l'âme n'est-elle que l’esprit de Dieu même ? […] Mais comment l'esprit de Dieu peut-il attirer l'anathème ? […] Si c'est l'esprit de l'homme, est-il éternel ? si c'est l'esprit de Dieu, Dieu enflamme-t-il son esprit ? […] Si c'est la décence des esprits forts, ce n'est pas celle des Religieux de la Trappe.
Cependant rien ne se décide, le mauvais esprit règne toujours ; et le Cavalier balancé par ses raisons, et par celles de ses adversaires leur donne l’alternative de l’Eglise, ou de la Comédie. […] Par là on aplanit les chemins, on éclaire l’esprit et on rassure le cœur. […] Où est l’homme sage qui voudra s’exposer à perdre la paix intérieure, et à éteindre l’esprit qui anime un vrai Chrétien, pour un divertissement frivole N'est-il pas écrit que celui qui aime le danger y périra ? […] Le voici maintenant qui veut montrer que ni ceux qui vont à la Comédie, ni ceux qui la composent « ne relâchent point leur esprit jusqu’à la dissolution de l’harmonie de l’âme. […] Quelle pitié qu’un Directeur des âmes entre si mal dans l’esprit de la Religion, et qu’il prenne toujours l’ombre pour le corps, l’écorce pour la vérité.
doit être non seulement une imitation, mais encore une continuation de la vie de Jésus-Christ, puisque c'est son esprit qui doit agir en lui, et imprimer dans son cœur les mêmes sentiments qu'il a imprimés dans celui de Jésus-Christ. […] Ce serait se moquer de Dieu, et des hommes que de dire que l'on va à la comédie pour l'amour de Jésus-Christ, oserait-on lui offrir cette action, et lui dire : « Seigneur c'est pour vous que je veux aller à la comédie ; ce sera votre esprit qui m'y conduira ; ce sera vous qui serez le principe de cette action ; c'est par votre Croix que vous me l'avez méritée. […] L'esprit la regarde sans précaution, et le cœur s'y livre sans resistance. […] L'esprit de l'Eglise n'est point changé. […] L'esprit des Lois a toujours été contraire au Théâtre.
C’est ainsi que le monde remplit les ames d’une negligence si dangereuse, qu’elles font voir par là, que leur salut n’est pas leur affaire capitale ; negligence, que le Saint Esprit condamne dans les saintes Ecritures, quand il dit : Proverb. 3. […] Si j’entreprens de vous en dissuader la frequentation, vous ne me sçauriez voir de bon œil, & ma morale ne flattera pas vos oreilles, puisqu’elle devra tendre à ne vous pas permettre, ce qui est si agréable à l’ouïe : & peut être l’esprit & le cœur s’y revolteront, puisque je serai obligé de les piquer en ce qu’ils aiment, & le Sage m’apprend, Ecclesiastici 22. […] Cependant j’ai lieu d’esperer, que vous me ferez justice, quand vous verrez, Madame, que je suiverai moi-même la maxime du Saint Esprit, qui vous a portée à me demander du conseil. […] Je ne vous alleguerai que les Peres de l’Eglise, que nous devons regarder comme les organes du Saint Esprit : pour nous apprendre ce que les saintes Ecritures n’ont dit souvent que sous des ombres. […] Leur morale s’addressa à tous états, à tous esprits, & à toutes sortes de caracteres : car ils ne distinguerent ni qualité, ni conditions, ni temperamens, ni dispositions du cœur.
En effet, ceux qui vont en ces lieux sont des personnes qui suivent le grand chemin, c’est-à-dire le train ordinaire et l’esprit du monde. […] Ecoutons le saint Esprit, qui nous apprend dans l’Ecriture le péril qu’il y a, non seulement de s’entretenir avec les personnes de différent sexe, ou de les toucher ; mais encore de les regarder ; et nous enseigne à même temps le soin exact que nous devons avoir d’en détourner nos yeux. […] Et Job éclairé de la lumière de Dieu, quoiqu’il fût un homme très parfait, nous assure néanmoins qu’il avait fait un pacte avec ses yeux pour ne point regarder aucune fille, de peur que son imagination et son esprit n’en fût occupé. […] N’est-ce pas une chose étonnante et digne de larmes, de voir que des Chrétiens qui sont obligés à une vie si pure et si sainte, se jettent eux-mêmes dans les lacets du diable et du monde, et s’exposent hardiment et sans aucune crainte dans les périls effroyables du péché, sans faire aucun cas, ni des avertissements du saint Esprit, ni de la gloire de Dieu, ni de leur propre salut ? […] Le mal va si avant par une négligence criminelle, qu’il s’en trouve plusieurs qui ne font aucun scrupule des pensées déréglées que leur esprit reçoit avec agrément, ni des délectations sensuelles et honteuses dans lesquelles ils s’entretiennent.
