» Donner aux Comédiens c’est un grand crime, selon saint Augustin ; c’est une espèce d’idolâtrie selon saint Jérôme.
C’est un espece d’Inoculation du péché, pour sauver les ravages de la petite vérole ; le théâtre est comme l’hôpital de Londres, établi pour cette opération ; les actrices sont des Inoculatrices, plus habiles que tous les Médecins Anglais. […] Le théatre en fait une autre espece d’apothéose, il a pris ces infamies pour le sujet de ses piéces.
La nation dramatique est une espece d’association & de cotterie, dont le théatre est le lien. […] C’étoit une espece d’exercice militaire où tous les Soldats font le même quart de conversion & les mêmes mouvemens.
C’est partout une espèce de théâtre et de comédie. […] Toutes ces espèces de familiarité que prennent au théâtre les personnes les plus polies, regardent les mœurs, elles ne sont pas de notre objet ; je n’envisage que la familiarité du style, elle est un vrai défaut, elle s’écarte de l’ordre.
Sur quoi nous pouvons lui appliquer ce que dit M. l’Evêque de Vence à ce sujet, dans la vie de ce Saint : Il adora le jugement de Dieu sur lui, et reçut cette privation comme une espèce d’abandonnement de son Juge, qui voulait en se retirant de lui dans son Sacrement, l’humilier, et le purifier par une haute participation de celui qu’il souffrit en la Croix, lorsqu’il dit à son Père : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’avez-vous délaissé ? […] Les Comédies et les Tragédies sont mauvaises selon leur genre, selon leur espèce, selon leurs circonstances, selon leur fin, et selon leurs effets. […] Mais je ne crois pas qu’il y ait des gens si abandonnés à leurs plaisirs, que dans les délibérations ils n’aient en vue autre chose que la volupté ; il faut nécessairement qu’il y ait toujours quelque autre motif qui précède, savoir celui de l’honneur des Dieux en ce qui regarde les Jeux ; et à l’égard du Théâtre, celui de l’utilité que produit le relâche du travail ; ce qui serait désagréable et incommode au peuple à cause de la presse, s’il n’y avait point de Théâtre. » « Nous y ajoutons aussi le motif de la Religion, en disant que le Théâtre est comme une espèce de Temple, où l’on rend aux Dieux ces honneurs sacrés« Et nihilominus eadem illa religio, cum Theatrum veluti quoddam illius sacri templum vocabimus. » », c’est-à-dire, où l’on fait des Jeux à l’honneur des Dieux. […] Quintilien dit que pour persuader de bâtir un Théâtre, on doit encore alléguer le motif de la Religion, en disant que le Théâtre est comme une espèce de Temple où l’on fait des Jeux à l’honneur des Dieux ; et l’Auteur de la Dissertation lui fait dire : « Que c’est un sentiment de Religion de nommer le Théâtre un Temple, ou un Sanctuaire ». […] Si l’Auteur de la Dissertation avait lu avec attention ce que Quintilien décrit dans ce chapitre qu’il cite, il aurait pu remarquer ; que lorsque Quintilien propose les raisons qui peuvent servir à persuader qu’on doit instituer des Jeux, ou bâtir un Théâtre, il fait entendre en même temps qu’il y a des raisons contraires qui peuvent servir à persuader qu’on ne doit point instituer des Jeux, ni bâtir des Théâtres ; en disant que ce n’est point rendre des honneurs aux Dieux, que de faire des Jeux qui corrompent les bonnes mœurs ; et que par conséquent le Théâtre où ces Jeux se font, n’est point comme une espèce de Temple où l’on honore les Dieux, mais que c’est plutôt une sentine, et un égout d’ordure et d’impureté.
Et par consequent les jeunes filles, les soldats, & les nourrices representées par ces beaux esprits, sont d’vne espece qui ne se trouue point parmy nous ; sont des personnes inconnües, estranges, extraordinaires ; font d’vn autre Monde que le nostre ; ou il faut dire, Monsievr, qu’ils ont changé tout a fait le nostre.
Au moins les femmes que la misere du viure, & leur malheur reduisent à se prostituer, ont quelque espece d’hõnesteté dans vne extreme infamie ; leur abandonnement est en secret, leurs crimes sont voilez des tenebres, leurs corps se donnent aux débauches dans des lieux retirez : & bien qu’elles ayent vendu leur honte, & que leurs visages ayent quitté céte innocente pudeur qui leur estoit si auantageuse, elles rougissent à tous moments d’apprehension d’estre veuës.
