Le titre qu’il donne à ceste Action, est d’être: « une comédie » : et dit qu’« elle a été dressée pour donner du passe-temps, se moquer de Dieu devant les yeux de tout une ville, exposer en risée la sainte vérité, et en faire un jeu de trois jours : et qu’en fin ce n’a été qu’une drôlerie ». […] [NDE] Echafaud : ouvrage de charpenterie élevé en forme d’amphithéâtre pour y placer des spectateurs et pour le jeu des acteurs (voir Furetière 1690).
» « Mais lorsqu’il s’agissait des jeux des Histrions, ils s’élevaient fortement contre les abus qui y régnaient. […] Mais il faut avouer que la plûpart de ces peines ont moins été prononcées contre des Comédiens [le vulgaire confond le Comédien avec les Farceurs] proprement dits, que contre des Histrions ou Farceurs publics qui mettaient dans leurs jeux toutes sortes d’obscénités ; & que le Théâtre étant devenu plus épuré, on a conçu une idée moins désavantageuse des Comédiens. […] Ce repos se procure par ces sortes de paroles ou d’actions divertissantes que l’on appelle jeux. […] Tite Live dit que les Jeux scéniques furent introduits à Rome l’an 390, à l’occasion d’une peste qu’il s’agissait de faire cesser. […] En reconnoissance d’un si grand service, les Romains les exemptèrent à jamais de toutes sortes de tributs & d’hommages ; & pour marque d’une alliance plus étroitement renouvellée, ils donnèrent place aux Bourgeois de Marseilles dans les bancs des Sénateurs de la République, lorsqu’on célébrait des jeux, ou qu’il y avait quelque grand Spectacle.
Il ajoute qu’on croit faussement n’être pas amolli par les Spectacles ; que les Auteurs tendent des piéges à la candeur ; enfin que l’esprit sérieux & mortifié de la Religion n’est pas compatible avec les jeux du Théâtre ; telle est la substance de son Traité**.
La nature même a dicté la réponse de ce Barbare à qui l’on vantait les magnificences du Cirque et des jeux établis à Rome.
Ne peut-on pas trouver quelques délassements agréables dans une lecture, dans quelques jeux d’usage, dans la fréquentation de ces sociétés choisies, où on a le spectacle de tous les talents et de toutes les vertus, où l’on rencontre des femmes qui ont l’avantage de plaire par leur mérite, mais qui savent en même temps inspirer tout le respect qui est dû à leur sexe ?
C’est pour cela qu’ils étaient tellement en horreur parmi les Romains, que non seulement ils étaient privés des honneurs auxquels les Citoyens pouvaient aspirer ; mais encore ils étaient marqués par les Censeurs, d’une marque qui les rendait infâmes : c’était aussi pourquoi Saint Cyprien ne voulait pas qu’on les reçût à la participation des Sacrements ; et l’Eglise assemblée au sixième Concile général, qui est le troisième de Constantinople en 681. a défendu à tous Ecclésiastiques soit réguliers ou séculiers, de se trouver jamais aux jeux publics et spectacles, et que s’ils sont convaincus d’y avoir assisté, ils soient excommuniés et privés de toutes charges en l’EgliseCanon 23.
est-ce dans ces cercles brillants que l’ambition ou la vanité peuplent d’esclaves ou d’hommes désœuvrés, est-ce au milieu du jeu même des passions les plus ardentes que la scène ne développe souvent avec tant d’art et d’agrément, que pour mieux assurer le triomphe des plus dangereuses ; est-ce donc là que nous apprendrons jamais à respecter la sainteté du mariage, l’autorité paternelle, la simplicité de l’honnête homme ? […] Qui jamais aurait osé dire à nos pères qu’un jour viendrait où l’indigent serait forcé de spéculer sur le vice ou la frivolité de ses concitoyens ; que ce serait aux jeux brillants de Melpomène et de Thalie, dans le délire et du chant et des danses les plus voluptueuses, pour ne pas dire au sein même quelquefois de la débauche ou de la prostitution, qu’on s’occuperait en France du soin si important de soulager la misère publique ? […] Passionnés pour les chef-d’œuvres d’Echyle, de Sophocle et d’Euripide, enthousiastes des productions d’Aristophane et de Ménandre, dont Plaute et Térence se sont appropriés les beautés pour en enrichir le théâtre de Rome, les Grecs avaient, il est vrai, une autre opinion à l’égard de ceux qui se livraient spécialement aux jeux de la scène ; mais il est évident qu’elle prenait sa source ou dans cet amour de la liberté qui n’admettait ni frein ni tempérament, ou dans l’usage que suivirent assez longtemps les auteurs dramatiques de jouer eux-mêmes les pièces qu’ils avaient composées. […] Les Grecs et les Romains avaient des temps marqués pour ouvrir les jeux de la scène. […] Il n’est donc pas vrai que la licence, l’immoralité, l’irréligion soient absolument essentielles au succès des jeux de la scène, et qu’elle ne puisse se soutenir en France sans le dangereux prestige qu’elles y entretiennent si abusivement.
