Que les lois civiles défendent de danser, et d’aller à la Comédie les jours des Fêtes. […] Nous allons donc voir, s’il est expressément défendu de danser les jours des Fêtes ; parce que suivant la maxime des Casuistes mêmes, ce que les lois défendent de faire les jours des Fêtes, est contraire à la révérence avec laquelle on les doit célébrer, et par conséquent celui qui fait dans ces saints jours les choses qui sont défendues par les lois, viole le précepte de la sanctification des Fêtes. […] Jugez après cela si les danses s’accordent avec la sanctification des Fêtes, et si ce n’est pas les profaner, et violer les préceptes de l’Eglise que de danser.
L’Empereur n’étoit pas moins occupé que la Cour à faire répetter un ballet à cheval, qu’il devoit faire danser. […] Un Espagnol avoit eu la patience & l’adresse d’apprivoiser six rats, & de les dresser à danser sur la corde en cadence, au son du flageolet, avec la plus grande justesse. […] Il mit sur une table la cage où étoient les rats, tendit une corde, sur laquelle il les fit danser au son de son flageolet. […] On tient chaque nuit dans ces maisons une espece de bal, où ces filles dansent tour-à-tour avec les Matelots au son de toute sorte d’instrumens. […] Elles ont des danses particulieres, qu’elles prétendent leur être venues de génération en génération depuis David, qui dansa devant l’arche, même depuis Marie, sœur de Moyse, qui dansa à la tête des filles après le passage de la Mer Rouge.
Il est donc constant que l’on ne peut danser dans un lieu saint, c’est-à-dire dans les Eglises ou Chapelles, ni dans les Cimetières, sans péché mortel. […] Nous vous enjoignons (ajoute-t-il plus bas) de détruire et d’arracher cette mauvaise coutume, qui est un véritable abus, afin que la sainteté des Eglises ne soit point violée par ces jeux profanes et indécents. » Mais il n’y a point de preuve plus puissante pour établir cette vérité, qu’on pèche grièvement lorsqu’on danse dans quelque lieu Saint ; que ce qui est marqué dans un Canon de ceux qu’on nomme Pénitentiaux, qui condamne à trois ans de pénitence, celui qui aurait commis cette irrévérence, que de danser seulement devant l’Eglise.
qui avait dansé à plusieurs Ballets, ayant vu jouer le Britannicus de Monsieur Racine, où la fureur de Néron à monter sur le Théâtre est si bien attaquée ; il ne dansa plus à aucun Ballet, non pas même au temps du Carnaval.
Il est clair que les Marionnettes de ce tems-là parlaient, chantaient & dansaient tout comme à présent. […] Un Spectacle où l’on fesait danser des Rats fut aussi cause de sa naissance. […] Un Rat d’une grosseur prodigieuse, portant une barbe vénérable, adonisé avec soin, dansait sur la corde tendue ; il tenait dans ses petites pates un balancier, & se présentait avec autant d’assurance que Spinacuta, ou le plus hardi danseur de corde : sa grace & sa gentillesse charmaient tout le monde. Ensuite une douzaine de Rats dressés sur leurs deux pieds, dansaient une sarabande au milieu du Théâtre avec une précision, une agilité surprenantes.
Il n’en était pas de même des Mimes et des Pantomimes, ni de ces Farces Atellanes, que nous venons de nommer, où les Acteurs parlaient et dansaient à visage découvert et dans leurs figures naturelles. Quoiqu’il en soit, nous savons, à n’en pouvoir douter, que, parmi les Modernes, les femmes ne commencèrent à monter sur le Théâtre que vers l’an 1560, comme nous l’avons dit autre part ;5 ainsi ce sont les Modernes qui ont corrompu le Théâtre dans toutes ses parties ; parce qu’il est incontestable que ce sont eux qui y ont introduit la passion de l’amour, et que les femmes n’y ont représenté, dansé et chanté que depuis 1560.
