L’apologiste du théâtre termine sa lettre par cette réflexion : « D’autres que vous me feront peut-être un crime d’avoir suivi l’opinion la plus favorable, & m’appelleront casuiste relâché, parce qu’aujourd’hui c’est la mode d’enseigner une morale austère, & de ne la pas pratiquer : mais je vous jure, monsieur, que je ne me suis pas arrêté à la douceur, ou à la rigueur de l’opinion, mais uniquement à la vérité. » Un prêtre, un religieux, qui entreprend de laver le théâtre de son ancien opprobre, étoit capable de rassurer bien des consciences : mais le P. […] Il ne rapproche point les anciennes pièces des nouvelles ; il n’examine point si ce qu’on dit des unes peut s’appliquer aux autres ; si les farces qu’on représentoit sous les empereurs payens, & contre lesquelles les pères de l’église lançoient tant d’anathêmes, ont quelque chose de commun avec nos pièces régulières ; si les changemens arrivés à nos mœurs n’ont pas amené ceux du théâtre. […] Quand il porte une vue générale sur la comédie ancienne & moderne, il trouve la différence à notre désavantage. […] Un écrivain Anglois, pour remédier à l’extrême licence des comiques de sa nation, est d’avis qu’on y établisse des censeurs éclairés & vertueux qui repassent sur les pièces tant anciennes que nouvelles, & n’y laissent rien de grossier, rien d’équivoque, rien qui puisse offenser la pudeur.
Cette conformité avec les plaisirs anciens, dont nous venons de parler, ne m’empeschera pas de donner icy quelques avis sur nos Spectacles & sur nos divertissemens.
Et c'est pour cela que les Pères de l'ancienne Eglise n'ont pas seulement condamné les Théâtres des Païens par cette société qui rendait les Spectateurs complices d'une Idolâtrie si contraire et si pernicieuse à la foi du Christianisme, mais aussi par l'impudence des Acteurs, par les choses honteuses qui s'y représentaient, et par les discours malhonnêtes qui s'y récitaient ; et comme l'innocence des mœurs est de tous les temps, et qu'elle nous doit être aussi précieuse qu'aux Docteurs des premiers siècles, j'estime qu'il est à propos pour lever le scrupule que cette considération pourrait jeter dans les âmes touchées des sentiments de la piété de montrer ici deux choses : La première, qu'elle était parmi les Romains cette débauche effrénée des Jeux de la Scène, qui se trouva même par les Lois digne d'un châtiment plus sévère qu'une simple censure : Et la seconde, que la représentation des Poèmes Dramatiques fut toujours exempte de leur peine, comme elle n'était pas coupable de pareille turpitude. […] Il s'en trouva même un si adroit, qu'il avait instruit son chien à danser et jouer avec lui une partie de ses Fables, dont Plutarque fait un récit particulier dans son Traité de la subtilité des Animaux : et j'estime que nos anciens JongleursIoculatores. […] Sur quoi je dirai que les petites pièces de Poésies que Baïf nous a données sous le nom de Mimes, n'ont à mon avis aucun rapport à ceux des Anciens : car elles sont trop longues pour être dansées tout d'une haleine, et les sujets n'en sont pas Historiques, mais Moraux, ne traitant aucune Fable que par occasion, et fort rarement ; de sorte qu'elles ne seraient pas propres à danser, étant bien plus difficile de représenter le sens d'une Moralité, que les actions de quelque Histoire.
Quant aux indécences et aux libertés de l’ancien théâtre contre lesquelles on ne trouve pas étrange que les Saints Pères se soient récriés, je dirai encore à notre confusion que les tragédies des anciens Païens surpassent les nôtres en gravité et en sagesse, ils n’introduisaient pas de femmes sur la Scène, croyant qu’un sexe consacré à la pudeur ne devait pas ainsi se livrer au public, et que c’était là une espèce de prostitution, j’avoue qu’il y avait souvent de l’idolâtrie mêlée et que leurs pièces comiques poussaient la licence jusqu’aux derniers excès, mais les nôtres sont-elles fort modestes, ce que vous appelez les farces n’a-t-il rien qui alarme les oreilles pudiques ? […] Qu’est-ce que tout l’effort de l’imagination des Poètes a pu jamais enfanter d’approchant, c’est là que vous verrez des villes prises, des combats singuliers, des batailles sanglantes, des renversements de Provinces et de Royaumes, de nouvelles Monarchies établies sur les débris des anciennes, des prodiges de valeur, tant de belles Scènes que Dieu lui-même a pour ainsi dire préparées, mais toute la conduite qu’il a tenue depuis le commencement du monde, n’est-ce pas une espèce de poème épique plein d’événements merveilleux, on y voit tout l’enfer déchaîné pour traverser et anéantir ses desseins adorables, le sacrifice d’une infinité de martyrs, des hérésies sans nombre, sorties du puits de l’abîme pour offusquer la lumière de la vérité, ses victoires, malgré l’oppression de ses défenseurs, tout se disposant aux noces de l’Agneau avec l’Eglise, qui se consommeront à la fin des siècles par leur union éternelle, et le spectacle lumineux de la vérité.
