Les Gazettes ont annoncé ce grand événement ; elle a enchanté tout le monde, non par des pieces sérieuses, mais par des opéra bouffons, où la nouvelle actrice, la Caille, distinguée par une voix agréable, plaira bientôt aux Corses, par d’autres attraits.
Tout est pantomime, les yeux, les mains, la tête, la posture, le ton de la voix, le tour de la phrase, le souris, la démarche, tout peint, tout est imité ; maîtres, amis, parens, gens graves, stupides, savans, &c. rien n’épargne, rien n’est épargné.
Ses sanglots, qui avoient souvent, mais de bonne grace, entrecoupé son discours, se trancherent ici tout-à-fait ; sa voix, étouffée dans ses soupirs, suffoquée dans ses larmes, donna place à celle de la Reine, qui en fur touchée, la releva doucement, lui donna sa main à baiser, lui accorda sa protection, la fit écrire sur le livre de vie, c’est-à-dire sur la liste des pauvres filles qu’on devoit marier.
Tout concourt à fournir un fond inépuisable des reflexions toutes également criminelles, objéts corrupteurs ; recits pleins de tendresse, Poësies lascives, maximes d’amours ingenieusement exprimées, airs languissans, spectateurs repetant les plus malignes paroles, les appliquants ; Concerts harmonieux, voix penetrantes, danses passionées, actions animées, diaboliques enchantemens, & le Chef d’œuvre de l’enfer.
Mais l’œuvre n’est pas moins servile ; le corps et ses attitudes, la voix et ses inflexions, les pas, les gestes y dominent plus que l’esprit, qui n’est ici qu’une sorte de goût et de routine.
Les pièces sont communément plus châtiées, et les parures plus modestes ; les danses, les attitudes, les gestes, les regards, le son de la voix, sont moins efféminés et moins voluptueux, le jeu moins séduisant, par conséquent moins dangereux.
Cet homme étoit né tabarin : il avoit le talent, si c’en étoit un, de l’abbé Abeille & du comédien Garrik ; il étoit grimacier & pantomime, il copioit la voix, les gestes, les démarches, la physionomie de tous ceux dont il jouoit les rôles & racontoit les aventures. […] écoles respectables du véritable honneur, des vertus véritables ; théatre où pour instruire & les grands & les rois, l’auguste vérité fait entendre sa voix.
A sa place on a, comme Agamemnon dans l’Iliade, trouvé un vigoureux Stentor, qui à haute, rauque & peu intelligible voix, va dans tous les carrefours annoncer aux citoyens les ordonnances de police, & le triomphe de la scene sur la magistrature municipale. […] D’excuser leur obstination dans l’erreur & le schisme, & en faire une action louable, sous prétexte de bonne foi, comme si dans un royaume catholique, où les instructions de vive voix & par écrit sont si abondantes, & le refus de les entendre si opiniâtre, pour venir au prêche, cette prétendue bonne foi n’étoit fausse & absolument impossible.
Il n’y eut plus de mœurs, dit Titelive, dès qu’ils préférerent les spectacles aux études, & les voix des Comédiens aux leçons des Philosophes : Vos enfans se forment aux danses Ioniennes, ils étudient l’art de séduire, ils achetent à grands frais les instrumens du luxe & la honte de la débauche : Motus Ionicos de tenere meditatur unque. […] Le pantomime même n’oseroit le représenter il en entre autant de minutieux dans le jargon des valets, dans les nuances des sentimens, dans le ton de l’expression, dans la naïveté des pensées, dans le ton de la voix, que dans les gestes & les attitudes des pantomimes.
C’est que la nature est une, que son cri est le même dans tous les cœurs, sa voix uniforme dans toutes les ames. […] Enfin la précision la plus scrupuleuse en tout, puisqu’il ne s’agit pas seulement de mériter, à l’exemple toute autre Piéce Académique, le suffrage d’une portion choisie ; mais d’enlever la voix & l’applaudissement unanime d’un Public universel.
C’est elle qu’on lui livre sans la lui nommer, sans qu’il en demande le nom ; ce n’est que par hasard qu’étant seule avec lui, il la connoît & en est connu à sa voix, comme si elle-même pouvoit ignorer que son pere qu’elle doit avoir vu & entendu nommer cent fois, est le souverain Pontife, son supérieur.
Aussi l’habile Poëte, le Poëte qui sçait l’art de réussir, cherchant à plaire au Peuple & aux hommes vulgaires, se garde bien de leur offrir la sublime image d’un cœur maître de lui, qui n’écoute que la voix de la sagesse ; mais il charme les spectateurs par des caracteres toujours en contradiction, qui veulent & ne veulent pas, qui font retenir le Théâtre de cris & de gémissemens, qui nous forcent à les plaindre, lors même qu’ils font leur devoir, & à penser que c’est une triste chose que la vertu, puisqu’elle rend ses amis si misérables.
« Elle se sert pour plaire, de la douceur des vers, de la beauté des expressions, des habits, des gestes, de la voix, des accents, ravit l’esprit et charme les sens.
Car tout le Peuple vous conjura d’une commune voix d’abolir les Spectacles des Pantomimes avec autant d’empressement qu’il en avait témoigné à votre Père lorsqu’il le supplia de les vouloir rétablir.
Dans l’Opéra ce Dieu sera le violon ; Du chant, des instrumens, il unira le son Aux charmes d’une voix sonore, En y joignant l’illusion Que met la décoration A la danse de Terpsicore.
Les anciens masques du théatre étoient dans le même goût, c’étoient des casques qui enveloppoient toute la tête, avec de grandes ouvertures aux yeux & à la bouche : on croyoit qu’ils grossissoient la voix.
Tous les Auteurs, tous les Comédiens ne sont pas également effrontés ; quelques-uns ont de l’éducation & de la politesse, ils ont reçu des principes de religion & de vertu, qui se perdent bien-tôt, à la vérité, mais qui pourtant, comme l’accent, le ton de voix, la démarche, laissent échapper quelque nuance de modestie.