Les Saints Pères de l’Eglise, qui sont les organes du saint Esprit, et comme les seconds Apôtres de l’Evangile, ont tous puissamment déclamé contre ce divertissement. […] Puis après il dit : « que le diable est auteur des danses, et que celui qui a appris la fornication et l’idolâtrie, c’est le même qui a appris à danser ; et celui-là n’a pas mal rencontré, qui a dit, que la danse est un cercle où le diable fait le centre et le milieu, et ses Anges la circonférence. » Je ne puis omettre ici en passant le sentiment sur ce sujet d’un grand personnage, qui vivait il y a plus de trois cents ans, c’est de François Pétrarque, un des plus grands esprits de son siècle. […] Les filles sont ravies d’aise, de voir que la légèreté de leur corps seconde celle de leur esprit, et croient être plus parfaites de savoir bien danser, que de savoir bien vivre. » Voila le jugement de ce grand homme sur les danses qui se faisaient de son temps, lesquelles n’étaient pas assurément plus criminelles que celles d’à présent. […] La danse dissipe et fait perdre ordinairement l’esprit de dévotion, et c’est la raison pourquoi elle est encore plus étroitement défendue ès jours de Dimanches et Fêtes, que nous sommes obligés de passer saintement, en assistant avec un esprit recueilli et attentif aux divins Offices et instructions Chrétiennes, comme aussi de vaquer à toute sorte de bonnes œuvres, ce qui est détourné par la danse, qui possède le cœur et les pensées de la plupart de ceux qui s’y adonnent. […] Eloi Evêque de Noyon, que cinquante personnes furent possédées des malins esprits un an entier, pour s’être opposées à ce S. qui prêchait un jour S.
Il le mérite mieux que Moliere, il n’étoit pas si décrié, il ne fut jamais Tabarin ; il avoit en son genre autant & plus d’esprit & de génie. […] Mais non, l’Abbé Clement avoit trop de religion, d’esprit & de bon sens pour s’être donné ce ridicule. […] Ce n’est là, comme on voit, qu’une suite d’antitheses, & un jeune homme qui court après l’esprit. […] Il ne connoît point cet esprit philosophique, ce système de saine morale qu’on veut trouver jusques dans ses farces. […] C’étoient des jeux d’esprit sans conséquence, tous les éloges du monde ne feront pas aimer la fievre.
Les Romains qui ont surpassé les Grecs par la gloire des armes, leur ont été inférieurs dans presque toutes les productions de l’esprit. […] Le vainqueur, en s’emparant de l’Empire des Grecs, ne s’apperçut pas qu’il étoit trop sensible aux charmes de leur esprit, qu’il enchaînoit pour ainsi dire le sien, le réduisoit au moins, à l’inaction, & par-là préparoit le plus noble triomphe au vaincu. […] L’esprit abhorre ce partage, & n’entre qu’avec dédain, dans une carriére, où il se voit confondu avec mille objets, qu’il ne manque pas de regarder comme fort au-dessous de soi. […] La gloire des Romains étoit passée ; l’esprit avoit pris la place du génie, la pointe, l’affectation, celle du merveilleux & du sublime. […] L’esprit, par une espèce d’instinct, s’attache aux sujets dont la grandeur & l’élévation sont le plus capables de le soutenir.
