Tel est le jugement qu’en ont porté tous ceux qui ont écrit contre cette espece de divertissement. […] Oubliez pour un moment, que les Acteurs ne sont pas ceux qu’ils représentent, l’imitation deviendra la nature même, vous sentirez la même émotion que si vous entendiez parler ceux qui ont eu part à l’action représentée, & les expressions qui paroissent sortir de leurs bouches mêmes, ne portent que trop réellement dans le cœur des Spectateurs leurs différentes passions. […] Aussi l’Imitation qui se fait des rapports intelligibles par les nombres de l’Arithmétique, par les lettres de l’Algebre, ou même par les lignes de la Géométrie, trouve peu d’admirateurs, au lieu que la plûpart des hommes courent après celle des rapports sensibles qui se fait par la Peinture ou par la Poësie, parce que pour y exercer son jugement, il ne faut y porter que des yeux & des oreilles, avec une imagination vive & un cœur facile à émouvoir.
Pouvoit-on porter de plus sensibles coups à celui-ci, que d’exposer aux yeux de tout le monde, les objets de ses désirs ?
Augustin : D’ailleurs ces sortes de déguisements portent aisément à faire des actions qui blessent la pudeur & l’honnêteté chrétienne, sur-tout dans un temps de débauche, de libertinage & de plaisirs, tel qu’est celui du carnaval, où quantité de Chrétiens s’abandonne à des excès criminels, sans que presque personne s’y oppose.
Ce sont en France les comédiens eux-même, qui ont érigé un tribunal où tout est porté, & qui prononce souverainement, & souvent tout de travers, refuse de bons ouvrages, & au contraire en soutient de mauvais.
Les Grecs ont-ils porté plus loin que nous la perfection de la Tragédie ?
Dans Œdipe, Iphigénie, la Thébaïde, etc. ce n’est que l’ambition, qui fait la passion des Héros ; Phèdre et Andromaque, ce n’est que l’excès de la passion d’amour, qui fait le motif de l’action tragique : ainsi je suis porté à conclure qu’il n’y a que l’ambition et l’amour qui puissent fournir des sujets convenables à la Tragédie.
Les peintures vives de l’amour qu’on employe pour en garantir le cœur, suffisent pour l’y faire germer & y porter des impressions funestes, que la plus sage morale n’effraye point. […] Quand Justinien fut monté sur le trône, il eut la foiblesse, à la sollicitation de Theodora, d’abroger cette loi, & d’en porter une autre par laquelle il permît aux Sénateurs d’épouser des actrices, pourvu qu’elles se convertissent.
On en est si persuadé dans le monde que quoique dans plusieurs pieces de théatre on ait fait paroître des Abbés, qu’il ait fallu des ordonnances de nos Rois pour arrêter cette insolente profanation, je ne sache pas qu’on ait jamais porté l’audace jusqu’à les y faire danser ; & si dans les maisons particulieres on les y invite, ce n’est que pour se réjouir à leurs dépens. […] Les chansons dissolues qui s’y chantent, les libertés qui s’y prennent, le peu de modestie des filles, la licence des garçons, la durée des ces divertissemens, qui quelquefois sont prolongés les jours entiers & portés dans toutes les rues par des troupes d’insensés qui les courent en sautant, la rapidité, la grossiereté, la bizarerie de leurs mouvemens, l’accablante fatigue qu’ils se donnent, les maladies qui en sont la suite, l’ivresse & la fureur dont ils paroissent agités, & celles où ils tombent en effet dans des parties de débauche & de cabaret, qui en sont inséparables, les querelles, les batteries, les juremens, les blasphèmes, qui en sont l’accompagnement ordinaire, le dérangement de leurs affaires, la cessation de leur travail, les mécontentemens domestiques, &c.
On a commencé de prélever sur la recette, & on a porté au Bureau le reste, qui n’étoit rien. […] Gebelin n’a pas porté jusques-là ses promesses.) […] Jamais, s’il n’eut fait que des fables, il n’eût en des panégyristes, l’Académie n’eût pas pensé à lui : mais ils plaisent plus que ses fables, ils ont la protection des passions : On n’a pas porté l’impudence jusqu’à faire étudier les contes aux enfans ; mais les maîtres & les maitresses en font leur étude, & le beau monde en fin ses délices, & les savent mieux que les fables.
