La règle de l’Unité de personne est tirée de la connaissance du cœur humain.
Les Clercs de la Bazoche donnerent des Piéces qu’ils intitulerent Moralités, & les Enfans sans souci, Société dont Marot étoit un digne Confrere, donnerent d’autres Piéces intitulées sotties ou sottises, parce qu’on y représentoit les sottises humaines : & par cette raison le Chef des Enfans sans souci s’appelloit le Prince des Sots.
S’il subsiste quelque statue des Dieux, on n’en trouve que dans les cabinets des curieux, comme un antique monument des folies humaines.
L’état de perfection est si opposé à la nature humaine, qu’il est sans doute sage de ne point effrayer les hommes par l’aspect de la distance immense qui sépare les mondains et les prédestinés. […] Tous les suffrages de la bienséance et de la vertu purement humaine, ajoute Mr.
L’ignorance qui peut excuser est, quand on ignore les choses qu’on n’a pu ny deu sçavoir, n’y estant point obligé par son estat & sa profession, telles que sont les choses de fait, & plusieurs de celles qui ne sont que de droit humain.
Evremond, elle n’est pas une peinture de la vie humaine, suivant les caracteres des Hommes : elle n’est qu’une peinture de la vie de Madrid, suivant les intrigues des Espagnols.
Mais le cœur ému par cette représentation n'a pas les mêmes bornes, il n'agit pas par mesures : dès qu'il se trouve attiré par son objet, il s'y abandonne selon toute l'étendue de son inclination ; et souvent après avoir résolu de ne pousser pas les passions plus avant que les Héros de la Comédie, il s'est trouvé bien loin de son compte, l'esprit accoutumé à se nourrir de toutes les manières de traiter la galanterie n'étant plein que d'aventures agréables et surprenantes, de vers tendres, délicats et passionnés, fait que le cœur dévoué à tous ces sentiments n'est plus capable de retenue, et quand même ces effets, que je n'ose faire entrevoir ne s'ensuivraient pas, n'est-ce pas un terrible mal que cette idolâtrie que commet le cœur humain dans une violente passion, n'est-ce pas en quelque sens le plus grand péché qu'on puisse commettre ?
Si la faiblesse humaine leur cause quelque trouble dans les fâcheuses rencontres de cette vie ; l'équité divine les console, et les remet dans le calme.
Mais si nous considérons en quel point est aujourd’hui la Comédie, nous trouverons qu’elle n’a aucune marque de l’antiquité, et ceux qui la professent, témoignent par la probité de leur vie, et par la représentation de leurs actions, qu’elle est entièrement dépouillée de toutes les qualités, qui pouvaient la noter d’infamie, et son mérite, l’ayant montée au plus haut degré de sa perfection, s’est mise dans une telle considération, auprès des Rois et des Princes, qu’elle leur tient lieu d’une sérieuse occupation ; Aussi se fait-elle avec tant de modestie, par l’innocence de ses poèmes, qu’elle dépite l’envie d’en offenser la réputation ; Je dirai de plus qu’elle est tellement Civile en ses diversités, qu’elle contraint les plus Religieux de lui donner des louanges, et chacun confesse que la force de ses charmes est si grande, qu’il faut être privé de sens commun pour en choquer la bonne odeurk ; Si l’on regarde le nombre de ses qualités, on verra, que c’est le tableau des plus agréables passions, la parfaite image de la vie humaine, la vraie histoire parlante, la pure philosophie visible, l’entretien des bons esprits, le trône de la vertu, l’exemple de l’inconstance des choses, l’ennemie de l’ignorance, le modèle de l’Orateur, le raccourci de l’éloquence, le Cabinet des plus riches pensées, le trésor de la moralité, le miroir de la justice, le magasin de la fable ; bref j’en dis peu pour n’en pouvoir dire assez, et j’ai de trop faibles Eloges, pour la moindre de ses parties : Et quoique ce Pédant l’attaque par les plus rudes invectives de sa haine, elle est un puissant rocher, contre l’orage de ses malédictions, une tour, pour résister aux écueils de sa médisance, une muraille de bronze contre ses calomnies, un boulevard pour s’opposer à ses accusations, un bouclier contre ses impostures, un rempart capable de dissiper la foudre de passion, elle est enfin à l’épreuve de ses machines, et conservera sa renommée malgré l’effort de ses intentions.
Ne semblerait-il pas que le genre humain n’est plus genre humain ?
Les caractères sont si chargés, qu’ils n’offrent que des vertus au-dessus de la force humaine, ou des vices rares à trouver. […] « Ne voudriez-vous point, dit Sganarelle dans l’Ecole des maris , De vos jeunes muguets m’inspirer les manières, M’obliger à porter de ces petits chapeaux Qui laissent éventer leurs débiles cerveaux ; Et de ces blonds cheveux de qui la vaste enflure Des visages humains offusque la figure ; De ces petits pourpoints sous les bras se perdants, Et de ces grands collets jusqu’au nombril pendants ; De ces manches qu’à table on voit tâter les sauces, Et de ces cotillons appelés haut-de-chausses ; De ces souliers mignons de rubans revêtus, Qui vous font ressembler à des pigeons pattusf ; Et de ces grands canons où, comme en des entraves, On met tous les matins ses deux jambes esclaves, Et par qui nous voyons ces Messieurs les galants Marcher écarquillés, ainsi que des volants. […] Je veux qu’on me distingue ; et pour le trancher net, L’ami du genre humain n’est pas du tout mon fait. » Belle délicatesse !
Tous les suffrages de l’opinion, de la bienseance, de la vertu purement humaine, fussent-ils réunis en sa faveur, il n’a jamais obtenu, il n’obtiendra jamais l’approbation de l’Eglise.
C’est un Roi qui parle : Le bonheur est de le répandre, De le verser sur les humains, De faire éclore de mes mains Tout ce qu’ils ont droit d’en attendre.
L’amour des Ouvrages d’Esprit avoit rendu les Grecs humains.
Nous retrouvons un peu Corneille, quand il rime, comme dans ces Vers sur l’ambition humaine, La ambicion del humano devanto, Ya’ satisfecha cansa, y de un deseo A otro contrario passa, de tal suerte Que sin sossiego alguno, hasta la muerte, Lograda y à la altura de su ideà, No pudiendo subir, baxar desea.
Peut-on mieux pénétrer les replis du cœur humain, et en faire mieux connaître les ruses ?
La comédie leur offre l’image du monde, la peinture des vices, le désordre des passions, la corruption du cœur humain, le détail des ridicules.