Si chez les Romains le Théâtre eut été une école de sagesse comme il l’est de nos jours, ou comme dans son institution, nous serions comme dans la Grèce, les premiers de l’Etat. […] Ces questions frivoles occupèrent un longtems la Cour de Rome ; & les disputes furent portées si loin entre les Frères Mineurs, qu’on en fit brûler plusieurs comme s’il se fut agi de l’Etat entier de la Religion & de la Chrétienté. […] Si dans l’Etat comique il se trouve d’honnêtes gens, l’Etat est respectable : une Profession infâme ne peut être pratiquée que par des malheureux sans mœurs & sans sentimens. […] N’a-t-on pas vu un Charles-Quint, après le saccagement de Rome, exécuté par ses ordres, faire des processions, des prières publiques dans ses Etats, pour la délivrance de Clément VII qu’il retenait captif. […] Son Père avait assemblé tous les Seigneurs de son Etat, dont plusieurs se flattaient d’être choisis, mais Cyptis alla offrir l’heureuse ablution à Protis, qui se trouva dans cette assemblée.
pour l’hist. de ce Théâtre, les Noms de ses Auteurs, de ses principaux Acteurs, le Catalogue des Pièces qu’on y joue, ses Priviléges & ses Règlemens, le Calendrier des Spectacles, en particulier l’année 1754 ; & l’Etat actuel de la Musique du Roi.
Par grâce et Privilège du Roi, il est permis à Jean Boude Imprimeur du Roi à Toulouse, et des Etats généraux de la Province de Languedoc, d’imprimer, ou faire imprimer, vendre et débiter par tels Imprimeurs ou Libraires que bon lui semblera, la traduction du Latin en Français du petit Livre de saint Charles Borromée contre les danses, durant l’espace de douze années, à compter du jour que ledit Livre sera achevé d’imprimer.
Mettons le Roi, l’Etat, les maximes du gouvernement, à la place de Dieu, de l’Eglise, de la morale évangélique. […] Souffrirait-on à la Cour, tolérerait-on dans un Etat policé, dans la plus libre République, qu’on parlât des Princes, des Parlements, des Etats généraux, des maximes de l’Etat, comme l’on parle de Dieu, des Ministres, de son Eglise, de la morale évangélique, sur nos théâtres, sous prétexte de quelque rôle nécessaire à la pièce ? […] On ne peut trop maintenir le respect dû aux Puissances, aux lois de l’Etat : je loue infiniment le zèle de ceux qui leur font rendre un si juste devoir ; je voudrais seulement que Dieu ne fût pas moins respecté, ses lois moins observées, sa morale moins révérée, sa religion, ses Ministres, son culte moins protégé : le Créateur et tout ce qui appartient à son service, le mérite-t-il moins ?
Tels sont les principes du Parlement et les lois de l’Etat, de ne reconnaître pour légitime, sans lettres patentes dûment enregistrées, aucun Corps, même ecclésiastique ou académique, quoique bien plus utiles au public, et de toute une autre considération que des troupes de gens les plus libertins et les plus méprisables. Quelle existence légale ont-ils donc dans l’Etat, avec un brevet qu’aucun Parlement n’a daigné enregistrer ? […] Le théâtre est plus contraire à la noblesse que le commerce, les fermes, la domesticité, les arts mécaniques, qui n’ont après tout rien que de légitime et d’honnête dans la religion et dans l’Etat, qui sont même utiles au public. […] Cette idée comique fournirait la matière d’une jolie pièce sous le titre du Comédien Gentilhomme ou de la Comédienne Demoiselle Les divers rapports de l’Etat avec les différents rôles de Princesse, de Soubrette, de Colas, de Pierrot, de Poète, de Scaramouche, etc., feraient naître plus d’incidents et plus amusants que le Bourgeois Gentilhomme de Molière. […] Croirait-on que cet homme fût de l’Académie Française, chargé de bénéfices considérables, Aumônier du Roi et Conseiller d’Etat, et obtint, pour couronner ses exploits, des lettres d’anoblissement pour lui et pour ses frères ?
