J’ai déjà parlé des spectacles, théâtres et comédies, et je croirais avoir assez dit, pour n’y devoir rien ajouter, si la matière dont il s’agit ne m’y engageait, et si le mal que traînent après eux les théâtres, ne m’y forçait, vu même que c’est ce malheureux et funeste divertissement après lequel courent les Chrétiens d’aujourd’hui, et à quoi ils emploient la plus grande partie des Fêtes et des Dimanches.
Au reste le dessein que je m’étais proposé, quand j’ai travaillé sur les Tragédies, a été de les examiner du côté des mœurs ; afin de bannir du Théâtre de la réforme toutes les Pièces où la passion d’amour est portée à des excès qui peuvent être préjudiciables plutôt qu’utiles : mais, en travaillant selon mon plan et, pour ainsi dire, en chemin faisant, j’ai trouvé que les désordres de l’amour étaient souvent si mal imaginés par les Poètes, qu’il m’a été quelquefois impossible de ne pas relever des défauts que j’ai cru apercevoir dans leurs Ouvrages ; et c’est sur cela que je crois devoir prévenir mon Lecteur, et lui faire connaître ce que je pense.
Le temple des chimeres avance un principe de morale absolument faux dans la Réligion chrétienne ; mais qui peut adoucir bien des maux dans la nature & la société. […] Plaise au Ciel qu’ils ayent réparé ceux qu’il avoit si mal employé pendant sa vie. […] Si c’est là la perfection, qu’on me dise, quels sont les défauts essentiels, ceux dont on a affecté de mauvaises rimes, des vers plats, des traits froids, des scénes mal dialoguées, &c. […] Franc traite mal Sakespear : le Héros Anglois.
S. le Poëte s’est couvert de ridicule, que doit mériter une ville si mal policée, & des écoles si mal disciplinées ? […] Les Mille & un jour & Mille & une nuit sont deux recueils de contes qui ont eu quelque célébrité, & ne sont pas mal écrits. […] L’intigue est mal conçue, on y voit des traits pillés dans les Plaideurs de Racine, & on rapporte une scene assez plaisante entre le Cadi & quelque paysan qui fait le niais, & se moque de lui.
C. fut le fruit de la conversion de Pierre Corneille, pour réparer le mal qu’avoient fait ses pieces de théatre, quoiqu’elles soient plus décentes que d’autres. […] Nectar qu’on avale à longs traits, Beaume que répand la nature Sur les maux qu’elle nous a fait, Maîtresse aimable d’Epicure, Volupté viens à mon secour. […] Les Drames de ce Chanoine se ressentent de sa fécondité, il est bas, bouffon, souvent guindé, sans regle, négligeant le naturel, la vérité, la vraisemblance, ignorant l’histoire & le costume ; il faut acheter cherement des traits heureux, des intrigues bien conduites, c’est à-peu-près le Poëte Hardi que l’on a cru en france qui faisoit bien ou mal une comédie tous les huit jours. […] L’éleve ne fut pourtant pas fidele au maître à qui elle devoit tout ; il fut puni par l’endroit même par lequel il avoit fait faire tant de mal ; il se convertit, & ces infidélités contribuerent à le détacher du monde.
Clairon est donc devenue le temple de la gloire, c’est à elle à donner des lauriers, puisqu’elle en est toute couverte ; je ne pourrai pas la rémercier dignement, je suis un peu entouré de ciprés ; on ne peut pas plus mal prendre son tems pour être malade ; je vais pourtant me secouer, & écrire au grand Prêtre & à la grande Pretresse. […] C’est mal connoître ce génie sublime, qui ne doit rien qu’à lui-même. On dit même, qu’il a mal profité des leçons de son maitre, dans le point le plus essentiel ; il est moins sage que lui, quoique fort supérieur, plus véhément, plus tragique, & ayant pénétré plus loin.
Ce n’est pas la peine de se mettre en frais pour guerir ce mal, & le mérite de Moliere sur cet article, est bien borné, quoique cette piéce soit une des meilleures. […] On a donné au public la vie de deux avanturieres, Niéces du Cardinal Mazarin, l’une Marie Mancini, femme du Connétable Colonne, écrite, dit-on, par elle-même, & assez mal écrite pour l’en croire auteur. […] La Reine Glorieuse apprendroit à son mari à lui obéir, cela seroit d’un bon exemple pour les nôtres ; mais pour un bien qu’elle nous seroit, il en arriveroit bien de maux, si nous avons une Reine pleine de vanité, elle tiendra tous les matins conseil de beauté, pour inventer des modes, & tous ces conseils n’avanceront point les affaires de l’Etat.
Madame Des Tianges a fait entendre que les Actrices-Citoyennes ne causeront pas le mal que vous cherchez à prévenir, Monsieur. […] On en dit du mal, on en dit du bien… Et vous, que vous en semble ? […] DESMARES, grande femme ni belle ni laide, qui joue plus mal que bien.
Or ce désir vient de la cupidité que saint Paul dit être la racine de toutes sortes de maux : « Radix malorum omnium cupiditas. » La vanité et le désir d’acquérir de la réputation et le plaisir de paraître sur un Théâtre, et d’avoir accès chez les Grands, peuvent encore être des motifs qui font agir les Comédiens ; mais qui ne voit que rien n’est si peu solide que tout cela. […] faiseur de lettre veut ici plaisanter, mais très mal à propos. […] Ce ne sont que des exhortations au mal ; et des leçons qui portent d’elles-mêmes à l’amour du monde, et au dégoût des vertus chrétiennes.
