Vous avez le Prince des Orateurs Cicéron, qui soutient et avec raison, que d’appeler un homme danseur, c’est lui faire une injure fort atroce, parce que, dit-il, ce vice ne va jamais qu’il ne soit accompagné de plusieurs autres ; car personne d’ordinaire ne danse étant sobre, si ce n’est qu’il soit fol, ni en solitude, ni dans un festin modéré et honnête : la danse suit volontiers les banquets déréglés, les lieux plaisants et les autres délices. […] Jésus-Christ Luc. 9 a enseigné une doctrine et mené une vie toute contraire à ces divertissements, « Si quelqu’un (dit-il) veut venir après moi, qu’il renonce à soi-même, porte sa Croix et me suive. […] Aux noces d’Alexandre Roi d’Ecosse, avec Yolande, comme on dansait, on vit un mort suivre pas à pas les danseurs : ce qui donna une si grande frayeur à tous, qu’ils prirent incontinent la fuite. 4.
C’est pourquoi on trouve ordinairement dans les canons ces quatre mots unis ensemble : ludicra, jocularia, turpia, obscœna : les discours plaisants, les discours bouffons, les discours malhonnêtes, les discours sales : non que ces choses soient toujours mêlées : mais à cause qu’elles se suivent si naturellement, et qu’elles ont tant d’affinité, que c’est une vaine entreprise de les vouloir séparer. […] Ceux qui avaient espéré de lui trouver des approbations, ont pu voir que la clameur qui s’est élevée contre la dissertation, et par la censure qu’elle a attirée à ceux qui ont avoué qu’ils en avaient suivi quelques sentiments, combien l’église est éloignée de les supporter : et c’est encore une preuve contre cette scandaleuse dissertation, qu’encore qu’on l’attribue à un théologien, on ne lui ait pu donner des théologiens, mais de seuls poètes comiques pour approbateurs, ni la faire paraître autrement qu’à la tête, et à la faveur des comédies. […] [NDE] Suit le texte des Septante pour Psaume CXVIII, verset 84.
Dès l’instant qu’elle parut, elle remporta tous les suffrages ; & au bout de trois mille ans elle enchante encore nos Sçavans, & nous donne des préceptes que l’on s’éfforce de suivre. […] Un Payen qui suivait les devoirs de l’honnête homme, qui ne s’écartait jamais de ce que lui prescrivaient ses Dieux & la probité, ne valait-il pas ce Chrétien qui semble se faire un plaisir de se moquer de la Religion, & d’afficher les désordres de sa vie ?
« La volupté nous séduit, Son poison abrutit l’âme De l’insensé qui la suit ; Les provinces ravagées Et les villes saccagées Doivent leurs maux à ses traits. » Parnasse Chrétien, tom. […] Le peuple suivit l’exemple des grands, et la fin des troubles de la république fut celle de la liberté.
Tout le monde aime la volupté, sur-tout la jeunesse qui s’imagine lui être consacrée ; les Poëtes & les Peintres peignent la volupté comme une jeune personne couchée sur un lit de fleurs, environné de tout ce qui flatte les sens ; toutes les passions bouiliantes à cet âge où la chair vigoureuse qui n’a point encore été mortifiée, domine avec insolence, & s’en fait même un privilège, & rien de plus ordinaire au théatre & dans le monde que de dire que la sagesse n’est faite que pour les vieillards, & le bel âge pour les plaisirs ; ceux qui ont des inclinations plus heureuses n’osent les suivre, le respect humain l’entraîne dans la foule, il est emporté par le torrent & on les excuse. […] Je ne désespère pas que dans peu nous n’ayons d’autres nouvelles à vous donner ; pendant tout le souper qui suivit, elle rêva toujours, elle ne s’étoit point remise de ses agitations, la musique remplissoit encore ses oreilles. […] Voici ce que Molière dit de lui même : Mon métier a été d’étudier les sottises des hommes, on les suit en gros & confusément, quand on vient au détail, on est surpris de l’étendue de cette pièce, j’assemblois dans un rôle autant de gens que je pouvois, & je leur faisois voir qu’ils étoient des sots. […] Si cette façon de s’unir trouve les hommes contraires, il faut sans balancer refuser leur compagnie (il n’y a rien à craindre) ; les hommes ne pouvant se soutenir sans elles (ni elles sans les hommes), ils seroient forcés à suivre leurs loix pour les posséder (par sympathie encore) ; le succès de ses leçons fut prompt, les hommes furent attaqués par les regards (purement spirituels), dont les feux embrasent leurs ames, ils furent animés d’une ardeur que n’inspire point la gloire (toute à la pointe de l’esprit) ; dès ce moment les mortels ne connurent point de bonheur plus parfait que d’aimer & d’être aimé. […] C’est à la vérité suivre le cours de la nature ; mais ne pouvoit-on pas se passer de le répéter si souvent ?