Il raconte que dans une partie de débauche Denys le tyran ayant voulu faire masquer les convives, pour danser (ce que nous appelons bal masqué) Platon le refusa absolument, au risque de la colère du Prince, ne voulant pas, dit-il, pour lui plaire, se dégrader à cet excès. […] Et si les masques avoient le privilège de deviser avec les damoiselles secrettement & en conseil étroit, il devroit être limité à deux demi-heures, l’une pour danser & baller, l’autre pour causer & deviser ; que s’ils sont bons harangueurs, il n’y a chose qu’ils ne dépêchent en demi-heure. […] Iceux Masques en salles entrés, seront tenus tous les assistans non masqués quitter la place & les Damoiselles, pour les mener danser & deviser à part, ainsi que bon leur semblera. Pendant que les Masques danseront ou entretiendront les Damoiselles, est étroitement défendu aux Maris & amis n’empêcher les Masques en leur parler, les écouter, en approcher, regarder, ou faire signe aux Damoiselles de se retirer, encore moins entreprendre de les emmener. […] Quand ils entreront dans la chambre, s’il y a des Damoiselles qui jouent, elles laisseront le jeu, pour danser & deviser avec les Masqués ; si elles sont en perte, & que les Masqués vousissent les rembourser, elles seront tenues de quitter pour eux ; si elles gagnent, elles pourront quitter pour deviser avec eux, sans être réputés couper la queue.
Voulant se mocquer des personnes qu’il avoit mandées comme pour leur communiquer des affaires d’Etat, il entre avec des instrumens, danse un intermede & s’en va : Desultate cantico abiit, comme nous dirions après avoir dansé une Chaconne. […] Valere Maxime rapportant le même fait, dit qu’Andronicus gesticulationem tacitus peregit, dansa sans chanter. […] On pouvoit dire également danser & chanter le Canticum, parce qu’il étoit dansé & chanté. […] Par cette raison les Anciens employoient indifféremment ces mots, qui nous embarrassent quelquefois, jouer Andromaque, chanter Andromaque, & danser Andromaque. […] Comme la Danse étoit une imitation par gestes d’une Action, on disoit également danser, & gesticuler, gesticulatio, c’est-à-dire, saltatio Carminis.
Si la danse occupa les loisirs d’un des sept sages de la Grèce, de Socrate, auquel la belle Aspasie apprit à danser, et si, longtemps auparavant, le roi David ne dédaigna pas de danser devant l’arche, la musique aussi a droit à nos hommages : cette science sublime dans sa théorie, et délicieuse dans la pratique, est, au dire des poètes, un présent des dieux ; elle suspend nos ennuis, et adoucit nos chagrins.
Au contraire, un grand roi dans l’histoire disoit à son fils : N’as-tu pas honte de danser si bien ? […] Le Roi a tenu son Lit de Justice, & il a dansé sur le théatre de la Comédie italienne. […] Mais tout cela est sans consequence dans un maître a danser qui n’est pas obligé de savoir l’histoire, & traite les évenemens comme un pas de trois. […] Cet ouvrage chorégraphique, historique, critique, philosophique est plus plaisant que le Bourgeois gentilhomme, où le maître à danser déraisonne si joliment. […] Les Derviches y dansent, sautent, pirouëttent, cabriolent jusqu’à tourner la tète & tomber demi-mort de l’assitude.
La Reine prit ce Prince, jetta son éventail, & se mit à danser. […] M. après avoir dansé toute la nuit au premier bal, est allée au second à quatre heures du matin avec toute sa cour. […] Si courir, sauter, bondir, s’appelle danser, la danse est plus ancienne que le chant, & en est très indépendante. […] David en parle aussi dans ses pseaumes : il a lui-même dansé devant l’Arche. […] David danse devant l’Arche : cette danse que l’Ecriture rapporte, ne blâme ni n’approuve, qui fut blâmée par son épouse, comme indécente, qui l’est en effet, & n’est excusable que par la bonne intention du prince ; cette danse n’étoit point une partie du culte, elle n’étoit pas prescrite par la loi ; David, qui dansa seul, n’étoit pas prêtre & danseur par état : n’eût-il pas dansé, le cérémonial n’eût pas été moins rempli.
