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12. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre IV. De l’illusion Théâtrale. » pp. 64-79

Cette illusion est d’autant moins facile à produire, sur les Théâtres modernes, qu’ils sont peu propres à en imposer, & que l’on ne s’y rend guère que comme à un jeu auquel on sait qu’on ne prendra nulle part. […] Si je vois toujours la salle, je prends peu d’intérêt à la représentation. […] On ne connoît point les Acteurs, & il est plus facile de les prendre pour les personnages mêmes. […] On ne prend plus d’intérêt aux Pièces, qui ne paroissent sur la Scène, que ce qu’elles sont à la lecture. […] Il en résulte que celui qui vient de les entendre parler en Héros, en bergers, en pères de famille, en marquis, ne les prennent plus que pour des Comédiens, & ne voient plus les personnages.

13. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre VI.  » pp. 193-217

A peine & par force un jeune Conseiller prend la robe en entrant au Palais, & ne l’a jamais assez tôt quittée. […] Ce ne fut d’abord qu’un habit de femme pris du théatre par vanité. […] Tous les Electeurs, comme associés à l’Empire à qui ils donnent un chef, l’ont pris aussi. Les Rois pour marquer que leur souveraine puissance les égale aux Empereurs, ont pris les ornemens Impériaux. […] Les queues sont prises dans l’Ecriture sainte en deux sens différens ; tantôt comme une espece de distinction.

14. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE V. Du Mensonge. » pp. 100-113

C’est toûjours quelque imposteur qui fait réussir, & quelque honnête homme qui est pris pour duppe. […] Un homme qui confond dans le même ouvrage l’Etre suprême & les Dieux de la fable, qui prend les histoires pour des contes, & les contes pour des histoires. […] C’est un Caméléon, un Protée, qui prend toute sorte de couleurs, de formes, de passions, de vices, de vertus. […] Le peuple prend pour des histoires tous ces contes dialogués ; les notables prennent les histoires pour des contes, à commencer par les faits pieux & édifians. […] Il prend au théatre ce vice comme les autres : il y devient médisant, impudique, frivole, menteur.

15. (1825) De quelques naïves coutumes « De quelques naïves coutumes. » pp. 262-266

C’était un bon temps, un beau jour, lorsqu’on réunissait les cérémonies des fous, de l’âne et des cornards, ou lorsque les évêques dansaient ou jouaient à la boule dans les églises ou enfin lorsque les diacres, et ceux qu’alors on appelait sous-diacres, « prenaient plaisir a manger des boudins sur un coin de l’autel, au nez du prêtre célébrant ». […] Au seizième siècle on jouait le dimanche, après diner, de saintes historiettes, avec la farce au bout ; le peuple de Lyon appelait ce théâtre le Paradis, et François Ier y prit un grand plaisir. […] (le nom est en toutes lettres), fils du Dieu vivant, et époux des âmes fidèles, prends ma fille Madeleine Gasselin pour mon épouse, et lui promets fidélité et de ne l’abandonner jamais, et lui donner pour avantage et pour dot ma grâce en cette vie, lui promettant ma gloire en l’autre, et le partage à l’héritage de mon père ; en foi de quoi j’ai signé le contrat irrévocable de la main de mon secrétaire. […] Et voici l’engagement de l’épouse. « Je, Madeline Gasselin... prends mon aimable J... pour mon époux, et lui promets... que je n’en aurai jamais d’autre, et lui donne pour gage de fidélité mon cœur et tout ce que je ferai jamais... » Cette dépravation d’esprit a pu profiter à bien des gens ; mais il faut que tout change. Les phrases les plus artificieuses ramènent difficilement, et ne ramènent que dans l’ombre, les bouffonneries que des millions d’hommes prennent en dégout.

16. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Avertissement. » pp. -

La connoissance des régles que nous prenons ici pour exemple, nous convaincra de cette vérité. […] On se compare à l’Orateur, on prend la plume, on ajoute, on retranche, on fait une harangue. […] Le même Auteur nous assure, qu’aucun Poéte avant lui n’a pris son sujet dans l’Histoire nationale. […] Ce que nous disons du Théatre, des Auteurs & des Comédiens, ne peut être attribué qu’à l’intérêt que nous prenons à l’Art Dramatique. […] Ceux-ci nous reprocheront peut-être une critique trop dure ; qu’ils prennent le vrai point de vue, ils ne la trouveront que juste.

17. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Dix-Huitième Lettre. De madame D’Alzan. » pp. 287-295

A l’instant même où je vous écris, on me fait réponse, & je vous la transcrirai dès qu’on me l’aura remise : j’ai pris des mesures avec Mademoiselle ***, pour que tout me parvienne sur le champ. […] Cette visite qu’on exige rompt les mesures que j’avais prises pour retarder. […] …   A cinq heures, suivant l’ordre que j’en avais donné, Agathe est venue me prendre chez monsieur de Longepierre. […] Dès qu’Agathe a été sortie, mon mari qui ne me quittait pas, qui m’avait pris la main, & qui la pressait faiblement, m’a montré son fils : — Voila, m’a-t-il dit, le gage précieux d’une heureuse union. […] J’ai cessé de l’écouter ; j’ai pris mon fils dans mes bras ; & plus clairvoyant par l’instinct seul de la nature, ce cher enfant m’a reconnue ; il balbutiait, en me souriant, le nom de maman.

18. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE IV. Suite des Masques. » pp. 82-109

& dit qu’il étoit honteux de prendre ceux d’un autre sexe : Quod nisi turpiter non potest fieri. […] Ce petit conte, qui feroit deux ou trois jolies scènes sur le théatre de la Foire, est pris du Dictionn. […] Ainsi les précautions que Dieu prit pour en préserver son peuple sont très-sages. […] L’Abbé Rupert, & quelques autres, prennent cette loi dans un sens moral. […] Cependant le Moine s’éveilla, & voyant cet homme, il crut que c’étoit le diable qui étoit venu prendre le mort.

19. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XXII. De l’usage du Théatre relativement au Comédien. » pp. 104-121

Ce rapport préside à sa toilette, à ses études : il lui prescrit la maniere d’entrer & de se présenter sur la scène, d’y venir à propos, d’y prendre la place qui lui convient. […] Il n’est pas plus vrai que les traits brillants qui distinguent les Poëtes qui ont paru avant nous, nous indiquent la seule route à prendre en cette carriere. […] Dans cet état ces Poëtes ont pris les suggestions de l’amour propre, pour des élans de l’ame. […] La critique, si susceptible de prévention, si facile à séduire, prend trop souvent le faux merveilleux pour le beau. C’est pourtant à son tribunal que l’usage pris dans le sens dont il s’agit ici, fait gloire d’appeller.

20. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre IX. Du Dialogue. » pp. 320-335

Les tragiques Français prennent assez communément Sénéque pour modèle. […] Nous l’introduisons dans presque tous nos Romans ; par ce moyen l’action se ranime ; les Personnages prennent une nouvelle vie. […] Je vais comparer une des Scènes du Théâtre moderne, prises au hazard, avec la prémière du Théâtre Grec qui me tombera sous la main. […] Il est à toi ; prend son épée & son bouclier ; voilà son héritage. […] Oui, nous le guettons… & nous le prendrons, j’en suis sûr.

21. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XXXV. Conclusion de tout ce discours. » pp. 138-152