J’ai oui dire autrefois à feue Madame de la Fayette, que dans une conversation Racine soutint, qu’un bon Poète pouvait faire excuser les grands crimes, et même inspirer de la compassion pour les criminels, que Cicéron disait que l’on pouvait porter jusques là l’éloquence, et il ajouta qu’il ne faut que de la fécondité, de la justesse et de la délicatesse d’esprit pour diminuer tellement l’horreur des crimes ou de Médée, ou de Phèdre qu’on les rendrait aimables au spectateur au point de lui inspirer de la pitié pour leurs malheurs, tel est le pouvoir des bons Poètes et tel est la faiblesse de nos esprits qui ne sont point en garde contre les charmes de l’illusion ; or comme les assistants lui nièrent que cela fût possible et qu’on voulut même le tourner en ridicule sur sa thèse extraordinaire, le dépit qu’il en eut le fit résoudre à entreprendre Phèdre où il réussit si bien à faire plaindre ses malheurs, que le spectateur a plus de pitié de la criminelle que du vertueux Hippolyte. Or l’on m’avouera que c’est un mauvais emploi de l’art et de l’esprit par rapport à la société que de rendre les crimes et les criminels moins dignes d’horreur. Tout le monde sait ce que c’est que Médée ; cependant un Poète croit bien employer son esprit en lui faisant dire : « Et mon cœur était fait pour aimer la vertu. » En bonne foi, n’est-ce pas réellement blasphémer contre la vertu ? Il prouve en même temps son esprit et son peu de jugement de l’employer au préjudice des bonnes œuvres. Il est utile à la société de mettre les méchants, les injustes, les scélérats sur le théâtre, mais à condition que le Poète les peindra avec les traits et les couleurs qui peuvent exciter dans le spectateur l’horreur de l’injustice, de la méchanceté, de la scélératesse, et jamais avec des traits et des couleurs qui diminuent le crime en y déguisant le sentiment et les opinions des criminels : et serait-ce un projet digne d’un honnête homme et d’un bon citoyen d’employer beaucoup d’esprit à exciter des larmes pour le malheureux Cartouche ou pour le malheureux Nivet morts sur la roue, pour l’infâme Catilina détesté de tous les bons citoyens ?
La plupart des pièces tragiques sont pleines de cette sorte de fureur, qu’on nomme force d’esprit, mais qui n’est au fond qu’une faiblesse occasionnée par un chagrin qu’on n’a pas le courage de surmonter. […] « De même que la lecture des romans rend l’esprit romanesque, l’assiduité au théâtre rend aussi l’âme tragique. […] [NDE] L’Esprit de l’abbé Desfontaines, vol. 1, p. 160.
Comme on ne représente sur le théâtre que des aventures galantes et extraordinaires, et que les discours de ceux qui y parlent sont assez éloignés de ceux dont on se sert dans la vie commune, on y prend insensiblement une disposition d’esprit romanesque et licencieuse, on se remplit la tête de héros et de héroïnes. […] On ne voit plus rien de honteux dans les passions dont on craignait autrefois jusqu’au nom, parce qu’on les voit toujours déguisées sur la scène, embellies par l’art, justifiées pas l’esprit du poète, et mises à dessein avec les vertus et les mérites dans les personnes qui y sont représentées comme des héros. […] Cela arrive toujours, quand on n’en voit que l’image ; mais l’image ne peut plaire sans remuer le cœur, sans l’amollir et le corrompre, sans échauffer l’imagination et sans mettre du faux dans l’esprit.
« Si c’est zèle d’amant ou fureur de Chrétien. » Et quoique le Saint déclare lui-même ensuite qu’il n’a agi dans cette occasion que par un motif de générosité chrétienne, cela paraît mêlé de tant de paroles tendres et passionnées, et de tant de circonstances qui tendent à détourner l’esprit de cet égard, et à le porter vers l’amour profane, que tout ce qui reste dans l’esprit des spectateurs est une haute idée pour la forte passion que cet Amant a eue pour la personne qu’il aimait. […] Tertullien, dans le livre qu’il a fait des spectacles, entreprend de montrer que ces divertissements ne peuvent s’accommoder à l’esprit de la religion que nous professons, et aux devoirs d’un Chrétien : Que ce qui fait qu’ils ont tant de défenseurs, est la crainte que l’homme a qu’on ne diminue le nombre de ses plaisirs : Que c’est en vain qu’on se figure que les Chrétiens ne s’en abstiennent, que parce qu’étant résolus de souffrir la mort pour la foi, ils renoncent à toutes les voluptés de la vie, afin de l’aimer moins, et de n'être point retenus par les plaisirs, qui sont comme les liens qui nous y attachent ; mais qu’ils s’en abstiennent, parce qu’encore que ces divertissements ne soient pas défendus en termes exprès dans l’Ecriture sainte, néanmoins ils ne laissent pas d’y être suffisamment condamnés. […] , 1. par le jugement que les hommes font de ceux qui les représentent, et qui passent dans leur esprit pour des gens infâmes Chap. […] Un Chrétien conservera-t-il dans la comédie les sentiments qu’il doit toujours avoir dans le cœur ; et aura-t-il l’esprit élevé vers Dieu dans une assemblée, où, comme dit Tertullien Chap. […] Ce n’est point à l’esprit de ceux, qui sont appelés à une vie céleste, dont les noms sont déjà écrits dans cette éternelle cité, et qui font profession d’une milice toute spirituelle : mais c’est l’esprit de ceux qui combattent sous les enseignes du démon.
