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9. (1759) Remarques sur le Discours qui a pour titre : De l’Imitation par rapport à la Tragédie « Remarques sur le discours qui a pour titre : De l’Imitation par rapport à la Tragédie. » pp. 350-387

Je conviens que cette raison peut y entrer pour quelque chose : mais n’y en a-t-il pas une plus simple, & qui convient plus généralement au commun des hommes ? […] Mais pour suivre ici le progrès de nos pensées, & chercher toujours la raison de la raison même, d’où vient que nous prenons tant de plaisir à admirer, nous qui en trouvons un si grand à mépriser ? […] Un Poëte vertueux ne prend la route des sens que pour aller à la raison ; & c’est par-là selon Horace, qu’il atteint à la perfection de son Art. […] Aristote a donc eu raison de dire que la Tragédie, comme tout autre Poëme, est une peinture. […] L’une, que le jugement est l’acte le plus parfait de notre raison, ou plutôt, que notre raison même n’est qu’un jugement continuel ; & comme c’est par la raison que nous estimons le plus notre nature, dont elle est en effet le plus précieux avantage, il y a aussi un plaisir secret attaché à l’usage que nous faisons de cette perfection de notre ame en prononçant un jugement.

10. (1640) L'année chrétienne « De la nature, nécessité, et utilité des ébats, jeux, et semblables divertissements. » pp. 852-877

La raison de ceci est, parce que le salut éternel dépend de la grâce,Raison pourquoi la tristesse empêche le salut éternel. […] Du côté de Dieu,Raisons de cette joie. […] Les raisons en sont évidentes :Raisons pourquoi l’Ame Chrétienne peut et doit prendre des récréations corporelles et extérieures. […] La seconde raison se prend de l'état et condition de la nature humaine ;Seconde raison, la condition de l’homme les requiert. […]  »45 La quatrième raison est,Quatrième raison, plusieurs vertus se peuvent pratiquer en icelle.

11. (1764) De l’Imitation théatrale ; essai tiré des dialogues de Platon : par M. J. J. Rousseau, de Genéve pp. -47

Certainement le mérite en seroit tout autre ; & il n’y a pas de raison pourquoi, pouvant le plus, il se borneroit au moins. […] Le Philosophe qui raisonne, soumet ses raisons à notre jugement ; le Poëte & l’imitateur se fait juge lui-même. […] D’où il suit que ce n’est point la plus noble de nos facultés, sçavoir la raison ; mais une faculté différente & inférieure, qui juge sur l’apparence, & se livre au charme de l’imitation. […] Ce qui le trouble & l’agite, c’est la douleur & la passion ; ce qui l’arrête & le contient, c’est la raison & la loi ; & dans ces mouvemens opposés, sa volonté se déclare toujours pour la derniere. […] Écoutons leurs raisons d’une oreille impartiale, & convenons de bon cœur que nous aurons beaucoup gagné pour nous-mêmes, s’ils prouvent qu’on peut se livrer sans risque à de si douces impressions.

12. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique — CHAPITRE IV. La Tragédie est-elle utile ? Platon condamne toute Poesie qui excite les Passions. » pp. 63-130

Sa raison est rapportée dans Ciceron. […] Ecoutez & vous jugerez si j’ai raison. […] Nous avons crû ne faire en cela que nous rendre à la Raison. […] S’il s’agit d’exciter en lui une Crainte & une Pitié conforme à la Raison, quelle Tragédie plus propre qu’Athalie ? […] Je n’examine point ces raisons de la Morale humaine.

13. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre IV. Du Législateur de Sans–souci. » pp. 93-109

Le refus du mariage n’est pas une raison d’exhérédation. […] L’un & l’autre est bizarre, contre la loi universelle, la raison & la nature. […] Mais si l’on veut une raison aussi formée pour les personnes, il faut attendre le même âge pour tous les deux. […] Cette permission seroit un ennoblissemens pour un roturier ; la raison canonique de la dispense ne lui fait pas moins d’honneur. […] Philippe Langrave de Hesse crut pour cette raison pouvoir prendre deux femmes.

14. (1789) La liberté du théâtre pp. 1-45

Mais quand on s’apperçut de cette route nouvelle que la raison se frayoit en France, on résolut de la lui fermer. […] Cette raison devroit seule déterminer des Citoyens ; mais cette raison, déjà si forte, n’est ici que secondaire, puisqu’il est question d’une chose rigoureusement juste. […] Que la raison soit toujours ma seule éloquence. […] Cependant, comme il n’étoit pas possible que des hommes plus éclairés que le reste de la Nation, n’eussent pas des momens d’énergie, la raison a fait entendre, sur le Théâtre & dans les Livres, une voix timide, il est vrai, mais puissante ; car c’étoit-la voix de la raison. […] Je n’adopterai jamais ces formes timides, ce style équivoque qui convient à l’imposture, & dont on a souvent masqué la raison.

15. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE I. Où l’on prouve que le spectacle est bon en lui-même et par conséquent au-dessus des reproches de M. Rousseau. » pp. 13-64

Si par un homme sans passions, vous entendez un sage incapable d’aucun excès, dont tous les désirs sont subordonnés à la raison, ce n’est pas un homme sans passions. […] C’est aux lois, à la raison, c’est aux Auteurs Dramatiques à lui faire sentir que la fausse application du courage est un vice et cela n’est pas si fort éloigné du succès que vous vous l’imaginez. […] Si l’on a déjà secoué à moitié le joug de l’opinion, espérons que la raison achèvera l’ouvrage, en fournissant aux gens d’un vrai courage des raisons de se soustraire à l’étourderie des faux braves. […] Le Public trouve-t-il mauvais que ces deux amis, ou plutôt ces deux Rivaux se rendent aux bonnes raisons d’Arlequin et abandonnent le projet de se couper la gorge ? […] , p. 64-65 : « Lelio - Arlequin n’est qu’un Sauvage ; mais sa raison toute simple lui suggère un conseil digne de sortir de la bouche des plus sages.

16. (1758) P.A. Laval comédien à M. Rousseau « AU LECTEUR. » pp. -

Quand on parle raison et qu’on dit la vérité, on est persuadé d’être favorablement accueilli. […] J’ai donc appréhendé de mêler des Dissertations de Dogme à l’examen des piéces de Théatre, je crois avoir eu raison. […] Quand un homme ne peut croire ce qu’il trouve absurde, ce n’est pas sa faute, c’est celle de sa raison ; et; comment concevrai-je que Dieu le punisse de ne s’être pas fait un entendement contraire à celui qu’il a reçu de lui ? […] Cette morale n’est pas plus admise à Genève qu’à Paris, et; tout bon Protestant, comme tout bon Catholique, ne se permettra jamais des sentimens si contraires à la croyance qu’on doit aux Mysteres de Foi, quoiqu’ils paroissent incompatibles avec les lumieres de notre foible raison.

17. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre IV. Si la Musique Française est plus agréable que la Musique Italienne. » pp. 287-291

Si l’on daigne peser mes raisons, j’espère qu’on me rendra justice, & qu’on avouera que j’ai réfléchi sur le Pour & le Contre, avant de donner librement mon avis. […] Il est vrai que la plus-part des Musiciens font particulièrement l’éloge de la musique d’Italie ; je crois trouver dans leur conduite une nouvelle raison de soutenir mon sentiment. […] Je crois découvrir une nouvelle raison des succès actuels de la musique du nouveau genre, & de ceux que lui promet un heureux avenir. Que c’est avec raison que la mélodie du Spectacle moderne n’est pas continue.

18. (1758) P.A. Laval comédien à M. Rousseau « P.A. LAVAL A M.J.J. ROUSSEAU, CITOYEN DE GENÈVE. » pp. 3-189

Mauvaise raison ! […] Quelle est, s’il vous plaît, la raison du peu de connoissances des femmes ? […] La raison en est fort simple. […] Il n’est pas difficile d’en sentir la raison. […] Si la raison est bonne, je dois me taire.

19. (1802) Sur les spectacles « RÉFLEXIONS DE MARMONTEL SUR LE MEME SUJET. » pp. 13-16

Ceux qui protègent la farce, en donnent pour raison que, puisqu’on y va, on s’y amuse ; que tout le monde n’est pas en état de goûter le bon comique, et qu’il faut laisser au public le choix de ses amusements. […] La farce n’exerce ni le goût ni la raison : de là vient qu’elle plaît à des âmes paresseuses ; et c’est, pour cela même, que ce spectacle est pernicieux ; s’il n’avait rien d’attrayant, il ne serait que mauvais. Mais qu’importe, dit-on encore, que le public ait raison de s’amuser ? […] Sous les tyrans, la question n’est pas douteuse ; il est de la politique de rapprocher l’homme des bêtes, puisque leur condition doit être la même, et qu’elle exige également une patiente stupidité ; mais dans une constitution de choses fondées sur la justice et la raison, pourquoi craindre d’étendre les lumières et d’ennoblir les sentiments d’une multitude de citoyens, dont la profession même exige le plus souvent des vues nobles, des sentiments honnêtes, un esprit cultivé ?

20. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « L. H. Dancourt, Arlequin de Berlin, à Mr. J. J. Rousseau, citoyen de Genève. » pp. 1-12

Je suis Comédien, j’aime mon métier, je fais plus, je l’estime, sûr que j’ai pour moi la raison, le goût et le public ; j’entre courageusement en lice pour y parer vos bottes et riposter. […] Le Barbare avait raison »a  : oui Monsieur, ce Barbare avait raison, mais vous oubliez de citer S. Chrysostome de qui vous tenez ce fait, et de joindre les circonstances qu’il y ajoute : vous appelez magnificences du Cirque ce que ce Père de l’Eglise et le Barbare ne regardaient avec raison que comme des abominations. […] La description d’un pareil spectacle n’avait effectivement rien de magnifique aux yeux d’un Barbare vertueux, et c’est avec raison qu’il demandait si les Romains n’avaient ni femmes ni enfants. […] J’écarterai seulement les nuages dont vous offusquez la raison, il ne faut que la montrer pour qu’on la suive, un beau style n’ajoute rien à sa puissance.

21. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre second. — Chapitre prémier. De l’éxcellence du nouveau Théâtre. » pp. 68-93

Le Père Brumoy a bien raison de dire, « Les Œuvres poètiques peuvent avoir des beautés d’un ordre plus ou moins élevé, & plaire par des graces différentes ». […] La plus-part des Poètes du nouveau Spectacle paraissent avoir raison de se persuader que le stile est très peu nécessaire pour faire valoir les ouvrages d’esprit. […] Molière avec raison consultait sa Servante7. […] Concluons en, que le Spectacle moderne n’inspire point un enthousiasme qui tient de la folie, ou qu’il est très-difficile de nous rendre sages, une fois que nous avons perdu la raison. […] Si l’on eut toujours aimé le Spectacle des Mistères, des Actes des Apôtres, nos Théâtres seraient encore dans la barbarie : par la même raison, lorsque nous nous relâchons de notre amour pour le vrai Beau, il s’éclipse, & le ridicule que nous lui préférons lui succède.

22. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre XV. Application de la doctrine précédente aux danses et aux bals qui se font aujourd’hui. » pp. 94-96

Il faut maintenant passer à la question de fait, et voir si les raisons qui rendent la danse criminelle, se rencontrent en celles qui se font maintenant. […] Que les danses d’aujourd’hui ne soient déréglées et vicieuses, puisque ce sont des particuliers qui font ces assemblées de leur autorité privée, sans aucune raison qui regarde le bien commun ; mais par la seule inclination vers son propre plaisir. […] Y a-t-il rien de plus fréquent que ces vains exercices, desquels suivant la raison même naturelle, on ne devrait au moins user que très rarement ?

23. (1777) Des divertissements du Carnaval « Des divertissements du Carnaval. » pp. 92-109

Et pour peu qu’on ait de teinture de religion, on ose même dire, de raison, peut-on donner dans une telle illusion ? […] Raison plausible qui fait sentir de quel caractère sont les gens qui s’y trouvent. […] On se raidit contre sa propre raison quand on se plaît à être trompé. […] On aura eu raison alors de traiter de divertissements païens les réjouissances du carnaval ; alors ces Ministres de l’Evangile, sincères et peu flatteurs, auront été les sages, on rendra justice alors à la vertu de ceux qui avaient pris le bon parti, en s’interdisant toutes ces fêtes peu chrétiennes. […] Le tumulte n’étourdit pas naturellement, il y a des intervalles de raison ; et quelque affaiblie qu’elle soit dans un libertin, elle ne laisse pas de lui faire voir la malignité de ce qui lui plaît, et de lui faire sentir le poison de ce qui l’enchante.

24. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « Discours préliminaire. » pp. -

Quel Ouvrage ne me préparerais-je pas, si je voulais éxcuser tout ce qui déplaira dans mon Livre, ou si je voulais même calmer les craintes que la raison, ou trop de délicatesse, fait éprouver à l’Auteur attentif ? […] Mais après avoir réflèchi aux objections que je redoutais, & aux raisons que j’avais à alléguer, j’ai pensé que j’étais autorisé à suivre mon prémier plan. […] Une autre raison m’engageait encore à permettre à ma plume de s’égayer : convenait-il de traiter toujours sérieusement de l’Opéra-Bouffon, & de la Comédie-mêlée-d’Ariettes ? […] La réfléxion vient bientôt déssiller les yeux ; elle fait sentir combien l’on a tort de chercher à briser les chaînes que la Raison & la Nature donnèrent au génie, afin qu’il puisse toujours les suivre. […] Au reste, comme chacun a son sentiment particulier, duquel on ne s’écarte presque jamais parce qu’on le croit le meilleur, je dois m’attendre que les raisons que j’allégue dans ce Discours préliminaire, afin de me justifier, persuaderont peu de personnes : je dois peut-être penser aussi que je me trompe moi-même.

25. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre X. Des Décorations. » pp. 336-344

Je les avertirai pourtant d’une chose, à laquelle ils ne prennent pas garde, & que la raison devrait leur avoir fait observer. […] Je les prie de se calmer, & de vouloir bien entendre mes raisons. […] Il est vrai que les décorations multipliées détruisent nécessairement l’unité de lieu, si recommandée par la raison & la vraisemblance. […] Aristote avait peut-être raison de son tems de prétendre qu’un Poète devait très peu s’occuper du Spectacle de sa Pièce, parce qu’il est étranger à l’action ; & que quand même il manquerait, le Drame serait toujours entier. […] Une autre raison de politique l’engage encore à se comporter de la sorte.

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