Le premier ; que les personnes auxquelles, selon leur état et condition, il est permis de danser, ne prennent pas cette récréation avec une trop grande affection ;Ne danser pas avec trop d’affection. […] Tandis que vous étiez là, le temps s’est passé, la mort s’est approchée, pour vous faire danser d’une autre danse, par laquelle on passe du temps à l’Eternité, ou glorieuse, ou malheureuse. […] Tandis que vous dansiez, plusieurs personnes étaient en l’agonie, les autres enduraient de cruelles douleurs et tourments en leurs lits, ou de fièvre, ou de la goutte, ou de la pierre, etc. Vous n’en avez point eu de compassion, vous pourriez être un jour comme elles ; les autres danseront, et ne vous porteront point de compassion. […] Ne danser pas avec trop d’affection.
Vous voyez par là, Mères Chrétiennes, continue ce grand Saint, ce qu’il faut apprendre à vos Filles : que la femme adultère danse ; mais que celle qui est chaste et pudique, enseigne à ses Filles la piété, et non pas à danser. […] Précurseur, qui faisait l’admiration de la Judée, au rapport même de l’Historien Joseph, que faire danser devant le Roi une Fille mondaine fort ajustée, et fort adroite à cet exercice. […] Dieu même nous l’avait donné, et la danse nous l’avait ravi cruellement ; quand il n’y aurait autre chose à objecter contre la danse, cette considération seule vous doit faire prendre la résolution de ne danser jamais, puisque la danse a fait perdre la vie à S. […] Ajoutez à tout ce que nous venons de dire, une réflexion qui vous donnera de la confusion, et à tous ceux qui la feront sérieusement devant Dieu ; considérez ces deux personnes, qui dansent au milieu d’une nombreuse assemblée, la Fille avance ou recule en cadence, le garçon la suit. […] Il rapporte aussi qu’anciennement on imposait trois ans de pénitence à ceux qui avaient dansé et qu’on les menaçait même de les excommunier, s’ils persévéraient dans cet exercice.
Il fait même trois sortes de censures contre le Théâtre ; et le nomme une chaire de pestilence, et l'école de la débauche ; mais ses paroles montrent assez clairement qu'il n'applique cette condamnation qu'aux Histrions, Farceurs, Mimes, Scurres et autres gens qui ne travaillaient qu'à faire rire ; car il ne se plaint que de l'impudence de l'Orchestre, où nous avons montré que les Comédiens ne jouaient point, et où était un lit sur lequel les Mimes représentaient les adultères de leurs Dieux, et de ce que l'on y donnait au public des Spectacles de fornication, des corps efféminés, des paroles sales, des mauvaises chansons, des femmes débauchées, qui dansaient et nageaient toutes nues dans l'Orchestre pour divertir le peuple, dont rien ne convenait au Poème Dramatique. […] La Province d'Auvergne prétend avoir remis sur le Théâtre de ce Royaume les premiers Bateleurs qui n'y chantaient point, et n'y dansaient point, croyant par ce moyen s'exempter de la peine des anciens Mimes et Bouffons, mais parce qu'ils y faisaient des railleries indécentes, et prononçaient plusieurs paroles impudentes, ils furentEx notis in decret.
[FRONTISPICE] AVIS AUX reverends peres JESUITES d'aix en provence, Sur un Imprimé qui a pour Titre : Ballet dansé à la Réception de Monseigneur l’Archevê-que d’Aix.
David a dansé devant l’arche. […] Et quant à ce que David dansa devant Dieu, n’aide en rien les Chrétiens fidèles, qui sont assis sur le Théâtre. Car jamais il ne dansa une fable lascive des Grecs, avec mouvements déshonnêtes, branlant ses bras ça et là. […] à savoir un homme ayant tous les membres rompus pour faire des soubresauts, voire un homme plus dissolu et efféminé que n’est une femme, sachant bien le métier de passe-passe et de la langue et des mains, et pour un je ne sais quel, qui n’est ni mâle ni femelle, toute une Cité s’émeut entièrement pour aller voir danser, et jouer des vilénies et ordures anciennes.
Le concile de Lérida (canone ultimo), tenu sous le pape Jean II, l’an 524, dit qu’il n’est jamais bienséant aux chrétiens de danser, pas même aux noces et aux solennités du mariage.