Quelles atteintes mortelles ne peuvent pas donner à leur innocence, le nombre infini de maximes empestées qui se débitent dans les Tragédies et surtout dans les Opéra, les expressions et les images licencieuses que présente très souvent la Comédie !
Le Théâtre devant réprésenter des actions humaines, soit les actions éclatantes des grands Hommes telles qu’on en voit dans la Tragédie, soit les actions communes des hommes ordinaires comme dans la Comédie, il est évident que l’art principal de ce Spectacle doit consister à imiter la nature, en sorte que le Spectateur croit voir ceux qu’on lui représente, et soit affecté de la même manière qu’il le serait si l’action représentée se passait réellement devant ses yeux.
En voyant ce catalogue, on croit lire la table de nos opéras de nos comédies, Françoise, Italienne, & de la Foire. […] Les danses ne sont-elles pas pires que les romans & les comédies les plus licencieuses. […] Pense-t-on au gouvernement quand on est au bal, à la comédie (j’ajoute, y pense-t-on à la piété) ? […] Le Wauxhal a répondu que ce n’étoit point une comédie, & n’avoit rien de commun avec la scène Françoise.
Le Législateur, il est vrai, n’a jamais interdit, l’Eglise n’a jamais frappé de ses anathemes toute danse en général, comme elle a nommément proscrit la comédie ; elle n’a pu & dû s’expliquer que sur certaines circonstances qui troublent l’ordre public. […] Dans les commencemens de l’opéra & de la comédie en France on fut long-temps à admettre des femmes pour jouer des rôles, & après même qu’elles furent admises pour les rôles on n’y recevoit point de danseuses : les hommes seuls y dansoient, ce qui étoit bien moins indécent. […] La comédie Françoise obtint du même Prince une pareille permission ; l’Opéra en fut jaloux, & réussit à la faire révoquer. […] Charles, dans son traité contre la comédie & la danse, fait (C.
Promettez sur ce livre, et devant ces témoins, Que Dieu sera toujours le premier de vos soins ; Que sévère aux méchants et des bons le refuge, Entre le pauvre et vous vous prendrez Dieu pour juge ; Vous souvenant, mon fils, que, caché sous ce lin, Comme eux vous fûtes pauvre et comme eux orphelinu. » La comédie n’a pas un ton aussi imposant, aussi sévère ; mais combien elle est plus utile, et peut-elle être plus profitable pour l’universalité des citoyens ! […] Sans doute, nous y reconnaissons plus facilement nos voisins, mais il est impossible que nos traits échappent à nos regards, et si nous détournons la tête lorsque nos yeux les rencontrent, c’est déjà un des salutaires effets de la comédie. […] mes frères, la scène comique est le point central élevé du panorama dans lequel le prince de la comédie fait passer successivement sous nos yeux, les vices, les travers et les ridicules de l’humanité. […] Ainsi, mes chers auditeurs, dans notre goût pour les spectacles, nous cherchons dans la tragédie l’attendrissement, le trouble, la terreur même, en un mot de vives émotions indépendamment de l’instruction, et dans la comédie, nous voulons trouver et de la gaîté franche, et un rire pur et innocent, et encore d’utiles leçons.
Se peut-on divertir à la Comédie. §. 8. […] vie à en parler dans la vérité n’est proprement qu’une Comédie, dont nous sommes tous les Acteurs. […] Ces désordres qui étaient ordinaires dans les Comédies des Païens, ont donné lieu à toutes les invectives que nous lisons encore aujourd’hui dans les écrits des saints Pères contre les théâtres. […] La Comédie a fait des poupinsag et des efféminés, mais elle ne fit jamais un honnête homme. Il est bien temps de conclure et de revenir à notre demande : Peut-on prendre le divertissement de la Comédie sans blesser sa conscience ?
De nos jours il dédaignerait la Comédie & sa rivale & n’écrirait qu’une Poètique sur l’Opéra-Bouffon.
Je m’étonne que le corps de la comédie Françoise, & après lui les Italiens, les théatres de province, les théatres de société, & le corps des Maîtres à danser, ne se soient aussi décorés du nom d’Académie dramatique, Académie de Thalie, de Terpsichore, &c. […] La comédie la plus libre, dit-il, est mille fois moins dangereuse que la danse des femmes sur la scène ; j’espère que les personnes raisonnables seront de mon sentiment. […] Si Saluste & Scipion venoient au bal & à la comédie, que penseroient-ils de la vertu des femmes ?
La Comédie se doit faire honneur à elle-même en faisant honneur à la Religion.
