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186. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre IV. Christine de Suede. » pp. 111-153

On croyoit qu’elle s’habilloit en homme, & en prenoit les allures pour cacher ses défauts ; elle étoit petite & contrefaite, n’avoit rien de fin dans ses traits, rien de délicat dans son tein, chantoit & dansoit mal, n’avoit aucune des grâces de son sexe, son air plein de hauteur & de fierté, de mauvaise humeur & de brusquerie, y ajoutoit encore de la rudesse & de la grossiéreté. […] Christine avoit raison de dédaigner ce frivole encens, c’étoit pour elle une ironie, elle n’avoit ni dans le corps ni dans l’esprit ces grâces qui attirent les hommes, elle avoit pris sagement le parti de ne pas accepter des hommages qu’elle sentoit ne pas meriter. […] La société des libertins lui étoit si agréable, que de toutes les femmes les plus distinguées, elle ne voulut aller voir que Ninon Lenclos, cette fameuse courtisanne, cette célèbre épicurienne dont l’esprit, les grâces, la réputation pourroient mériter des éloges, si le vice en laissoit mériter, ce fut la seule femme qu’elle parut estimer, quoique peut-être la moins estimable, & celle qui avoit fait le plus de mal dans le monde ; elle se ressembloient en bien de choses ; toutes d’eux s’habilloient en homme, toutes deux étoient sans religion, & parloient de tout avec la plus grande liberté, & vivoient dans la plus grande indépendance, la sympathie n’étoit pas surprenante ; mais Ninon avoit plus d’esprit, de décence, de politesse ; Ninon eût su être Reine.

187. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre II. De l’Opéra-Sérieux. » pp. 184-251

Une chose qu’il faut se garder d’ignorer, c’est qu’à l’origine du Théâtre lyrique en France, on ne représentait que des Opéras Italiens, parce qu’on doutait que la Langue Française eût assez de grâce & de légèreté pour être susceptible des mouvemens & de l’harmonie que demande la musique. […] Trial & Berton, dis-je, feront succéder insensiblement la légèreté, les grâces séduisantes du nouveau chant Français, à la gravité de notre ancienne mélodie : l’harmonie va prendre un nouvel être. […] A peine le Spectateur a-t-il le tems de respirer ; ses yeux sont à chaque instant frappés, éblouis, par de nouveaux objets ; son âme nage dans l’ivresse ; des Danseuses charmantes viennent enchanter ses regards, incertains des grâces qu’ils doivent fixer.

188. (1662) Pédagogue des familles chrétiennes « Instruction chrétienne sur la Comédie. » pp. 443-453

Ce qu’ils représentent en tels lieux, est souvent fort sérieux et en langage Latin, qui ne divertit pas beaucoup le Peuple, quoiqu’ils contentent leurs amis qui les voient réciter leur rôlete de bonne grâce.

189. (1731) Discours sur la comédie « PREFACE » pp. -

» Il y a aussi quelquefois des moments heureux, où la grâce de Jésus-Christ opère dans un seul sermon, ce qui pendant plusieurs années avait paru impossible.

190. (1671) La défense du traité du Prince de Conti pp. -

 » Je dirai seulement que la nature en lui ne s’opposait point à la Grâce, de sorte qu’on peut appliquer à son enfance, ce que le Sage dit de la sienne : « Puer eram ingeniosus, et sortitus sum animam bonam. […]  » Aussi ce Prince reconnaissant la Grâce que Dieu lui avait faite, disait souvent dans son cœur avec le Roi Prophète : « Seigneur, vous m’avez pris par la main, et vous m’avez conduit selon votre volonté. […] , qu’il n’y a rien de si efficace pour attirer la grâce, pour la conserver, et pour la recouvrer, que de ne s’élever jamais devant Dieu ; mais d’être toujours dans un état de crainte, et d’abaissement. » « Bienheureux l’homme, dit le Sage, qui est toujours dans la crainte. » « Craignez donc lorsque la Grâce est présente ; craignez lorsqu’elle se retire ; craignez lorsqu’elle revient : Et c’est ainsi vivre toujours dans la crainte : lorsque la Grâce est présente, appréhendez de n’y pas correspondre assez dignement. […] , « Que les Pénitents qui désirent obtenir la grâce entière et parfaite de la rémission de leurs péchés, doivent s’abstenir des Jeux, et des Spectacles ». […] Ne se sont-ils pas dépouillés de la grâce dont il les avait revêtus ?

191. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre II. Le métier de comédien est mauvais par lui-même, et rend infâmes ceux qui l’exercent. » pp. 15-28

Mais, pour les rendre plus expressives, il faut qu’elles lui reviennent avec tous leurs agréments empoisonnés et toutes leurs grâces trompeuses » : il faut même qu’il les excite en lui-même, que son âme se les imprime pour pouvoir les exprimer extérieurement par les gestes et par les paroles.

192. (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « HISTOIRE ET ABREGE DES OUVRAGES LATIN, ITALIEN ET FRANCAIS, POUR ET CONTRE LA COMÉDIE ET L’OPERA — CHAPITRE I. Abrégé de la Doctrine de l’Ecriture Sainte, des Conciles et des Pères de l’Eglise, touchant la Comédie. » pp. 2-17

» v. 4. « Qu’on n’y entende point de paroles déshonnêtes, ni de folles, ni de bouffonnes, ce qui ne convient pas à votre vocation ; mais plutôt des paroles d’actions de grâces.