Saint Charles qu’on allègue comme un de ceux, dont la charitable condescendance entra pour un peu de temps dans le dessein de corriger la comédie, en perdit bientôt l’espérance ; et dans les soins qu’il prit de mettre à couvert des corruptions du théâtre, au moins le carême et les saints jours, il ne cesse d’en inspirer un dégoût universel, en appelant la comédie « un reste de gentilité »Act. p. 4. inst. praed. edit. 1599. p.485. […] Quelquefois à l’exemple des anciens canons, dont il a pris tout l’esprit, il se contente de les appeler « des spectacles inutiles : ludicra et inania spectacula  » Ibid. p. 6. etc. […] « à considérer Jésus l’auteur et le consommateur de notre foi : ce Jésus, qui ayant voulu prendre toutes nos faiblesses à cause de la ressemblance, à la réserve du péché » Ibid, IV, 15. , a bien pris nos larmes, nos tristesses, nos douleurs et jusqu’à nos frayeurs, mais n’a pris ni nos joies ni nos ris, et n’a pas voulu que ses lèvres, « où la grâce était répandue »Ps. […] Ainsi le verbe fait chair, la vérité éternelle manifestée dans notre nature, en a pu prendre les peines qui sont réelles ; mais n’en a pas voulu prendre le ris et la joie qui ont trop d’affinité avec la déception et avec l’erreur.

22. (1752) Essai sur la comédie nouvelle « ESSAI SUR LA COMEDIE MODERNE. » pp. 1-160

Molière, et les Auteurs qui l’ont suivi, ont pris un autre tour. […] Qu’est-ce qu’il vous a pris ? […] Mais pourquoi, ajoute-t-il, s’en prendre à la Comédie ? […] Oui, j’ose m’en prendre d’abord au Chef même des Auteurs et des Acteurs de notre Scène. […] M.F. a pris le change.

23. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Quatorzième Lettre. De madame D’Alzan. » pp. 260-274

Cependant ma vanité n’avait lieu que d’être flatée ; & lorsque ma Conductrice a eu dit ce que j’étais & ce que je desirais, personne n’en a paru fâché ; parce qu’heureusement Mademoiselle *** avait annoncé, que je ne pouvais prendre que ses Rôles : elle me conciliait par-là toutes les femmes. […] Depuis que je m’étais décidée à prendre ce nouveau moyen de regagner le cœur de mon mari, je passais les jours avec Mademoiselle *** : le hazard semblait me seconder en tout : monsieur de Longepierre est allé pour quelques jours à sa maison de Passy, & mon mari, pressé de l’accompagner, ne put s’en défendre : mais dès le surlendemain, son goût pour le Spectacle, me le ramena à dîner. […] — Je dois m’y trouver : mais allez-y seul : je serais charmée de vous y voir : une affaire indispensable m’oblige à sortir, & je ne pourrai revenir vous prendre —. […] est-ce à vous de prendre ma défense Et celle de l’hymen ? […] … Après la Pièce, Mademoiselle *** prévint mes desirs, par le soin qu’elle prit de me dérober aux empressemens de mes admirateurs.

24. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre II. Le métier de comédien est mauvais par lui-même, et rend infâmes ceux qui l’exercent. » pp. 15-28

Et quand on commença à les connaître, l’opinion publique avait déjà pris son pli. 2°.  […] ne prendront-ils jamais la bourse d’un fils prodigue ou d’un père avare pour celle de Léandre ou d’Argan ? […] Je n’ai jamais pu concevoir quel plaisir on peut prendre à imaginer et à composer le personnage d’un scélérat, à se mettre à sa place, tandis qu’on le représente, à lui prêter l’éclat le plus imposant. […] L’immodestie tient si bien à leur état, et elles le sentent si bien elles-mêmes, qu’il n’y en a pas une qui ne se crût ridicule de feindre, au moins de prendre pour elle les discours de sagesse et d’honneur qu’elle débite au public. […] Elle quitte, en atteignant la coulisse, la morale du théâtre, aussi bien que la dignité ; et, s’il était vrai qu’on prît quelquefois des leçons de vertu sur la scène, on va bien vite les oublier dans les foyers.

25. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE II. Anecdotes de Théatre.  » pp. 41-71

Un malheur déconcerta sa pruderie & sa dignité, le feu prit à sa maison pendant la nuit, & troubla fort mal-à-propos les douces occupations de la famille, composée de huit personnes. […] Le Procureur-général prend la parole, lui fait un discours éloquent sur la destinée inévitable des maris, & tâche de l’en consoler, l’assurant qu’il est en bonne & nombreuse compagnie, sans sortir même de son corps, & l’exhorte pathétiquement à fermer les yeux, ne rien dire, & prendre patience. […] Un jeune homme y prendra plus de goût pour le vice, que vos morales ne lui en inspireront pour la vertu. […] Ils se sont avisés d’un autre ; c’est de faire une lotterie de bijoux, qu’on peut prendre en argent, si l’on veut, selon leur valeur : quand on gagne un lot ; on en distribue à chacun de ceux qui ont pris des billets d’entrée, on met en lots le dixieme du billet d’entrée ; c’est gagner un dixieme moins : on le trouveroit s’il y venoit beaucoup de monde. […] Il y reste toujours un grand défaut, le mélange du sacré & du profane, des plaisanteries jusques dans les pieces prises de l’Ecriture, défaut qui se corrige difficilement.

26. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — XIV. La comédie considérée dans ses Spectateurs. » pp. 30-33

N’eût-on pris aucune part aux passions dangéreuses qui y sont réprésentées, on est coupable de ces péchés. […] Il cherchoit, continue-t-il, quelque piége où il prît, & où il fût pris : & il trouvoit ennuyeuse & insuportable une vie où il n’y eût point de ces lacets ; VIAM SINE MUSCIPULA. […] Il fut pris selon son souhait ; & c’est alors qu’il fut enyvré du plaisir de la Comédie, où il trouvoit Ibid. ch.

27. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE V. » pp. 82-97

Vous en conviendrez, Mademoiselle, si vous avez la constance de me suivre : vous n’avez jamais peut-être réfléchi ni sur la Religion dont vous prenez l’étiquette, ni sur votre situation présente : je profite du moment de trouble & de frayeur où vous êtes plongée, persuadé que le Mémoire de votre Avocat n’a pû remplir votre attente, il vous a laissée en proie au ver qui vous ronge, & le seul secret de l’écarter est de changer d’état & de conduite. […] Cyprien2, un Chrétien prend plaisir à contempler des choses qui souillent la pureté de l’ame. […] L’Ange des ténébres prévoyant, ajoute ce Saint Pere1, que les cruautés du Cirque devoient bientôt prendre fin, qu’on se lasseroit du combat des Gladiateurs, a inventé un nouveau genre de Spectacles non moins à craindre ; on n’attente plus aujourd’hui sur le Théâtre à la vie naturelle de l’homme, c’est à la vie de l’ame que l’on en veut ; les Auteurs dramatiques s’en prennent à l’innocence des mœurs, ils jettent dans tous les quartiers d’une grande Ville des semences de péché qui germent, poussent des racines, multiplient leurs branches, & dont les fruits causeront bientôt une corruption générale. […] C’est surtout à l’occasion du Théâtre que l’on voit régner aujourd’hui le désordre prédit par Saint Paul : la saine doctrine devient importune, on la rejette avec mépris, & l’on choisit en sa place des maximes agréables ; on prend pour guides des maîtres dont les idées sont plus assorties au penchant de la nature. […] Ces autorités ne vous persuaderont pas, Mademoiselle, vous les prendrez pour des déclamations vagues, qui ne portent point sur les représentations de la Comédie Françoise : ainsi je dois leur donner pour appui un principe que vous ne puissiez contester.

28. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — XII.  » p. 467

Et pour en être convaincu il ne faut que considérer que lorsque nous avons une extrême horreur pour une action on ne prend point de plaisir à la voir représenter : et c'est ce qui oblige les Poètes de dérober à la vue des spectateurs tout ce qui leur peut causer cette horreur désagréable. Quand on ne sent donc pas la même aversion pour les folles amours et les autres dérèglements que l'on représente dans les Comédies, et qu'on prend plaisir à les envisager, c'est une marque qu'on ne les haït pas, et qu'il s'excite en nous je ne sais quelle inclination pour ces vices, qui naît de la corruption de notre cœur. […] Et par conséquent y ayant encore tant de corruptions et de passions vicieuses dans les Comédies qui paraissent les plus innocentes, c'est une marque qu'on ne haït pas ces dérèglements, puisqu'on prend plaisir à les voir représenter.

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