Dans les sombres détours d’une scène éclatante L’époux a prévenu son épouse inconstante, Et sa main libérale achette au plus haut prix Vn repentir suivi de honte & de mépris. […] Cette nation ennemie déclarée des bonnes mœurs, les Actrices leur étoient inconnues (on a long-temps suivi cette loi parmi nous) ; ils interdisoient même aux femmes l’entrée des spectacles, jusqu’aux jeux olympiques, quoique moins dangereux, comme le marque Stace (Thebaid. […] Elles marchoient à pied, couvertes d’opprobres, n’étoient point suivies par des esclaves richement habillés (laquais à livrée). […] Ces deux personnes professent-elles la même religion, suivent-elles le même évangile, imitent-elles le même modèle d’un Dieu crucifié ? […] Il ne restera plus que la comédie Françoise, & de bonne foi mérite-t-elle l’apothéose, sur-tout dans les petites pieces qui suivent les tragédies, & dédommagent de leur sérieux ?
A la foire saint Germain, à l’Hôtel des Monnoies, à la place Dauphine, vis-à-vis Henri IV, à l’Hôtel de Condé c’est celui qu’on doit suivre, pour ne priver ni le Prince, ni la Comédie, de l’honneur mutuel d’être logé sur l’olimpe pour les plans proposés. […] Son concurrent, dont on a suivi le plan, revendique pour lui-même la gloire de l’invention : Non nostrum inter vos tantas componere lites. […] Nous ne suivrons pas le détail infini qui fait la description des colomnes, plafonds, galeries, lustres, tableaux, glaces, marbres, statues : &c. […] Quelle route suivez-vous ? […] La Procession s’ouvre par une brigade d’Archers à cheval, suivis d’un chœur de Chantres, un cierge à la main, & portant un étendart noir, les uns habillés de noir, & les autres couverts de haillons tout déchirés, en signe de dueil.
Mais quel art ne faut-il pas pour les faire paraitre & suivre à propos ! […] Mais la règle générale, la seule que l’on suit & que l’on connait, est de faire naître les incidens par des moyens aux quels on ne s’attende pas. […] S’il a des Pièces sans nœud, ce mot pris à la rigueur du terme, il en a tant d’autres où les préceptes du Philosophe Grec sont suivis, qu’on ne peut accuser ses Poètes d’y manquer par faiblesse ou par ignorance ; mais j’ai observé plus haut que ces Pièces dont l’action est un peu relevée ne sont nullement dans son genre. […] La seule règle qu’ils ayent suivis jusqu’à présent, est de ne point trop donner l’éffort à leur imagination, & de se contenter du moindre petit obstacle qui recule le dénouement. […] Qu’on doit suivre l’éxemple de J.J.
Ils mourraient de tristesse, ils ne subsisteraient pas, ils ne pourraient pas nous suivre. […] L'Ecriture nous apprend que Dieu souffrant pour nous, a fait les chemins que nous devons suivre; peut-être que ces chemins nous conduisent aux Jeux publics et aux Spectacles qu'il défend ? […] Nous les suivons toutefois après le Baptême ; nous savons bien que ces Spectacles sont des inventions du Diable: nous y avons renoncé ; d'où s'ensuit nécessairement qu'en y allant volontairement et avec dessein, nous devons reconnaître que nous retournons au Diable ; car après tout nous avons en même temps renoncé à l'un et à l'autre, et avons confessé que l'un et l'autre sont la même chose. […] L'on renonce donc premièrement au Diable, afin que l'on croie en Dieu, d'autant que quiconque ne renonce pas au Diable ne croît pas en Dieu ; et partant quiconque retourne au Diable, méprise et quitte son Dieu: Or les Démons se trouvent dans les Spectacles et dans les Pompes solennelles, de sorte que quand nous y retournons nous quittons la Foi de Jésus-Christ: Le mérite des Sacrements de notre Religion se perd en nous; tout ce qui suit dans notre Symbole est choqué, et tout ensemble affaibli ; Car le moyen de s'imaginer qu'une chose puisse demeurer debout quand son appui est à bas : Dis-moi donc, ô Chrétien, qui que tu sois, ayant perdu par tes mépris et par ta rébellion les principes de ta croyance, comment pourras-tu faire état de sa suite ? […] Mais quand on verrait entre eux tout ce que je viens de dire, ils ne seraient pas toutefois si coupables que nous, parce que l'offense qu'ils feraient en voyant de si grandes impuretés ne serait pas suivie de la transgression de la Loi.
