Parce que ce sont des jeux & des divertissemens publics, ausquels nous avons fait voir qu’ils ne doivent pas se trouver. […] « Nous défendons aux Ecclesiastiques les jeux de theatre, & generalement tous les autres jeux qui sont contre la bienseance de leur profession. » Du Concile Provincial de Narbonne en 1551f. […] Vous vous trompez qui que vous soïez : ce ne sont point des jeux, ce sont des crimes. […] « Que les Ecclesiastiques n’assistent & ne joüent point au jeu appellé Charevari, où l’on porte des masques qui ont des figures de demons. […] « Nous interdisons & défendons absolument aux Ecclesiastiques les danses & les jeux publics. » Du Concile Provincial d’Avignonb en 1594.
Ensuite il rapporte les six conditions que ce Saint demande pour rendre le Jeu permis, et sous ce nom la Comédie ; car il confond souvent le Jeu et la Comédie. […] Saint Antonin distingue trois sortes de Jeux en cet endroit qui est mal cité ; car c’est dans la 2. p. tit. chap. 23. §. 1. […] Le troisième Jeu est celui des représentations des Comédies, qu’on doit avoir en horreur. […] Et l’autre défend aux Clercs d’assister aux Jeux du Théâtre, sous peine d’être interdits de toute fonction Ecclésiastique, Tit. 9. chap. 27. […] Saint Chrysostome obtint de l’Empereur Arcadius l’abolition de pareils Jeux.
y eut de leur temps un Sempronius Philosophe, qui répudia sa femme pour avoir été à ces jeux et spectacles publics, dont la Comédie a toujours tenu le premier rang, et les Empereurs ont aussi permis le divorce pour pareille cause. […] dit qu’il n’y a rien de si contraire aux bonnes mœurs que ces jeux, qui insinuent le vice dans le cœur des assistants. Mais pourquoi appelle-t-on ces gens -à Comédiens, et leurs Jeux Comédie ? […] avec les Jeux, Spectacles, et les Danses qui s’y font, ainsi qu’ont fait plusieurs autres Conciles. […] C’est que ces jeunes gens ne seront mis en ces Jeux, qu’une fois ou deux pendant le cours de leurs études : Ce qui pris tout ensemble ne peut produire aucun mauvais effet comparable à ceux des Comédiens publics.
Conclure de là que les jeux : et encore les jeux publics aient été permis à l’ancien peuple ; c’est tellement en ignorer la constitution et les coutumes, qu’on ne doit répondre que par le mépris à de si pitoyables conséquences. […] J’avoue qu’il y a des jeux que l’église même ne défend absolument que durant l’office ; mais la comédie ne fut jamais de ce nombre. La discipline est constante sur ce sujet jusqu’aux derniers temps, et le Concile de Reims sur la fin du siècle passéai, au titre des fêtes, après avoir nommé au chapitre III certains jeux qu’on ne doit permettre tout au plus qu’après l’office : met ensuite, au chapitre VI, dans un rang entièrement séparé, « celui du théâtre qui souille l’honnêteté et la sainteté de l’église », comme absolument défendu dans les saints jours.
