Pour s’en convaincre, il ne faut que consulter l’état de son cœur à la fin d’une tragédie : l’émotion, le trouble et l’attendrissement qu’on sent en soi-même, et qui se prolongent après la pièce, annoncent-ils une disposition bien prochaine à surmonter et à régler ses passions ?
Pour le mieux adoucir, la troupe lui a dédié la tragédie de Mitridate, où les aubes ont brillé ; le souffleur a été attentif, rien n’a été donné au diable, & sa Grandeur est parfaitement satisfaite.
Nous apprenons de Plutarque dans le traité qu’il a fait des Coutumes de Lacédémone, qu’on ne jouait dans cette Ville ni Comédie ni Tragédie, pour ne rien faire contre les lois, non pas même en se jouant.
Le théatre eut-il jamais de tragédie aussi bisarrement atroce, & si jamais quelque Shakespear s’avisoit de mettre Christine & Monal Deschi sur la scène, ne craindroit-il pas de se déshonorer & de révolter tout le parterre, ne fut-il composé que des cannibales, s’il faisoit venir un Mathurin donner l’absolution à cet amant infortuné par l’ordre d’une si barbare & si ridicule Héroïne. […] Ses amours gothiques comme elle tenoient de l’humeur des Attilas, des Totilas dont elle croyoit descendre ; elle porta la jalousie aux plus grands excès qui lui donnoient droit de faire remonter sa généalogie jusqu’à Médée, elle fit de sang froid poignarder son infidèle amant ; tout le monde sait l’aventure de Monal Deschi son Écuyer, qui parmi tant de comédies fait une vraie tragédie.
Epargneroient-ils les amours de Diane, dans la décoration des tragédies d’Esther, d’Athalie, de Polieucte ?
Nos Dramatiques mettent des obscénités dans la bouche même du sexe : les personnages et les pièces que je me suis contenté de nommer en sont des preuves sensibles ; et s’il en était besoin, ces preuves pourraient être multipliées presque à l’infini ; car les Comédies chez nous sont rarement innocentes de ces désordres ; les Tragédies mêmes n’en sont pas toujours nettes. […] [NDE] The Mourning Bride, tragédie de Congreve.
& la moitié des tragédies, mais encore pour l’impureté, comme l’Amphitrion, George Dandin, Didon heureuse, &c.
Et dans le fond il est vrai que dans toutes les pièces monastiques les vers, les acteurs, les décorations, les habits, ne sont divertissants que par le ridicule ; ce qui a donné lieu à un couplet de chanson fort connu : « Nous jouons des comédies Dans l’enclos de nos maisons, Et même des tragédies Mieux que Molière et Baron.
d’Espagne, Lett. 11.) sont des tragédies dont le sujet est pieux, & l’exécution bizarre.
je vais mourir, je n’ai qu’à mourir, tu me donnes la mort : stérilité de faiseur de roman & de tragédies, qui ne sait que dire, & rappelle ce trait plaisant de Boileau : Et toujours bien mangeant, mourir par métaphore.
[NDE] Adrienne Lecouvreur (1692-1730), née Adrienne Couvreur, était une actrice jouant dans des tragédies.
Pour faire un livre d’assertions plus infâme en tout genre que celui qui a fait condamner ces Pères, on n’a qu’à extraire la moitié des opéra, comédies, tragédies, farces, théâtre italien, on fera une chaîne de tradition non interrompue, jusqu’au moment présent, des plus grandes horreurs, même du régicide.
2 Il est inutile de répondre qu’on n’est occupé que du chant et du spectacle, sans songer au sens des paroles ni aux sentiments qu’elles expriment et inspirent : car, comme dit encore Bossuet, « c’est là précisément le danger, que pendant qu’on est enchanté par la douceur de la mélodie, ou étourdi par le merveilleux du spectacle, ces sentiments s’insinuent sans qu’on y pense et plaisent sans être aperçus ; mais il n’est pas nécessaire de donner le secours du chant et de la musique à des inclinations déjà trop puissantes par elles-mêmes ; et si vous dites que la seule représentation des passions agréables dans les tragédies d’un Corneille et d’un Racine, n’est pas dangereuse à la pudeur, vous démentez ce dernier, qui, occupé de sujets plus dignes de lui, renonce à sa Bérénice, que je nomme parce qu’elle vient la première à mon esprit ».
L’Histoire de Picardie, rapporte un spectacle singulier, autre fois fort en usage, appellé les grandes ou les petites diableries, On jouoit cette espece de tragédie à deux ou à quatre personnages, d’où est venu l’expression proverbiale faire le diable à quatre.
Il se corrigea de cette foiblesse en entendant quelque vers de la tragédie de Britannicus, où Racine en faisoit sentir l’indécence dans la personne de Néron.
Quelqu’un disoit des Tragédies d’Euripide : Ce sont les restes des festins d’Homère, qu’un convive emporte chez lui.
Qu’elle coupoit les cordes des cloches pour qu’on manquât les offices, se faisoit habiller & deshabiller par des jeunes pages, au lieu de femmes de chambre, se déguisoit en hommes, & couroit la nuit, qu’elle abandonna son mari, s’alla promener en Piémont, en France, en Flandre, en Allemagne, qu’on lui dédia une tragédie, qu’elle en fit la fortune, &c. mais pourvu qu’on soit belle, ou du moins qu’on s’en croie, on a toute sorte de mérite, les graces effacent tous les défauts, le coloris du tein donne toutes les vertus.