193. (1822) De l’influence des théâtres « [De l’influence des théâtres] » pp. 1-30

… Encore un pas vers la perfection, et l’on ne nous fera pas grâce de l’enterrement. […] Arrivé à la barrière de Belleville, deux jeunes gens, dont l’un sortait du faubourg du Temple et l’autre descendait la chaussée de la Courtille, s’abordèrent en ces termes : « viens donc, Pierre, la répétition est arrêtée pour toi ; j’allais voir si nous pouvions afficher. » — « Me v’là, mais permets que j’respire un peu… j’avais des souliers à r’porter à des pratiques qu’on n’ trouve que l’ dimanche, ça m’a r’tardé d’une heure ; je n’ suis que d’ la septième scène, avec le quart d’heure de grâce, je n’ la gobe qu’ d’une demi-heure. » J’avais ralenti le pas au mot répétition, je croyais d’abord qu’il s’agissait d’un exercice de Lycée ; mais la mise et la suite du dialogue de mes champions, fixèrent mes idées sur eux.

194. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [A] » pp. 297-379

Les moissons sont heureusement finies : l’aire du Père-de-famille regorge de froment : les travaux de la récolte ont été rudes ; on a supporté le poids de la chaleur : le repos succède, une Fête l’annonce : le premier objet de cette Fête, c’est Dieu : le Père-de-famille compose un Cantique d’actions de grâces : il en arrange les paroles avec une certaine régularité, parce qu’il est plus facile de faire des paroles qu’un air, & qu’il veut que son Cantique, prolixe comme toutes les productions des Vieillards, puisse se mettre sur le ton du premier Couplet. […] C’est de notre Comédie dont il est question ; & ce n’est pas encore en Amérique qu’il faut la chercher : ces Peuples dégradés ont eu des Spectacles, des Fêtes, des réjouissances publiques : grâces aux Chrétiens, ils n’en ont plus. […] Qu’on aille jouer dans quelques Cantons de la France, Zénéïde, l’Oracle, les Grâces, ou même quelqu’une de nos Tragédies, les Paysans hausseront les épaules, & par un sentiment qui ne laisse pas d’avoir son sublime, ils penseront & ils diront, A quoi des hommes s’amusent-ils-là ? […] Ajoutez à ces avantages, les grâces & même la timidité des Actrices. […] Ce mot, dans la bouche du Souverain, devait signifier grâce : aussi les Gladiateurs refusèrent-ils de combattre : mais l’imbécille Claude eut la barbarie de se rétracter.

195. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [E] » pp. 399-406

Je pense qu’on y pourrait réussir ; nous avons une infinité d’airs dont le ton approche de celui de la conversation, & que l’on pourrait employer dans les transitions : l’on a vu dans la Chercheuse-d’esprit & dans Nicaise, que le Dialogue coupé avait dans les Vaudevilles une grâce infinie.

196. (1665) Réponse aux observations touchant Le Festin de Pierre de M. de Molière « Chapitre » pp. 3-32

Vous auriez bien plus meilleure grâce de blâmer un sentiment criminel et des lâches transports que vos oreilles avaient entendus, que l’impiété de ce fils, que vous connaissiez pour imaginaire et pour chimérique.

197. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre V. De l'impudence des Jeux Scéniques. » pp. 104-134

de danse et de gestes, entre lesquelles ont été célébrés Luceïa que Pline appelle Mime, et Galéria Embolaire ou Joueuse d'intermèdes, Caramelle qui fut nommée la dixième des Muses et la quatrième des Grâces, Helladie à qui fut dressée une statue à Anches, et qu'on disait avoir été visitée de Jupiter, sous l'apparence de l'or, tant elle devint riche par ce métier.

198. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre IX. Que les Acteurs des Poèmes Dramatiques n'étaient point infâmes parmi les Romains, mais seulement les Histrions ou Bateleurs. » pp. 188-216

engagés aux Jeux Scéniques, par la faiblesse de leur sexe de recourir à la bonté de l'Empereur, pour être restituées en leur premier honneur et bonne renommée, quand elles voulaient retourner à la pratique d'une vie honnête, ce qui témoigne assez que l'infamie ne s'était point étendue sur les Comédiens ni sur les Tragédiens, parce que les femmes n'y jouaient point, et que ces Acteurs étaient bien plus modestes et plus estimés que tous les Mimes et Bouffons de ces Jeux, on leur eût bien plus facilement accordé cette grâce, et cette loi ne les eût pas oubliés s'ils avaient été compris en celle dont la sévéritél.

199. (1705) Sermon contre la comédie et le bal « II. Point. » pp. 201-218

Car on ne sent la force de cet ennemi indomptable à toute autre puissance qu’à la grâce, que lorsqu’on s’efforce de lui résister, vous ne sentez rien !

200. (1833) Discours sur les spectacles « [Discours sur les spectacles] » pp. 3-16

Il n’est point de gloire, point de talent qui puissent trouver grâce devant le fanatisme.

201. (1692) De la tragédie « De la tragédie ancienne et moderne. » pp. 148-162

Nous donnons de la mollesse à ce qui devrait être le plus touchant ; et quelquefois nous pensons exprimer naïvement les grâces du naturel, que nous tombons dans une simplicité basse et honteuse.

202. (1665) Lettre sur les observations d’une comédie du sieur Molière intitulée Le Festin de Pierre « [Lettre] » pp. 4-32

Après ce beau galimatias qui ne conclut rien, ce charitable donneur d’avis veut, par un grand discours fort utile à la religion et fort nécessaire à son sujet, prouver que les pièces de Molière ne valent rien, pource qu’elles sont trop bien jouées et qu’il sait leur donner de la grâce et en faire remarquer toutes les beautés.

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