Rien n’est plus monotone que la volupté ; ce n’est que la répétition de la même sensation & du même objet. […] C’est toujours repaître l’imagination de chimeres & de vices, & la tenir attachée à des objets qu’on ne peut trop écarter.
L’intérêt des directeurs de spectacles, l’unique objet pour lequel ils travaillent, est celui de gagner de l’argent ; ainsi ils s’établissent dans les lieux où ils esperent parvenir plus sûrement à ce but. […] A Londres, les deux grands spectacles sont très-près l’un de l’autre, et cette proximité n’a jamais été l’objet d’aucune réclamation.
une histoire, disons mieux, une fable proposée sous la forme d’histoire, où l’amour est traité par art et par regles ; où la passion dominante et le ressort de toutes les autres passions, c’est l’amour ; où l’on affecte d’exprimer toutes les foiblesses, tous les transports, toutes les extravagances de l’amour ; où l’on ne voit que maximes d’amour, que protestations d’amour, qu’artifices et ruses d’amour ; où il n’y a point d’intérêt qui ne soit immolé à l’amour, fût-ce l’intérêt le plus cher selon les vues humaines, qui est celui de la gloire ; où la gloire même, la belle gloire, est de sacrifier tout à l’amour ; où un homme infatué ne se gouverne plus que par l’amour, tellement que l’amour est toute son occupation, toute sa vie, tout son objet, sa fin, sa béatitude, son Dieu. […] Au milieu de tant d’objets différents qui tour à tour et comme par des évolutions réglées, passent sans cesse et repassent, de quoi les yeux sont-ils frappés, et à quoi se rendent-ils attentifs ?
J’ose dire, que ce serait là le seul moyen de mettre enfin des objets imitables sur le Théâtre tragique* : c’en serait peut-être un très-efficace pour rappeller l’héroïsme dans ceux qui descendent des grands-hommes, ou dans ceux qui possèdent leurs charges & leurs emplois. […] nt Pour plus de clarté, j’envisagerai l’Actricisme sous deux faces : la première présentera les objets d’imitation, que je pourrais nommer Imitemens ; la seconde, les Modelemens, ou manières d’imiter. L’objet du Règlement que je propose est d’ôter les inconvéniens du Drame, ceux du Comédisme & de l’Actricisme ; de rendre les leçons plus efficaces, par l’attrait d’un plaisir plus pur. […] nt en ne proposant aux Acteurs que des objets d’imitation non-seulement honnêtes (ce qui est indispensable) mais dans qui l’on voye un degré de vérité, qui les rende intéressans ; & de bonté, de sagesse, ou de critique, qui nous y fasse trouver de quoi nous toucher, nous instruire, ou nous inspirer de l’éloignement des choses vicieuses. […] J’ai été surprise que dans Hamlet, on n’ait pas réalisé, sinon aux yeux, du moins à l’oreille, l’objet qui excite la terreur du jeune Prince.
La rivalité de ses applaudissemens est bien different du crédit arbitraire dont l’objet, est l’envie, la haine, la médisance y répandent leur fiel, & cette fête innocente, édifiante, est bien différente des Fêtes des Ballets, du théatre où la volupté, la licence des mœurs les défigurent & dirigent les pas, & singulierement des Fêtes de Favard & de Pesé, qui, dans leurs parodies de la Rosiere de Salenci sur l’Opera bouffon, péchent contre les regles & le costume aussi bien que contre les bonnes meurs.
Bienheureux celui qui n’a point abusé de ses yeux à regarder ces objets imaginaires, et qui ne s’est point occupé de ces fausses folies.
Tout le monde sait que c’est là ce qui peuple nos théâtres ; voilà l’objet du culte, des sacrifices, des désirs, des fêtes du monde dramatique.
Des yeux aussi saints que ceux de Dieu peuvent-ils s’ouvrir sur des objets si profanes ? […] Cependant, les Peres n’ont pas laissé d’interdire ces sortes de spectacles ; ou parce qu’on y faisoit des cris extravagants & immoderez ; ou parce qu’on s’y échauffoit trop facilement pour les partis ; ou parce qu’on y apprenoit à devenir cruel, & qu’on l’estoit en effet en devorant des yeux les hommes que les bêtes devoroient par leur bouche : ou par la raison générale, que ces objets excitoient les passions, au lieu que toute l’étude de la Religion est de les combattre, de les affoiblir, & du moins de les regler, puisqu’elle ne sçauroit les détruire.
Notre ivresse n’est pas si grossiere, elle n’a pas le même objet, les goûts sont différens ; mais j’ose dire que la plupart de ceux qui ont été au bal ou à la comédie, en viennent enivrés de passions, paîtris de vices, apres y avoir pris les libertés, entretenu des pensées, formé des desirs, jeté les regards, tenu les discours, présenté les objets, formé les intrigues les plus mauvaises, c’est-à-dire, commis & fait commettre des péchés sans nombre contre la pureté.
