C’était des chansons tendres, semées d’équivoques : que sont nos vaudevilles, nos ariettes, nos airs d’opéra ?
Des admirateurs si zélés, des citoyens si riches, des enfans si respectueux & si tendres, des éleves si généreux devoient-ils vanter d’avance leur reconnoissance reconnoissance, & quêter si bassement de quoi élever un monument si bien mérité ? […] Pour séduire une femme très-respectable de la Cour d’Hongrie, un Prince son amant, ordonna sous main, aux acteurs de ne représenter que des piéces où la foiblesse des femmes fût toujours excusée ; ainsi tout disoit à cette Dame qu’une femme peut se livrer sans crime, au penchant de son cœur ; mille exemples, moyens plus persausifs que tous les discours, l’assuroient que le deshonneur ne suit pas toujours une tendre foiblesse, que la plus austere vertu n’est pas à l’abri des soupçons, que la loi de la fidélité n’est qu’un joug imposé par la tyrannie des maris, qu’une femme sage peut reprimer les desirs ; mais qu’il lui est impossible de n’avoir pas de penchant.
au : Car il recommande qu’on retienne les enfants en leur âge tendre de voir les Comédies : et en général, veut que le Magistrat empêche tous Spectacles, où il se die et fasse rien de déshonnête, vu que de l’ouïr et le voir, on passe aisément à le faire. […] Nous avons convaincu ces mêmes Théâtres d’être dissolus, et de corrompre les mœurs, et comme entre les Païens ils avaient été dédiés à Vénus, de retenir toujours de leur première institution, et de tendre des lacs à la chasteté. […] « Il ne peut y avoir de pestecr en la République qui soit plus pernicieuse, ne qui semble avoir plus de force pour corrompre les mœurs des Citoyens : non seulement elle gâte les esprits des enfants qui sont encore mols et tendres, mais aussi elle sollicite la pudicité des femmes mêmes les plus chastes. […] De fait, il est constant, que non pas un ou deux d’entre les Pasteurs, mais tous généralement ; et non seulement en cet âge, mais en tous les Siècles qui ont coulé depuis Jésus Christ, avisant, selon leur charge, à l’ordre qui doit être gardé en l’Eglise, par les fidèles qui en sont membres, et à la conduite dont ils doivent user en leur vie, Ont vu un inconvénient grand s’ils se rendaient à ces Théâtres, et ont estimé que là est un entretien de l’oisiveté, et surtout que l’honnêteté y court risque, et que Satan y tend ses pièges pour corrompre les mœurs.
En louant ces folies, on s’en tend complice, on en devient l’auteur, en engageant à les dire, & l’on mérite les plus grands supplices.
Pour se couvrir de l’injure du temps, ils faisoient tendre cette immense capacité, tantost de voiles de pourpre labourez à l’aiguille, tantost de soye d’une autre couleur, & les avançoient ou retiroient comme il leur venoit en fantaisie.
Ce qui ne roule que sur une simple Idée est toûjours fluet, delicat & tendre : malaisé à élever & à pousser jusqu’à la parfaite maturité & jusqu’à une juste corpulence. […] S’il s’agit d’un Amant, on affectera du tendre ou du passionné. […] Car ce seroit une lourde & grossiere faute de faire le Masque de Bachus aussi doux & aussi tendre que celuy de l’Amour ou de Venus.
C’est le portrait de nos Actrices, qui sont sans doute moins riches & moins puissantes que cette Reine : mais pour l’indécence, la coquetterie, le raffinement de la parure, les pieges tendus à la vertu, il semble qu’elles aient pris des leçons de Cléopatre, & plusieurs d’entr’elles pourroient-lui en donner. […] Quand même il seroit vrai que Judith se le seroit permis, on n’en pourroit rien conclure pour des Chrétiens, dont la Loi condamne si sévérement tout ce qui tend à l’impureté, jusqu’aux regards & aux pensées.
Le tendre Ovide leur donne des leçons ; elles ajoutent au ridicule. […] Le démon, comme cet oiseleur, tend ses piéges pour prendre les ames.