Certes, il faut avouer que Molière est lui-même un Tartuffe achevé, et un véritable Hypocrite, et qu’il ressemble à ces Comédiens, dont parle Sénèque, qui corrompaient de son temps les mœurs, sous prétexte de les réformer, et qui sous couleur de reprendre le vice, l’insinuaient adroitement dans les esprits : et ce Philosophe appelle ces sortes de gens des Pestes d’Etat, et les condamne au bannissement et aux supplices. […] C’est par ces degrés que Molière a fait monter l’Athéisme sur le Théâtre, et après avoir répandu dans les âmes ces poisons funestes, qui étouffent la pudeur et la honte ; après avoir pris soin de former des Coquettes, et de donner aux filles des instructions dangereuses ; après des Écoles fameuses d’impureté, il en a tenu d’autres pour le libertinage, et il marque visiblement dans toutes ses Pièces le caractère de son esprit : il se moque également du Paradis et de l’Enfer, et croit justifier suffisamment ses railleriesDans sa Critique. […] Ou Louis XIV, le plus glorieux de tous les Roys au monde (s.l., 1664), qui qualifie Molière ainsi : « Un homme, ou plutôt un Démon vêtu de chair et habillé en homme et le plus signalé impie et libertin qui fut jamais dans les siècles passés, avait eu assez d’impiété et d’abomination pour faire sortir de son esprit diabolique une pièce toute prête d’être rendue publique, en la faisant monter sur le Théâtre, à la dérision de toute l’Église, et au mépris du caractère le plus sacré et de la fonction la plus divine, et au mépris de ce qu’il y a de plus saint dans l’Église, etc. » Le pamphlet a été pilonné, apparemment sur ordre de Louis XIV. […] L’on sait qu’il se vante hautement qu’il fera paraître son Tartuffe d’une façon ou d’autre, et le déplaisir que cette grande Reine en a témoigné, n’a pu faire impression sur son esprit, ni mettre des bornes à son insolence. Mais s’il lui restait encore quelque ombre de pudeur, ne lui serait-il pas fâcheux d’être en butte à tous les gens de bien, de passer pour un libertin dans l’esprit de tous les Prédicateurs, et d’entendre toutes les langues que le Saint Esprit anime, déclamer contre lui dans les Chaisesr, et condamner publiquement ses nouveaux blasphèmes ?
Mais il est pourtant vrai de dire que les Comédies le sont encore infiniment davantage, parce que les paroles qui sont accompagnées du ton de la voix et des gestes frappent plus fortement les sens, et font bien de plus vives impressions sur l’esprit. […] Cependant on avale sans peine le poison qu’ils présentent, surtout lorsqu’il est renfermé dans des Vers pompeux, ou dans des paroles magnifiques, qui sont agréables, et qui font impression sur l’esprit. […] C’est ainsi qu’un esprit sage sait s’accommoder aux vices de son siècle. […] Que si par hasard on la mène à une bonne Prédication, et si elle entend quelque chose qui lui cause des scrupules, le diable a grand soin de les lui ôter promptement de l’esprit. […] Leur esprit est méchant et leur âme fragile.
Serait une mer sans rivage, Dans le port on ferait naufrage, N’y abîmez plus vos esprits : Car le bon Ange qui la guide, Et qui sur le mien seul préside : M’en a tous les secrets appris. Il dit qu’après que la matière Eut reçu sa forme première, Et rendu l’image en effet, Dieu fit descendre ses idées Dans le sein des Anges guidées Pour former cet esprit parfait. […] Puis ayant cet esprit agile Recouru le premier mobile, Et vu l’heureux trône des Dieux Il passe les deux Hémisphères, Et revolant sur les neuf Sphères, Apprit le bel ordre des Cieux.