Vous convient-il, Messieurs, d’oser faire des Tragédies, vous qui n’êtes ni Ministres, ni employés dans les affaires d’Etat, vous qui par conséquent ne pouvez imaginer des situations analogues à des intérêts d’Etat ? […] « Cet inconvénient de métamorphoser les hommes en femmes est fort grand partout, mais c’est surtout dans les Etats, comme [Genève], qu’il importe de le prévenir. Qu’un Monarque gouverne des hommes ou des femmes, cela lui doit être assez indifférent pourvu qu’il soit obéi ; mais dans une République, il faut des hommes. »eo Voilà par exemple un axiome politique tout nouveau : en le lisant j’ai cru d’abord que vous vouliez dire qu’il était indifférent à un Roi de commander à des hommes ou à des femmesep ; que le zèle pour le service et l’obéissance étaient les seules qualités nécessaires à des peuples destinés à vivre sous un Monarque bien capable de gouverner, auquel cas les petitesses et les ridicules des sujets n’empêchaient pas l’Etat de bien aller, étant bien conduit par son Chef ; au lieu que dans une République chaque Citoyen ayant part au Gouvernement, il doit non seulement savoir obéir aux lois, mais même il doit être en état d’en créer et d’en proposer de nouvelles, pour la réforme des abus qu’il aperçoit. Un Républicain doit unir à la docilité d’un sujet des lois les qualités d’un grand Monarque : l’amour de la Patrie, l’intégrité, la vigilance, la modération, la science militaire et politique ; il doit savoir juger les Chefs, qu’il doit préférer pour le bien de la République sur des principes qui concourent à l’affermissement et à l’illustration de l’Etat dont il est membre, et au Gouvernement duquel il sera peut-être un jour appelé. […] Il n’est donc pas indifférent pour lui d’avoir des hommes, et de grands hommes dans son Etat.
Secrétaire d’Etat, Grand-Maître de l’Artillerie, Surintendant des Finances & des Fortifications, honoré de plusieurs Gouvernemens, par-tout il signala sa fidélité, sa prudence, son humanité, son désintéressement, sa sage économie. […] Tous les Evêques qu’il nomma pendant tout son regne étoient si bien ultramontains, que peu d’années après sa mort, aux Etats généraux de 1614, tout le Clergé de France, de concert avec le corps de la Noblesse, se déclare contre le Parlement, le Cardinal du Perron à la tête, dont la harangue imprimée se trouve par-tout, sous les yeux & de l’aveu des Etats, de toute la Cour & de la Reine Régente : ce qui seroit aujourd’hui un crime de leze-majesté. […] Ce n’est point aux champs de Coutras où les armes victorieuses firent échouer des Etats les manœuvres insidieuses (au bas de la page). […] Si je ruine mon peuple , dit-il, qui me nourrira, qui paiera les charges de l’Etat ? […] Quand on lui eut enlevé l’objet de sa passion, il n’épargna pour la ravoir ni les ambassadeurs, ni les armées ; il fit entrer les Puissances de l’Europe dans les intérêts de son amour, sous prétexte des intérêts de l’Etat.
Certes, il faut avouer que Molière est lui-même un Tartuffe achevé, et un véritable Hypocrite, et qu’il ressemble à ces Comédiens, dont parle Sénèque, qui corrompaient de son temps les mœurs, sous prétexte de les réformer, et qui sous couleur de reprendre le vice, l’insinuaient adroitement dans les esprits : et ce Philosophe appelle ces sortes de gens des Pestes d’Etat, et les condamne au bannissement et aux supplices. […] L’Hérésie qui a fait tant de ravages dans cet Etat, n’a plus de mouvement ni de force, et si elle respire encore, s’il lui reste quelque marque de vie, l’on peut dire avec assurance qu’elle est aux abois, et qu’elle tire continuellement à sa fin. […] La sagesse du Roi détournera ces malheurs que l’impiété veut attirer dessus nos têtes, elle affermira les Autels que l’on s’efforce d’abattre ; et l’on verra partout la Religion triompher de ses ennemis sous le Règne de ce Pieux et de cet invincible Monarque, la gloire de son Siècle, l’ornement de son État, l’amour de ses Sujets, la terreur des Impies, les délices de tout le genre Humain, vivat Rex, vivat in æternum. Que le Roi vive, qu’il vive éternellement, pour le bien de l’Église, pour le repos de l’État, et pour la félicité de tous les peuples.
les affaires de l’Etat n’occupèrent jamais tant d’Imprimeurs, de colporteurs et de lecteurs. […] J’envisage cet objet du côté du bon ordre et du bien de l’Etat, et j’ose dire que quoique le gouvernement tolère les spectacles, la bonne politique, toujours d’accord avec la religion et les mœurs, ne leur est pas plus favorable.
Je me borne donc à prier le Seigneur pour la conservation d’une Maison qui donne tant de grands hommes à l’Eglise et à l’Etat.
