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42. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XXXV. Conclusion de tout ce discours. » pp. 138-152

Ce n’est pas qu’en métaphysique, cette séparation soit absolument impossible, ou comme parle l’école, qu’elle implique contradiction : disons plus, on voit en effet des représentations innocentes ; qui sera assez rigoureux pour condamner dans les collèges celles d’une jeunesse réglée à qui ses maîtres proposent de tels exercices pour leur aider à former ou leur style ou leur action, et en tout cas leur donner surtout à la fin de leur année quelque honnête relâchement ? […] Que si sous les yeux et la discipline de maîtres pieux on a tant de peine à régler le théâtre, que sera-ce dans la licence d’une troupe de comédiens, qui n’ont point de règle que celles de leur profit et du plaisir des spectateurs ? […] « Maître, à qui irons-nous ?

43. (1733) Dictionnaire des cas de conscience « Jugement sur la Comédie du Festin de Pierre. CAS II. » pp. 805806-812

Ces Comédiens ayant été avertis par les Confesseurs qu’ils ne devaient pas jouer cette Comédie, l’absolution même ayant été refusée à une des femmes qui monte avec eux sur le Théâtre, ils s’en sont plaints à leurs Maîtres, et ils en ont fait des railleries publiques. […] On demande donc si on doit leur refuser l’absolution à tous jusqu’à ce qu’ils se corrigent, et promettent non seulement de faire leurs efforts pour ne la plus jouer, mais jusqu’à ce qu’ils l’aient obtenu de leurs Maîtres : mais s’ils promettaient seulement de leur en parler, et de faire tout ce qui dépend d’eux pour s’en abstenir, leur pourrait-on donner l’absolution ? […] Leurs Confesseurs ordinaires n’ayant point d’égard à ces promesses qui presque toujours n’aboutissent à rien, ont exigé qu’avant de leur donner l’absolution ils se fissent donner par leurs Maîtres une parole positive de ne les plus obliger à représenter cette Comédie.

44. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VI. Suites des diversites curieuses. » pp. 138-172

Il dit alors qu’il n’avoit point osé le découvrir pour ne pas exposer la vie de son maître, mais qu’il le feroit, puisqu’on le vouloit absolument. […] Il les servit si bien par sa belle plume, que leur reconnoissance le fit monter au poste de Secretaire d’Etat, quand ils furent les maîtres, Bolinbrock l’estimoit, & rendoit justice à ses talens. […] Un petit maître alloit se marier, il étoit poudré, frisé, fardé, parfumé comme une femme, sa femme ne l’étoit pas moins. […] Elle excelloit sur tout dans les pantomimes de la danse ; elle y peignoit toutes les passions, & ajoutoit de génie sans préparation aux desseins que ses maîtres lui avoient déjà tracé. […] Ce n’étoit point un Souffleur qui aidât une mémémoire chancelante, un maître de musique qui battît la mesure à l’orchestre, mais un habile Acteur qui servoit de modele & de guide.

45. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre V. Du Luxe des coëffures. » pp. 115-142

Nous pourrions leur disputer la coëffure des petits maîtres, par l’analogie à celle des Dames ; mais nous laissons volontiers leur tête entre, les mains d’un Perruquier, afin qu’ils fassent moins de progrès dans la coqueterie. […] Quatre heures après l’enrégistrement fait au Parlement, toutes ces charges furent levées aux parties casuelles ; chaque maître a bien cinq ou six garçons, ce qui fait six à sept cent personnes de plus, occupés à la Coëffure. […] Faut il être surpris, si l’on y trouve les plus grands Maîtres ? […] C’est dommage que nos petits maîtres, moins riches que ce Prince, soient forcés de se borner à l’amidon ; la poudre d’or seroit plus brillante. […] En les parfumant avec differentes odeurs ; ce que les femmes & les petits maîtres font toujours par la violette, la bergamote, le musc, qu’ils repandent dans la poudre & les pommades.

46. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre V. Suite des Parfums. » pp. 112-137

Au contraire Anacreon, ce Poëte galant, ce grand maître du vice, demandoit qu’on lui jettât abondamment des parfums sur l’estomac, parce que de là l’odeur iroit plus directement au cœur, & y parviendroit plus vite pour échauffer sa passion : Advola, & unguentis mihi pectus irriga, ut cor citius obtineat. […] Le maître de la maison offre aux convives toute sorte de parfums. […] Il pouvoit ajouter les hommes, car les petits maîtres sont aussi efféminés. […] Il le peint comme un petit maître efféminé, énervé de délices, blasé de volupté, dégoûtant de parfums, couronné de fleurs, qui n’a que les graces d’une femme, non une beauté mâle, une vraie femme, ce qui le couvre d’infamie : Elumbem deliciis, muliebri venustate unguentis delibutum, rosis coronatum, puellarum amicum totum mulierosum . […] Les coquettes, les Actrices, les petits maîtres retrouveront-ils l’ambre, la civette, la bergamore dans ces odeurs célestes ?

47. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre I. Est-il à propos que la Noblesse fréquente la Comédie ? » pp. 3-19

Louis XIV introduisit cette mode, ou plutôt le Cardinal Mazarin, qui voulait, en l’amusant par les jeux et les plaisirs, le tenir en tutelle, et demeurer toujours maître, lui inspira ce goût. […] Qu’a donc fait ce maître du monde pendant son règne, ou plutôt sa tyrannie ? […] Si quelqu’un est en droit de parler aux maîtres du monde, c’est leur Pasteur, c’est au Ministre du Dieu vivant, qui de sa part et en son nom instruit, exhorte, tonne, menace dans la chaire de vérité, qui par la force de la parole et le secours de la grâce divine, les touche en effet et les convertit. […] Jourdain, un maître à danser, à chanter, les bretteurs, les grammairiens ; et la chute d’un Marquis qui redevient maître Jacques, et qui comme lui ne fait que changer d’habit, pour être tantôt valet, tantôt Prince, ne le céderait pas au Mufti. […] L’idolâtrie, redevenue dominante sous le règne de Julien l’Apostat, fit des efforts pour rétablir ses abominations, croyant même faire par là la cour au nouveau maître.

48. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE II. » pp. 18-28

Les Rois sont très-fort les maîtres de lever la Macule qui deshonore les Comédiens, & de leur accorder tout autant de priviléges que leur ambition le désire : en attendant cette étrange métamorphose, qui couvriroit de honte la Monarchie Françoise, il faut s’en rapporter aux Loix existantes. […] Saint Louis pensoit bien différemment ; il ne crut pas pouvoir allier avec sa piété la tolérance des Spectacles, & n’étant pas le maître de les bannir de tout le Royaume, où les Seigneurs particuliers avoient beaucoup plus d’autorité qu’ils n’en ont aujourd’hui, il chassa du moins les Comédiens de sa Cour, selon Paul1 Emile, Histriones Aulâ exegit .

49. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « IV. S’il est vrai que la représentation des passions agréables ne les excite que par accident.  » pp. 10-18

Le premier principe sur lequel agissent les Poètes tragiques et comiques, c’est qu’il faut intéresser le spectateur, et si l’auteur ou l’acteur d’une tragédie ne le sait pas émouvoir et le transporter de la passion qu’il veut exprimer, où tombe-t-il, si ce n’est dans le froid, dans l’ennuyeux, dans le ridicule, selon les règles des maîtres de l’art ? […] C’est donc combattre les règles et les principes des maîtres, que de dire avec la dissertation, que le théâtre n’excite que « par hasard et par accident » les passions qu’il entreprend de traiter.

50. (1694) La conduite du vrai chrétien « ARTICLE VI. » pp. 456-466

Tu as une fois renoncé au diable et à ses spectacles ; ainsi il s’ensuit nécessairement qu’allant aux spectacles à dessein et de propos délibéré tu retournes en effet à ton premier maître qui est le diable : car ayant en même temps renoncé à tous les deux, et ayant dit et reconnu que le diable et ses pompes n’étaient qu’une même chose ; retournant vers l’un, tu retournes aussitôt vers l’autre : car je renonce, dis-tu, au diable, à ses pompes, aux spectacles et à ses œuvres, et après cela, tu dis, je crois en Dieu le Père tout-puissant, et en Jésus-Christ son Fils. […] Je n’en veux pas dire davantage sur ce sujet, en ayant parlé ci-devant assez amplement, joint que les deux Auteurs que je viens de produire, Salvian et Tertullien s’en sont suffisamment expliqués, pour faire connaître à un chacun que les spectacles et les théâtres ne doivent jamais passer chez les vrais Chrétiens pour divertissements, puisqu’ils traitent ceux qui y assistent d’apostats, de prévaricateurs des Sacrements, de gens qui retournent vers le diable leur premier maître, qui préfèrent le démon à Dieu, qui font banqueroute à la foi de Jésus-Christ, qu’ils sont plus criminels que les païens, qu’ils sont sans Religion, qu’ils ne cherchent qu’à repaître leurs yeux adultères ; gens enfin qui se jettent volontairement dans le fort et la citadelle où se commettent toutes sortes d’impuretés.

51. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — TROISIEME PARTIE. — Tragédies à conserver sur le Théâtre de la Réformation. Avant Propos. » pp. 118-127

Les grands Maîtres (ainsi que d’illustres Ecrivains ont remarqué) nous ont donné plusieurs préceptes qui sont contraires à la vérité et à la raison : depuis deux mille ans nous portons le joug sans oser le secouer ; parce que nous ne les approfondissons point ces préceptes, ou parce que nous nous obstinons à les soutenir par prévention. […] Je me suis, il est vrai, conformé à ces règles dans ce que j’ai donné ; mais il est aisé de voir que ce qui m’a déterminé à tenir cette conduite, c’était le désir d’éviter la singularité, et la crainte d’être le seul de notre siècle qui osât opposer une digue à la prévention générale : j’ajoute que je n’ai suivi ces règles que lorsqu’elles m’ont paru conformes aux préceptes de la raison autant qu’à ceux des Maîtres de l’Art ; aussi lorsqu’il m’est arrivé de citer quelque dogme du grand Maître, j’ai toujours dit : Comme le veut Aristote ou plutôt la raison : la nature : le bon sens : le vrai : et autres termes semblables, ainsi qu’on peut le vérifier dans mes Ecrits.

52. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre VIII. Du Clergé comédien. » pp. 176-212

Les Hermites vivoient dans les antres, les Apôtres non plus que leur Maître n’avoient point où reposer leur tête ; mais le théatre ne fut jamais ni leur occupation ni leur ressource. […] Il prit l’esprit de son Maître & le conserva jusqu’à la mort. […] Ce fut même l’occasion d’une brouilleries de plusieurs années avec ses anciens maîtres qui le blâmoient. […] Est-ce donc là toute la récompense que peuvent espérer dans le monde les plus grands maîtres du théatre ? […] L’éleve ne fut pourtant pas fidele au maître à qui elle devoit tout ; il fut puni par l’endroit même par lequel il avoit fait faire tant de mal ; il se convertit, & ces infidélités contribuerent à le détacher du monde.

53. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre VII. Troisieme suite du Fard. » pp. 171-194

La fille vole son pere, pour y fournir, la femme son mari, le petit maître son créancier, ses domestiques, ses ouvriers. […] par conséquent la nature & le degré de beauté qu’il lui a plu de vous donner ; comme il a réglé la quantité des richesses, l’élévation de la fortune, l’étendue de l’esprit : maître de ses dons, il en a fixé la mesure, c’est à nous à nous soumettre à ses ordres, & à nous contenter de ses largesses. […] Une autre invention procura de grands changements ; on se bornoit à parfumer la tête ; les femmes y mettoient de la poudre blanche, pour n’étoyer les cheveux ; les petits Maîtres envierent aux femmes cette propreté, & en firent un ornement. […] Choisissez-donc entre deux maîtres, vous ne sauriez en servir deux à la fois ; vous-même ne pouvez réunir deux sentimens si contraires. Vous haïssez l’un de ces deux maîtres, si vous aimez l’autre, & les mêmes raisons qui vous font haïr le premier vous seront aimer le second ; vous devez à votre propre repos, ce choix décisif.

54. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre I. Des Parfums. » pp. 7-32

Dans la vérité quand on poudre quelque petit maître, la poudre forme un nuage autour de lui, une atodmosphère odoriférante. […] Suetone rapporte que Vespasien avoit donné le gouvernement d’une province à un jeune homme de qualité : le jeune homme vint l’en remercier, mais il y vint en petit maître, poudré, frisé, parfumé ; l’Empereur en fut indigné : j’aimerois mieux , lui dit-il, que vous sentissiez l’ail, je ne donne point mes provinces à gouverner à des femmes . […] Le beau Consul, un petit maître ! […] Tel ce guerrier petit maître qui étant tombé dans la poussière, y perdit le chef-d’œuvre de sa toilette, fœdare in pulvere crines vibratos calido ferro, myrthaque madentes . […] Une Actrice, une coquette, un petit maître ne peuvent soutenir cette idée désolante, & mettent tout en œuvre pour étaler la fraîcheur, les grâces, la douce haleine de la jeunesse : vains efforts !

55. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE II. De la Tragédie. » pp. 65-91