Elle en regarde le commencement, la suite et le dénouement, si les passions y sont traitées avec délicatesse, ou avec force et véhémence selon leur nature, ou selon leur degré, si les caractères et les mœurs des nations, des âges, des conditions, des sexes et des personnes y sont gardées: si l'action, le temps, et le lieu sont conformes aux règles que les Poètes se sont prescrites pour faire que l'esprit de l'Auditeur n'étant point partagé soit plus susceptible du plaisir, ou de l'instruction qu'on prétend lui donner: si la versification en est belle et pure, et si les vers aident, par leur tour, par leur justesse, par leur son, par leur gravité, par leur douceur, par leur richesse et leur magnificence, par leur agrément, par leur langueur ou par leur vitesse, à la fidélité de la peinture que les pensées qu'ils expriment, doivent faire dans les esprits, ou à l'émotion du cœur qui doit être excité par les sentiments qu'ils représentent. […] Dans cette idée générale, il n'est ni bon ni mauvais ; il est susceptible de toutes sortes de sujets et de toutes sortes de circonstances; et tant qu'il demeure dans cette indétermination, qui n'a d'être que dans l'esprit des hommes et dans les livres de Poétique, il n'est digne ni d'approbation, ni de blâme. […] Comme ces deux passions ne passent dans l'esprit de ceux qui ne se conduisent pas par les règles de l'Evangile que pour de nobles maladies de l'âme, surtout quand on ne se sert pour les contenter que des moyens que le monde trouve honnêtes. […] C'est pour cela que l'Ecriture nous apprend que la vie de l'homme sur la terre est un combat continuel, parce qu'il n'a pas plus tôt terrassé un ennemi, que cette défaite en fait naître un autre dans lui-même, et qu'ainsi la victoire n'est pas moins à craindre pour lui que ses pertes ; c'est avec ces armes que la chair fait cette cruelle guerre à l'esprit qui ne peut vivre qu'en mortifiant les passions de la chair : elles appartiennent à cette loi de mort qui s'oppose continuellement à la loi de l'esprit, et c'est pour cela qu'on ne peut être parfait Chrétien, que ce corps de péché ne soit détruit, que l'Homme céleste ne règne, et que le vieil homme ne soit crucifié. […] « l'homme qui est tout charnel n'est point capable des choses qu'enseigne l'Esprit de Dieu.
Aristophane, un de ces Génies, heureusement très-rares, parce qu’ils sont très-dangereux, Génies qui sachant assaisonner d’un sel fin, les choses les plus grossieres, savent faire rire à la fois la canaille & les gens d’esprit, entreprit de rendre utile, non pas aux mœurs, mais au Gouvernement public, une Comédie si folle & si obscéne. […] Ce sel de l’Esprit assaisonne les Comédies d’Aristophane, les écrits de Lucien, & ceux de l’Auteur dont parle Rousseau dans ces Vers : C’est dans ce bel Esprit Gaulois, Que le gentil Maître François Appelle Pantegruelisme, Qu’à Neuilli, la Fare & Sonin Puisent cet enjouement benin Qui compose leur Atticisme. Je n’ai garde de vouloir expliquer quel est ce sel de l’Esprit qui fait qu’un mot est un bon mot : on peut parler avec agrément, suivant Ciceron, de toute autre matiere que de celle-ci. […] La raillerie est amere & enjouée : voilà ce sel qui se fait sentir à l’esprit, dit Quintilien, comme le sel ordinaire se fait sentir au palais : quand il assaisonne un Ouvrage, cet Ouvrage n’ennuie jamais. […] Le Stile que Moliere imita dans ses Précieuses Ridicules, étoit alors à la mode, & avoit séduit des gens d’esprit.
Il en est de même de la requête & des Factums qui sont pleins d’esprit. […] Cet esprit est préjudiciable à une Académie ; il fait diversion aux études sérieuses, & aux travaux utiles. […] Cependant comme ces Dames sont de l’esprit & un esprit conciliant, elles ont supprimé les danses qu’on avoit accoutumé d’y mêler. […] Dorat en doute ; quelques-uns ont de l’esprit, mais il ne se fie pas au grand nombre. […] Mais ni le corps ni l’esprit, ni la vertu ne s’acquierent à l’aune.