Les feuilles périodiques en sont pleines, début d’une actrice, déclamation d’un acteur, ariettes, pas de trois, décoration, c’est la nouvelle de chaque jour ; les affaires de l’Etat intéressent moins. L’idiome se forme la-dessus, un Avocat est un grand acteur, un champ de bataille est un théatre, le Conseil d’Etat une scéne, le Prédicateur un Corneille ou un Racine, & on croit l’avoir bien loué, &c. ces mots sont devenus des termes Techniques, tous les Etats se forment de même leurs Ergots. […] La Loi chrétienne ne leur interdit que le ministere Sacerdotal, qu’elles ne voudroient, ni ne pourroient remplir ; encore les en approchet il, par l’ordre des Diaconesses, & par l’état réligieux, & il en souffre comme à Fonterraut, à Jouarre, qui gouvernent des hommes ; il leur laisse le gouvernement des Etats, la guerre, le commerce, les sciences, où quelques-unes se sont signalées, & dont leur foiblesse, leur goût, leur frivolité, leurs infirmités, leurs occupations les éloignent : elles auroient tort de s’en plaindre, elles seules s’en excluent, & avec raison. […] Il est vrai que les Parlements, & sur-tout celui de Paris, comme nous l’avons vu dans le second Livre, se sont souvent élevés contre le théatre ; ils l’ont défendu, ils ont puni les comédiens, ils ont réfusé d’enregistrer les Edits favorables ; ils ont chassé du Barreau un Avocat téméraire, qui s’étoit dégradé jusqu’à prendre la défense de la comédie, & à combattre les fletrissures dont l’Eglise & l’Etat ont justement chargé les comédiens. […] Les Magistrats même n’ont pas respecté ces digues qu’ils avoient opposées, après avoir le matin, fait parler les loix de la Réligion & de l’Etat, ils alloient le soit à la comédie qu’ils avoient proscrite, y mênoient leurs femmes & leurs enfants : Unâ manu ædificans, & alterâ destruens.
L’Empereur Andronic avoit de belles qualités, il avoit rendu de grands services à l’Etat ; il fit du bien au peuple. […] L’Etat , dit-il, avoit besoin d’un tel homme : il falloit débrouiller le cahos des affaires des vautours de l’Etat, rogner leurs serres, discerner les cœurs vrais des cœurs intéressés , &c. […] Voilà l’Etat & le Prince en bonnes mains. […] On va chercher ce libertin qui doit diriger l’Etat, ou le trouve couché tranquillement à l’ombre d’une treille, laissant tomber des fleurs de sa débile main . […] Que l’Etat seroit à plaindre, s’il n’avoit que de tels guides !
Saint-Edme, Biographie des hommes du jour, industriels, conseillers d’Etat...
J’oserais dire que l’établissement d’un Théâtre en Langue Russe, mais d’un Théâtre tel que celui dont je présente le Plan à Votre Majesté Impériale, est une entreprise digne de l’Illustre Fille de Pierre le Grand ; puisque par là elle ferait goûter de bonne heure à la jeunesse une morale sensée, propre à former de sages Politiques, d’intrépides Soldats, de bons Citoyens, des Magistrats intègres et zélés pour l’Etat.
En vain les Théologiens croyent-ils s’être assez rapprochés, & avoir suffisamment étendu leur charité, en établissant, que l’on peut tolérer ceux qui vont aux Spectacles ; & qu’à l’égard des Acteurs, dans les momens pressans, on est prêt à recevoir leur abjuration ; en vain d’autres Philosophes pensent-ils, d’après Pope, que tout est bien, tel qu’il soit, & qu’il faut des ombres au Tableau ; en vain la Politique croiroit-elle entrevoir, dans une innovation, quelques inconvéniens : il n’en est pas moins vrai, que de vouloir diffamer une Troupe de Gens à talens, que l’on reconnoît d’ailleurs être nécessaires, est une contradiction insoutenable, & qui ne peut pas long-tems subsister dans un Etat, dont le goût & les décisions sont des Loix pour toutes les autres Cours de l’Europe. […] Ce sera à un petit nombre de Personnes qui, quoique jouissant des délassemens de la Société, respectent la Religion ; A des Personnes qui sçavent que beaucoup de préjugés, dont on croyoit ne jamais revenir, ont néanmoins été détruits par la suite ; A des Personnes, enfin, assez généreuses pour faire valoir, auprès des Puissances, ce qu’elles auront trouvé de juste dans la Cause des Comédiens, & qui détachées d’intérêts personnels, chérissent tout ce qui peut constater la gloire de l’Etat. […] Il en est des Etats comme des Particuliers : ils succomberont infailliblement, si l’amour du plaisir éteint celui du devoir. […] La Comédie fut regardée, dans sa naissance, comme un effet de la sagesse des Grecs, & elle resta long-tems dans la plus haute estime ; mais quand un Poëte osa se mocquer publiquement des Dieux, des Ministres de l’Etat, & des Philosophes les plus respectés, les choses changerent de face, & ces Comédiens, auparavant si aimés, furent alors chassés comme ils le méritoient.