Ces prêtres orgueilleux frappent de réprobation des comédiens, à raison de leur profession d’acteur de comédie, et ils feignent d’ignorer que ces citoyens sont autorisés à exercer leur art sous la protection de l’autorité ecclésiastique et séculière ; mais Dieu vous désapprouve et il vous frappera lui-même, « percutiet te Deus, paries dealbate ».
Dans les siécles où la comédie a été si florissante, les peuples ont été plus licentieux que dans les autres temps. […] Un mari mene sa femme, une mere sa fille à la comédie entendre la morale, voir l’exemple d’une actrice, & voudra qu’elle soit sage & modeste. […] Il en est un très-important & très-respecté pour juger de la comédie. […] Ne dit-on pas dans les colleges, pour justifier les comédies qu’on y fait jouer, qu’on n’exerce ainsi les jeunes gens, que pour leur donner de la hardiesse, c’est-à-dire, pour éteindre en eux la pndeur ?
La Comédie & la Tragédie mettent toujours l’amour en jeu ; notre Opéra, plus hardi dans ses entreprises, met l’indécence en action, ou du moins peu s’en faut. […] J’avouerai de bonne foi que si la Comédie récitée ressemblait à l’Opéra Bouffon, & à la Comédie-mêlée-d’Ariettes, elle ne serait pas tout-à-fait si digne de louanges, & qu’elle mériterait un peu les Anathèmes lancés contre-elle. […] son genre, loin d’être si méprisable, est de former une espèce de Comédie simple, dont l’action & les personnages n’ayent rien de commun avec ceux qui nous sont connus ; & de tirer avantage du goût qu’ont les Français pour une musique étrangère.
Ce n'est presque jamais celui de la comédie, le vice y est ordinairement couronné ; les intrigues de galanterie, les passions, les folies, les entreprises des jeunes gens, les fourberies des confidens et des valets, réussissent toujours, et aboutissent au mariage désiré, toujours projeté par les passions, et ordinairement ménagé par des voies criminelles. […] Les comédies font plus des trois quarts des spectacles, il y en a vingt pour une tragédie, et toujours même, comme un correctif au sérieux de la vertu et un préservatif contre l'effet de ses leçons, la farce suit la tragédie : Athalie sera effacée par Scapin. […] Boursaut, dans sa lettre à l'Archevêque de Paris, fait un raisonnement de Poète comique, pour prouver les grands fruits de la comédie, c'est qu'elle représente « des sottises et des crimes.
et Arcadius Chrétiens donnèrent les Jeux du Cirque avec les Tragédies, et des Comédies ; ce que le Proconsul Manlius Theodorius fit encore sous leur règne, dans l'an de sa Magistrature.
La Tragédie et la Comédie sont reparues aussi chez les Modernes, ainsi que les autres Spectacles des Anciens ; mais leur sort a été bien différent.
La Comédie Françoise en conserve une gaze légére. […] Tous les complimens des Romans, de l’Opera, de la Comédie, malgré le cortege bannal de Venus, de Flore, des graces d’Hebé, de l’amour, repeté jusqu’à la fadeur, n’ont jamais vallu le langage simple, modeste & touchant de la vertu, & jamais aucune actrice, aucun amateur, aucune beauté du Théatre ne l’a si bien imité.
Quarto, ils mêlent le plus souvent des farces et autres jeux impudiques, lascifs ou dérisoires, qu’ils jouent en la fin ou au commencement, pour attirer le commun peuple à y retourner, qui ne demande que telles voluptés et folies, qui sont choses défendues par tous les saints conciles de l’église de mêler farces et comédies dérisoires avec les mystères ecclésiastiques, ainsi qu’il est traité par tous les docteurs in capitulo ‘Cum decorem’, ‘De vita et honestate Clericorum’, et per hoc in summo eodem titulo distinctio ex quibus usis ; Item ‘ludi theatrales’ ae. […] Voisin, Défense du traité de Mgr le Prince de Conti touchant la comédie et les spectacles ou la réfutation d'un livre intitulé Dissertation sur la condamnation des théâtres, Paris, Coignard, 1671, p. 308-316.
Le scandale, qui alors avait lieu dans les processions profanes et obscènes, ainsi que dans les églises et sur les théâtres où se donnaient ces comédies pieuses, mais accompagnées de farces licencieuses, était tout à fait nuisible à la religion. L’autorité séculière défendit enfin aux prêtres, de remplir désormais des rôles de comédiens, et à ceux-ci de ne plus prendre leurs sujets de comédie dans les mystères de la religion.