Voilà ce que d’habiles gens, des connaisseurs délicats, remarquent au premier coup d’œil ; « au lieu que nous autres petits Auteurs, en voulant censurer les écrits de nos maîtres, nous y relevons, par étourderie, mille fautes, qui sont des beautés pour les hommes de jugement. »by C’est donc votre fautebz de n’avoir pas senti pourquoi M. de Crébillon a conservé au caractère d’Atrée toute la noirceur qu’il a trouvée dans l’original Grec, à très peu de chose près ; c’est votre faute de n’avoir pas senti pourquoi ce Sophocle Français a mis, dans la bouche de ce monstre ce vers terrible qui vous révolte si fort ; c’est votre faute enfin de ne pas savoir que plus un Scélérat est heureux, plus il est en horreur à tous ceux qui le connaissent. […] Encouragés par les suffrages d’un tel Maître, nous ne craignîmes point de tenter d’acquérir ceux de ses égaux, c’est à dire de presque toute l’Académie rassemblée chez lui. […] Le goût et les lumières de Madame D., digne nièce du plus célèbre des Oncles, suppléait à la privation des leçons de notre cher maître. […] Comment de jeunes gens, sans habitude au Théâtre et qui ne montraient encore que les dispositions nécessaires pour s’y distinguer un jour, auraient-ils pu faire cette impression sur des auditeurs consommés au Spectacle, et maîtres eux-mêmes du Théâtre, si la pièce n’était une de celles qui toucheraient le cœur le moins sensible, quand bien même on la débiterait comme on lit la gazette ? […] En voulant censurer les écrits de nos maîtres, notre étourderie nous y fait relever mille fautes qui sont des beautés pour les hommes de jugement. » bz.

56. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre premier.  » pp. 4-42

Le Cardinal Bibiana donne encore moins de poids à l’apologie ; c’est un poëte comique, un courtisan qui veut plaire à des maîtres entousiasmés du théatre, Richelieu, Mazarin, du Bois, gens d’un autre génie que Bibiana, qui ont aimé & fréquenté le théatre, n’en seront jamais la justification. […] Conclaviste des Medicis, & déploya dans le Conclave son talent pour l’intrigue, & son zéle pour son Maître. […] Il avoit été envoyé Legat en France, il plût à François I. par son enjouément, & ses plaisanteries ; il en profita pour ménager les intérêts de son Maître ; mais malheureusement il voulut aussi ménager ses propres affaires, il prit des mesures avec le Roi pour se faire élire Pape au prochain Conclave. […] avec des bonnes pensions, & s’en fit beaucoup aimer ; il éléva dans son art le fameux Abbé Metastasio, qui lui a succedé, ou plutôt l’a debusqué, & effacé par des talens un pathétique, un stile, une élégance, qui ont rendu l’éléve fort supérieur à son maître. […] Mais son stile inegal & froid n’a pas la grace, l’élegance, & la douceur, qui ont fait à son Eléve un plus grand nombre de Partisans, & une réputation plus éclatante que celle de son Maître.

57. (1767) Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs « Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs — SECONDE PARTIE. Si les Comédies Françoises ont atteint le vrai but que se propose la Comédie. » pp. 34-56

Un homme de mérite entre dans un cercle, il dit de très-bonnes choses ; mais un petit maître trouve qu’il les dit d’une maniere ridicule, voilà notre homme de mérite persislé, couvert de confusion & obligé de sortir. […] J’avertis par avance que quand même Moliere ne sortiroit pas de cet examen aussi pur que je le souhaiterois, je ne l’en regarderois pas moins comme le meilleur Poëte comique que la France ait eu, & qu’elle aura peut-être jamais ; il sera toujours vrai que ses portraits sont de main de maître, & que les dialogues de ses personnages sont d’un naturel inimitable : ce que je dis ici, est pour me garantir de la malignité de ceux qui croiroient que je choisis Moliere au hasard, sans en connoître le mérite. […] Je prouverois que la plupart des Comédies sont des écoles du vice, au lieu d’être des écoles de vertu ; on y verroit un fils apprendre à se moquer de son pere, un jeune homme à insulter un vieillard, une femme à tromper son mari avec adresse, des domestiques à voler leurs maîtres : on y verroit la vertu, la probité, la franchise sans cesse aux prises avec l’air du jour, le ton & les manieres à la mode, & toujours au-dessous de ces frivolités.

58. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre IV. Les spectacles inspirent l’amour profane. » pp. 32-50

on ne règle pas après coup les mouvements du cœur sur les préceptes de la raison ; on n’attend pas les événements pour savoir quelle impression on doit recevoir des situations qui les amènent : car, si les poètes sont les maîtres des passions qu’ils traitent, ils ne le sont pas des passions qu’ils ont émues. […] Dès qu’un spectacle ne touche pas les personnes qui y assistent, que celles-ci demeurent froides et tranquilles, on regarde la pièce comme un corps sans âme : car, selon Horace, ce grand maître de l’art, « la fin est d’intéresser : si vous n’employez la clef de mon cœur pour le faire entrer dans les intérêts de votre passion, l’ennui m’endormira, ou bien j’éclaterai de rire en me moquant de vous. […] si les chutes sont à craindre dans les lieux où le démon lutte en esclave qui redoute la présence de son maître, qui peut se promettre de demeurer ferme dans un lieu où le démon tente en maître qui sent le pouvoir qu’il a sur ses esclaves ?

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