Il est vicieux jusqu’à favoriser un rebelle, un criminel d’État, lui garder des papiers de la derniere conséquence, contre le service du Roi, vouloir faire un parjure pour le nier, au lieu de l’aller déclarer, comme on en a fait sonner si haut l’obligation contre les Casuistes, jusqu’à vouloir faire révéler les confessions. […] Son ami, dit-il, A violé pour moi, par un pas délicat, Le secret que l’on doit aux affaires d’État. […] Valère dit que Tartuffe a remis au Roi la cassette importante où sont les papiers d’un criminel d’État, & la scène suivante l’Exempt dit : De tous ces papiers Le Roi veut qu’en vos mains on dépouille le traître. […] Cette idée, tout-à-fait louche, est sans vrai-semblance : le Roi fait-il rendre aux criminels d’État les papiers importans qu’on leur a surpris ?
Il en résulte de grands avantages ; outre l’aménité de mœurs qu’ils procurent, c’est par le Théâtre qu’une aimable Philosophie pénètre dans tous les Ordres de l’Etat ; (ceci prouve combien on doit épurer la source des amusemens publics) : l’enchantement des Représentations, & de leur brillant Spectacle, distrait les hommes d’objets desagréables ; au sein des Ris & des Jeux, ils se trouvent forcés d’oublier jusqu’à leurs calamités : par-là l’on fait aimer au Citoyen un pays où il trouve des plaisirs inconnus ailleurs. […] Au lieu d’improuver ces divertissemens publics, il serait à desirer qu’on les protégeât plus spécialement, qu’on les annoblît, qu’on en fît, comme chez les Grecs & les Romains, une affaire d’Etat ; que, s’il était possible, le Citoyen y fût admis sans paraître contribuer en rien à la dépense*. […] Un Anglais, en se noyant de punch & de thé, s’amuse à règler l’Etat, fronde le Ministère, & souscrit pour Wilkes ; le Germain oublie tout à force de rasades ; le Français existe par les femmes : si quelquefois elles l’amolissent, plus souvent encore un coup-d’œil, un sourire de leur part ont suffi pour faire des héros. […] Oui, loin que la Tragédie & la bonne Comédie ne puissent s’allier avec l’austérité Républicaine, ce n’est que dans les Etats, ou Républicains, ou libres sous un Monarque, qu’elles peuvent se montrer, la première avec une majesté, la seconde avec une liberté inconnues par-tout ailleurs.
Les législateurs ecclésiastiques sont les évêques et les prêtres qui ont composé nos premiers conciles, ces conciles étaient, par rapport à la religion et à l’Eglise, ce que sont nos assemblées législatives par rapport à nos lois et à la politique qui régit les Etats ; les lois émanées des conciles se nomment décrets et les articles de ces décrets s’appellent canons, c’est-à-dire, articles de la loi. […] Nous lisons encore dans l’Histoire du droit canonique, 1 vol. in-12, pages 385 et 393, au chapitre de la puissance des rois comme protecteurs des canons ; « Que le prince temporel ne peut pas faire la discipline ecclésiastique, mais qu’il doit la maintenir ; « Que les puissances temporelles sont nécessaires dans l’Eglise, afin de suppléer par leur pouvoir à ce que l’étendue de la parole ne peut faire ; « Que le prince a la liberté de choisir, parmi les différents usages, ceux qui sont plus conformes au bien de son Etat ; qu’il peut rejeter tout à fait, ou modifier les décrets de discipline faits par des conciles, même généraux ; pag. 394 ; « Que les ecclésiastiques ont un double lien qui les soumet à l’autorité royale ; 1° leur qualité de citoyen qui les soumet à la puissance politique comme tous les autres sujets ; 2° leur qualité d’ecclésiastique qui les soumet au prince qui, comme protecteur des saints canons, doit veiller à leur exécution ; pages 400, 401 ; « Que cette même qualité de protecteur des saints canons donne droit au roi de veiller sur les mœurs des ecclésiastiques, afin de s’opposer au relâchement de la discipline de l’Eglise » ; pag. 402.