Et quand bien même les Offices divins, et les exercices pour lesquels les fidèles s’assemblent, ne rempliraient pas entièrement le temps ; les Constitutions de l’Eglise ne permettraient pas néanmoins qu’on l’employât au jeu et à la danse, parce que la raison principale et fondamentale, pour laquelle on doit retrancher ces divertissements, subsiste toujours, qui est l’obligation de sanctifier les Fêtes, établie dans la loi de Dieu même. […] Puisque donc les Empereurs ont si absolument défendu toute sorte de jeux, de divertissements séculiers, et de plaisirs sensuels, afin que le peuple fidèle sanctifiât les Fêtes, et vaquât de tout son cœur aux choses de Dieu ; ce serait faire injure à l’autorité Sacerdotale, et à la puissance Ecclésiastique de penser que des saints Evêques eussent été moins exacts qu’eux dans leurs Ordonnances sur ce sujet, principalement puisque nous voyons qu’ils ne parlent jamais dans leurs écrits des jeux et des spectacles, qu’avec horreur et avec exécration. […] « Ut in sanctorum natalitiis bellimachiæ prohibeantur. » Il paraît donc clairement de toutes ces preuves, que les spectacles, les jeux et les danses sont illicites, au moins en ces saints jours, et que l’opinion de ceux qui restreignent la prohibition de ces choses au temps des divins Offices doit être rejetée, comme une invention de l’esprit humain et particulier. […] Pour reprendre donc tout ce que nous avons dit dans ces deux derniers Chapitres, il est constant que le bal et les danses sont incompatibles avec la sanctification des Fêtes, et que toute sorte de jeux et de spectacles sont défendus en ces mêmes jours par les lois Ecclésiastiques et civiles.
On était si persuadé de cette vérité, dans la primitive Eglise, que l’on condamnait pour lors toutes sortes de jeux et d’exercices publics sans exception, regardant l’appareil des spectacles comme une sorte d’idolâtrie. […] Saint Augustin, qui écrivait son Traité de la pénitence près d’un siècle après la conversion des empereurs, et dans un temps où les spectacles étaient purgés de tout levain d’idolâtrie, n’a pas laissé de les interdire aux chrétiens ; il ordonne d’abord aux pénitents de s’abstenir des jeux et des spectacles : Cohibeat se a ludis et spectaculis hujus seculi 19. […] Saint Ephrem, qui vivait dans le sixième siècle, avertissait les fidèles de ne pas consumer un temps précieux aux jeux du théâtre, se souvenant de la menace portée dans Isaïe : « Malheur à vous qui faites la débauche, et qui dansez au son des instruments ! […] Si nous voulions remonter jusqu’au temps des apôtres, nous trouverions l’un des canons qu’ils firent à Antioche ; c’est le martyr saint Pamphile qui l’a rapporté, et nous l’avons dans la bibliothèque d’Origène : il défend les jeux de théâtre, ainsi que les excès contre la tempérance31. […] Enfin un concile de Tours qui se rapproche de notre siècle, il est de l’an 1583, défend sous peine d’excommunication les comédies, jeux de théâtre et toutes sortes de spectacles irréligieux : « Comædias, ludos scenicos vel theatrales, et alia hujus generis irreligiosa spectacula, sub anathematis pœnâ prohibet sancta synodus. » Concil.
Dans son livre sur les sentences, il parle lui-même des « jeux du théâtre comme de jeux qui furent autrefois : ludi qui in theatris agebantur »In 4. dist.16. q. 4. art. 2. c. […] ; et dans cet endroit non plus que dans tous les autres où il traite des jeux de son temps, les théâtres ne sont pas seulement nommés.
Il a fallu que ces espèces de jeux eussent été précédés d’un amas suffisans d’événemens, dont les sociétés aimoient à se rappeller le souvenir. […] Ayant passé de la Campagne dans les Villes, ces jeux changerent d’objet & de forme & devinrent les délices de la Grèce. […] Ce motif n’a rien inspiré de grand ; d’ailleurs, les suffrages de la Nation, ces grands ressorts du génie, n’ont accueilli ces essais, qu’en raison de leur durée, dans la célébration des jeux. […] Qu’on se rappelle avec quel pompeux appareil, les prix du goût & du génie, étoient distribués aux jeux Olympiques, Neméens, Histmiques, &c. […] Nous voulons des jeux assortis à notre état & à nos devoirs.