Peu de parens portent la dureté aux excès. […] On croit faire merveille en enflant la trompette tragique, & on manque son but par des folies qui portent à faux : On affoiblit toujours tout ce qu’on exagere. […] Ce n’est pas l’amour, la vengeance, l’ambition, &c. qui portent à cette fureur.
Pour la satisfaction de ceux qui seront curieux d’approfondir la matière, et les mettre en état d’en porter un jugement solide, on a cru à propos d’ajouter à la fin de ce petit ouvrage une histoire abrégée de ceux qui ont paru pour et contre la Comédie depuis le dix-septième siècle jusqu’à présent, et de leur indiquer ensuite les différents Pères de l’Eglise qui en ont traité, et les autorités où ils ont puisé leurs réflexions. […] « Ne voudriez-vous point, dit Sganarelle dans l’Ecole des maris , De vos jeunes muguets m’inspirer les manières, M’obliger à porter de ces petits chapeaux Qui laissent éventer leurs débiles cerveaux ; Et de ces blonds cheveux de qui la vaste enflure Des visages humains offusque la figure ; De ces petits pourpoints sous les bras se perdants, Et de ces grands collets jusqu’au nombril pendants ; De ces manches qu’à table on voit tâter les sauces, Et de ces cotillons appelés haut-de-chausses ; De ces souliers mignons de rubans revêtus, Qui vous font ressembler à des pigeons pattusf ; Et de ces grands canons où, comme en des entraves, On met tous les matins ses deux jambes esclaves, Et par qui nous voyons ces Messieurs les galants Marcher écarquillés, ainsi que des volants. Je vous plairais sans doute équipé de la sorte, Et je vous vois porter les sottises qu’on porte. » On lui répond par un de ces traits de morale si vantés : « Toujours au plus grand nombre on doit s’accommoder, Et jamais il ne faut se faire regarder. […] Quoi qu’il en soit, on ne rapporte aucun de ces canevas signés de la main de saint Charles ; et il en faudrait pour juger jusqu’où il portait sa tolérance.
Après avoir porté cette botte franche que les adversaires de GUILLOT-GORJU ne peuvent parer, il triomphe ici en un mot du reste de leurs faibles raisons, alléguant que si la Comédie n’était suivie d’une farce, elle serait plus tolérable.
, où il est dit qu’une « vieille femme n’ayant pu échapper durant sa vie à un homme, qui l’avait forcée à le faire son héritier, elle voulut qu’il la portât après sa mort sur son corps frotté d’huile, afin de lui échapper du moins à cette fois ».
Les voyageurs nous apprennent que ces peuples imbécilles portent leur culte jusqu’à ramasser avec soin, & conserver avec respect les excrémens du grand Lama, comme des choses divines ; ils les achetent à grand prix, les font secher, les pulvérisent, les portent dans des bources pendues à leur cou, & mettent sur leurs alimens quelques pincées de cet assaissonnement divin.
Les anciens étoient si délicats sur l’éducation de leurs enfans, qu’ils craignoient pour eux jusqu’à la tendresse des peres & des meres, ils consioient l’éducation au plus honnête homme de la famille, ils vouloient qu’il ne se passât rien d’indécent sous leurs yeux ; dans les repas même & les recréations, on tâchoit de cultiver leur ame pour la porter à la vertu. […] On veut dans l’un & dans l’autre se moquer de la frivolité française, que la galanterie, & le théatre, qui en est le centre, ont porté jusqu’au comble.
La croix d’or étoit inutile, toutes les Paysannes n’en portent pas ; mais très indécente sur une gorge découverte & avec des bras nuds, sous un visage enluminé, car une Actrice est toujours fardée, dans un rôle licentieux & naïf. […] Ils n’ont pas moins ouvert plusieurs de celles qui portent le nom de Voltaire de Gibraltar à Petersbourg.
Arlequin leur dit : vous, pour un bien de paix, porterez la bésace, & vous autres, Messieurs, nous la ferez porter .