Ce qu’on peut conclure à Rome, à Venise, à Naples, de la tolérance publique des femmes de mauvaise vie, desquelles on tire quelque profit, sur lesquelles la police veille avec le plus grand soin, pour le maintien de l’ordre ; qu’il est des maux presque inévitables qu’on croit devoir tolérer. […] Ce serait en mal connaître l’institution que de la comparer avec nos pièces dramatiques. […] Concluons que c’est bien mal connaître l’histoire et la jurisprudence, ou vouloir en imposer au public, que de fonder la légitimité de la comédie sur des lettres patentes enregistrées.
), étend cette décision aux Comédiens qui n’exercent pas par un intérêt mercenaire (s’il en existe quelqu’un), mais par des vues bien mal entendues de vanité et d’amour de la gloire : « Etiam eos qui ambitiosa ostentatione in scenam prodeunt. » On ne voit point d’exemple de ces dérogeances ; aucune famille n’a eu besoin de se faire réhabiliter. […] Mais ces deux Auteurs s’expliquent mal. […] Il peut se faire que content de mettre à couvert le privilège de sa noblesse par cette défaite, les Juges n’approfondirent pas sa conduite ; qu’on ne compulsa point les registres de la comédie, qui peut-être alors encore mal établie n’en avait pas ou les fit disparaître ; que les traitants, à qui l’on donna l’entrée gratis, ne poursuivirent pas un si mince objet, qui d’ailleurs tirait fort peu à conséquence ; et qu’on ne fut pas même fâché de favoriser Floridor, qui était bon acteur, se faisait aimer, et par une espèce de prodige avait conservé de la probité et des sentiments.
Magister et Doctor non erudiendorum, sed perdendorum puerorum, id quod male didicit cæteris insinuat an talis debeat comunicare nobiscum ? […] Il ne peut y avoir de difficulté que sur le gain du théâtre, sa portion aux représentations, sa portion comme Acteur, etc., c’est le fruit du crime, c’est un bien mal acquis, dont il ne doit pas disposer, qu’on ne peut ni lui donner ni recevoir de lui. […] Il répond que sans doute elle est due de droit commun, puisque chacun la doit de son industrie, et qu’il ne serait pas juste que les coupables fussent dispensés des charges que portent les innocents ; que cependant il est de la décence que l’Eglise ne les reçoive pas, pour marquer l’horreur qu’elle a du crime : « Ecclesia non debet eas recipere, ne videatur eorum peccato communicare. » Pour entendre ici la distinction de justice et de décence, il faut distinguer deux sortes de biens mal acquis ; les uns injustement, contre la volonté du maître, en les lui volant ; les autres par la donation volontaire, quoique par un mauvais motif.
C’est pourquoy il me semble qu’Aristote n’a pas mal rencontré à ce propos, lors qu’il a defini l’homme, non seulement un animal raisonnable, mais encore animal imitativum , un animal qui est un parfait copiste, & un fidele imitateur de tout ce qu’il voit faire en sa presence. […] Demandez-luy, dis-je, si c’est un grand mal d’aller au bal & à la comedie, & il vous répondra hardiment que c’estSalu. 1. 6. […] Mais il me semble qu’il y a long-tems que vous murmurés tous bas, que vous portés avec impatience de voir la comedie si mal traittée, & que vous me voulés dire qu’elle n’est point si criminelle que je la fais, puis qu’elle est bien differente des spectacles des Gentils, contre lesquels seuls les Peres de l’Eglise ont declamés. […] ; Epicure en a fait le souverain bien de l’homme ; Antistene en a fait le souverain mal ; Zenon n’en a fait ny un bien ny un mal. […] il ne fut plus ce même Alipius, il ne fut pas le maître de ses yeux, ny de sa curiosité, spectavit, clamavit, exarsit , il regarda, il cria, & s’emporta comme tous les autres ; audax potius, quam fortis animus , marque qu’il y avoit eu plus de presomption dans son bon propos, que de confiance en Dieu, & que de force dans son esprit ; mais quel grand mal pour le pauvre Alipius d’avoir regardé le Gladiateur vaincu, & d’avoir applaudi au vainqueur, le voicy ; c’est dit S.
Que nous importe, en effet, que nous sert ce plus précieux don de la liberté, le droit de vote et de suffrage, le droit de contribuer à l’élection de nos législateurs, de nos magistrats communs dont les rapports avec nos personnes, avec nos intérêts présents et sensibles, sont indirects ou éloignés, lorsque, d’un autre côté, on nous en donne de particuliers, sans forme protectrice, qu’il nous faut accepter bon gré mal gré, avec lesquels nous sommes continuellement en contact, qui sont si directement et à un tel point les maîtres de notre état, qui peuvent nous faire tant de mal impunément !
En parlant des Chœurs mal liés avec les Pièces, il s’éxprime de la sorte : « c’est pourquoi ils ne chantent plus que des Chansons insérées15 ».
« On ne doit point recevoir à la Table des Fidèles un Histrion qui persévère en la turpitude de son art, et qui perd les jeunes enfants en leur enseignant ce qu'il a mal appris. » Saint Chrysostome fut unS.
Ce parti formidable, qui se déguise mal et siège à Montrouge, etc., etc., a adopté pour principe invariable que l’autorité des rois est sur terre, inférieure à l’autorité sacerdotale, et que cette autorité ecclésiastique peut, dans l’intérêt de la religion, et pour la gloire de Dieu, disposer ici-bas des trônes et de la vie des souverains.