Sur la fin de 1633 il se forma un nouveau théâtre dans un jeu de paume. […] Il est vrai que des jeux publics, donnés sous les yeux des Magistrats, doivent être moins licencieux que des parties de plaisir secrètes, où les ténèbres et l’impunité ouvrent une libre carrière à la débauche. […] 7.) il décrit les magnifiques jeux que donna Pompée, où quatre cents lions et grand nombre d’éléphants furent tués, où parut le fameux Esope, le plus grand Acteur du temps, et les tragédies de Clytemnestre et du Cheval de Troie furent représentées avec les plus riches décorations. […] Jeux profanes. […] Charlemagne, par un capitulaire de l’an 789, supprima tous les jeux des Histrions, restes de la comédie Romaine, qui après la destruction de l’Empire, se soutint encore sous les Rois Wisigoths, comme on le voit dans les Œuvres de Cassiodore, Ministre de Théodoric, qui la condamne sévèrement.
Il est vrai qu’Albert le Grand considère la Musique et la Danse selon l’usage que David et la sœur de Moïse en faisaient ; et que notre Théologien a pour objet des jeux, où l’esprit du Monde et les passions triomphent : mais Albert le Grand a parlé de jeux, de danses, de Spectacles, c’est assez pour appuyer le Théâtre, et laisser vivre sans remords les Comédiens. […] Ils ont grand tort : mais certains ne condamnent-ils point les jeux de hasard ? […] Certainement ceux qui font profession de jouer aux cartes et aux dés, ou qui passent la plus grande partie de leur vie dans ces sortes de jeux, ne sont pas moins coupables que les Comédiens, et les amateurs de Comédies. […] Qu’on appelle ces jeux « Comédies » ou « Opéras » : le nom n’y fait rien. […] Avec ces conditions il n’y a point de jeux et de spectacles qui ne soient licites.
On ne s’élève point si fort contre les jeux de hazard, qui ont été aussi défendus. […] Le Théâtre, et tous les autres Jeux ne sont que vanité. […] Que les divertissemens sont nécessaires à l’homme pour délasser son esprit, et que la vertu d’Eutrapélie qu’il met dans les jeux, en est une approbation. […] Le mal du jeu de hasard est moins contagieux : on n’y voit point ordinairement s’assembler les jeunes filles et les jeunes garçons, qui s’y ennuient beaucoup. […] On peut jouer si peu de chose à un jeu de hasard, et durant un temps si court, qu’il serait difficile de faire tomber dessus celui à qui cela arrive les excommunications lancées par les Canons contre ceux qui jouent à des jeux de hasard.
Mais quelle compassion peut-on avoir pour des fables et des jeux de théâtre ? […] Si son jeu laisse le spectateur tranquille, on l’abandonne, on le méprise. […] Augustin répond aux objections des Païens contre la religion chrétienne, qu’ils disaient avoir attiré les malheurs de l’empire, en particulier par la cessation ou la réforme des jeux du théâtre, dont les Dieux étaient fort irrités. […] « Quanto studio ab urbe ludos ipsos scenicos abstulisset, si, etc. » Sachez donc, vous qui l’ignorez ou le dissimulez, et qui murmurez contre votre libérateur que ces jeux scéniques, ces spectacles d’impureté, cette licence de vanité, sont l’ouvrage de vos faux Dieux. […] Vous avez commencé de sentir la vérité lorsque dans le temps que vous vouliez les honorer par les jeux du théâtre, vous avez déclaré infâmes les Acteurs qui les représentaient.
La Comédie des Adelphes de Térence traduite de Ménandre, fut représentée aux Jeux funébres de L. […] Le Phormion & l’Hécire furent jouées aux Fêtes Romaines, l’Andrienne fut donnée aux Jeux de la grande Déesse, la Déesse Cybele, l’an de la fondation de Rome 587, par ordre des Ediles Fulvie & Gabion chargés du soin des villes, des vivres & des jeux solemnels, par la troupe de L. […] Il y avoit encore la salle du jeu de paulme du bel air, rue de Vaugirard près le Luxembourg, où l’on commençoit à jouer les Opéra de Quinault & de Lulli. En 1673, Louis XIV voulut qu’il n’y eut plus que deux troupes de Comédiens François, ceux de l’hôtel de Bourgogne, & ceux du jeu de paulme de la Bouteille, rue Guénégaud. […] La Noblesse s’y ruinoit au jeu ; le Monarque y épuisoit ses trésors.
