Ce serait un spectacle curieux, et digne du grand Corneille et de l'incomparable Molière, qu'une pièce formée de ces divers morceaux, et une troupe composée de ces Acteurs ; on verrait que les petites maisons et l'Hôtel ont une étroite liaison.
Comment dès son premier pas dans la noble carrière des Corneille et des Racine, l’auteur a-t-il osé calomnier et tenter de flétrir ce qui faisait l’objet de la juste vénération de ses modèles ! […] Les auteurs concourent à l’envi, pour l’utilité publique, à donner une nouvelle énergie et un nouveau coloris à cette passion dangereuse ; et depuis Molière et Corneille, on ne voit plus réussir au théâtre que des romans sous le nom de pièces dramatiques. […] Devons-nous être surpris si, plus d’une fois, Corneille s’est repenti d’avoir consacré ses talents à la scène ; si Racine a pleuré ses succès ; si Gresset, abandonnant solennellement le théâtre, a dit : « L’histoire de l’art dramatique est beaucoup plus la liste des fautes célèbres et des regrets tardifs, que celle des succès sans honte et de la gloire sans remords » ; si, dans ces derniers temps, La Harpe, cet estimable et judicieux littérateur, a manifesté sur le bord de la tombe un regret amer d’avoir, dans ses productions dramatiques, consacré ses veilles au triomphe de la philosophie ; si, enfin, le célèbre Riccoboni, cet ancien acteur du théâtre Italien, dont il avait longtemps fait la fortune, a voté avec tant d’ardeur pour la réforme du théâtre dans le traité qu’il a publié en 1743, où il s’exprime avec cette énergie si remarquable dans un homme de son état. […] En peignant dans les Horace la grandeur et les vertus d’Albe et de Rome, Corneille était-il inquiet de l’autorité du Monarque puissant qui gouvernait l’empire ? […] Je ne saurais faire cette injure à mon siècle, et pour établir combien elle serait injuste, j’en appelle au succès qu’ont encore de nos jours les chef-d’œuvres de Corneille, de Racine et de Molière, partout où la réunion des artistes à talents permet de les offrir encore à l’admiration publique.
M. Corneille avant d’entreprendre sa Théodore & son Polieucte, auroit bien fait de lire ce Canon, de le méditer & de s’y soumettre.
Mais sans remonter aux premiers siècles de l’Eglise, où les Basile et les Chrysostome parlaient aux Grands de leur temps avec tant de courage et de zèle, on n’a qu’à ouvrir les sermons de Bourdaloue, de la Rue, de Massillon, et en particulier le petit carême de ce dernier, pour se convaincre que la religion et la vertu n’ont aucun besoin du théâtre pour annoncer la vérité aux Grands, que les Orateurs Chrétiens le font avec plus d’autorité, de liberté et de fruit que tous les Corneille et les Racine du monde.
M. Corneille et M.
L’amour dans Corneille, est encore plus languissant et plus déplacé : son génie semble s’être épuisé dans Le Cid à peindre cette passion, et il faut avouer qu’il l’a peinte en maître ; mais il n’y a presque aucune de ses autres Tragédies que l’amour ne dépare et ne refroidisse. […] [NDE] D’Alembert reprend ici à son compte, en le détournant légèrement pour l’adapter au contexte d’énonciation, le propos du vieil Horace répondant à Curiace : « Faites votre devoir, et laissez faire aux dieux. » Corneille, Horace, acte II, scène 8 (repr. 1639, publ. 1641).
que diraient Corneille & Racine, s’ils sortaient de leur tombeau ?
Mais enfin il n’empêche pas qu’on ne connaisse ce qu’il y a de beau dans les ouvrages de Sophocle, d’Euripide, de Térence, et de Corneille, et qu’on ne l’estime son prix.
Il cite Racine qui a renonce à sa Bérénice, la croyant dangereuse à la pudeur ; et prétend que Corneille dans son Cid veut qu’on aime Chimène, qu’on l’adore avec Rodrigue.
Voici ce qu’il dit, dans ses maximes & réfléxions sur la Comédie, en parlant des piéces de Corneille, de Quinault, de Racine, de Moliere, de Lully &c. […] Si vous dites, que la seule représentation des passions agréables dans les tragédies d’un Corneille, & d’un Racine, n’est pas dangéreuse à la pudeur, vous démentez ce dernier… Et à la pag. 9.
Molière, Corneille et tous leurs successeurs, ne travaillent que pour ceux qui savent choisir un amusement dont leur cœur et leur esprit peuvent tirer avantage, en sorte qu’ils n’aient pas à se reprocher la perte du temps qu’ils emploient à se délasser. […] L’art de se contrefaire, de revêtir un autre caractère que le sien, de paraître différent de ce qu’on est, de se passionner de sang-froid, de dire autre chose que ce qu’on pense aussi naturellement que si on le pensait réellement, et d’oublier enfin sa propre place […]. »fl Qu’est-ce que le talent d’un Corneille, d’un Molière, d’un Crébillon, d’un Voltaire ?
Pour tout le reste, il y a plus de piété dans une tragédie d’Eschile, que dans tous le théatre de Corneille, de Racine, de Crébillon & de Voltaire.
Le Franc de Pompignan, b, 375 Agnan (le Duc de Saint-) Réfutation d’une anecdote relative à son Ambassade de Rome, b, 232 Agrippa (Corneille) Sa réflexion sur la Musique, b, 401 Arles (Concile d’). […] Extrait de son Traité sur la Comédie, b, 133 Corneille.
Pour charmer dans ses jeux, l’esprit avec l’oreille, Il n’a plus son Moliere ; il a perdu Corneille. […] Mais Corneille, Racine, Moliere & presque tous nos Poëtes modernes semblent ne s’être occupés, dans leurs Drames, qu’à mettre en œuvre le Poëme d’Ovide sur l’art d’aimer. […] Il est vrai que le grand Corneille croyoit que le genre comique étoit plus utile pour les mœurs que la Tragédie. […] de Voltaire nous dit-il, « que bien en prit au grand Corneille de ne s’être point borné dans son Polyeucte, à faire casser les statues de Jupiter par les Néophytes. […] Marmontel appelle, un usage établi & une opinion adhérente au principe fondamental de la Monarchie, que Corneille a eu raison de flatter dans le Cid.
2 Il est inutile de répondre qu’on n’est occupé que du chant et du spectacle, sans songer au sens des paroles ni aux sentiments qu’elles expriment et inspirent : car, comme dit encore Bossuet, « c’est là précisément le danger, que pendant qu’on est enchanté par la douceur de la mélodie, ou étourdi par le merveilleux du spectacle, ces sentiments s’insinuent sans qu’on y pense et plaisent sans être aperçus ; mais il n’est pas nécessaire de donner le secours du chant et de la musique à des inclinations déjà trop puissantes par elles-mêmes ; et si vous dites que la seule représentation des passions agréables dans les tragédies d’un Corneille et d’un Racine, n’est pas dangereuse à la pudeur, vous démentez ce dernier, qui, occupé de sujets plus dignes de lui, renonce à sa Bérénice, que je nomme parce qu’elle vient la première à mon esprit ».
Il est tems que le théâtre national jouisse des mêmes avantages ; il est tems que les manes de Corneille, Racine, Moliere, viennent (de l’autre monde) le contempler & vous dire : Voilà le temple où nous aimons d’être honorés.
A quoi se réduiroient les vers de Crebillon mis à pareille épreuve, ceux du grand Corneille lui-même, & de son petit frère Thomas ?
Corneille, Racine, auroient bien mieux fait valoir tous ces préliminaires qui fournissoient tant de mouvemens.