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232. (1694) Lettre d’un Docteur de Sorbonne à une personne de Qualité, sur le sujet de la Comédie « letter » pp. 3-127

« C’est dommage, dit-il, de semer en terre de notre cœur des affections si vaines et si sottes : cela occupe le lieu des bonnes impressions, et empêche que le suc de notre âme ne soit employé ès bonnes inclinations. ». Il veut enfin qu’après ces divertissements et au retour de la Comédie, « on use de quelques saintes et bonnes considérations qui empêchent les dangereuses impressions que le vain plaisir qu’on a reçu pourrait donner à nos esprits». […] Voyez qu’elle se moque de vous, et qu’elle vous appelle à sa danse, en laquelle les gémissements de vos proches serviront de violons, et où vous ne ferez qu’un seul pas de la vie à la mort, et du temps à une éternité de biens ou de peines. » Voilà les antidotes que saint François de Sales veut que l’on oppose aux plaisirs et aux impressions des danses et des Comédies les plus honnêtes : voilà les conditions sous lesquelles il en tolère l’usage. […] Il assure que « cette incomparable Pièce est d’une grande instruction pour la morale, et qu’elle fait beaucoup plus d’impression que n’en feraient les leçons les plus sérieuses ». […] Comme si une belle femme n’était belle et n’allait à l’Eglise que pour exciter la passion d’un libertin, de même qu’une Comédienne n’est Comédienne, et ne monte sur le Théâtre que pour donner du plaisir à ses Spectateurs : comme si des Histoires muettes et qui racontent des événements d’une manière simple et naturelle, faisaient la même impression que des discours et des actions animées, qui expriment les passions avec toute la véhémence et tout l’art imaginable : et comme si l’Ecriture sainte enfin n’avait été dictée du Saint Esprit que pour induire et jeter les hommes dans l’erreur, de même qu’on ne compose des Comédies que pour les transporter dans le plaisir.

233. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XVIII. Prétention des Comédiens au titre d’homme à talens, mal fondée. » pp. 19-44

Comme il y parvenoit souvent, on lui imposa l’obligation de se couvrir soi-même de honte au milieu de ses succès, pour effacer entierement l’impression de ceux-ci, & ne laisser subsister que le souvenir de celle-là.

234. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE VIII. » pp. 131-157

Il ne conseille pas d’y souffrir la jeunesse1, quoiqu’on ne jouât pas de son tems des rolles de galanterie ; mais c’est que les passions de trahison & de vengeance pouvoient faire impression sur l’esprit des jeunes gens.

235. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE VIII. Sentimens de S. Chrysostome. » pp. 181-192

Quelle doit être la corruption de votre ame, bien plus grande que ne le seroit celle du corps, puisque l’esprit est d’autant plus facile à recevoir l’impression du mal, qu’il l’aime & le désire !

236. (1665) Lettre sur les observations d’une comédie du sieur Molière intitulée Le Festin de Pierre « [Lettre] » pp. 4-32

Pour ce qui regarde l’athéisme, je ne crois pas que son raisonnement puisse faire impression sur les esprits, puisqu’il n’en fait aucun.

237. (1789) La liberté du théâtre pp. 1-45

Un livre dispersé dans les Cabinets parvient à faire lentement une multitude d’impressions différentes, mais isolées, mais presque toujours exemptes d’enthousiasme. […] Mais si, quand il faut de puissans remèdes, on nous donne des palliatifs ; si l’on veut ménager encore les prétentions arbitraires, & cet empire de l’habitude, cette autorité des anciens usages ; si l’on se contente de remplacer un Gouvernement absurde par un Gouvernement supportable ; si l’on ne fait que perfectionner le mal, pour me servir de l’expression du vertueux Turgot ; si, quand il faut établir une grande constitution politique, on s’occupe de quelques détails seulement ; si l’on oublie un instant que les loix doivent également protéger tous les Ordres de Citoyens, que toute acception de personne ou d’état, est une chose monstrueuse en législation, que tout ce qui ne gêne point l’ordre public doit être permis aux Citoyens, & que par une conséquence nécessaire, il doit être permis de publier ses pensées, en tout ce qui ne gêne point l’ordre public, de quelque manière, sous quelque forme que ce soit, par la voie de l’Impression, sur le Théâtre, dans la Chaire & dans les Tribunaux ; si l’on néglige cette portion importante de la liberté individuelle ; la France ne pourra point se vanter d’avoir une bonne constitution : les ames fières & généreuses, que le sort a fait naître en nos climats, envieront encore la liberté Angloise que nous devions surpasser : nous perdrons, peut-être pour des siècles, l’occasion si belle qui se présente à nous, de fonder une puissance publique ; & les Philosophes François, écrasés, comme autrefois, sous la foule des tyrans, seront contraints de sacrifier aux préjugés, ou de quitter le pays qui les a vu naître pour aller chercher une Patrie ; car il n’y a point de Patrie sans liberté.

238. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE II. Anecdotes de Théatre.  » pp. 41-71

Vous avez avec les gens de bien une querelle bien plus importante, dans le peu que j’ai parcouru de vos ouvrages, j’y ai bientôt reconnu que ces agréables Romans ne convenoient pas à l’austere dignité dont je suis revêtu, & à la pureté des idées que la Réligion nous prescrit ; réduit à m’en rapporter aux idées d’autrui, j’ai appris que vous vous proposiez une morale sage, ennemie du vice ; mais que vous vous arrêtiez souvent à des aventures tendres & passionnées, que tandis que vous combattez l’amour licencieux, vous le peignez avec des couleurs si naïves & si tendres, qu’elles doivent faire sur le lecteur une impression toute autre que celle que vous vous proposés, & qu’à force d’être naturelles elles deviennent séduisantes. […] Les peintures vives de l’amour qu’on employe pour en garantir le cœur, suffisent pour l’y faire germer & y porter des impressions funestes, que la plus sage morale n’effraye point.

239. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VII. Autre suite de diversités curieuses. » pp. 173-202

Dorat prétend qu’avant de confier leur piece aux Comédiens, les Auteurs devroient les livrer au public par l’impression, & attendre son suffrage pour les hasarder sur la scene. […] La passion a déjà saisi son objct & commis le péché, sans attendre un remede qui vient après coup, & ne fait aucune impression, & n’arrête pas un penchant qu’elle a mis dans son parti.

240. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE VII. Du Père Porée. » pp. 149-177

Comme il n’avoit plus d’intérêt de Corps ni d’Auteur à ménager, il suit toute la vivacité de son zèle & toute l’impression de la vérité. […] Quel objet plus important à l’attention d’un sage gouvernement, pour empêcher la composition, l’impression, le débit de ces pernicieux livres ?

241. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE IV. Le vice élevé en honneur et substitué à la place de la vertu sur le Théâtre Anglais. » pp. 240-301

Loin qu’il soit même averti de ses vices, il est proposé pour modèle de conduite, de politesse, de bel esprit ; et il est encore représenté riche et heureux, afin que son exemple fasse sûrement son impression. […] Mais supposant même qu’il ne s’agit point ici du bon ou du mauvais goût pour discerner le plaisir, et que l’on n’en prend pour juge que l’impression qu’un objet fait sur nous il ne faut pas pour cela saisir tout ce qui se montre à nous, ni courir après tout ce qui peut nous frapper agréablement l’imagination.

242. (1694) Lettre d’un théologien « Lettre d'un théologien » pp. 1-62

C’est un caractère que vous savez mieux attraper que personne ; et l’on ne peut nier que l’incomparable Esope que vous m’avez fait l’honneur de m’envoyer, ne soit d’une grande instruction pour la morale, et ne fasse, si je l’ose dire, beaucoup plus d’impression que n’en feraient les leçons les plus sérieuses. […] Il faut donc qu’il se fut servi d’un des trois moyens dont nous venons de parler, et qu’il eut reconnu que ces sortes de Comédies faisaient une si grande impression sur ceux mêmes qui les lisaient, qu’elles causaient toujours en eux quelque désordre. […] Mille gens y assistent sans éprouver la moindre émotion dans leur âme, et sans qu’elles fassent plus d’impression sur eux, qu’en fait un Vaisseau en fendant les eaux.

243. (1690) Entretien sur ce qui forme l’honnête homme et le vrai savant « VII. ENTRETIEN. » pp. 193-227

Si votre fils sait faire réflexion sur ce qui se passe en lui, examiner quelle impression les paroles des autres font sur lui, chercher la cause des divers sentiments qui suivent les divers tours, les diverses manières, et les mêmes choses placées diversement, il deviendra bon Rhéteur.

244. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [A] » pp. 297-379

Cependant ces mêmes Ouvrages n’ont fait aucune impression sur le jeune Des Arcis ; il ne connaît pas plus le Théâtre que sa maitresse & sa sœur ; & il s’en est déclaré le champion. […] L’on sent quel nouveau ressort l’on donnerait par cet usage, à l’amour de la gloire, & l’impression qu’il devra faire, non-seulement sur les jeunes Acteurs destinés au Service, mais sur tous les Militaires. […] Oui, je veux des impressions durables, parce que, avec les Pièces que j’admets, & les Acteurs que je propose, j’ose penser, mon ami, que l’humanité n’est pas assez dépravée pour en éprouver de mauvaises. […] Mais quelle impression terrible devaient faire sur les Spectateurs, les combats sanglans de ces hommes qui s’étaient dévoués à la mort pour le salut Public ! […] « Tous les sujets des Pièces Grecques, dit monsieur Rousseau, n’étant tirés que des antiquités nationales, dont les Grecs étaient idolâtres, ils voyaient dans leurs Acteurs, moins des gens qui jouaient des Fables, que des Citoyens instruits, qui représentaient aux yeux de leurs Compatriotes l’histoire de leur Pays. » Et plus haut : « Comme la Tragédie avait quelque chose de sacré dans son origine, d’abord les Acteurs furent plutôt regardés comme des Prêtres, que comme des Baladins. » Mais chez les Romains, l’on ne donna que quelques chétives Tragédies, qui ne pouvaient faire une impression bien vive, parce qu’elles n’offraient que des Fables étrangères à la Nation ; telles étaient le Thyeste de Gracchus ; l’Alcméon de Catulle ; l’Adraste & l’Œdipe de Jules César ; l’Ajax d’Auguste, dont il fut si peu content lui-même, que ses amis lui ayant demandé un jour, ce que fesait Ajax, il leur répondu en riant, qu’il était sous l’éponge * ; la Médée d’Ovide.