Les Poètes, qui ont souvent caché la vérité sous le voile des fables, ont dit que Vénus, pour se venger des Scythes, qui avaient pillé son temple, et de Philoctète, qui avait tué Pâris, ne fit que leur donner le goût des jeux, de la mollesse et de la volupté : « Vulnera sic Paridis dicitur ulta Venus » (Thucid. […] Il fit ouvrir chez eux des brelansg, des tavernes, les amusa par la galanterie et les jeux de théâtre, et n’en eut plus rien à craindre : « Jussit cauponas, ludicras artes et lenocinia exercere. » Ainsi ce peuple, jusqu’alors si puissant, efféminé par la mollesse, perdit son courage et sa force. […] Le mot ludicras artes de Justin, constamment employé pour les jeux du théâtre, ne permet pas d’en douter. Au reste, c’est la même chose ; les jeux voluptueux qui efféminent les hommes, ne sont que le théâtre en détail, et le théâtre n’est que l’amas de tout ce qui corrompt les mœurs. […] [NDE] brelan = maison de jeu.
Ils avaient fait saisir la portion qu’avait ce Comédien sur le Jeu de paume de l’Etoile, acheté par sa troupe, sur lequel on a bâti l’Hôtel de la Comédie. […] Il en est comme du jeu, les petites sommes qu’on y expose causent à la fin la ruine des familles ; à l’Opéra, par exemple, où les places coûtent douze livres, chaque représentation va communément à vingt mille livres, à deux représentations par semaine, voilà plus de deux millions par an. […] Les plus opulentes maisons de Rome s’y ruinaient pour gagner la faveur du peuple, avide de ces jeux. […] Ce Prince rétablit les jeux gymniques du pugilat, de la course, des athlètes, etc. comme des exercices utiles au corps ; mais seulement autant que quelque riche particulier en voudra faire la dépense. […] On va rarement seul à la comédie, rarement on en revient seul ; le jeu, les repas, les parties de plaisir la suivent, on y fait des connaissances, et quelles connaissances !
L’Eglise, qui voyoit dans des Chrétiens, de nouveaux Gladiateurs déjà condamnés par les Peres, n’a cessé de fulminer contre ces Jeux, pendant le tems immense qu’ils ont duré. […] Que Juvénal, dans sa dixieme Satyre, ait reproché au Peuple Romain, qu’il ne désiroit plus que deux choses : du Pain, & les Jeux du Cirque. […] Au septieme Siecle, des jeux sacriléges des Iconoclastes. Quelques tems après, de l’établissement en France des jeux homicides des Tournois, qui ont duré jusqu’au seizieme Siecle. […] Le titre est, Traité des Jeux de Théâtre.
Ces jeux ayant commencé dans les fêtes de Bacchus, leur affreuse licence obligea ceux qui les célébroient, de cacher leur visage, c’est-à-dire, le siége de la pudeur, dit Servius sur Virgile. […] Le Magistrat qui regloit tout le détail de ces Jeux s’appelloit Chorege, & tout paroissoit sacré dans ces Jeux, parce qu’ils se représentoient dans les Fêtes, & que Bacchus y présidoit. […] Un Poëte couronné dans ces Jeux, étoit au comble de la grandeur humaine : quel fut donc le chagrin du Pere de la Tragédie, de l’illustre Eschyle, lorsque dans sa vieillesse, il se vit la couronne enlevée par un jeune homme ? […] Jamais Jeux ne furent plus célebres par la dignité de ceux qui furent nommés pour en être les Juges. […] Un Lacédémonien étonné des frais qu’on faisoit pour ces Représentations, dit que des Jeux n’étoient que des Jeux, & ne méritoient pas de pareilles dépenses.