La quatriéme, parce que, comme remarque Tertulliene, l’Ecriture condamne la Comédie & les Spectacles dans les passages qui nous défendent de suivre les desirs deréglez de la convoitise & de satisfaire nos passions ; dans ceux qui nous obligent de tendre toûjours à la perfection, laquelle consiste dans l’assujetissement des passions à la grace, ce qui ne se peut acquerir qu’en éloignant de l’esprit tout ce qui peut servir à les fortifier & à les y entretenir ; Et dans ceux qui nous défendent les moindres impuretez & les moindres paroles deshonnêtes ou frivoles. […] On y chante des airs qui ne tendent pour l’ordinaire qu’à allumer un feu qui ne brûle déja que trop, & que la foi nous oblige d’éteindre ; les jeunes gens de l’un & de l’autre sexe s’y assemblent & s’y placent confusément ; les filles & les femmes y vont pour voir & pour estre vûës ; les Chantres n’y sont pas des mieux réglez dans leurs mœurs, ni les Chanteuses des plus modestes dans leurs habits ; on y passe un temps considerable qu’on pourroit emploïer plus utilement ; enfin on n’y cherche que le plaisir pour le plaisir & que le divertissement pour le divertissement.
Lovelace en est la première victime : « L’amitié, dit-il, est une plante qui croît lentement, ses racines sont composées de tendres fibres qui ont le goût très fin. […] « Ils n’auraient pas souffert, dit-il, que les jeunes gens entendissent quoi que ce soit de tendre ou de trop enjoué. […] « Plusieurs pieux Bourgeois, et autres personnes de considération bien intentionnées pour la ville de Londres, considérant que les Comédies et les jeux de hasard étaient des pièges tendus à la jeune noblesse et autres, et voyant de grands inconvénients, tant pour les particuliers que pour toute la Ville, si on les permettait davantage, et que ce serait une honte aux Gouverneurs et au gouvernement de cette honorable ville de Londres, de les souffrir plus longtemps ; en ont averti quelques religieux Magistrats, les suppliant de prendre les moyens de supprimer les Comédies etc. dans la ville de Londres et dans ses dépendances ; lesquels Magistrats ont sur cela présenté une humble requête à la Reine Élisabeth et à son Conseil privé, et ont obtenu de sa Majesté la permission de chasser les Comédiens de la ville de Londres, et de ses dépendances : ce qui a été conformément exécuté ; et les salles de la Comédie de la rue Grace Church furent interdites et entièrement détruites. […] Ce sujet est presque toujours traité de la manière la plus tendre et la plus passionnée : il est ordinairement la base, le mobile, le centre de tout dans une Pièce de Théâtre : c’est le dessein capital à quoi les Incidents se ramènent, et sur quoi roule l’Intrigue : les Spectateurs s’y attendent même, dans le train que les choses sont à présent.
Cette voie, quelqu’indirecte qu’elle paroisse au premier coup d’œil, a ses utilités ; elle tend à la délivrance des Innocens opprimés, ou bien à empêcher qu’on n’agrave trop le joug d’un malheureux coupable.
Considérons le cours des années & des siécles, le tems qui s’envole ; Ecoutons le son de la Trompette qui va bientôt nous appeller, la voix de l’Ange qui se fait entendre pour nous animer au combat ; les Martyrs nous tendent les mains & nous présentent leurs Couronnes.
Que penser de la vertu de ceux qui ne sauvent pas les apparences, qui arborent les dehors du vice, en exposant les dangereux attraits, en offrent les moyens secrets, en tendent les piéges ?
Les bouffonneries d’un personnage singulier, la naive peinture d’un Artisan, suffiront aussi à former le Nœud en observant d’y mêler l’amour d’un tendre Colin.
Sachez, mes bien aimés, que le Démon notre ennemi séduit et prend plus de gens par la volupté, que par la crainte ; Car pourquoi tend-il tous les jours les pièges des Spectacles ?
Page 179 Les actes de fanatisme des prêtres, tendent à exciter l’anarchie et le mépris contre le souverain.
Je suis honteux que ce Révérend Père reproche aux Comédiens, qu’ils emploient toutes sortes de ruses et d’inventions, pour suspendre nos esprits, et que par de subtiles amorces ils chatouillent nos sens en telle façon, que les facultés de notre âme en demeurentr offensées ; Je ne sais d’où il a tiré cette doctrine, et de qui elle est autorisée si c’est de son caprice, ou de quelque esprit aussi blessé de l’imaginative que lui ; car je suis étonné qu’une telle faiblesse soit sortie de la pensée d’un Religieux ; Je crois que le plus grand charme par lequel ils tendent à captiver et arrêter les Curieux, c’est par le seul mérite de leurs poèmes, et non par aucune autre considération.