& sacré, & porte au frontispice l’image d’vne vierge tenant son fils Iesus, arriere prophanes impures de cet objet de pureté & saincteté, arriere fols de cet objet de prudence, arriere du lieu où vous faictes les insensez à l’enuy, Vet. charta & mortualia.
Si nos Auteurs suivent & remplissent cet objet, le Théâtre sera comme dans sa naissance, l’asile des plaisirs purs, faits pour le galant homme, instruit & récréé. […] « Page 166, je demande comment un état dont l’unique objet est de se montrer, & qui pis est, de se montrer pour de l’argent, conviendrait à d’honnêtes femmes, & pourrait compâtir en elles avec la modestie & les bonnes mœurs. » Je lui répondrai qu’il faut que le Public en ait,27 c’est lui qui les corrompt par toutes sortes de voies : ces exemples sont vrais ; une jolie Femme, vertueuse à la Comédie, devient la victime de cent complots criminels ; elle succombe, rien n’est moins étonnant. […] Mais ce qui est remarquable, c’est que jamais ils ne sortent du Théâtre qu’ils ne remportent, avec l’idée des personnes qu’on leur a représentées, la connoissance des Vertus & des vices dont ils ont vu les exemples, & leur mémoire leur en fait des leçons continuelles qui s’impriment d’autant plus avant dans leurs esprits, qu’elles s’attachent à des objets sensibles & presque toujours présens, &c. … … Il faut bien certes que les Spectacles soient très-importans au gouvernement des Etats, puisque la Philosophie des Grecs & la majesté des Romains ont également appliqué leurs soins pour les rendre vénérables & éclatans. […] « Je me souviens, dit-il, d’avoir été frappé dans mon enfance d’un spectacle assez simple, & dont pourtant l’impression m’est toujours restée, malgré le temps & la diversité des objets.
Parmy nous jusques icy on a confondu les deux Characteres, & l’Imitation de la vie priuée à esté plus loin que son objet.
Ne voulez-vous pas être l’objet des brocards, des pamphlets et des caricatures dont on accable les jaloux ?
On lui a fait voir que l’objet du théâtre étoit mieux rempli, & que le spectacle des suites affreuses d’une passion guérissoit de cette passion même.
Lorsque l’homme se penche vers les affections de la terre, son cœur est comme courbé et appesanti ; mais quand il s’élève vers le Ciel, ce cœur se redresse, et devient l’objet de la bonté de Dieu ; car « Dieu est bon à ceux qui ont le cœur droit. […] , haïssez et détestez ces choses, dont les Auteurs ne peuvent être que l’objet de votre haine, et de votre aversion. » « Un serviteur de Dieu, dit-il encore « Non sola ista conciliabula spectaculorum, sed etiam templa ipsa sine periculo disciplinæ adire servus Dei potest urgente causa simplici duntaxat, quæ non pertineat ad proprium ejus loci negotium, vel officium. […] C’est lui dont le pouvoir de la haine est vainqueur, Et qui fait les objets les plus chéris du cœur. » « O que la Poétique est une admirable réformatrice des mœurs « O præclaram emendatricem vitæ poëticam, quæ amorem flagitii, et levitatis autorem in Concilio Deorum collocandum putet ! […] Il tira des Temples toutes les Idoles, et les exposa dans les places publiques, comme des objets d’opprobre, de mépris, et de risée ; il en transporta même quelques-unes jusques dans son palais ; et par ce moyen étant arrachées des lieux où l’on avait accoutumé de leur immoler des hécatombes et de les voir avec des sentiments de Religion ; et étant mises en d’autres endroits peu convenables à cette révérence, elles perdirent entièrement ce qu’elles avaient de vénérable à des aveugles, et restèrent aux yeux de tout le monde, comme des ouvrages dont toute l’estime dépendait des grâces, et des beautés que la main des artisans leur avait données. […] L’application que l’Auteur de la Dissertation fait ensuite de cette action de l’Empereur Constantin, à ce qui est arrivé à la Comédie, n’est point juste ; puisque ce n’est pas exposer la Comédie au mépris, et en faire un objet d’opprobre et de risée ; que de la faire passer dans les palais des Rois.
Il a corrigé beaucoup de ridicules (& favorisé plus de vices), sur-tout les femmes savantes (objet bien mince, il n’y en a pas vingt dans Paris). […] Il enfiloit tous les mots qui avoient quelque rapport à un objet ; c’est la science d’un petit livre, indiculus universalis.
Bien loin donc de prendre plaisir aux divertissements des gens du monde ; leurs plus grandes délices doivent, ou de pleurer dans le souvenir de leurs péchés, ou de ce qu’ils ne jouissent pas encore dans Sion du bonheur qui est l’unique objet de leurs affections et de leurs désirs. […] Car pour ceux de hasard ; et d’attache, qui n’ont pour objet que le gain et l’intérêt ; ils doivent être en horreur à des Chrétiens autant que les Bals, et la Comédie.