.° les anciens Péruviens sous les Rois Incas, avant la conquête des Espagnols : 2.° les Péruviens depuis la conquête : 3.° les Espagnols, la plupart nés dans le pays, qui en sont les maîtres. […] Il entre dans ces jeux une sorte d’imitation grossiere des actions humaines, qui semble être un germe de farce ; c’est un reste de leur ancien théatre. […] Ce peuple conserva quelque temps, & représentoit chaque année une piece dans l’ancien goût. […] C’étoit un goût chez les anciens, c’est une folie, un délire chez les modernes. […] Ainsi consume-t-on au théatre son temps, son argent, son devoir, son honneur, la conscience, pour n’en tirer que de la fumée. 2.° Que les anciennes représentations des Mysteres & des Martyres valloient mieux que nos drames.
Les Poètes anciens n’en ont-ils point fait plus de cas que nos modernes ? […] Mais nos Poètes se guident sur une autre boussole que les anciens : leur but, c’est de détruire la Religion ; leur maxime c’est de renverser la morale ; et leur grande affaire, c’est à tout le moins de faire rire. […] L’ancien TestamentDeuter. 17. 9. 10. […] La Monarchie d’Egypte était une des plus anciennes et en même temps des plus polies du monde, si nous en croyons l’histoire. […] L’Eucharistie n’est-elle pas infiniment préférable à tous les sacrifices de l’ancienne alliance ?
Lui mandé & entré avec plusieurs anciens Avocats, ayant passé au Banc du Barreau, du côté du Greffe, a dit : Messieurs, La discipline de notre Ordre, l’honneur de notre profession, notre attachement aux véritables maximes, & notre zéle pour la Religion, ne nous ont pas permis de garder le silence, ni de demeurer dans l’inaction au sujet d’un Livre pernicieux qui a pour titre : Libertés de la France contre le pouvoir arbitraire de l’Excommunication, & qui est terminé par une Consultation signée, Huerne de la Mothe. […] Après quoi le Bâtonnier, accompagné desdits anciens Avocats, étant rentrés, Monsieur le Premier Président leur a fait entendre l’Arrêt ci-dessus, & adressant la parole au Bâtonnier, leur a dit : Qu’ils trouveroient toujours la Cour disposée à concourir avec eux pour appuyer de son autorité le zéle public & la discipline du Barreau.
Le démon peut agir sur les corps ; il l’a fait plusieurs fois lorsque Dieu le lui a permis : l’ancien & le nouveau Testament en rapportent beaucoup d’exemples ; l’Eglise en est persuadée, les prieres, les exorcismes, qui sont de la plus haute antiquité, ne permettent pas d’en douter : mais les circonstances ridicules, infâmes, extravagantes qu’on y ajoute, ne portent sur aucune autorité, l’Ecriture n’en rapporte aucune, l’Eglise les condamne. […] Les anciennes diableries donnoient horreur du vice, en le montrant puni par les démons ; les nouvelles au contraire favorisent, inspirent, embellissent le vice, par les graces des actrices, les agrémens de la poësie, les charmes de la musique, la lubricité de la danse, l’obcénité des décoration, le scandale de l’intrigue & du succès.
Des Acteurs anciens. […] On prétend que la déclamation ancienne était notée comme la musique, sans être pourtant tout-à-fait un chant.
IL y a deux sortes de Parodies dramatiques, l’une où les Acteurs parlent tout simplement, & l’autre qui se chante : cette dernière, de beaucoup plus ancienne, appartient de droit au Spectacle moderne par sa nature & par son genre. Je suppose que la Parodie chantante est plus ancienne, parce qu’il fut, sans doute, plus facile de composer quelques couplets malins, qu’un Poème dans les règles.
Il ne veut pas qu’on examine, si les ministres du culte sont dignes de cette confiance si bien méritée, que leurs prédécesseurs obtenaient à des époques anciennes, et principalement lors de l’établissement de l’église primitive. […] La grande colère et l’indignation de M. de Sénancourt sembleraient annoncer, qu’il n’a jamais entendu parler de ces anciens et vénérables prélats, qui n’avaient de luxe que les aumônes qu’ils répandaient sur les pauvres, et de cortège que leurs vertus.
Comparaison des Théâtres anciens avec les modernes. […] Pour suivre cette maxime, voyons d’abord quelle a été l’intention des Anciens dans l’établissement du Théâtre ; et examinons si les Modernes, en suivant leurs exemples, s’y sont proposés les mêmes vues.
