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52. (1789) Lettre à un père de famille. Sur les petits spectacles de Paris pp. 3-46

Premièrement les jours des spectateurs sont exposés à plus d’un danger. […]  » Il y avoit quinze cens spectateurs au moins à ce chef-d’œuvre, et ils étoient dans l’admiration. […] A la vérité, quelques Spectateurs moins aguerris souffrent de ces succès qu’ils regardent comme autant d’outrages faits à la nature. […] Point de ces détours ingénieux que le Spectateur peu fin ne pourroit peut-être pas deviner. […] Il est tems de parler des spectateurs.

53. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre V. Remarques Angloises. » pp. 133-170

Même calcul pour les spectateurs. […] Le Spectateur, pour obvier à l’inconvénient, propose (disc. […] Le Spectateur établit cette regle (disc. […] Elle ne détourne pas moins le spectateur, qui, aulieu de saisir la piece, s’amuse à des papillons. […] Les spectateurs rioient du contraste, les dames étoient pénétrées de la douleur de l’amante.

54. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Sentiments des Pères de l'Eglise sur la comédie et les spectacles — 3. SIECLE. » pp. 107-119

Vous verrez dans les Théâtres des choses qui vous donneront de la douleur, et qui vous feront rougir; c'est le propre de la Tragédie d'exprimer en vers les crimes de l'antiquité: On y représente si naïvement les parricides et les incestes exécrables des siècles passés, qu'il semble aux spectateurs qu'ils voient encore commettre électivement ces actions criminelles, de peur que le temps n'efface la mémoire de ce qui s'est fait autrefois ; les hommes de quelque âge, et de quelque sexe qu'ils soient entendant réciter ce qui s'est déjà fait, apprennent que cela même se peut encore faire ; les péchés ne meurent point par la vieillesse du temps. […] Approuvera-t-il contre le commandement de Dieu, les superstitions qu'il aime, lors qu'il en est spectateur ? […] Quand même ces choses ne seraient point consacrées aux Idoles, il ne serait pas néanmoins permis aux fidèles Chrétiens d'en être les acteurs, ni les spectateurs; et quelques innocentes qu'elles fussent, ce ne serait toujours qu'un dérèglement de vanité, qui ne convient point à ceux qui font profession du Christianisme. […] Or si vous ne pouvez être spectateur de la Comédie lors que vous êtes seul, sans blesser l'honnêteté, ne la blesserez-vous point lors que vous la regarderez représenter sur le Théâtre avec le peuple ?

55. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — XII.  » p. 467

Et pour en être convaincu il ne faut que considérer que lorsque nous avons une extrême horreur pour une action on ne prend point de plaisir à la voir représenter : et c'est ce qui oblige les Poètes de dérober à la vue des spectateurs tout ce qui leur peut causer cette horreur désagréable. […] C'est pourquoi un des plus grands poètes de ce temps remarque qu'une de ses plus belles pièces n'a pas été agréable sur le théâtre, parce qu'elle frappait l'esprit des spectateurs d'une idée horrible d'une prostitution à laquelle une1 Sainte Martyre avait été condamnée.

56. (1675) Traité de la comédie « XII.  » pp. 291-292

Et pour en être convaincu, il ne faut que considérer, que lorsque nous avons une extrême horreur pour une action, on ne prend point de plaisir à la voir représenter : et c'est ce qui oblige les Poètes de dérober à la vue des spectateurs tout ce qui leur peut causer cette horreur. […] C'est pourquoi un des plus grands poètes de ce temps remarque qu'une de ses plus belles pièces n'a pas été agréable sur le Théâtre, parce qu'elle frappait l'esprit des spectateurs de l'idée horrible d'une prostitution à laquelle une sainte Martyre avait été condamnée.

57. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « Corrections et additions. » pp. 364-368

En y racontant des événemens passés, on prépare adroitement le Spectateur à ce qu’il va voir. […] un Spectateur ; lis. au Spectateur.

58. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre prémier. Le sujet. » pp. 160-182

Des qu’ils sont fondés sur l’impossible, le Spectateur se révolte, indigné qu’on veuille le rendre trop credule. […] Si quelques Auteurs du Théâtre Français voyent mourir leurs pièces à l’instant qu’elles viennent de naître, c’est qu’ils n’ont pas sçû démêler si l’événement qu’ils prenaient pour leur action plairait aux Spectateurs, ou les révolterait. […] Mais s’ils ne doublent point l’action principale puisqu’ils sont comme détachés, ils détournent trop l’attention du Spectateur de ce qui devrait l’occuper, & semblent former deux petites Pièces dans une, ainsi que je le prouverai ailleurs. […] Que les Spectateurs ressemblent aux personnages dont ils goutent les mœurs. […] « Il ne faut pas oublier, (& ce n’est pas une des moindres observations que j’aye fait sur le Théâtre) que si le sujet n’est conforme aux mœurs & aux sentimens des Spectateurs, il ne réussira jamais, quelque soin que le Poète y employe, & de quelques ornemens qu’il le soutienne. » Ainsi nous aurions les mœurs d’un Bucheron, d’un Savetier, &c.

59. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique —  CHAPITRE X. Des six parties de la Tragédie, suivant Aristote. Examen de ces six parties dans Athalie. » pp. 260-315

Une Action ne cesse pas réguliérement quatre fois, pour recommencer quatre fois ; mais les Intermedes ont été établis pour la variété du Spectacle, le délassement des Spectateurs, & le repos des Acteurs. […] Les périls qu’il a courus ont tenu le Spectateur dans de continuelles allarmes : ainsi cette Piéce a pour ame les deux Passions essentielles à la Tragédie, la Crainte & la Pitié. […] La Péripétie est la mort de Phocas : les deux Princes ne sont reconnus qu’après cette mort, & comme alors ils n’ont plus à le craindre, qu’importe au Spectateur, qui des deux soit Héraclius ? […] Un Spectateur quand il est en larmes n’examine point si les Vers qui le font pleurer sont harmonieux ou bien rimés, ni même si l’on parle en Vers, & la Poësie Dramatique n’est faite que pour être représentée. […] On peut bien dire qu’alors tous les Spectateurs étoient Peuple, ce qui arrive aussi parmi nous.

60. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre prémier. De la Comédie-Bourgeoise, ou Comique-Larmoyant. » pp. 6-13

D’ailleurs, il convient beaucoup mieux de n’inspirer qu’un même sentiment aux Spectateurs ; faites leur éprouver ou la douleur ou le plaisir. […] J’ai remarqué pourtant que la plus-part des Spectateurs d’une Comédie-Bourgeoise, se livraient à la gaieté dans l’instant qu’ils venaient de s’affliger. […] Si l’on fait rire les Spectateurs d’une action sérieuse & comique, ne serait-ce pas que ce qui doit les affliger n’est pas assez fortement traité ?

61. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — VII. Le mariage dans les Comédies n’est que le voile de ce vice. » pp. 13-14

Rappellons ici un principe déja établi & avoué par les plus grands maîtres de l’art, que la passion qui charme, qui transporte le spectateur, est l’objet direct de la Piéce ; & que tout ce qui ne l’intéresse que foiblement, ne s’y trouve que pour la forme. Examinons à présent si dans une Comédie c’est le mariage qui meut, qui ravit les spectateurs.

62. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — XVII.  » pp. 471-473

Les gens du monde, spectateurs ordinaires des Comédies ont trois principales pentes. […] C'est ce qui fait qu'il n'y a rien de plus pernicieux que la morale poétique et romanesque, parce que ce n'est qu'un amas de fausses opinions qui naissent de ces trois sources, et qui ne sont agréables qu'en ce qu'elles flattent les inclinations corrompues des lecteurs ou des spectateurs.

63. (1675) Traité de la comédie « XVII.  » pp. 297-299

Les gens du monde, spectateurs ordinaires des Comédies, ont trois pentes principales. […] C'est ce qui fait qu'il n'y a rien de plus pernicieux que la Morale Poétique et Romanesque, parce que ce n'est qu'un amas des fausses opinions qui naissent de ces trois sources, et qui ne sont agréables qu'en ce qu'elles flattent les inclinations corrompues des lecteurs, ou des spectateurs.

64. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre III. De l’Indécence. » pp. 21-58

Tous les Spectateurs ne seraient-ils que des libertins & des hommes corrompus ? […] » Sa main revient si souvent, qu’on s’apperçoit que l’Auteur craint de trouver des Spectateurs trop crédules. […] Quelle idée se forme dans l’esprit du Spectateur pendant ce Dialogue ? […] Or une semblable Pièce peut-elle remplir les Spectateurs d’idées honnêtes ? […] La douce harmonie d’une musique délicieuse achève de porter l’ivresse dans les sens des Spectateurs ; elle répand un nouveau charme sur l’élégance du stile, sur les peintures énergiques des tableaux.

65. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [A] » pp. 297-379

Le Spectateur au-dessous des passions ! […] J’entends : le Spectateur ne se met jamais réellement à l’unisson du personnage ; or une passion hors de l’unisson cesse d’être dangereuse : mais, que répondrez-vous à ce que dit Riccoboni, par exemple ? […] Le Spectacle peut réveiller celles qui sont assoupies, & les fomenter : quant à celles qui dominent dans le cœur du Spectateur, il ne les purgera pas ; mais il enseignera qu’il est toujours dangereux de ne pas les règler. […] Il s’en acquitta de manière à causer des transports d’admiration à tous les Spectateurs. […] Mais quelle impression terrible devaient faire sur les Spectateurs, les combats sanglans de ces hommes qui s’étaient dévoués à la mort pour le salut Public !

66. (1767) Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs « Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs — ESSAI SUR LES MOYENS. De rendre la Comédie utile aux Mœurs. » pp. 7-10

On concevra aisément d’après ce principe, qu’une instruction mise en action, c’est-à-dire, qu’une action qui renferme une vérité utile, étant représentée d’après nature, fera bien plus d’impression dans l’ame des spectateurs, que n’en feroit la même action que les mêmes personnes se seroient contentées de lire. […] L’utilité de la Comédie étant reconnue, ce seroit ici la place d’examiner quelle est la forme qui lui convient le mieux pour parvenir au but qu’elle se propose de corriger les mœurs ; si la Comédie grecque étoit plus proche de la perfection morale que la nôtre, en nommant les personnes vicieuses qu’elle exposoit à la satire publique ; enfin si l’exclusion des Actrices sur les Théâtres Grecs & Romains, n’étoit pas plus propre à laisser dans l’ame des Spectateurs des impressions de vertu dégagées de tout mêlange de volupté qu’on remporte presque nécessairement de nos Spectacles.

67. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre IV. De la Pastorale Dramatique. » pp. 59-77

Tandis que l’Opéra-sérieux l’environne d’un éclat peu convenable, tandis que la Comédie lui donne un air fade & triste ; notre Opéra la rendra digne de charmer tous les Spectateurs par une parure simple & champêtre, qui lui convient mieux que de pompeux ornemens. […] Mais on est convenu depuis long-tems qu’on le flatterait toujours en le dépeignant : si on le mettait sur le Théâtre tel qu’il est pour l’ordinaire, les Spectateurs en seraient révoltés ; ils en détourneraient bientôt les yeux. […] N’oublions pas que le Berger fidèle, tout agréable, tout célèbre qu’il est, glace souvent ses Spectateurs, lorsqu’on le joue en Italie, parce qu’il occupe trop long-tems le Théâtre. […] Comme ses Personnages n’inspirent point un grand intérêt, elle éxcite peu de passions dans l’ame du Spectateur ; or il se refroidit lorsqu’on le contraint de considérer trop long-tems ce qui ne saurait l’affecter. […] Je conseille donc aux Poètes qui voudront se distinguer dans le Drame champêtre, de ne lui donner que l’étendue d’un Acte ; s’ils n’ont le secret d’émouvoir fortement les Spectateurs, pendant trois Actes.

68. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XXII. De l’usage du Théatre relativement au Comédien. » pp. 104-121

Ils sont dans une habitude continuelle de juger des impressions que nos Poëmes dramatiques produisent sur les spectateurs. […] Il est rare de voir un Comédien simple spectateur sur son Théatre, parce qu’il est rare que nous mettions notre état au nombre de nos plaisirs. […] Pour qu’un Acteur connût les moyens qui sont propres à toucher le spectateur, il faudroit, 1°. […] Il y a peut-être un tiers des spectateurs qui le posséde comme lui.

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