Il est dans toutes les villes des insensés qui courent les rues deguisés de mille manieres bizarres : cette mode étoit trop du goût du jeune chanoine pour ne pas la suivre. […] La contagion gagna les communautés religieuses, qui se firent gloire de suivre un si grand exemple. […] Il n’emploie ses biens qu’à sa vanité, son luxe, son incontinence Il est meublé & habillé magnifiquement, & se fait suivre comme un prince par un nombreux cortége, il porte son faste jusques dans l’église, où il se fait dresser un trône plus élevé que les siéges des prêtres, d’où il prononce des oracles & des sentences. […] Ecoutons, respectons, suivons l’épiscopat ; Allons, sans craindre de méprise.
Si votre fils sait faire réflexion sur ce qui se passe en lui, examiner quelle impression les paroles des autres font sur lui, chercher la cause des divers sentiments qui suivent les divers tours, les diverses manières, et les mêmes choses placées diversement, il deviendra bon Rhéteur. […] Si vous voulez faire de votre fils un Docteur, faites-lui apprendre la Philosophie scolastique, et qu’il suive toutes les règles que la Sorbonne a marquées. […] Je veux qu’alors on lui fasse tout remarquer ; qu’à l’occasion d’une campagne qu’on voit semée de fleurs et entrecoupée d’arbres et de ruisseaux, on lui fasse entendre qu’un peu de matière poussée vers nos yeux, et qu’on appelle des rayons, peint tous ces divers objets sur notre nerf optique ; que les ébranlements divers de cette partie de l’œil sont suivis de diverses perceptions, par lesquelles nous découvrons la différence des objets, et leurs diverses distances. […] Je crois aussi que comme on lui aura fait suivre les véritables idées des choses, et reconnaître les bornes de l’esprit humain, il ne donnera point dans les visions de ceux qui cherchent la quadrature du cercle, et la pierre philosophale, ou qui veulent deviner l’avenir par les conjonctions des Astres.
Les Empereurs Valentinien, Valens & Gratien, ont suivi en cela les loix de l’Eglise & les sentiment des saints Docteurs, en défendant qu’on admît aux Sacremens les comédiens, même au lit de la mort ; à moins qu’ils ne jurassent entre les mains des magistrats, de ne plus éxercer leur profession en cas qu’ils revinssent en santé, quelque douleur qu’ils témoignassent de leurs péchés d’ailleurs. […] Suivre le monde & se conformer à la coutume, c’est suivre un mauvais guide ; puisque c’est cette coutume qui perd tous ceux qui ont le malheur de se perdre ; & que faire le mal, parcequ’on le voit faire aux autres, c’est consentir à sa propre condamnation ; parceque les autres ont coutume de la damner. […] Il suffit d’aller où va le plus grand nombre & de suivre la multitude, pour se laisser bientôt entraîner par le torrent, dans le bourbier de mille désordres & dans le précipice. […] Le monde jusqu’ici n’a été pour nous qu’une école d’iniquité ; & pour avoir voulu le suivre, nous nous sommes misérablement égarés. […] Qu’il coure au précipice, nous l’y laisserons courir, puisque nous ne pouvons l’empécher ; mais nous ne l’y suivrons pas.
Sa mere lui laissa la liberté de suivre son goût. […] Ainsi voit-on des Paysans grossiers, même des animaux, qui dansent & suivent la cadence. […] Ces exemples sont scandaleux ; & Destouches auroit été bien fâché que son fils & sa fille les eussent suivis. […] Il a suivi ses propres regles. […] Il porta le zele jusqu’à suivre les Missionnaires que le Roi envoya à Siam pour convertir les Infidelles.
