades, les Conciles y ont trauaillé à l’enuy : Cap. […] à plus forte raison en celle-cy qu’est le iour natal du S. des saincts que les Payens & idolatres se masquoient en vn autre tẽps, d’autre façon & à autre fin, & quant à eux qu’ils n’ont intentiõ que de passer le temps ioyeusement de donner quelque relasche au corps & à l’esprit harassez du trauail durant le cours de l’annee. […] Donnons congé à ces folies qui nous attisent l’ire du ciel & attirent mille malheurs, car par des actions sales & deportemens insolens plaire à soy & au populaire, est vrayement desplaire à Dieu & aux sages : ramassons nos esprits que telles folies mettent hors de nous, & les ayans repris, considerons si ce ne sont pas folies de se mettre hors de soy & faire le fol pour honnorer la natiuité du sage des sages, de la sagesse mesme.

617. (1710) Instructions sur divers sujets de morale « INSTRUCTION II. Sur les Spectacles. — CHAPITRE II. Réponse aux objections qu'on tire de saint Thomas pour justifier les Spectacles, et aux mauvaises raisons qu'allèguent ceux qui croient pouvoir les fréquenter sans péché. » pp. 55-63

Le saint Esprit qui forme les bonnes pensées, les porterait bien plutôt à fuir ces divertissements.

618. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Livre second. » pp. 2-7

Ce mot ingénieux, qui ne condamne pas directement Louis XIV, dont cet habile courtisan ne voulait pas blesser la délicatesse, répond à toutes les objections dans l’esprit d’un homme sage qui fait apprécier les lumières de la raison, et les faiblesses de l’humanité : « Non exemplis, sed legibus judicandum », dit la loi.

619. (1756) Lettres sur les spectacles vol. 2 «  TABLE. DES MATIERES. Et des Personnes dont il est parlé dans les deux Volumes. » pp. 567-614

Notice sur son Histoire du Maréchal de Saxe, a, 116 Esprit (de l’) par Helvetius. […] Réflexions sur cet état, b, 319, 534 Fléchier (Esprit), Evêque de Nîmes. […] Idée, de son Ouvrage intitulé : De l’Esprit, a, 153, 258 Hénault (le Président). […] Le bon esprit caractérisé, 336. […] Modele d’un militaire estimable, a, 241 Scuderi (George de), Auteur d’une Apologie du Théatre ; caractere de son esprit, b, 60, 113 Secousse, Curé de Saint Eustache, b, 356 Séguier (M.)

620. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre V. Du Luxe des coëffures. » pp. 115-142

Mais, dit-on, tout n’iroit que mieux, s’il y avoit moins de prétentions, & d’esprit dans la toilette des Dames. […] Dans tous les tems, l’esprit de Théatre les passions, les vices portés à l’excès ont fait la célébrité des hommes. […] Ce Prince étoit livré à l’esprit du monde, au plaisir, au luxe, à l’ambition.

621. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE I. Faut-il permettre aux femmes d’aller à la Comédie ? » pp. 4-29

ce sont vos concitoyennes, vos amies, vos parentes, votre fille, votre sœur, ce sont des filles d’une haute naissance, d’une fortune brillante, d’une beauté rare, d’un esprit supérieur, qui s’immolent pour Dieu. […] surtout si vous compariez leurs esprits & leurs cœurs, leurs sentimens & leurs pensées, leurs désirs & leurs projets, leurs goûts & leurs souvenirs, leurs amours & leurs penchans ! […] On les suit dans toutes leurs démarches, toilette, jeu, bal, spectacles, visites, compagnies, habits, parure, fard, lettres, portraits, intrigues, passions, &c. elles y sont anatomisées, & toujours ridiculement : aucun de leurs défauts qu’on n’y retrace, laideur, âge, affectation, mollesse, dépenses, fainéantise, emportemens, esprits faux, médisance, malignité, caprices, bizarrerie, infidélité, tout y est représenté ; il n’y a point de comédie où on n’en dise quelque mal, où le mari, le frère, les enfans, les domestiques les voisins, les étrangers, les amans n’en fassent des portraits hideux.

622. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre IV. Du Législateur de Sans–souci. » pp. 93-109

Nous y toucherons encore moins ; cet objet n’est pas de notre ressort, nous ne parlerons que de l’article du mariàge, sur lequel son code n’est que l’esprit du théatre réduit en loix. […] Supposons que les Acteurs, Actrices, Auteurs, amateurs, en un mot, le Sénat dramatique, par une révolution subite, soit revêtu de l’autorité souveraine, & forme une République ; que cette République veuille se faire un corps de législation selon l’esprit regnant de la scene, je dis que ces nouveaux Licurgues, ces nouveaux Solons, ces nouveaux Numas ne feront que ce qu’a fait Fréderic.

623. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Des anciens Spectacles. Livre premier. — Chapitre II. Des Amphitheatres. » pp. 44-72

Mais l’inquietude du luxe & l’inconstance des esprits y aporterent tant de diversitez & y a adjoûterent tant de choses nouvelles, qu’ils semblerent avoir esté abolis, ou du moins estre degenerez en ceux de l’Amphitheatre, quoy qu’il n’y eust de difference entr’eux que par la maniere du lieu. […] En ces vanitez nous descouvrons combien ces Siecles estoient fertiles d’autres esprits que ne sont les nostres, &c.

624. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE VII. De l’idolâtrie du Théâtre. » pp. 143-158

Je ne parle pas de l’esprit faux et frivole qu’inspire et qu’entretient l’étude continuelle des fables et des chimères, du mauvais goût que donne le tissu de folies et de crimes dont on se repaît comme de quelque chose de bien merveilleux, des entraves qu’il met au génie, en persuadant que tout le beau, le sublime, l’agréable est renfermé dans ce petit nombre d’objets sans cesse répétés et ressassés, qui n’ont plus que de la fadeur. […] Denis, oui, c’est là que j’adore  L’esprit, les grâces, les appas : Je les aimai vivants, je les encense encore. » Est-ce un Chrétien qui tient ce langage ?

625. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — Extrait des Registres de Parlement, du 22 Avril 1761. » pp. 210-223

La conclusion outrée de la Consultation, acheve de révolter les esprits, & d’exciter l’indignation contre le Livre entier & contre l’Auteur.

626. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre VII. De la Vraisemblance. » pp. 277-286

Envain le sujet d’un Drame serait admirable, son stile aurait beau être châtié, clair & sublime ; s’il est dénué du secours de la vraisemblance, ses charmes s’évanouissent, l’esprit indigné se révolte, & l’on siffle impitoyablement ce que l’on regarde comme des Fables.

627. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre XI. Du jeu des Acteurs. » pp. 345-354

Mais une petite réfléxion se présente à mon esprit.

628. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre V. De la Parodie. » pp. 78-89

Celui qui tourne les autres en ridicule, doit le faire avec esprit, si non sa critique tombera sur lui-même.

/ 687