On ne paroît qu’en habit court dans le monde, au spectacle, à la Cour, à la chasse, au jeu, aux repas, en voyage, dans les compagnies. […] On diroit que ce sont des Dames perchées au haut des mats ou des piques, qui négligeamment & sans ceinture abandonnent leur robe aux jeux des zephirs.
O vous, qui gouvernez au grè du spectateur, Les jeux de Terpsicore & ceux de Polimnie, Les pleurs de Melpomene & les ris de Thalie, Lequel de ces plaisirs pourroit, selon mes vœux, Contribuer le plus à faire des heureux ; Tourner vers le spectacle enchanteur & magique, Où l’optique, la danse & l’art de la musique, De ces plaisirs divers ne forment qu’un plaisir. […] J’en conviens, il est vrai, la bonne Comédie Repand le ridicule, & censure la vie ; Mais ce jeu de nos mœurs quelquefois trop bouffon Excuse nos défauts, sans devenir profond.
Il fut toujours nécessaire pour une bonne comédie de caractère d’aller chercher au fond du cœur le tableau des mœurs & le jeu des passions ; l’impudence, quelque grande qu’on la suppose, ne donne qu’une idée vague, superficielle, & souvent équivoque de la corruption des hommes. […] Platon & les autres législateurs de l’antiquité payenne n’auroient jamais admis dans leur république un tel jeu sur les mœurs.
De la table au jeu, du jeu à la promenade, aux visites, à l’Opéra.
Le fameux Mariana, que le P. le Brun, dans son Traité des Jeux du théâtre (pag. […] III. sur les Jeux du Théâtre, où il traite la même question, donne en preuve des altérations de l’Ecriture la tragédie de Judith, qui venait de paraître, et qui composée par un Ecclésiastique (l’Abbé Boyer), devait moins qu’un autre s’écarter du respect dû aux livres saints.
Et malheureusement, loin de servir leur avilissement, la plupart s’en font un jeu & un mérite. […] Qui peut approcher des éloges, des exclamations du Parterre, des Loges, du Théatre, sur sa beauté, sa taille, ses graces, sa voix, son jeu ? […] Rien de si beau que la Hus, personne n’a les graces de la Guimard, l’air, la taille de la Rangour, le jeu, les sentimens de la Clairon ; qui chante comme la Fel ?
S’il paroît quelque fille élevée avec soin, & loin des occasions, c’est une Agnès, dont on se moque, & qu’on a bien-tôt déniaisée, ou qui instruite à l’école de la nature forme, dit-on, les plus violens desirs, fait cacher son jeu, tromper les plus clairvoyans, jouer son père, sa mere, son maître, son tuteur, & s’entendre avec son amant. […] Est-ce à la toilette, au bal, au spectacle, au jeu, qu’on s’attendrira sur leur malheur, & après des dépenses qui épuisent tout, que reste-t-il à leur donner ? […] Il n’y a pas même une piece sur aucun théatre, où l’on représente même par jeu, la charité pour les pauvres.
L’un défenseur zélé des Bigots mis en jeu, Pour prix de ses bons mots le condamnoit au feu.
Je demande maintenant s’il est de l’essence d’une action vertueuse ou d’une action vicieuse, de faire rire ceux devant qui elle se passe ; je ne crois pas qu’on se range du côté de l’affirmative, à moins qu’on ne soutienne qu’il est risible de voir une fille allaiter son pere, ou bien qu’il est plaisant de voir un homme qui, après s’être ruiné au jeu, va se précipiter dans le fleuve.
Ces tableaux raprochés montreroient, sous un seul point de vûe, la marche générale de la pièce ; les diverses passions qui la soutiennent & le jeu des caractères.