« Ce ne sont pas, dit-il, les pièces de cette espèce que je propose de réformer, mais c’est, à l’exemple de celles-ci, que je voudrois qu’on réformât les autres. » Quelle idée !
Après avoir mis sur le Théâtre des Bergers avec leurs houlettes, on y mit des Pêcheurs avec leurs filets : & cette espece de Comédie intitulée Pescatoria, paroît à Crescembeni une belle & ingénieuse invention.
Toutes les passions de quelque espece qu’elles soient, se font sentir aux spectacles. […] Pour qu’une chose puisse être regardée comme indifférente en elle-même, il faut, en premier lieu, qu’elle ne soit défendue par aucune loi ; en second lieu, qu’on puisse, en lui donnant quelque motif honnête, la déterminer à quelque espece de vertu : c’est la régle que donnoit saint Augustin, & que suit, après lui, le torrent des Docteurs. […] Selon vous-mêmes, ainsi que selon Tertullien, suivant la maniere de penser du monde d’aujourd’hui, comme suivant celle des anciens idolâtres, la fréquentation du théâtre est donc une espece d’apostasie pour des chrétiens. […] Toutes les passions de quelque espece qu’elles soient, se font sentir aux spectacles.
Oreste n’a jamais joué ni chanté de pareil drame : « Troica non scripsit Orestes. » Néron porta la prodigalité jusqu’à faire couvrir de feuilles d’or tout le vaste théâtre de Pompée, édifice immense, qui contenait plus de quarante mille spectateurs, et à faire tendre sur tout cet espace des voiles teintes en pourpre, parsemées d’étoiles d’or, comme une espèce de ciel.
Amis des Arts, encore plus de leurs semblables, on ne les voit point sans relâche occupés à décomposer notre espece ; ils ne prodiguent point les soins les plus pénibles & les plus infructueux pour réaliser l’existence du vice, & rendre problematique celle de la vertu. […] Ce sentiment délicat fortifié dans nos villes de l’Europe civilisée par le commerce des deux sexes, ne produit point chez nous les excès auxquels les Turcs & les Persans se laissent emporter : on ne voit point l’amour barbare avilir la nature, l’outrage jusques dans le sanctuaire de la génération, sacrifier par une précaution criminelle l’espece humaine à sa honteuse jalousie, & créer des monstres pour anéantir ses soupçons.
Une espèce de PhilosopheLe Misanthrope. […] Cette espèce de nécessité qu’il y ait des passions violentes sur le Théâtre, fait son malheur et celui des Comédiens ; et il est tout naturel de conclure que, puisqu’il est impossible que la Comédie subsiste sans être mauvaise, il est impossible qu’elle subsiste sans être condamnable, et sans être condamnée. […] On pourrait se dispenser de réfuter des raisons, indifférentes à la thèse ; mais on se fait une espèce de scrupule de laisser croire à M.F. qu’elles ont persuadé, et que l’on ne peut leur rien opposer.
Enfin ils aiment à voir dissiper tout ce qu’on allègue pour la créance du fait de Jansénius, en le réduisant à l’espèce de celui d’Honoriusk : et au lieu que la répétition de cette histoire vous ennuie, ils voient avec plaisir qu’il n’y a qu’à la répéter pour faire évanouir le fantôme de la nouvelle hérésie toutes les fois qu’on le ramène.
L’intérêt principal est pour Bérénice, et c’est le sort de son amour qui détermine l’espèce de catastrophe : non que ses plaintes donnent une grande émotion durant le cours de la pièce, mais au cinquième acte, où, cessant de se plaindre, l’air morne, l’œil sec et la voix éteinte, elle fait parler une douleur approchante du désespoir ; et les spectateurs vivement touchés commencent à pleurer quand Bérénice ne pleure plus.
Ce Saint était accoutumé à de pareilles scènes : toutes les nuits il les renouvelait et se mettait tout en sang. » J’avoue que quelque mauvaise humeur qu’on puisse avoir contre la comédie, je ne voudrais pas interdire cette espèce de pièce, et je ne crains pas que les Comédiens abusent de cette permission.
L’Auteur de cette Pièce ne pourra effacer que par les larmes d’une véritable Pénitence le sacrilège qu’il a commis, en donnant un Amant à une Veuve qui n’en a jamais eu, puisque l’Ecriture n’en dit pas un mot ; et il s’est condamné lui-même, en avançant au commencement de sa Préface, qu’on ne peut altérer les sujets de l’Ecriture sans une espèce de sacrilège.