Aussi était-ce le commun désir de tous les anciens pères, de saint Cyprien, saint Augustin, saint Chrysostome, Lactance, Arnobe, Tertulliencm, qui avec tant de véhémence ont invectivé contre les spectacles païens, ne cessant de souhaiter que Jésus-Christ gagnât l’orchestre aussi bien que le palais, l’hippodrome aussi bien que le camp, les arènes aussi bien que le temple, que tout fût à lui, et que par-dessus tout flambât sa croix victorieuse. […] Vraiment il y a bien là que voir et regarder, etc. » co Ainsi parlait cet ancien au temps jadis, fournissant de sujet aux acteurs d’alors, s’ils eussent été chrétiens, et si les chrétiens eussent pu déposséder l’idolâtrie et chasser l’impudicité du caveaucp et du cirque. […] [NDE] Pline l’ancien, dans son Histoire naturelle, attribue à Cicéron la référence à une copie de l’Iliade d’Homère, qui aurait été écrite sur parchemin et enfermée dans une coquille de noix (Pline, Naturalis Historia, VII, chap. 21, éd. […] Chants populaires et licencieux chantés lors des noces, dans la Rome ancienne. […] [NDE] Apollinaire l’Ancien, rhéteur du IV siècle, adapta l’Ancien Testament en hexamètres dactyliques pour former une épopée de 24 chants, aujourd’hui perdue.
Il semble donc que Corneille, en parlant ainsi, ait voulu faire la critique du goût de son siècle ; et qu’il s’excuse auprès de ses Lecteurs de ce que le dessein de sa Pièce ne lui a pas permis d’y placer la tendresse et les emportements si fort à la mode sur la Scène, c’est-à-dire de flatter la corruption générale ; puisqu’il est certain que, du temps de Corneille, aussi bien que de nos jours, on voulait dans la passion d’amour cette lâche faiblesse qui déshonnore notre Théâtre, en lui faisant perdre cette grandeur et cette austère majesté, dont les Anciens se servaient si avantageusement pour corriger le vice, et que les premiers de nos Modernes ont eu si grand soin d’imiter. […] Les Modernes pourraient critiquer l’Auteur de la Tragédie de Géta ; parce que ce Prince, ainsi que Justine sa maîtresse, sont représentés trop vertueux, sans donner lieu à la compassion des Spectateurs de s’affaiblir par la vue de quelque défaut, suivant qu’ils soutiennent que les Anciens ont fait : je pense, pour moi, que les Anciens n’ont jamais songé à diminuer la compassion des Spectateurs ; car ce serait avoir entrepris de faire violence à la nature, chose qu’on ne peut leur reprocher. […] Œdipe est puni du crime qu’il a commis, quoiqu’aveuglé par l’ignorance ; Oreste tue sa mere par l’ordre de l’Oracle, et il est poursuivi par les Furies, en punition de son crime ; Hyppolite, chaste et vertueux, meurt par la vengeance du Dieu qui le persécute, etc. cela devait arriver, disaient les Anciens : et, encore une fois, ce n’était que l’ordre du Destin qu’ils avaient en vue. […] J’y trouvais la véritable horreur tragique, telle que les Anciens l’ont connue ; mais modifiée à la manière des modernes, avec un art qui me paraissait admirable.
L’Opéra-Sérieux est le plus ancien Spectacle du monde. […] La musique dès son institution fut consacrée à servir dans les Temples des Dieux ; une foule de Prêtres célébrait apparemment en chœur le Dieu qu’on adorait : voilà ce qui fit naître la prémière idée du grand Opéra chez les anciens. […] Plusieurs Auteurs ne disent rien de celui-ci, mais ils en citent un autre intitulé les Amours d’Hercule, qu’ils prétendent le plus ancien, dont les paroles étaient Italiennes, & qui fut joué devant la Cour dans la sale du Louvre. […] L’Opéra serait très-bien placé dans la superbe salle des Thuilleries ; il la quittera pourtant dès que celle qu’on construit au Palais-Royal, sur l’emplacement de l’ancienne, sera entièrement achevée. […] Trial & Berton, dis-je, feront succéder insensiblement la légèreté, les grâces séduisantes du nouveau chant Français, à la gravité de notre ancienne mélodie : l’harmonie va prendre un nouvel être.
Les Anciens, m’objectera-t-on, après avoir occupé les premieres places dans les armées, venoient jouer leurs Poëmes sur le Théatre d’Athènes. […] Moliere étoit un homme de génie comme Eschyle ; mais ce n’est pas parce qu’il jouoit ses Piéces à l’imitation de cet ancien, mais parcequ’il les composoit Eschyle, pour se rendre plus agréable au peuple, montoit sur le Théatre ; mais je suis sûr qu’Athènes n’eut pas vu d’un bon œil, l’un de ses Capitaines, faire le Comédien autrement que dans ses propres Piéces. […] La déférence que Caton le Censeur marqua un jour pour cette pratique ancienne, en se retirant du Théatre pour la laisser observer, nous le prouve assez.
Ceci me confirme dans le sentiment où je suis que la Comédie ancienne ne se jouait chez les prémiers Peuples que sous des branches & des berceaux d’arbres. […] Donat est le plus ancien Commentateur dans les ouvrages duquel on le trouve. […] Pourquoi seraient-ils plus gènés à cet égard que le Théâtre ancien & moderne ?
Page 103 Les anciens conciles contre les gens de théâtre, ne sont plus applicables aux comédiens français. […] Page 115 Les anciens conciles concernant les théâtres ne sont plus applicables aux comédiens français. […] Page 157 De l’ultramontanisme des anciens papes. […] Page 167 Réflexions sur les juges de la cour royale, comparés aux anciens conseillers au Parlement, et considérés comme des juges ordinaires.