245. (1694) Réfutation des Sentiments relâchés d'un nouveau théologien touchant la comédie « Réfutation des sentiments relachés d'un nouveau Théologien touchant la Comédie. » pp. 1-190

L'Impie en sort à la vérité un peu étonné de cette dernière catastrophe, son imagination en est frappée ; mais prenez garde que son cœur a été auparavant pénétré des sentiments de l’impiété, qu’il les conserve, et les porte chez lui ; au lieu que l’impression qu’a faite dans son imagination le châtiment de l’Impie se dissipe dès qu’il est dans la rue. […] Tout cela supposé, et à ce que je crois suffisamment prouvé, il est aisé de conclure que l’harmonie de l’âme ne peut être que dissipée par la Comédie, puisque cette harmonie consiste dans le calme des passions et que votre Comédie les excite et les émeut. « Mais, dites-vous page 48, mille gens y assistent sans éprouver la moindre émotion dans leur âme, et sans qu’elle fasse plus d’impression sur eux qu’en fait un Vaisseau fendant les eaux. » Cela peut-être sans doute ; mais je soutiens ou que ces gens-là sont en petit nombre, ou qu’ils ne sont pas de bonne foi, et si vous les examinez de près, vous verrez peut-être que la seule raison pour laquelle la Comédie ne leur a point fait, disent-ils, de mal, ni de méchante impression, c’est parce que leur corruption était si grande, qu’il n’y avait rien à y ajouter. […] C’est pour cela que je ne voudrais pas les condamner si vite, sans les entendre et sans les examiner ; il se peut faire qu’ils assistent à la Comédie sans péché et sans y recevoir aucune méchante impression, non pas que la Comédie telle qu’on la représente à présent ne soit mauvaise et dangereuse, et que le lieu ne soit contagieux et empesté ; mais ne s’y étant engagés que par une espèce de devoir et de nécessité, Dieu ne les y a point abandonnés à leur passions, et à leurs désirs déréglés. […] Au reste, je ne veux pas entrer ici dans le détail de quelques autres occasions extraordinaires, où l’on pourrait prétendre que certaines personnes qui iraient quelquefois à la Comédie, n’offenseraient pas Dieu, du moins mortellement, il faudrait toujours supposer dans ces occasions où l’on voudrait faire quelque exception des règles communes et générales, ou que ces personnes ne recevraient point de mauvaise impression de la Comédie, ou que leur exemple ne causerait point de scandale, ou qu’elles ne feraient point pour cela de dépense blâmable, qui contribuât en partie à faire subsister la Comédie.

246. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre II.  » pp. 37-67

Qu’on ne se rassure pas sur quelque discours honnêtes, quelques maximes utiles, débitées par des bouches impures, quelques traits de vertu, vraie où apparente, semés çà & là dans une piéce, qui semblent tempérer l’horreur du désordre, & jetter un voile sur l’indécence du tableau, trop superficiel, trop rapide pour faire quelque impression, trop foible pour tenir contre le vice qui domine ; bien loin d’arrêter le mal, souvent ils l’augmentent. […] Un enfant, un homme délicat, sera plutôt épuisé qu’un autre ; & un excès de passion, bien loin de produire la douce impression du plaisir, fait fremir les spectateurs, ils detournent les yeux de cette tête de Gorgone, qui au lieu de les amuser, les pétrifie.

247. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre VIII. Du Clergé comédien. » pp. 176-212

On disoit de lui deux mois après l’impression de son théatre, comme on le disoit à la représentation de ses Drames, & on en a fait son épitaphe. […] Calderon fut un Poëte Dramatique inépuisable, il étoit si fécond, que, quoiqu’il n’ait travaillé qu’assez tard, il a rempli de ses Drames neuf gros Volumes in-4°, & autant qu’on n’a pas jugé digne de l’impression ; il avoit servi avec distinction ; Philippe IV l’aimoit & lui donna ce Canonicat.

248. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE V. De la Parure. » pp. 107-137

La chasteté n’y court pas moins de risque : croit-on que les rêveries, les espérances sur l’effet que produisent ses charmes, que la douce & molle impression qu’ils produisent sur elle-même, laissent un cœur bien chaste ? […] Il faut que l’artiste (le Coëffeur) respecte son ouvrage, que placé si près de son service il ne perde pas de vue l’intervalle qu’établit la différence des états, qu’il ait assez de goût pour sentir les impressions que son art doit faire, & assez de prudence pour le regarder comme étranger à lui, c’est-à-dire qu’il sache tenter les autres, & résister à la tentation ; on ne dit pas assez de religion & de vertu, la religion & la vertu ne voudroient ni courir, ni faire courir ce risque.

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