Que sont nos spectacles, que la représentation des anciennes histoires et des passions humaines ?
Ajoutez à cela, que la plus grande partie des jeunes gens, qui fréquentent ces Salles, sont des Spadassins, des Coupes-jarrets, des Recruteurs, & d’autres individus de cette espace, qui passent leur vie dans les Tricots de la Capitale, On n’ignore pas que ces êtres obscurs, qui ressemblent à ces anciens Capitans, si burlesquement peints par Corneille, puisqu’ils en ont toute la morgue & l’arrogance, sont les soutiens des Trétaux ; qu’eux seuls & les filles de joye y donnent le ton, sur-tout, aux représentations nocturnes. […] Or, d’après tout ce que j’ai dit ci-dessus des Pieces qu’on représente sur les Trétaux, & des circonstances qui accompagnent ces représentations, il est constant qu’elles corrompent tout-à-la-fois le goût, les esprits & les cœurs, donc elles ne doivent pas être permises. […] Les Battus payent l’amende, Proverbe qui a eu 110 à 130 représentations, je ne sais sur quels Trétaux. […] Les Enfans sans souci pousserent l’insolence au point de jouer le bon Roi Louis XII, sur leurs Trétaux ; & ce qu’il y a de plus étonnant, sans doute, c’est que ce Prince, qui assista à une représentation de la Piece, n’est témoigna aucune humeur, aucun mécontentement : c’est par ces sarcasmes que le Peuple se vengeait des Grands de l’Etat, & la main qui lançait ces traits piquans restait souvent cachée.
Thomas d’Aquin, sur la représentation d’une farce de quelques misérables histrions, sentit combien leur art pouvoit être utile, & décida qu’il y avoit de l’injustice à le condamner sans restriction : S.
Il y a quelque tems que ce même Parlement avoit attribué à l’Hôtel Dieu, le profit d’une représentation chaque année, laissant à la sagesse des Administrateurs le choix du tems, & de la piéce ; ils choisissoient le tems du Carnaval, où il se fait le plus de folies, & la piéce la plus galante, pour attirer le plus de monde.
Elle aime partout le spectacle, il lui faut du bruit et du mouvement : courses, danses, combats, représentations, décorations, etc.
Le peu de monde qui assistoit aux représentations de ses pieces a engagé la Troupe à faire un Catalogue qui instruisît le public des seuls jours où l’on donnera du Moliere, & chacune de ses pieces ne sera donnée que deux ou trois fois par an, au jour nommé. L’espece de discrédit où étoient tombés les représentations des Comédies de Moliere, ne venoit pas seulement de ce qu’on les donnoit trop souvent, mais de ce que les Acteurs en chef abandonnoient plusieurs rôles, qui, quoique peu considérables, ne méritoient pas moins leurs soins & leur zele.
Les passions au théatre rendent presque l’homme machine ; c’est un coup d’œil amusant de voir les attitudes, les gestes, les physionomies des Spectateurs pendant la représentation plus variées, plus naturelles, plus expressives que ceux des Acteurs même, si l’on pouvoit peindre tous ces objets innombrables, ce seroit un traité complet de pantomime : si on pouvoit pénétrer dans l’intérieur, que ne verroit-on pas ? […] Ainsi les comédies médiocres après les premières représentations où la curiosité & la nouveauté ont attiré la foule, & des applaudissemens, tombent, sont oubliées, & ne paroissent plus ; le théatre lui-même sert à détruire ce qu’il avoit servi à élever.
Secondement il ordonna à ses Suffragants d’avoir grand soin d’empêcher qu’aux saints jours des Dimanches et des Fêtes, on ne jouat aucunes Comédies ; et qu’on ne fît même aucunes sortes de représentations. […] nous apprend sur ce sujet, que la représentation des spectacles que les Romains donnaient aux peuples nouvellement subjugués, leur servait souvent bien plus pour les maintenir en paix que ne leur avaient servi leurs armes pour les vaincre, « voluptatibus Romani plus adversus subditos quam armis valuerunt. »Tac. l. 4. hist.
Un guerrier fait peindre des siéges & des batailles ; un libertin prodiguera des amours & des nudités, le théatre ne connoît guerre d’autre décoration, parce que c’est le sanctuaire de Vénus, sa nature est d’être une image, tout n’y est que représentation, imitation, peinture ; non-seulement les toiles de la décoration, mais toutes les parties qui les composent ; la piéce est le tableau d’une action, & les acteurs sont des portraits vivans des personnes qu’ils représentent, leurs gestes, leurs visages, leur ton de voix, des expressions à la passion, les danses, la musique les crayonnent.
Charles-magne rend un Édit par lequel il défend aux Prêtres d’assister aux représentations des Farces ; preuve convaincante que la Comédie était connue depuis long-tems en France.
Il se contente de dire, « c’est une contradiction dans nos mœurs, d’un côté, de laisser l’infamie attachée au spectacle, et de l’autre, de regarder les représentations comme des exercices dignes d’un Roi ».
S’il a trouvé dans les saints Canons que les Religieux et les personnes constituées en dignité Ecclésiastique ne pouvaient assister à la Comédie sans se rendre coupables d’un péché mortel, il a dû voir aussi, qu’en même temps que l’Eglise défend aux Ecclésiastiques d’assister aux représentations de Théâtre, elle leur ordonne de détourner les Fidèles de tous ces vains amusements.
Mais la Reine, qui ne s’ennuyoit jamais au Théatre, ne perdit aucune représentation, quoiqu’on en fit pendant plusieurs mois trois fois la semaine. […] Il me semble le voir à genoux, comme George Dandin, lui faisant de sages représentations sur ses intrigues.
On ne connoissoit en France que les représentations des Confreres de la Passion. […] Le fonds de ces représentations étoit toujours pieux.
« Toute représentation est par sa nature criminelle & peché, où les représentans se servent des paroles, ou font des gestes contraires à la pureté, ou des choses, qui puissent nuire au prochain. » Ce seroit ne pas connoître le genie du theatre moderne, que de soûrenir qu’on n’y dit jamais de ces paroles équivoques, qui fassent rougir la pudeur : & qu’on n’y voit jamais des gestes que l’honnéreté chrétienne ne souffre pas, & que cependant l’Ange de l’Ecole veut qu’on bannisse de tout divertissement.
Le théatre est tout, & n’est rien, il est tout en représentation, il n’est rien en réalité. […] Les Rois d’Angleterre prennent aussi le titre de Roi de France, auquel ils n’ont aucun droit, mais ils prétendent en avoir, & ils ont quelque temps regné en France, Elisabeth seule a regné sur tout le globe, cette Actrice couronnée a appellé toute la terre à la représentation de ses comédies.
Sulli, qui s’opposoit avec vigueur à ces profusions, n’approuva aucun de ces vingt-cinq édits, & alla faire au Roi ses représentations. […] Saint Louis a chassé les comédiens du royaume, Henri les a comblés de bienfaits, a assisté, applaudi à leurs représentations, fait venir & établi les Italiens, que le Parlement avoit chassé. 5°.