Il dévança de long-tems la Comédie & la Tragédie ; il suivit de près la Pastorale ; ou pour mieux dire, il se montrait déjà avec un certain éclat, tandis que le genre des Aristophane & des Sophocle était encore faible & languissant. […] Il y a toute apparence qu’ils suivirent d’abord fidèlement leurs modèles. […] Jusques à présent tous les Poètes n’ont pu le suivre que de loin. […] Enfin les danses de l’Opéra des Italiens n’ont aucune liaison avec ce qui les précède ou les suit ; nos Balets sont au moins plus supportables. […] Lycomède enlève Alceste ; l’époux de cette Princesse, suivi d’Hercule, court à la vengeance.
« Coutume abominable, dit-il, défendue par la loi de Dieu, que l’Université avait quelque temps souffert, je ne sais pourquoi, et qu’on a sagement interdite. » Sur quoi il cite un fort habile et pieux Professeur, qui témoigna en mourant un regret extrême d’avoir suivi cette coutume, qu’il savait avoir été pour plusieurs écoliers une occasion dé dérangement. « C’est le temps, ajoute cet Auteur, véritablement homme de bien, et la situation où il faut se placer pour juger saintement de ce qu’on doit ou suivre ou éviter. » Si nous consultons les Protestants, la question sera bientôt décidée, car leur discipline s’explique ainsi : « Ne sera loisible aux Fidèles d’assister aux comédies, tragédies, farces, moralités, jouées en public ou en particulier, vu que de tout temps cela a été défendu aux Chrétiens, comme apportant corruption des bonnes mœurs, mais surtout quand l’Ecriture sainte y est profanée. […] La malignité ajoute que les écoliers les mieux faits y sont habillés en femmes, avec du rouge, des mouches ; qu’à l’occasion de ces représentations les femmes entrent, se répandent dans les pensionnats et les collèges, se placent à une fenêtre pour voir la pièce, qu’elles vont dans les chambres des écoliers, des Religieux, y sont accueillies et régalées ; que tout cela est précédé, accompagné, suivi d’un nombre infini de visites, de conversations, de repas, de lectures, qui ne sont rien moins que des leçons de spiritualité, et qui font perdre un temps infini aux Régents, aux acteurs, à toute la classe ; qu’on y appelle des acteurs, des danseurs, des violons de l’opéra, qui se mêlent avec les écoliers, et ne les conduisent point à la plus haute sainteté. […] Les personnages de femme, qu’on exclut absolument de la comédie pour plusieurs raisons, entre autres pour éviter les déguisements, condamnés même par les philosophes, la réduisent à si peu de sujets, qui encore se trouveraient infiniment éloignés de l’esprit des comédies d’aujourd’hui, qu’elles tomberaient d’elles-mêmes, si on les renfermait dans ces règles. » Je laisse à la conscience de cette savante et zélée Compagnie, et à celles des autres Principaux de collège, d’examiner si dans la multiplicité des pièces qui se représentent, on a toujours suivi les règles de ce vénérable Institut, à la faveur desquelles M. […] On a beau parer la morale du théâtre, et le théâtre lui-même, d’un air de piété ; on a beau l’étayer des décisions des plus graves Casuistes, il sera toujours vrai que l’Evangile et le monde sont deux ennemis irréconciliables : « Qui veut venir après moi, doit renoncer à soi-même, porter la croix, et me suivre. » g.
Il s’en suivra nécessairement de cette maniere de juger des François, que le vice exempt de ridicule cessera d’être un vice, & que la vertu revêtue de ridicule cessera d’être une vertu. […] Il s’agit donc d’examiner quelle route à suivie Moliere pour corriger les hommes ; s’il a plutôt fait la guerre au fond du vice qu’au ridicule du vice, c’est-à-dire, toujours suivant mon premier principe, s’il s’est plutôt attaché à inspirer de l’horreur pour le vice, qu’à le rendre ridicule. […] J’en appelle au témoignage de ceux qui suivent les Spectacles, si la représentation de cette piece n’inspire pas une vraie horreur de l’hypocrisie.
Mais qu’on leur compare les foibles copistes qui ont suivi leurs inventeurs, & l’on fera convaincu qu’elles ont été plus séduisantes qu’avantageuses. […] Si la piéce est bonne il la suit, l’admire avec ravissement. […] Son exemple a été suivi de plusieurs Poëtes : quelquefois la prudence exige qu’on garde l’incognito, comme Fuselier l’a gardé jusqu’à la vingtième représentation d’une de ses piéces, (c’étoit Momus Fabuliste.)